O douce nuit

[gwinveric]

Par chance pour les deux vampires, leur agresseur s'est improvisé pyromane et dans sa précipitation, ou ne pouvant plus résister à l'envie de tout embraser, il n'a pas laissé au gaz le temps de se répandre suffisamment. En revanche, l'essence a imprégné les murs et les sols et la moindre étincelle sera sans aucun doute la naissance d'une apocalypse orange et crépitante qui dévorera sa proie avec une voracité létale...

Le tabouret fracasse la vitre dans une explosion cristalline et à l'instant même où les longs doigts diaphanes de Nadja tourne le robinet d'arrivée du gaz, un rugissement démentiel, plus animal que technique, s'élève du couloir dans son dos.

L'allumette a touché le sol.

Le fauve aux langues innombrables est lâché à leurs trousses...

[Oona]

Cette fois, les instincts primaires d'Anna reprennent le dessus. Déjà, le grondement sourd des flammes remonte le long de ses nerfs auditifs et active toutes ses alarmes internes. Plus le temps de réfléchir.
'Fuir.'

Et la vampire, suivant l'invitation tacite de Nadja à s'éclipser par la fenêtre, s'élance et prend la même direction que le tabouret, afin de s'extirper de ce qui ne tardera pas à devenir un véritable brasier.

Les bras en croix devant le visage, elle traverse la vitre en plongeant le plus loin possible, espérant pouvoir se rétablir un peu plus loin d'une roulade.

[gwinveric]

Le corps entraîné de Sly et ses muscles élastiques lui permettent de bondir presque sans élan et de traverser la porte-fenêtre fracassée par les bons soins de Nadja. Quelques bris de verre lacèrent bien les manches et les avants-bras de la Malkavian, mais rien que le sang de Caïn qui coule dans ses veines ne puisse guérir.

Dans son dos, l'appel d'air aspire les premières flammes qui viennent lécher avidement la façade et tentent de s'agripper aux pans de sa chemise flottant derrière elle. Mais elle a miraculeusement été plus rapide. Avec un sifflement de rage, elles font marche arrière pour se contenter de dévorer des proies plus faciles, comme les meubles, les murs, tout ce qui ne peut pas se soustraire à leur étreinte ardente.

Dans une fraction de seconde, au moment où elle prend appui, Sly se rend pourtant compte que sa trajectoire va aboutir droit sur le tronc argenté d'un pin, et qu'à moins de la corriger lors de sa roulade de réception, elle pourrait bien s'y assommer !

Nadja quant à elle a juste le temps de se baisser et de se recroqueviller au sol, comme un poussin dans son oeuf, pour que les doigts griffus et intangibles du feu qui tentent de saisir son garde du corps ne l'agrippent pas au passage.

[Jet de Dextérité + Athlétisme difficulté 6 pour Sly et Jet de Courage difficulté 5 pour Nadja svp]

[Oona]

Pendant une fraction de seconde, Anna est fière de ses capacités physiques. S'extraire de cette façon aux flammes infernales lui procure une satisfaction étrange. En plein milieu de l'action, seules les pensées sommaires parviennent jusqu'à sa conscience, et la joie de s'en sortir en fait partie.

Malheureusement, le goût de la victoire s'estompe pour faire place à un danger imminent, alors que l'ombre du pin se dresse devant elle, prêt à le recevoir de sa rude écorce.
Mais une fois de plus, ses réflexes et son instinct la dirigent. Quand elle touche le sol, elle arrondis le dos et ramasse ses jambes afin de rouler sur elle même et se rétablir. Enfin, d'une pulsion de l'épaule, elle oriente sa chute sur la gauche, et évite de justesse l'arbre.

Le souffle court, elle se relève et se retourne pour observer les flammes manger l'intérieur du manoir. Des yeux, elle cherche Nadja...

[ Jet N° : 3264 -- Nombre de réussites : 3 ]
Note : C'est quoi la couleur que t'utilises Gwinveric ? J'aimerais me mettre au diapason
Tu as ta réponse ?

[gwinveric]

Les grains de silice pris dans les cheveux d'Anna étincellent comme des myriades de topazes à la lueur changeante et orangées des flammes qui exécutent avec une énergie sans cesse renouvelée leur danse fatale à l'intérieur du manoir.

Mais pour la jeune femme il n'y a aucune beauté dans ce spectacle, seulement de la terreur. Une terreur aussi viscérale que la joie qu'elle a ressentie quelques secondes plus tôt quand elle s'est vue échapper au brasier. La chaleur qui irradie par la porte-fenêtre éventrée lui fouette le visage, la forçant à reculer d'un pas supplémentaire, comme si l'incendie, créature vivante et hargneuse, la défiait d'oser s'approcher pour lui retirer ses proies.

A l'intérieur, le feu progresse à une vertigineuse, et bientôt tout le rez-de-chaussée crépite et ondule. Les rideaux se transforment en torches, les vernis se craquèlent et se racornissent, dénudant le bois qui noircit aussitôt.

Mais le plus impressionnant pour Anna ce sont les bruits. Un tumulte de vrombissements, grondements, craquements, crépitements qui l'assourdissent. Frénétiquement elle cherche du regard la silhouette de Nadja au milieu des flammes mais une nouvelle gifle de chaleur la force à détourner les yeux, et son angoisse pour sa maîtresse faiblit devant cette voix plus forte, plus impérieuse à chaque seconde, qui hurle sous son crâne :

*Fuis, fuis ce lieu de mort, sauve-toi toi au moins !*

Et comme pour y faire écho, un hurlement insupportable de terreur et de souffrance s'élève du corps fiévreux de la bâtisse, si puissant qu'il couvre les halètements de jubilation obscène qu'émet le monstre aux tentacules incandescents.

[Jet de Courage pour Anna, difficulté 5 stp]

[Grotek]

Jet:3292
2 7 5 1 1 ->1 échec

Trop vite, les flammes, telles de terribles mains mortelles carbonisèrent la cuisine autour de Nadja. Affolantes et redoutables, elles coupèrent toute sortie à la créature nocturne.

Etait ce la fin ?

Autour d'elle, le fabuleux feu dansait frénétique et fou, détruisant tout sur son passage. Dans de grotesques grincements, le plafond craqua et s'affaissa mollement, tel un chateau de cartes.

Mais celà n'importait plus.

Balbutiant des propos incohérents, Nadja s'etait roulée sur elle même sous une table. Ses yeux brûlés n'exprimaient plus que le vide d'un esprit dévoré par le brasier infernal de la terreur primale du feu.

[gwinveric]

Tandis que dans sa tête où se déploient les mêmes fumées obscurcissantes que dans la pièce livrée aux flammes, elle sursaute avec un gémissement de terreur quand un morceau du plafond s'écrase sur la table au-dessus d'elle, faisant grincer les pieds de bois pourtant épais, avant de s'éparpiller en dizaines d'éclat de plancher et de plâtre autour de la vampire tétanisée.

Elle voudrait trouver la force d'appeler Sly mais tout son corps lui hurle un autre ordre, tellement incohérent, tellement stupide !

*COURS !!!*

Un brandon tombe sur un pan de sa robe et commence à consumer le tissu... C'est plus qu'elle n'en peut supporter.

La terreur monte encore d'un degré, au-delà de ce qu'elle aurait cru possible. Ses yeux égarés fixent la seule sortie encore possible qui apparaît par intermittence, lorsque le rideau de flammes s'écarte brièvement et de façon imprévisible.

C'est suicidaire, mais elle s'apprête à s'élancer, tout plutôt que de sentir les flammes se resserrer impitoyablement comme un étau aussi intangible qu'implacable autour de son corps dont la peau commence à se craqueler.

[Nouveau jet de Courage, difficulté 7]

[Grotek]

Jet: 3294
8 6 5 4 1 -> 3 echecs... NOooo

Elle regarde sa peau se craqueler avec curiosité, et commencant à ricaner.

C'est la fin.

Alors qu'elle rit de manière insensée à l'ironie du monde au milieu de la fabuleuse fournaise, elle se dresse au milieu des flammes, les bras en croix.
Et son lugubre gloussement se fond avec les cris de la maison qui s'effondre.

[Oona]

[ Jet N° : 3296 -- Nombre de réussites : 3 ]

Anna ne recule pas. Tout son corps vibre au rythme intense de la terreur, mais elle refuse de reculer. Sa patronne - et surtout la personne la plus proche d'elle - est restée à l'intérieur, elle le sait. Il faut qu'elle fasse quelque chose.

'...'

Des abîmes de son esprit, une entité - généralement muselée - remonte. Elle lui murmure quelque chose. D'abord étouffée par les torrents de peur, Anna reste tétanisée. Et puis l'entité se fait plus insistante, et finit par avoir le dessus. L'idée est ancrée.

Alors, comme si elle reprenait le contrôle de son corps, elle se met à courir. Elle cherche le plus proche point d'eau. Un tuyau d'arrosage, un seau remplie par la pluie, n'importe quoi qui puisse être suffisant pour qu'elle se mouille entièrement.

Puis, refaisant face à la fenêtre de la cuisine, Anna guette le moment propice. Un instant ou le feu faiblira, une fraction de seconde ou elle pourra se jeter dans la cuisine.
Un sourire glacé sur les lèvres, une lueur démente de défi dans les yeux, Anna s'apprête à réaliser ce que son esprit délirant perçoit maintenant comme un somptueux challenge.

[gwinveric]

Anna a beau chercher, il n'y a rien qui puisse lui permettre de s'asperger. Cela fait des semaines qu'il n'a pas plu dans les Landes et le jardinage n'a jamais été leur préoccupation principale, à Nadja ou à elle-même. Qu'à cela ne tienne, le défi n'en est que plus superbe, et loin de l'abattre cela renforce sa détermination.

Au moment où elle regarde par la porte-fenêtre brisée, un morceau du plafond s'abat sur la longue table de chêne qui se dresse encore au centre de la pièce et elle perçoit le mouvement de Nadja recroquevillée en-dessous. En tombant, le bloc de maçonnerie modifie temporairement la chorégraphie sifflante des flammes et un étroit corridor s'ouvre devant la Malkavian.

C'est le moment ou jamais, mais il est difficile de lutter contre la terreur qui s'insinue par instants, défiant l'entité inconnue qui a pris possession de son corps, et celle-ci, surprise, reflue l'espace d'un demi-battement de cil.

Un craquement sinistre provenant de l'étage supérieur lui permet pourtant de se ressaisir, et c'est avec une joie froide et sado-masochiste que Anna la vampire, les yeux brillants d'une folie malsaine plus redoutable encore que le feu qui la menace, s'avance au milieu du brasier auquel elle avait pourtant échappé.

Son esprit encore conscient et torturé par la terreur regarde par ses yeux comme par une fenêtre, alors que son corps obéit à cette force indésirable mais omnipotente qui a pris le contrôle. Elle voit la silhouette diaphane et tordue par les ondes de chaleur de Nadja s'extirper de son abri et se dresser comme un antéchrist monstrueux au milieu de ce qui ressemble maintenant à un bûcher. Le gloussement obscène qui s'élève de sa gorge résonne aux oreilles de son employée sans pour autant modifier sa trajectoire, aussi douloureux soit-il à entendre.

Et au moment où Nadja s'attend à ressentir une pression incommensurable sur ses épaules, c'est au contraire un mouvement horizontal qui la décolle du sol comme un simple fétu de paille et la propulse sans ménagement vers la porte fenêtre qu'elle traverse à son tour, avant de s'écrouler sur le sable, à l'extérieur.

Le fracas de l'effondrement de ce qui restait du plafond l'assourdit et des milliers de braises incandescentes volètent autour d'elle avant de retomber au sol pour s'étouffer.

Regardant alors par dessus son épaule au prix d'une douleur atroce, elle voit Anna, le regard fixe baissé sur elle, comme un automate dont le système aurait besoin d'être remonté pour que ses rouages lui redonnent vie.

[Hrp : OUF !!! Qui n'a pas eu chaud sur ce coup-là ? ]

[Grotek]

Laissant retomber sa tête sur le sol, elle regarde le ciel étoilé éclairé par la lueur fantastique du fabuleux brasier.

Elle est trop fatiguée pour se relever.

Elle sait que malgré sa condition de non morte, il lui faudra des semaines, voire des mois pour que sa peau horriblement desséchée et craquelée se regénère.

Alors que les flammes montent doucement vers les cieux, elle ferme les yeux.

[Oona]

Anna reste debout, le corps figé telle une statue séculaire, le regard vide. De l'extérieur, rien ne laisse paraître le tumulte qui agite son 'moi intérieur'.

L'entité jubile. Son pari osé est un succès. Elle force la raison d'Anna à se repasser ses souvenirs pour en extraire chaque détails et s'en délecter : Les flammes qui lèchent ses bras, ses vêtements se consumant de-ci de là, la plainte du bois qui s'écroule, le rire de Nadja, la chaleur lui fouettant le visage, et enfin l'air libre emplissant ses poumons.
Et bizarrement, Anna est fière d'elle. Alors l'entité reflue et reprend sa place.

C'est seulement après plusieurs minutes de ce duel intense que la mercenaire cligne enfin des yeux. D'abord lentement, puis de plus en plus vite. Chaque nouveau battement de paupière semble lui rendre plus avant le contrôle de son corps.

A nouveau maîtresse de ses mouvements, et privée de ses forces furieuses, elle se laisse choir à genoux.

'Ouf.'

[ HRP : Et ben dis donc... On s'en souviendra de ce petit feu de joie ! ]

[gwinveric]

Les deux jeunes femmes reprennent un peu leur souffle, éprouvées dans leur âme comme dans leur chair.

Leurs silhouettes, pour l'une allongée à même le sol, pour l'autre à genoux les mains entre les cuisses et la tête baissée comme en recueillement, se dessinent en ombres chinoises sur fond de flammes crépitantes et sans cesse plus grandes, plus voraces.

Mais le répit est de courte durée. Sans un cri, ce qui rend la scène encore plus impressionnante, une forme humaine jaillit par l'une des portes-fenêtres du salon dans une explosion de verre. La torche humaine titube quelques pas, tournoyant sur elle-même en une gigue anarchique et improvisée, avant de s'écrouler quelques mètres plus loin où elle poursuit une combustion qui semble interminable.

Cela rappelle à Anna que cet incendie n'a rien d'accidentel, et qu'elles ne sont peut-être pas encore à l'abri de tous les dangers... Si l'incendiaire n'était pas venu seul ?

En tout cas, Nadja est de toute évidence sérieusement blessée, et sans aide elle ne sera pas en mesure de trouver un refuge.

[Anna perd deux niveau de santé en blessures aggravées, Nadja quatre niveaux]

[Grotek]

Des milliers de rasoirs lui tranchent la peau à chaque mouvement qu'elle tente de faire.

Toute la ville à du voir l'immense manoir brûler, et aussi grande soit leur peur, ils vont venir. Le temps est compté...Mais c'est si douloureux...

Laissant retomber son bras débile et sans force, elle rauque à l'adresse d'Anna:

Surout...emmène ce petit rigolo.

Et comme si ces mots lui avaient demandé un effort surhumain, elle se tait, sa respiration sifflante rythmant cette nuit enflammée

[Oona]

Anna reprend conscience du danger qui rode. Ce n'est pas terminé. Elle fait rapidement l'inventaire de ses possessions, vérifiant si ses affaires sont encore en état, et si son arme traîne dans les parages.

Avec toute la concentration dont elle est capable, elle détaille ensuite les alentours pour détecter d'éventuels intrus. Une fois rassurée sur leur relative sécurité, elle s'approche du cadavre encore brûlant. Du pied, elle le fait rouler plusieurs fois sur lui même pour atténuer les flammes qui le consume encore.
'Qui ça peut bien être ?'

Au delà des chairs calcinés de la pauvre chose, elle tente de trouver un indice sur son origine, son appartenance, sa nature ou quoi que ce soit d'intéressant.