Rencontre chanceuse

[Machuthu]

Uranie mène le cheval jusqu'à un homme particulièrement grand. Pas très rassurée, elle ralentie l'allure en arrivant. Il est visiblement chargé de l'arrière garde.

Son compagnon revient d'ailleurs avec plusieurs autres hommes, tous visiblement sur leurs gardes.

Curieusement, le compagnon d'Uranie semble rassuré en voyant le géant.

Eh bien, on peut dire qu'on à de la chance.

Avant que les autres n'arrivent, il s'adresse au géant.

Je ne vais pas pouvoir m'occuper de son introduction dans le Rêve ami Voyageur. Je te la confie.

Comme si cela constituait la seule raison qui lui restait de vivre, il sombre dans l'inconscience.

[Uranie]

Jeune Homme ! Jeune Homme ! Réveillez-vous ?

*au groupe d'individus*

S'il vous plaît ! S'il vous plaît ! Aidez-le !

Les yeux émeraude de la jeune fille se voilent. Uranie sombre dans des pleures inconsolables. Trop d'événements se sont accumulés dernièrement. Elle ne supporte plus toute cette souffrance. Surtout qu'une question cruciale restera à jamais sans réponse... Pourquoi ?...

[Dalanyr]

Méséon jette pieds à terre au côté de Jolie. Il laisse ses yeux étonnés parcourir le décor qui bouge devant lui comme dans un mauvais rêve. D’étranges émotions lui nouent la gorge… Les acteurs de cette tragique comédie se meuvent au ralenti... son regard s'embrouille… Que dois-je faire ? Laisser le Géant s’occuper du jeune homme ou ?

D’où il se trouvait, il pouvait voir le corps tordu. Il ne percevait aucun signe lui indiquant qu’il était toujours en vie… Une flèche pointait avec une arrogance froide dans son dos, comme la preuve irréfutable d’une cruelle sentence prononcée… Allait-il s’en sortir ou était-il déjà en route vers un monde meilleur ? Il ne savait pas...

Les lanières de cuir s’affaissèrent sans demander leurs restes pour aller pendre mollement sous le coup tendu de Jolie qui s’affairait déjà à arracher les quelques bouts d’herbes qui pointaient maigrement au-travers de l’aridité du sol poussiéreux…

S’approchant doucement de la jeune fille en pleurs, il sent son cœur battre à tout rompre… Elle a de si beaux yeux couleur océane… Quel chagrin de désespoir y lit-il lorsqu’il s’agenouille tout près, lui prenant simplement la main pour la réconforter…

Chut ! Chut ! Chut ! Jeune mademoiselle, calmez-vous… Il s’en sortira certainement, lui murmura-t-il d’une voix étouffée, le doute caché dans les recoins sombres de ses pensées…

C’est du moins ce qu’il espérait vraiment… Il approcha son visage du sien, passant son bras sous son dos encore secoué de sanglots à vous déchirer le cœur… Il lui semblait qu’ils étaient intarissables, tellement était puissante la charge émotive qu’il ressentait au niveau de son plexus solaire…

Il avait mal lui aussi… Pour elle, pour lui et… Si ce maudit serrement pouvait fuir au loin et ne plus jamais revenir… Oui il ressentait la douleur du cœur déchiré par les viles cruautés de la vie et de ces injustices…

Qui était-elle ? D’où venait-elle ? Et pourquoi se retrouvait-elle en fuite en compagnie d’un jeune homme possiblement mort d’une flèche dans le dos ? Est-ce que cela avait un quelconque rapport avec ces fameux parchemins ? Ou était-ce simplement le fruit d’un pur hasard ?

[Uranie]

La jeune fille s'arrête soudain et regarde la personne qui essaie de la consoler dans les yeux... Elle a ce regard, celui du jour où sa mère est partie pour le nouveau monde. La tristesse éprise d'un abandon des personnes qu'elles aiment... Après un moment de flottement entre temps et mesures insondables, Uranie se réfugie dans les bras de l'autre individu, de l'autre inconnu...

Sa bouche sanglotte au creux du cou du jeune homme puis l'enlace. Elle essaie de se calmer. Et c'est alors qu'elle prend conscience qu'elle ne sera jamais guéri de cette plaie qui vint tantôt rompre une vie insouciante du malheur... Puis elle se redresse et s'approche, presque froide, du cavalier qui l'avait sauvé plus tôt dans la matinée. Elle observe et s'enquiert de savoir s'il est toujours en vie, s'il a une chance de survivre...

[Dalanyr]

Les pleurs de la jeune femme s’estompèrent tout doucement… Ils me semblaient déchirer le silence lourd qui m’entourait, tel le voile taillé dans un tissu fragile que l’on fend avec une violence rageuse trop longtemps contenue…

Ses yeux tournés vers moi criaient la douleur profonde d’une enfant abandonnée… Et lorsqu’elle se sentie prête, je la laissai s’éloigner…

Que pouvait-elle faire pour lui ? m’interrogeais-je en la voyant s’avancer d’une démarche fantomatique vers le blessée … L’impression que son corps flottait vers le jeune homme plus qu’il ne touchait le sol me troubla… Comme si elle n’habitait plus ce corps tantôt si plein de vie…

Je me relevai à mon tour. Je retrouvai la bride de Jolie, m’en emparai et attendis sans ne rien faire d’autres que de m’enfermer dans ce lieu connu où mes pensées intimes s’affolaient en ricochets nombreux entre le puzzle d’un raisonnement ne menant nulle part.

[Machuthu]

Uranie observe l'homme étalé au sol et le géant qui l'a aidé à descendre. Ce dernier se tourne vers la jeune femme, le regard sombre. Il affiche une expression qui ne laisse aucun espoir.

La flèche a touché une artère. Il ne passera pas la nuit.

Le groupe de cavalier se regroupe autour des deux nouveaux venus et leur chef s'apprête à prendre la parole lorsque l'un de ses compagnons pose une main sur son avant-bras avant de lui glisser quelques mots à l'oreille en designant la besace d'Uranie.

Le chef prend alors la parole en s'adressant à Uranie.

J'ignore ce a quoi vous avez échappé mais j'ai cru comprendre que ton ami voulait qu'on s'occupe de toi.

Habituellement, je ne suis pas homme à jouer les baby-sitters mais mon ami ici présent pense que tu as des talents de guérisseuse. Est-ce vrai ?

[Uranie]

Uranie oriente soudainement un regard vif, chargé d'amertume, dans celui du chef. Puis elle se penche sur le corps du cavalier blessé. Elle avait l'attention de le soigner, il fallait juste le temps qu'elle analyse la plaie. Jamais elle n'a eu l'occasion de soigner une blessure pareille. Sa présence auprès de son père ne tenait qu'à lui donner quelques remèdes contre son mal... Puis elle se remémora ses leçons de médecine et d'anatomie... Elle fouilla alors dans son sac pour trouver ce qu'il fallait pour sauver en partie l'homme qui l'avait accompagné jusque là... Il fallait résorber la perte de sang... Elle entreprit alors ce qu'elle pensait au juste qu'il fallait faire... Une fois les soins préalables accomplis, elle prit la parole, froide comme la pierre...

Il faut l'emmener de suite chez un chirurgien... Il saura le soigner plus avant. J'ai retardé l'échéance de sa mort... Il doit être sauvé... Lui seul sait...

Uranie observe la cargaison de la troupe, si charette il y a, elle demandera de l'aide à l'installer dedans pour l'emmener chez le fameux chirurgien...

[Machuthu]

Allongé sur le sol, le blessé revient à lui. Entendant les quelques paroles d'Uranie, il affiche un sourire triste.

Garde tes remèdes... Ils ne me seront guère utile...

Un filet de sang s'échappe de ses lèvres tandis qu'il continue.

Ils ont raison.. Je ne passerais pas la nuit.

Il pose alors le regard sur le géant, sur l'homme qui a chuchotté à l'oreille du chef et sur celui qui a tenté de la consoler et affirme, serrein.

Toi en revanche, tu es en de bonnes mains.

A l'aide de gestes saccadés par la douleur, il saisit sa bourse et la place dans la main d'Uranie.

Bonne chance, à toi.

Il laisse alors retomber sa tête sur le sol et ferme les yeux. Quelques secondes plus tard, Sylas, le géant pose son oreille contre le coeur du guerrier et annonce sa mort.

[Dalanyr]

Dalanyr se rapproche doucement. La jeune femme s’exprime avec un calme froid… L’homme blessé semble accepter l’inévitable avec courage… Comme s’il savait avec certitude que son heure approchait rapidement… Si seulement je pouvais faire quelque chose… Je croyais lire une lumière de sérénité dans ses yeux… Partait-il satisfait de lui ? J’osais le croire, en le regardant tandis qu’un baume de paix recouvrait son visage…

Puis tout-à-coup une bourse change de main…

Mes yeux demeurent rivés sur le petit sac avec convoitise… Était-ce quelques préparations utiles pour les mains habiles d’une guérisseuse ou un cadeau précieux rempli de pierres précieuses ? L’avenir le dirait certainement…

Sous son masque contrit, il observe Sylas s’affairer près du mourant… Il verrait plus tard…

[Uranie]

Uranie, taciturne de douleur, regarde le petit sac qu'on vient de lui donner. Elle ne saisit pas encore ce qu'il lui arrive... Un homme allongé sur le sol, mourant lui a tendu un petit sac de cuir... Qu'est donc cette scène si étrange qui pousse les humains, lorsqu'ils sentent la mort arrivée, à donner leurs possessions aux gens qui l'entourent... Ce n'est pas ce qu'ils voudraient ... Ils désirent que leur compagnon conserve la vie... Et c'est alors qu'Uranie comprends. Elle sert la bourse au creux de sa paume. Les doigts tourmentés en font leur possession et la place près de son coeur, crispée... Elle s'effondre de larme sur le corps du cavalier qui l'avait emmené sous les regards et la compassion des autres personnes spectatrices de la scène.

Après quelques perles lacrymales déversées, Uranie se redresse, elle observe la bourse et la palpe délicatement afin de deviner son contenu. Elle devra beaucoup à cet homme, même si cela ne faisait que quelques instants qu'elle le connaissait. Son visage se ferme.

Il lui faut un repos éternel descent... Si vous avez de quoi creuser un tombeau, nous l'y déposerons comme tout grand homme qu'il se doit...

Ensuite je vous suivrai.

Puis elle observe le géant, Uranie a un regard éblouissant mêlé de tristesse et de lucidité. Elle regarde le visage du géant...

Si vous peinez à conduire votre cheval, je pourrai vous le guider ou alors vous feriez mieux...

Uranie fouille dans son sac, y dépose la bourse et sort une fiole qu'elle donne au géant.

Vous feriez mieux de prendre cela, votre estomac ne vous jouera plus de tour pendant le trajet...

[Garwall]

Sylas regarde le chef du convoi avec dans les yeux une requête pour donner à cet homme une sépulture. Lui seul pourra permettre cela et en homme entraîné qu'il est, le géant ne peut se défaire de cette autorité.

En revanche il tourne vers la jeune fille des yeux interrogateur et surpris sur son offre, il obtempère tout de même et saisi la fiole qu'elle lui tend.

Il marmonne un remerciement et observe attentivement la nouvelle venue.

- Je suis Sylas et suis désolé pour votre ami.

Il lui tend une main à la paume énorme et aux cals surprenants.

Sans s'en rendre compte Sylas sourit à la jeune fille et surtout à la manière dont elle s'est jeté dans les bras de Dalanyr, il a encore gagné le gros lot le bougre !

[Dalanyr]

Toujours la même maudite question lui revenait sans cesse dans l’esprit, tournant en rond comme une souris captive dans sa cage dorée… Que pouvait bien contenir cette satanée bourse… Et cette fiole… à quoi pouvait-elle servir et que contenait-elle ?

À son tour il s’approche de la jeune femme, une lumière de convoitise dans le regard qu’il tentait tant bien que mal à cacher…

Ben moi cé Dalanyr… Si j’peux faire que’ chose pour vous ?

Les yeux levés vers le chef de l’expédition en haussant la voix pour être entendu clairement…

Donner la main pour aider à la sépulture de votre ami… si le chef en a l’intention, naturellement !

[Machuthu]

Dès qu'il avale le contenu de la fiole, Sylas se sent nettement mieux. Ses maux de ventres et crampes diverses s'estompent et sa mine se détend.

La transformation n'échappe pas à Dalanyr mais l'heure n'est pas aux questions. Le chef acquiesce.

Oui, nous l'enterrerons, il est hors de question qu'on le laisse sans sépulture.
Cela nous prendra un peu de temps, mais ce lieu dégagé est parfait pour monter la garde cette nuit.

Sylas, Dalanyr, vous creuserez la tombe pendat que nous nous chargerons de monter le camp.

Ah et si vous pouviez octroyer à Dalanyr le même remède qu'à Sylas, je n'ai rien contre la gueule de bois, mais il leur faudra de l'énergie pour creuser.

[Dalanyr]

L’chanceux… se morfond Dalanyr en voyant Sylas se remettre rapidement de ses malaises, lui qui se débat encore avec ses entrailles presqu’en feu.... Si au moins on m’en offrait quelques gouttes à moi aussi… Et la chance lui souriant, le chef s’empresse de faire savoir que lui aussi avait droit à sa part de bien-être…

Ben merci Chef ! émet-il en s’approchant de Sylas tendant sa main vers la fiole…

Merci à toi l’géant… T’as l’air de t’porter mieux… Alors chuis certain que c’n’fera pas tord à moi aussi. Et j’en ai bien besoin pour creuser…

[Uranie]

Uranie observe étrangement le chef lorsque celui-ci dit ces mots : "je n'ai rien contre la gueule de bois, mais il leur faudra de l'énergie pour creuser"... Ces mots résonnes dans sa tête à la longue chevelure brune couronnée de nattes soyeuses.

"C'est étrange je pensais réellement que ce fut pour autre chose qu'une simple gueule de bois"

Puis l'homme qui l'a consolé s'avance vers le géant, elle prend alors conscience qu'il lui faut la même chose. Elle fouille dans son sac afin de trouver une autre petite fiole... S'imprégnant d'un grand sourire, il semble qu'elle ait trouvé ce qu'elle voulait. Elle brandit son trophée...

Voici pour vous jeune homme, merci d'avoir été là, d'avoir été présent.

Elle prend la paume de l'intéressé et enfonce son regard émeraude dans celui du consolateur. D'une voix douce elle lui dicte son nom.

Je me nomme Uranie, je viens du domaine des rosiers...

Puis soudain sa mine s'assombrit, elle retire sa main et retourne auprès du corps de la personne qui l'a sauvé... Elle s'accroupit et embrasse le beau visage du cavalier qui guidait Cascade. Elle caresse le corps encore chaud et observe sa tenue afin de voir si elle ne peut pas comprendre ce qu'il lui est arrivé. Oserait-elle ?... Oserait-elle vérifier si rien n'a été laissé dans une poche, un pli de vêtement, un objet ?...

Après un laps de temps, son regard se tourne vers Cascade... Elle se redresse... se dirige vers le bel équidé...

"Et elle que va-t-elle devenir ?"

Se disant cela, elle place son oreille sur le flanc de la jument afin d'écouter son coeur... Ce son la rassure... La rend triste mais elle sait qu'elle est en sécurité...