Le Journal d'Elisha

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Le Journal d'Elisha

Messagede Wolfgang le Sam 22 Déc 2018 01:13:00

Journal d’Elisha Rufus Pinch
Texte d'Ambiance Cyber/Steampunk/Apo par Yaakab Multiversalis (Wolfgang)


Journal d’Elisha Rufus Pinch - Premier jour : Départ pour Stulus

Toutes ces années de travail et d’effort pour me hisser dans la hiérarchie gâchées à jamais par un bête accident de circulation…

Je me souviens encore de mon arrivée dans l’usine de cyber implants, de ma lente et pénible ascension jusqu’au poste de responsable de la chaîne d’assemblage des transmetteurs nanoélectroniques. J’ai tout sacrifié pour ma carrière, tout ! Toutes ces années, je me suis consacré corps et âmes à mon métier, remettant à plus tard les sujets subalternes tels que l’amour, la famille, les amis…

Je me souviens de la joie intense ressentie lorsque j’ai obtenu ma dernière promotion, de toutes ces personnes qui soudainement se disaient mes amis, des fêtes décadentes, du rythme effréné des soirées, des chambres d’hôtel fastueuses, des filles si belles que j’y ramenais, de toutes ces apparences qu’il fallait maintenir au plus haut prix…

Et puis cet accident, la perte de mon bras, ma longue hospitalisation, la perte de mon poste puis de mon emploi, de mes revenus, ma dépression, la perte de tous ces « amis », de tous ces biens matériels qui avaient jusqu’ici rempli ma vie… C’est le comble pour un responsable à l’usine de cyber-implant, de découvrir le jour où il en a besoin, qu’il n’a pas les moyens de s’offrir un cyber-implant…

Enfin, lorsque je n’ai plus eu rien de rien et que la faim est devenue insupportable, j’ai dû me résoudre à mettre de côté ma fierté pour aller demander de l’aide au S.A.D. : le Service d’Aide aux Démunis.

Là on m’a offert un repas et des vêtements, on m’a écouté attentivement, et on m’a offert un nouvel avenir comme technicien à la Robots & Automaton Factury de Sir Andy Jeter Pennington, sur Stulus… Stulus la pseudo-planète... Stulus au ciel toujours gris comme on dit sur Statera.

Me voici donc conduit en aérobus jusqu’à la Frontière Verticale, là où cessent les fastes de Statera et où commencent les misères de Stulus.

Nous sommes une trentaine dans cet aérobus. Arrivés, on nous fait descendre et on nous parque dans un immense enclos avec des centaines d’autres, tandis que d’autres aérobus déposent de nouveaux voyageurs, expatriés, exilés comme moi, qui nous rejoignent jusqu’à former une foule de plusieurs milliers, entassés dans l’attente de ne sait quoi.

Enfin des grilles s’ouvrent de l’autre côté de l’enclos, coté Stulus. Des gaillards armés de bâtons et de curieux fusils à tromblon organisent à la hâte plusieurs files, dix au total, tandis que des scribouillards s’installent sur de petites tables en bout de ces files. Les hommes en armes hurlent des consignes avec des mégaphones : « une file pour chaque Father-Boss ». C’est ainsi, m’a-t-on dit, qu’on appelle les grands patrons qui gèrent les entreprises sur Stulus. Dans le chaos, je parviens enfin à rejoindre ma file, celle pour Sir Pennington : Andy Jeter Pennington. Le long, très long passage en revue des « recrues » commence à peine… L’un des hommes en armes attire mon regard : ce colosse à la mine patibulaire n’est en l’occurrence pas humain…

Enfin c’est mon tour. On me demande mon nom : « Elisha Pinch. - Père ? Rufus Pinch ». On ne me regarde même pas : « Bienvenu sur Stulus Elisha Rufus Pinch. Vous prendrez le zeppelin pour Tinebarrow ».


Journal d’Elisha Rufus Pinch - 93ème jour : Tinebarrow

Lorsque le Zeppelin est descendu à travers la grisaille pour pénétrer l’atmosphère puante de Tinebarrow, comme beaucoup d’autres, j’ai dû me retenir de vomir tant la puanteur pestilentielle de l’air vicié était insupportable. Certains n’ont pas pu se retenir…

Cette odeur est toujours là, mais curieusement, je n’y prête plus attention aujourd’hui. On s’habitue vraiment à tout… Même le bruit assourdissant des usines et le bourdonnement incessant des mouches m’est aujourd’hui familier.

Tinebarrow est l’une des principales citée de Stulus. La pestilence de son air ainsi que son ciel toujours couvert d’épais nuages de fumées grises sont identiques dans chaque citée paraît-il. Dans ces citées se presse un foule de miséreux de plusieurs races : humains, nains, gnômes, Halfelins, gobelins, ou ogres, qui comme moi travaillent, vivent et meurent pour un Father-Boss.

Parfois un vent violent se lève et chasse un peu les nuages, laissant alors apparaître un coin de ciel un peu moins sombre, mais très vite, ce vent apporte avec lui la poussière soulevée sur son trajet, qui emplit l’atmosphère, le rendant irrespirable. C’est ce que l’on appelle ici, nous autres Stulars, le « Gray wind ». Le Gray wind est presque toujours suivi d’éclairs et d’un violent otage avec des pluies torrentielles qui emporte dans un flot noirâtre toutes ces poussières. Ces pluies, où plutôt ces « Black tears » comme on dit ici, sont le seul nettoyage que connaissent les rues crasseuses de Tinebarrow.

Manger sur Stulus est une nécessité mais jamais un plaisir, sauf paraît-il pour les Father-Boss et quelques rares privilégiés. La flore est inexistante ou presque, en tout cas n’offre rien de nutritif. On se contente donc de l’apport protéinique de la faune locale. Pour moi qui m’était habitué aux fastes de Statera, le régime Stular fût une véritable épreuve au début : Rat, Vers, Insectes et autres vermines de toute taille, Chien, Chat, ou encore la viande dure et filandreuse du Corbak. Le luxe consiste à pouvoir s’offrir un bon steak de Ver-Giga, ou un morceau de Rat-Giga, ces bêtes, plus grandes que leurs cousins sont en effet plutôt rares et donc assez recherchés. Plus commun est le Bousier-Giga, cet énorme insecte inoffensif qui roule ces grosses boules de déchets et d’excréments dans les rues.

On m’a dit que quelques rebelles dissidents avaient fui les citées pour cultiver la terre, ce qui est ici formellement interdit par les Father-Boss pour d’évidentes raisons sanitaires, et sévèrement puni par les milices locales.

Ma vie est toute entière tournée vers le travail à l’usine. Je n’envie pas ceux, nains, gobelins, gnomes ou halfelins principalement, qui travaillent à l’extraction de Houille dans les mines ou à la recherche de Pétroil dans le désert…

Les Father-Boss pourvoient à nos besoins et mettent à notre service les nombreux robots chargés des menues tâches du quotidien. J’avoue être assez fier en travaillant à la R.A.F. pour Pennington, de contribuer à faciliter la vie de mes concitoyens en construisant ces robots. Bien sûr, je n’ai plus les responsabilités et le niveau de vie que j’avais sur Statera, mais Sir Andy Jeter Pennington m’a offert un travail et veille sur moi comme chacun de ses employés. J’espère pouvoir un jour devenir ingénieur ou contremaître pour son entreprise, et me rendre plus utile encore.


Journal d’Elisha Rufus Pinch - 375ème jour : Le dessous des cartes

Je comprends maintenant que je ne serais jamais promu contremaître ou ingénieur : les « services » qu’il me faudrait rendre pour cela à Sir Pennington sont trop grands et lourds de conséquence pour ma conscience.

Je comprends maintenant pourquoi les groupes dissidents sont de plus en plus nombreux et font de plus en plus d’adeptes.

Sans cesse, il me faut me vouer corps et âmes à Sir Pennington et son usine, sans jamais rien attendre en retour que les coups ou le racket de sa milice. Il n’y a rien ici que l’on puisse dire ou faire si cela ne remplit pas d’une façon ou d’une autre les poches d’un Father-Boss, ou alors de la mafia locale, ce qui revient exactement à dire la même chose. Tout ça pour quelques inhalations de Breath…

La propagande des Father-Boss est partout, on lit leurs affiches collées sur leurs murs, on entend leurs annonces par leurs Crieurs publiques, on lit leurs articles dans leurs journaux… J’envisage aujourd’hui de rejoindre à mon tour un groupe dissident, mais il me faut faire preuve de la plus grande prudence et me renseigner avec la plus grande discrétion. Les Father-Boss ont des yeux et des oreilles partout…

Si seulement je pouvais rejoindre Statera et prévenir les Sophocrates ! Eux ne tolèreraient pas ces agissements ! Je suis certain qu’ils cesseraient de suite d’envoyer leurs pauvres vers Stulus s’ils savaient les mauvais traitements qu’on y subit !



Journal d’Elisha Rufus Pinch - 396ème jour : Derniers mots

Je ne sais pas comment ils ont su que je cherchais à rejoindre The Phantom Crew. J’ai pourtant fait preuve d’une grande discrétion.

J’écris ces lignes qui sont sans doute les dernières et cache ici mon journal en espérant que quelqu’un le trouve et puisse le lire, afin qu’il sache et que peut-être, il puisse s’enfuir à temps.
Pour moi il est sans doute déjà trop tard, mais je ne me rendrais pas sans avoir tenté ma chance. Un violent Gray Wind se prépare, c’est l’occasion ou jamais de partir sans être remarqué paraît-il. Si j’y parviens, je rejoindrais alors The Phantom Crew et deviendrais invisible à mon tour, si j’échoue… Adieu.

Elisha R. Pinch
"Les cheveux blancs sont une couronne d'honneur; C'est dans le chemin de la justice qu'on la trouve." PV 16,31

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