Ventsombre

Ca pue. Et pas qu'un peu. Ca sent la poudre, le métal chauffé, le sang. Il distingue la forme féline qui le tient en joue, nimbée d'un bleu pâle veiné de vermillon. Le tourbillonement presque hypnotique des volutes qui la compose le captive, tranchant curieusement avec la bichromie grisâtre qui représentait ces lieux.

"Tues-le"

Hein ? C'est quoi cette connerie ? Putainnnn...

Hé mais ça va pas ? J'suis là pour vous aider, bordel !!! Non seulement vous me fouttez les tympans en l'air en larguant vos grenades comme des putains de pétards, et en plus vous voulez me buter ?

Le garçon recule et lève les mains en signe de réddition.

La voix provenait de l'encadrement de l'ascenseur. Calme, froide, mais néanmoins jolie. Effrayante, quoi. Une drôle d'aura rouge et noir envahissait sa vision, parcourue par de fin liseret verdâtre.

Une moue dubitative tord son visage, ce qui le rend encore plus étrange, compte tenu des deux orbites laiteuses trônant au milieu de celui-ci. Les mèches crasseuses qui l'encadrent virevoltent tandis qu'il secoue la tête.

Ok ok. Faut se tirer d'ici vous savez.

La voix laisse transparaître tristesse et agacement, ainsi qu'une maturité étonnante compte tenue de l'âge apparent du gosse. Son pantalon trop large pour lui semble troué à de multiples endroits, tout comme l'effigie de Kurt Cobain recouvrant son torse.

Y a une douzaine de machabbées qui semblent vous en vouloir et un croque-mitaine dans l'ascenseur qui va pas tarder à jouer avec nous. Je vois l'avenir vous savez, et il est pas très prometteur, sauf si on bosse ensemble.

Une sorte d'intuition perle à l'orée de sa conscience.

J'peux vous emmener voir celle qui les contrôle si vous voulez.

Quelques instants, puis il reprend, plus pour lui même que pour ces interlocuteurs. Ses yeux baissés semblent voir quelque chose ailleurs, en dessous.

Et puis y a Sarah. J'ai besoin de vous pour aller chercher cette conne.

Tue le.

Sly hésite. Sa main ne tremble pas, son regard reste droit et plein de sang-froid. Mais elle hesite quand à la bonne décision. Nadja a toujours été comme ça... Mais ça n'a pas toujours été bon.

De plus, un petit quelque chose... Comme si ce gamin ne pouvait - après tout - representer aucun risque. Un reste de son humanité perdue... Cette fois, c'est Nadja qu'elle cherche à interoger du regard, mais cette dernière semble restée dans l'ascenceur.

Se penchant un peu en arrière - sans perdre l'enfant du coin de l'oeil ou de sa ligne de mire - elle fait signe à Nadja de s'extirper de cette boîte de métal et de sortir de là.

" J'aimerais bien arrêter de bloquer cette fichue porte d'ascenseur " maugrer intérieurement Sly.

HRP : Jet N° : 6032 ! Réussite !

Les yeux de Camille ne peuvent plus quitter la forme qui s'éloigne doucement tout en le maintenant en joue. Il peut discerner des changements rapides dans les tonalités pastelles de cette aura si particulière. Les tourbillons se mêlent les uns aux autres, bleu, vert, quelques traces de rose et d'argent, créant ainsi des arabesques compliquées et fascinantes. C'était bien la première fois qu'il était autant captivé par les couleurs de quelqu'un.

Il se rappelle ses visions, avec les deux femmes à l'entrée de l'hôtel. L'une était défigurée, l'autre plutôt jolie, les deux condamnées à mourir s'ils ne se dépêchaient pas.

"Tues-moi et vous mourrez aussi. Nos destins sont liés, même si je sais pas encore ni comment ni pourquoi. Et dépêches toi de sortir de là, faut pas moisir ici je t'ai dit. Si vous me suivez pas vous êtes foutues."

Fallait vraiment s'activer, un mauvais pressentiment commençe à lui courir le long du dos.

Nadja dégaine négligemment son arme et tire deux balles dans chaque genou du gosse avant de s'extraire difficilement de l'ascenseur.

Une fois sortie, elle epousette son manteau avant d'attraper le gamin par le col, et, approchant son immonde visage à quelques centimètres du sien, lui susurre a l'oreille.

D'accord. Tu restes avec nous... mais sans les bras.

Le rejetant par terre, elle s'apprête à lui donner des coups de talons dans les épaules jusqu'à ce qu'il regrette d'être né.

A présent le jeune garçon est inerte, ceci suit les cris qu'il a poussé lorsque les balles se sont logées dans ses genoux.

Nadja, perception+vigilance diff.7
Anna, même chose diff. 9

Anna écarquille les yeux. Si elle avait eu un coeur en état de marche, il aurait bondit hors de sa poitrine. La seule chose qu'elle possède, le sang, bouillonne en elle. Ses jointures blanchissent, et ses os craquent, tant la pression qu'elle applique sur la crosse de son arme est grande.

D'un bond, elle saute en avant, lâchant les portes de l'ascenseur qui se referment dans un claquement sec et sinistre, et percute de l'épaule le dos de Nadja.

L'éloignant le plus possible du jeune gamin par cette action, elle braque un instant son arme vers sa patronne, encore trébuchante. Pendant une fraction de seconde, son doigt effleure la gâchette.

Mais le gémissement du petit, couplé aux échos de ses cris qui résonnent encore dans son esprit l'attire vers lui, lui faisant oublier Nadja. Elle se précipite vers lui, glissant son arme dans son holster et tombant à genoux à côté de lui.

Le prenant doucement dans ses bras, elle cherche un signe de vi... de non-vie. S'il est encore inconscient, elle tente fébrilement de le réveiller.

[ Perception + Vigilance = Jet N° : 6044 -> 2 réussites ! ]

Nadja considère Anna braquer son arme sur elle et finit par esquisser un sourire.

Je vais le porter.

Poussant doucement sa compagne, elle enroule le manteau autour du corps meurtri et le passe par dessus son épaule.