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de lucian le Ven 08 Juil 2005 04:36:10
L'académie d'Elyodhra
Le claquement des bottes de fer résonnait sur le dallage de pierres blanches, répercuté le long de lallée par de somptueuses colonnes de marbre. Dimposantes statues de granit, représentant les fondateurs et les personnalités ayant fait la gloire de lacadémie, trônaient de part et dautre au milieu de jardins fleuris. Dun pas vif et assuré, lhomme parvint devant lhuis dune lourde porte de chêne au panneau ouvragé. A linstant où il levait la main à hauteur dun petit cercle de bronze scellé au battant, il tourna la tête quun subtil courant dair venait de frôler en soulevant quelques mèches de sa longue chevelure dor. Sa cape, aux raffinés liserés dargent, virevolta sous ce zéphyr en un petit claquement sec. Il posa le regard sur le ciel aux teintes sombres que la pluie commençait à consteller de reflets étincelants. Il suivit un moment la course des nuages qui roulaient telles des vagues à la surface de locéan. Un grondement lointain vint le tirer de sa rêverie, lazur de ses yeux paru se ternir un bref instant. Il reprit ses esprits et prit le heurtoir pour en frapper le battant de bois. La voix dun vieil homme lui enjoignit dentrer. - Que me vaut lhonneur de cette visite, jeune homme ? Dun geste ample, linterpellé chassa le pan de sa cape qui recouvrait son flanc gauche, laissant entrevoir dans la mi-pénombre qui régnait dans la pièce, une large ceinture à laquelle pendait un petit rouleau de cuir. Détachant celui-ci, Lucian le tendit au curieux personnage qui lui faisait face. - Maître Nohlam, je suis mandé par lévêque dAsthrion. Celui-ci ma prié de vous remettre cette lettre en main propre. Le regard du vieil homme sattarda un instant sur le visage du jeune soldat, impassible depuis son entrée dans le bureau. Remarquant son sérieux, il se décida à ouvrir le rouleau et à en étaler le contenu sur la table dont laspect rudimentaire contrastait avec la beauté des lieux. Les mains à lassurance incertaine déployèrent la feuille de parchemin dont la provenance et lauthenticité étaient assurées par le cachet de cire bleu la scellant. Il approcha dun geste hésitant un bougeoir et, munit dune paire de verres grossissants cerclés dune fine armature de cuivre, commença la lecture du document. Celle-ci terminée, il émit un soupir de lassitude et leva les yeux vers Lucian. Il ne cessait de sétonner de la prestance du jeune homme qui, la main posée sur le pommeau finement ouvragé dune épée courbe, une cape bleue aux broderies élégantes rabattue sur le côté gauche, sétait tenu immobile et droit en attendant dans le silence le plus total quil finisse de prendre connaissance de la missive. Les mains à plat sur la table, il secoua la tête dun air triste et déclara : - Hélas mon jeune ami, voilà de bien tristes nouvelles. Lévêque vous a-t-il mis au courant du problème ? Sa voix trahissait une certaine émotion. - Laffaire semblait urgente, lévêque ma mis le rouleau entre les mains en me priant de vous lamener au plus vite sans plus sétendre sur le sujet. Sa mine et le ton de sa voix mont fait comprendre quil ny avait pas un instant à perdre. Le directeur de lacadémie repoussa sa chaise et se leva avec peine. Il arrêta dun geste de la main Lucian qui sapprêtait à lui venir en aide. - Ecoute moi. Il toussota. - Je ne peux rien te dire à lheure actuelle, les événements sont bien trop graves. Mais il est fort possible que ton rôle ne sarrête pas là. Je dois réunir le conseil et débattre de tout ceci au plus vite. Pour linstant, rends-toi aux cuisines et mange un peu le temps que nous te préparions une chambre. - Merci maître. Après un respectueux salut militaire, il pivota sur lui-même dun mouvement ample mais harmonieux et se dirigea vers le lourd battant de chêne. Il se déplaçait avec une allure légère et gracieuse malgré la lourde armure qui le protégeait.
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lucian
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de lucian le Ven 08 Juil 2005 04:40:31
Une nuit sans repos
La beauté de lacadémie ne cessait de létonner, il promena son regard sur le décor, admirant lherbe taillée avec soin ployer sous lassaut des gouttes de pluie. Bercé à la fois par le chuintement du vent quamplifiait la longue allée couverte et leau ruisselante de la toiture, il ferma un instant les yeux. Son esprit ségara quelques minutes aux confins de ses souvenirs, pour y retrouver errante au milieu dun panel dimages aux contours indistincts, une jeune femme au sourire radieux. Il serra les poings et une larme perla sur sa joue. Lentement, il ouvrit les yeux, comme pour retarder ce moment où il quitterait celle qui lui avait ravi son cur. Il prit une profonde inspiration avant de continuer jusquaux cuisines. Les portes entrebâillées laissaient échapper un fumet des plus appétissants. Sans attendre, il pénétra dans limmense salle qui servait également de cantine. Le repas du soir était sur le point dêtre servi et nombre de soldats attendaient assis sur de lourds bancs de bois que leur bol se remplisse dun bon potage fumant. Le brouhaha de leurs conversations emplissait la pièce que les murs de pierres noircies par la fumée des fourneaux renvoyaient en écho. La bonne humeur régnait, les uns riaient à gorge déployée aux récits rocambolesques dun vieux sergent passablement éméché, les autres trinquaient à leur réussite aux épreuves qui faisaient deux des hommes délite. Epuisé par sa longue chevauchée, Lucian approcha dun petit groupe assez tranquille. Ceux-ci laccueillirent avec déférence en apercevant le blason de sa tunique, le dragon dargent pendant de puissance et de bonté tenant dans sa gueule un bouquet de myosotis symbole de la fidélité et du souvenir. Cet ordre aux effectifs réduits, était doté dun important statut au sein du royaume en raison de lentraînement particulier de ses chevaliers. Experts dans la maîtrise de tous les styles de combat mais plus inhabituel dans celle des arcanes, ces seigneurs de guerre combinaient les deux arts à la perfection, le corps et lesprit. Fiers davoir un tel homme attablé avec eux, les jeunes soldats lassaillirent de questions. Malgré la fatigue, il prit sur lui de rendre le respect quils lui témoignaient en daignant assouvir leur curiosité tout en précisant quil nétait pour linstant quun novice. La soirée se déroulait sous les meilleurs hospices, les rires et les chants ne tardèrent pas à résonner aux quatre coins de lacadémie. Peu avant minuit, un jeune moine en bure grise se présenta à lui pour le conduire à sa chambre désormais prête. Lucian pris congé des convives et lui emboîta le pas. La nuit avait rabattu son long manteau de ténèbres sur lacadémie. Le vent colportait un air saturé dhumidité qui fleurait bon la terre mouillée. Du coin de lil, le jeune cadet observait son guide, sa longue bure ne parvenait pas à dissimuler sa fine silhouette. Il devait passer plus de temps le nez dans les livres de prières quaux cuisines se dit-il, un petit sourire moqueur aux lèvres. - Quel est votre rôle au sein de lacadémie ? Finit-il par demander. Le moine sarrêta un instant et posa un regard étonné sur Lucian. Sa torche transformait son visage en un ballet dombres et de lumières qui rendait sa chétive physionomie quelque peu inquiétante. - Je suis ici pour parfaire mon apprentissage au sein du clergé de Nassaria. Je
Un cri étouffé leur parvint, brisant net leur conversation. Localisant la source, ils se précipitèrent tous deux dans sa direction et stoppèrent devant la porte du doyen de lacadémie. Ils échangèrent un regard inquiet. Le jeune moine acquiesça dun signe de tête en voyant Lucian porter la main à son arme. Lentement, celui-ci tira la longue lame courbe de son fourreau dans un crissement métallique. La main sur le loquet, il prit une profonde inspiration avant dentrebâiller lépais battant de chêne. La pièce plongée dans lobscurité baignait dans un silence pesant. Les deux hommes avancèrent prudemment de quelques pas. La chute dun objet les fit sursauter, braquant aussitôt leur torche vers la zone concernée, ils aperçurent un petit homme courtaud engoncé dans une tunique de cuir carmin, serrant le manche dune longue dague luisante dune main ferme, un rouleau de parchemin de lautre. - Qui êtes-vous ? Où est maître Nohlam ? Pour toute réponse, le jeune cadet neu quun petit rire suraigu. Linstant daprès, létrange personnage se jetait sur lui. Dans un réflexe fulgurant, Lucian parvint à éviter la lame mortelle qui lui siffla aux oreilles. Lhomme pivota aussitôt pour lui porter un nouveau coup. La dague glissa sur lavant bras du soldat qui profita du déséquilibre de son adversaire pour se placer sur son flanc et lui asséner un coup sur la nuque avec la garde de son arme. Le petit homme vacilla sous le choc mais parvint dans une manuvre déconcertante à se placer hors de portée de Lucian. Se jaugeant lun lautre, le silence retomba sur la pièce. Visiblement ébranlé par lattaque du cadet, lhomme cherchait un moyen de couper court à laffrontement. Le moine se tenait toujours devant la porte, éclairant la scène du combat dune main tremblante. Lucian avança lentement dans lespoir dacculer son adversaire dans le coin de la salle. En le voyant progresser vers lui, le petit homme glissa le rouleau de parchemin à sa ceinture. Il se saisit dune petite bourse de toile quil projeta au visage du soldat en répandant une fine poudre grise. Momentanément aveuglé, les yeux irrités par létrange substance, Lucian devenait une proie facile. Profitant de laubaine, lhomme bondit sur lui dague en avant. La lame vint se ficher dans le plastron du guerrier et se brisa net sous limpact. Pris de court, le jeune moine voulut porter secours au cadet mais un violent coup de pied lenvoya rouler au sol. La torche lui échappa des mains et vint sécraser dans un grésillement avant de séteindre, plongeant les protagonistes dans le noir. Quelques secondes sécoulèrent. - Lumen et candela ! Une douce lumière mordorée vint éclairer la pièce. Le jeune moine se releva et sapprocha de Lucian qui gémissait de douleur. - Laisse-moi regarder. Dit-il dune voix apaisante. Il apposa ses mains sur le visage du soldat et prononça quelques mots tirés dune vieille litanie. Une douce chaleur traversa le corps du jeune homme qui cligna des yeux. - Merci mon ami. Arborant un sourire, le moine lui fit un signe de tête puis reprit dune mine sombre : - Malheureusement, je nai pas réussi à empêcher ce misérable de fuir. - Ce nest rien, occupons-nous de maître Nohlam. Le corps du vieil homme gisait derrière son bureau. Sur sa tunique, une petite tâche incarnate virait lentement au rouge sombre. - Il est trop tard
Retenant la rage qui montait en lui, Lucian serra les poings. Son regard se perdit à nouveau dans le vide. Ses pensées cédèrent peu à peu la place aux souvenirs. Inconsciemment, il porta la main au blason qui ornait son armure, ses doigts caressèrent la surface polie représentant Lamsash le dragon dargent et rencontrèrent la pointe dune lame. Le contact glacé de lacier le ramena aussitôt à la réalité. Serrant aussi fort quil pu, il la dégagea du plastron. - Tout nest pas perdu, il nous reste encore une chance de retrouver lassassin du doyen. Eberlué, le moine se demandait comment une simple pointe de dague pouvait les amener sur la trace du meurtrier. - Comment allons-nous procéder ? - Cest très simple, comme tu as pu le constater, lhomme avait un parchemin dans la main. Je parierais ma vie quil sagit de la lettre de lévêque dAsthrion. Nous avons désormais deux pistes concernant notre homme. Lucian ramassa la petite bourse de toile qui lui avait valu une cuisante défaite. Celle-ci contenait encore quelques onces de poudre grisâtre quil serait aisé de faire analyser. - Occupe-toi de maître Nohlam, je dois faire vite, adieu mon ami. - Axel dErnegharn
Lucian sarrêta net. Dévisageant le jeune moine, il lui fit un signe de tête. - Merci pour ton aide Axel. Puis il partit en courant en direction des écuries. Déjà il entendait son compagnon donner lalerte. Il sella son cheval aussi vite quil pu et lenfourcha. Le bruit des sabots résonnait dun écho doutre-tombe sur le sol de terre alourdie par la pluie. On eut dit que le ciel pleurait la perte dun être cher. Le vent accompagnait de ses plaintes le jeune cavalier qui senfonça dans la nuit.
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lucian
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de lucian le Sam 09 Juil 2005 12:53:48
Lune rouge
Les deux silhouettes scrutaient avec attention leur objectif, tapies depuis deux bonnes heures déjà dans les fourrés bordant la route dElyodhra, non loin de la massive porte de bois qui barrait laccès à limposant édifice. La nuit était claire et laissait apparaître par endroit détranges sculptures et bas reliefs ornant la façade du bâtiment. La formidable architecture semblait fusionner avec la végétation comme pour en préserver lintimité et plonger ses secrets dans les méandres de loubli. Maëglin restait silencieux mais le tremblement de ses mains dénotait son extrême nervosité. Il pointa soudain un doigt en direction de la route. A quelques mètres deux à peine, venaient de surgir sans aucun bruit, deux hommes à forte carrure. Sur leurs armures rouge et noir, la lueur de leurs torches dessinait un schéma complexe de lignes mordorées. A leur approche la faune nocturne séclipsait dans un concert de couinement et de bruissement dailes. Laernan pouvait sentir laura de malaise quils dégageaient et porta un regard inquiet vers Maëglin. Ce dernier était toujours partant dès linstant où les pièces tintaient dans le creux de sa main mais son courage laissait quelque peu à désirer. Il prit donc les devants de peur quil ne détale comme un lapin en réveillant les trois quarts du pays.
- Reste là et surveille mes arrières, je vais voir où ces deux là comptent se rendre
Trop heureux de se tenir le plus loin possible du danger, Maëglin lui fit un signe de tête avant de rabattre un peu plus sa capuche. Se faufilant à couvert tout en jouant avec les ombres, Laernan parvint à atteindre une alcôve où devait se tenir autrefois une statue danimal. Les immenses griffes de pierre semblaient appartenir à quelque félidé que la folie des hommes avait divinisé. Plaqué contre la paroi recouverte de mousse, il jeta un rapide coup dil sur ses cibles placées désormais de part et dautre de la porte. Il venait daviser une petite travée longeant tout le mur et passant au dessus deux lorsquune série de craquements attira leur attention.
- Limbécile, pourquoi ne peut-il jamais rester à sa place... Cette fois, si on sen sort je lécorche vif...
Tandis que lun des gardiens se dirigeait vers Maëglin focalisant toute son attention, lautre prenait une trajectoire parabolique pour le surprendre. Laernan pesta de plus belle, il avait là une occasion en or de pouvoir pénétrer dans le temple mais ce bon à rien allait sûrement se faire étriper sil ne tentait rien pour le secourir. Plaçant un genou à terre, il ajusta l'arbalète fixée à son poignet sur la nuque du plus proche. La petite flèche à lembout gluant perça la chair et diffusa le poison, en quelques instants lhomme fut totalement paralysé. Le second avait malheureusement eu le temps datteindre son compagnon. Il vit les yeux de Maëglin sécarquiller lorsque la lame effilée lui transperça les entrailles. Son visage formait un masque de stupeur et de souffrance, son corps saffaissa et disparu de sa vue, enfoui sous la végétation. Les larmes roulèrent sur ses joues creusées par la faim, la vie de son ami le plus fidèle valait-elle le prix de quelques misérables pièces ? Dun revers de manche, il essuya ces reliquats de faiblesse et rechargea son arme. Lhomme venait de remarquer son comparse allongé sur le bord de la route et sen approchait avec prudence.
- Il est temps de te prendre à ton propre jeu sale chien
Tu vas payer de ta vie lâme que tu viens de ravir
Un rictus carnassier aux lèvres, Laernan lobservait avec la patience du prédateur guettant sa proie, le laissant sagenouiller auprès de son appât en jetant des regards inquiets alentours. Il savourait cet instant, riant intérieurement devant ses pitoyables tentatives pour tenter de ranimer son frère darme.
- Pose ton épée
Bien
Dun regard froid et calculateur, il relâcha la corde qui, dans un bref claquement étouffé propulsa le petit projectile envoyant le misérable rejoindre les enfers. Laernan se précipita vers Maëglin le cur battant à tout rompre et le serra contre lui avec toute laffection dun frère de sang. Une pluie fine commença à tomber, transformant le visage de son défunt compagnon en un masque mortuaire de perles scintillantes. Perdu entre la réalité et la démence, le regard rivé sur celui de Maëglin, il commença à murmurer :
- Oh ! Pourquoi ne mécoutes-tu jamais
Toutes ces années passées ensemble et tu nas toujours rien appris
Javais juré
Sa voix sétranglait et des larmes ruisselèrent de ses yeux fermés de toute la force de sa volonté. La lune tira un voile pudique sur cette scène déchirante et les bois revêtirent leur manteau de noirceur. Au loin, un loup hurlait, accompagnant de sa triste mélopée les sanglots du jeune homme.
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de lucian le Dim 10 Juil 2005 09:11:28
Les fils du destin
Debout devant la porte, Laernan balayait du regard les alentours. Il ressemblait à ces gardiens immortels aux actions entravées par de puissants liens invisibles, défiant le temps et les hommes. Quelque chose semblait le retenir, les yeux rivés sur la lisière de la forêt, il fixait une dernière fois le petit monticule de terre fraîchement retournée. Un concert de voix provenant de lintérieur du temple le ramena à la réalité. Ses doigts se portèrent à sa ceinture, détachant deux fines barres de métal courbe. Il fit jouer la sonde dans la serrure étrangement agencée. Rapidement, le piège fut désactivé et son fidèle crochet fit des miracles entre ses doigts agiles. Un petit cliquetis très satisfaisant, fit renaître en lui un flot dimages du passé quil chassa dun hochement de tête. Une douce lumière filtrait par lentrebâillement, sassurant dun rapide coup dil quaucun danger ne lattendait derrière la porte, il se glissa par létroite ouverture et senfonça dans les profondeurs inconnues. Un long couloir éclairé à intervalles réguliers par de petites torches débouchait sur une vaste salle suintante dhumidité où régnait une intense activité. La main sur sa longue dague effilée, il plongea aussi sec derrière quelques fûts entreposés à sa droite. Sa petite corpulence et son extrême agilité lui permirent fort heureusement de passer inaperçu. Lendroit grouillait de soldats et dhommes en bures grises. Les uns chargeaient une étrange poudre dans de petits tonneaux, les autres traçaient tout un entrelacs de lignes compliquées sur des parchemins jaunis par latmosphère ambiante. Sur le mur den face, souvrait une porte vermoulue, affaissée sur ses gonds qui donnait sur un couloir suffisamment sombre pour quil puisse sy déplacer sans craindre dêtre repéré. Tantôt rampant, tantôt se plaquant contre une pile de caisses, Laernan parvint tant bien que mal à se faufiler dans les ombres du passage. Il venait de parcourir quelques mètres à tâtons lorsquil perçut les voix animées de deux hommes en pleine conversation. Il lui était difficile den percevoir lintégralité tant les échos de la pièce voisine parasitait celle-ci, laffaire semblait toutefois de la plus haute importance. Son cur sarrêta soudain de battre, reprenant peu à peu le contrôle de ses sens, il fit taire la peur qui lui nouait lestomac. Il reconnaissait lune des voix, et cela lui fit craindre le pire. Que faisait donc son commanditaire en ce lieu ? Il colla son oreille contre la paroi pour mieux écouter les propos. - Il suffit, vieux fou. Je ne tolérerais plus votre arrogance. Vous êtes devenu un peu trop gênant et je
Le pan de mur derrière lequel Laernan se trouvait bascula soudain et celui-ci roula cul par-dessus tête dans une petite pièce richement décorée sous le regard éberlué des deux hommes. - Vous êtes légèrement en avance mon cher ami mais vous tombez à pic, cette conversation na que trop durée
Il arracha le parchemin des mains frêles du vieillard. - Adieu Maître Nohlam
Le vieil homme poussa un hurlement déchirant, lorsque son agresseur partit dun petit rire sadique, lui enfonça sa dague jusquà la garde dans la poitrine. Lentement ses doigts glissèrent le long de la petite bouteille dencre qui vola en éclats en touchant le parvis de pierre libérant son contenu sur le sol puis son bras retomba le long de son corps inerte. Tout senchaîna alors très vite, Laernan vit le passage secret par lequel il était entré se refermer le condamnant à trouver un autre moyen de fuir, au même instant, un bruit attira son attention. Braquant les yeux sur la porte, il la vit sentrebâiller. Dun geste vif, il renversa la bougie qui heurta le sol avec grand bruit plongeant la pièce dans le noir...
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