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MessagePosté: Mar 12 Oct 2004 14:03:13
de Machuthu
Les heures succédèrent aux minutes et l’intensité du combat ne faiblit pas un seul instant. Même les rixes sanglantes que j’avais eu avec mon maître n’étaient rien comparé à la puissance de celle ci.

Avec une célérité que je n’avait jamais rencontré avant, le dragon déjouait mes attaques et infligeait à mes défenses des sorts puissants que j’avais toutes les peines du monde à contenir. Quand aux nains, ils ne représentaient pour lui que des fétus de paille sans importance. A coup sur, j’avais là un adversaire à ma taille.

Lentement ma force s’épuisait, même la réserve que je savais être en moi ne suffirait pas à vaincre mon ennemi.

'Pauvre fou, me laisseras-tu enfin te guider ?'

Oui.

A peine avais-je pris la décision de laisser Gorléaniel me guider que le ciel et la ville se teintèrent de sombre. La mort elle-même venait à mon secours, étirant le couloir des âmes jusque qu’à quelques mètres à peine de nous.

Je sentais en moi la présence de mon maître, me souillant et dirigeant mes membres. Sa nature et la mienne étaient si proche qu’un instant, j’eu la nette impression d’être la mort elle même.

J’abaissais toute mes protections car nul ne peut tuer la mort et je laissais le dragon venir à moi.

Ma lame noire plongea en lui aussi facilement qu’une dague coupe du papier. Le métal froid aspirant la vie de la créature séculaire, je me laissais envahir d’une énergie nouvelle.

MessagePosté: Mer 13 Oct 2004 09:55:37
de Machuthu
J’avais enfin vaincu le dragon.

'Non, NOUS avions enfin vaincu le dragon, sombre crétin.'

Oui, NOUS. En me guidant, ce vil bâtard a pris possession d’une partie de mon âme. Il s’est bien gardé de m’expliquer les termes du contrat, mais il est trop tard aujourd’hui. Son piège s’est refermé et je sens couler son sang visqueux dans mes veines. Une partie de mon être lui appartient, instrument de sa sinistre volonté.

Pire encore, à peine satisfait de son pacte sur mon âme, ce traître m’abandonna au supplice du sang. Brisé, rompu et sans force, je devais subir la malédiction des chasseurs de dragon. La vie avait depuis longtemps quitté le corps du dragon lorsque son sang commença à se déverser sur moi. Durant ce qui me sembla une éternité, j’eu l’impression que chaque goutte de son sang, chaque pierre de sa carapace me transperçait pour incruster en moi des milliers de fragments tranchants. Après cette épreuve, c’est avec soulagement que je sombrais dans l’inconscience.

Quelques heures plus tard, le contact froid d’un linge humide sur le visage me fit rouvrir les yeux. Transporté dans un modeste abri de fortune, Maelionia me veillait avec soin.

'Cette garce te crois faible, la laisseras-tu t’humilier de la sorte ?'

Cette effrontée se méprenait sur mes chances de survie, je me devais de la châtier. Je tentais de me redresser mais je stoppais net mon mouvement.

'C’est la peur de te perdre que tu lis dans ses yeux. Dois-tu donc la punir pour l’adoration qu’elle te porte ?'

Non, je me laissais lourdement retomber sur ma couche, ignorant les insultes de mon maître. Qu’il souffre donc que je laisse cette humaine prendre soin de moi, cela lui apprendrait à se jouer de moi…

MessagePosté: Mar 16 Nov 2004 16:06:08
de Machuthu
5ième lune de Nabion, 6ième jour, par Neros Aslindas

Plusieurs jours m’ont été nécessaire, mais enfin, je peux me dresser une nouvelle fois à la tête de ma piètre troupe. Même si je ressens toujours la présence des cristaux incrustés dans ma chair et que je souffre à chaque pas, rien ne peut faire plier ma volonté.

A l’aurore, je menais donc cette bande de nabots vers son destin, me délectant du mélange de peur et de respect inscrit dans leurs yeux à me voir debout.
La mort est si profondément ancrée en moi, si solidement imbriquée à la vie que je vois mal comment il serait possible de les dissocier. Mort-vivant je suis et je demeurerais, telle est ma malédiction. Mais comment voulez-vous faire comprendre cela aux créatures stupides que sont les nains ?

Ayant à l’esprit l’arrogance et la fierté déplacée des elfes, je pris résolument la direction du plus haut des bâtiments de la cité. Visiblement ce temple était dédié au fluide et en m’approchant, je sentis les effluves puissantes de sa magie se fondre en moi.

Presque hermétique à la magie, les nains ressentait à peine la morsure contre laquelle je devais lutter de toutes mes forces.

J’usais une bonne partie de mon pouvoir retrouvé à contrer la puissance de la magie et lorsque enfin nous découvrîmes l’artefact, même ces empotés de nains étaient meurtris dans leur chair. La chaleur infernale dégagée par la diamant les ayant depuis longtemps contraint à abandonner les armures.
J’haranguais ces fainéants afin qu’ils brisent le socle, pendant que je brûlais mes dernières réserves dans une lutte inégale contre les flots grondant de la magie fluidique.

Si les nains sont de piètres magiciens, ce sont des brutes naturelles et la destruction est un domaine dans lequel ils pourraient presque exceller. Aussi, quelques minutes suffirent à briser la structure de pierre sculptée qui portait l’objet de notre convoitise.

Tel un arbre entaillé à la base, il vacilla, puis, lentement, dans un craquement sinistre, il sombra.

Au spectacle qui se déroulait devant mes yeux, je sentis mon âme tressaillir. Gorléaniel, ce lâche, contemplais avec moi la déferlante qui s’apprêtait à s’abattre sur nous, promesse de douleurs sans noms…

Je souriais intérieurement, conservant son étreinte afin de l’empêcher de fuir… Nous serions deux à souffrir cette fois

MessagePosté: Mar 23 Nov 2004 17:30:45
de Machuthu
Avec la puissance d’un tsunami, l’énergie contenue au sein de l’artefact balaya la pièce. Chacune de mes cellules se gorgea de puissance, jusqu’à faire bouillir mon propre sang. Durant ce qui me sembla une éternité, mon être entier sombra dans le chaos. Je me sentis projeté à l’extérieur de moi même, cherchant désespérément un moyen de me retrouver. Mon esprit se scinda en plusieurs parties distinctes voletant autour de la masse décharnée envahit par la douleur qu’était mon corps.

'Laisse moi entrer bâtard insignifiant, tu ne peux être sans moi.'
'Bien sur que si, tu es un fardeau pour lui.'
'Je l’ai construis'
'Il t’a détruit'
'La mort est ancrée en lui, souvenir perpétuel de ma présence'
'La vie est ancrée en moi, présage d’un avenir meilleur'
'Crois-tu qu’il puisse supporter sa malédiction sans moi ?'
'Crois-tu pouvoir m’effacer ?'

Au cœur de ce combat intérieur, je perçus bientôt un légère étincelle. Clairement j’entrevis les diverses parties de mon être. La vie, la mort… La haine, l’amour… Gorléaniel et Maelionia… Le déséquilibre et l’équilibre… et entre tout cela, ma propre essence, se gorgeant de l’essence du fluide.

Dans un accès de détermination farouche, avec l’assurance de ma puissance, j’imposais enfin ma volonté, détachant chaque mot afin de lui accorder toute l’importance dont il était l’annonciateur.

'Silence, bouffons de toutes espèces… Vous n’êtes que parce que je l’admets. Vous vous contenterez désormais de l’attention que je daignerais vous accorder.'

Je ressentis immédiatement leur assentiment. Ils n’étaient plus de taille à me déposséder de mon être et ils le savaient.

J’ouvris les yeux à nouveau, dédaignant les corps meurtris des nains pour englober d’un regard , l’horizon et la marche du destin.

La guerre peut enfin commencer.