Réapprendre à prendre du plaisir dans la non-vie (Machu2)

[Machuthu]

Caroline plonge les yeux dans ceux de Matteo, réfléchit un instant, jette un œil par la fenêtre puis sourit à son interlocuteur.

En ce moment, Paris ne représente pour moi que mélancolie et tristesse. Voyager, en votre compagnie qui plus est, me fera le plus grand bien.
Quant à vos amis, s’ils sont tous aussi charmants que vous ne l’êtes, je serais ravie de les rencontrer.

[lydia]

Aussi charmant je ne pourrais l'affirmer mais ils ont leur charme personnel!

Matteo éclate de rire.

Mais je suis certain qu'ils feront tout pour vous être agréable ma chère.

[Machuthu]

Caroline se satisfait de cette réponse. L’idée de découvrir la Russie lui est en outre particulièrement plaisante. Il n’en reste pas moins que l’heure est particulièrement tardive. La nuit est tombée depuis plusieurs heures maintenant et les violentes émotions qu’elle a ressenties au cours de la journée ont littéralement épuisées la jeune femme. Caroline tente donc de réprimer un bâillement, sans grand succès cependant.

Je suis désolée, la journée a été riche en rebondissement, je suis complètement épuisée.

[lydia]

Prenez du repos mon enfant. Allez dormir. Je vous retrouve demain soir.

Matteo se lève.
Il frappe dans ses mains et une porte s'ouvre sur Valentino.

Mon ami, pouvez vous montrez une chambre à notre invitée. La nuit va bientôt laisser place au jour. Elle doit se reposer.

Matteo refait face à Caroline.

Allez mon enfant. Je vous retrouverais ce soir. Je dois continuer la préparation.

[Machuthu]

Caroline ne se fait pas prier et après avoir salué Mattéo, elle suit Valentino jusqu'aux appartements qu'on veut bien lui prêter.

[lydia]

Valentino guide Caroline vers l'étage ou elle peux découvrir une chambre au style renaissance. Valentino lui montre alors une garde robe et son contenu en ouvrant cette denrière.

Faîtes votre choix mademoiselle. Monsieur veux que vous ne manquiez de rien.

Il incline la tête.

Ordonnez et je me couperais en quatre pour trouver votre désir.

[Machuthu]

Caroline observe, ébahie, les dizaines de toilettes splendides qui s’étalent sous ses yeux. La jeune femme s’immobilise cependant lorsqu’elle entend le domestique parler de se couper en quatre pour répondre à ses besoins. Il y a, dans le ton employé, un véritable engagement qui donne froid dans le dos.

Valentino est assurément un domestique hors norme, littéralement près à tout pour satisfaire son maître. Mattéo doit assurément être quelqu’un de bien pour s’attirer une telle fidélité de la part de ses employés.

Bien décidée à dédramatiser la situation, Caroline, saisit une nuisette de soie bleue argentée, agrémentée de motif de dentelle noire à divers endroits. Elle place la nuisette sur elle, afin de s’assurer qu’elle correspondra bien à sa taille et s’adresse à Valentino, sur un ton oscillant entre le plus grand sérieux et la plaisanterie.

Cette nuisette devrait faire l’affaire, vous pouvez ranger la guillotine, ce ne sera pas nécessaire de vous couper en quatre. Du moins, pas ce soir.

Caroline prononce cette dernière phrase avec un large sourire, un brin taquin.

[lydia]

Alors ce sera pour plus tard mademoiselle. Vous serez éblouissanes dans cette tenue de nuit.

Valentino s'incline.

Bonne soirée mademoiselle. S'il vous faut quelque chose pendant votre sommeil tirer sur la cordelette le long du pillier droit de votre lit.

Il laisse la jeune femme et sort de la chambre.

[Machuthu]

Caroline se change rapidement, abandonnant ses effets personnels sur unfauteuil non loin et plonge avec une grimace de satisfaction dans les draps froid du lit qui l'attend.

La journée a été éprouvante, tellement riche en contraste et en rebondissement que les paupières de la jeune femme ne demande qu'à se fermer.

Et si finalement, une autre vie commençait ?

[lydia]

En effet, une autre vie commence.

Caroline peux profiter de la quiétude de l'endroit pour peindre comme il lui plait.

Matteo a tendance à n'apparaître que le soir très tard. Il se fait un plaisir de promener, de lui présenter de nombreuses personnes qui semble neprofiter que des bien faits de la nuit. Il l'informe de l'évolution du vernissage.

La date approche.

MAtteo en profite également pour glisser deci delà des informations sur le monde de la niut et l'intronise dans ce monde.

[Machuthu]

Caroline profite de cette double vie qui lui permet de s’adonner pleinement à la peinture.

Qui plus est, elle sent l’évolution de son regard d’artiste par la découverte de cette autre facette du monde. Cela provoque chez elle une panoplie étonnante d’émotions, allant de l’étonnement, à la joie en passant parfois, il est vrai, par le dégoût.

Pourtant, cette richesse d’émotion correspond pleinement à ce que recherche Caroline et elle apprécie chaque nuit un peu plus la présence de Mattéo.

D’allusions en allusions et de rencontres en rencontres, Caroline prend conscience de la profonde différence du monde de la nuit. Peu à peu, les barrières mentales qui la séparent de l’acceptation tombent. Au point qu’au début d’une nuit, alors que Mattéo l’emmène comme à son habitude découvrir les multiples facettes de la nuit, elle l’interroge.

Ce devait être vraiment formidable, cette époque de la Renaissance. Je vous envie tellement d’avoir pu côtoyer les grands maîtres. Aurais-je jamais une telle chance ?

[lydia]

Matteo est bien surpris par la question même s'il s'y attendait.

Rien n'est impossible. Caroline. Je sais que je vais vous décevoir mais l'instant n'est pas à ce que je vous fasse découvrir cette immortalité.

Il vous faut y réfléchir.

MAtteo prend le menton de Caroline dans ses mains. Il relève ce dernier pour plonger son regard dans celui de la jeune femme.

Et puis n'oubliez pas l'acrostiche. Il est la clef de ce passage. J'espère bien que vous le comprendrez avant la fin du vernissage.

Matteo pose un délicat baiser sur le front de la jeune femme.

Demain nous partons pour Saint Petersbourg. Le grand jour approche. Vous découvrirez l'ancien palais des tsars rénovés. Une pièce vous a été réservée. Vous pourrez mettre votre oeuvre en évidence.

[Machuthu]

Caroline est prête à afficher une mine boudeuse lorsque Mattéo lui affirme qu’il n’est pas encore l’heure mais la jeune femme oublie vite sa déception.

Le palais des Tsars est une véritable splendeur, jamais elle n’aurait osé espérer pareil cadre pour l’exposition. Un instant, elle se demande même si cela ne mettra pas la puce à l’oreille de leur proie. Non, l’orgueil et la suffisance sont le tissu même de son être, nul doute qu’il ne verra là que du feu.

Caroline plonge alors dans ses rêveries, mais bien loin de se laisser aller à la facilité, elle tente de se remémorer le fameux acrostiche de Mattéo.

Cela n’a rien de simple mais la jeune femme se rappelle de l’émotion qu’elle a ressentie devant la musicalité de cette voix, il y avait dans ces phrases autant de promesses que de mises en gardes.

Une à une, Caroline, se remémore les fameuses phrases.

Cela commençait ainsi :

Vous découvrirez un monde ma chère.

Puis il était question de Moralité ou d’immoralité, oui, c’est cela :

Moral ou immoral

Il abordait finalement le plaisir de l’art :

Pour le plaisir de l'art

Puis il l’invitait à répondre.

Invitation vous est laissée, répondez sans précipitation

Cela donne donc :
VMPI

Caroline peste intérieurement, elle a sûrement du oublier certaines phrases.
A moins que… Oui, la dernière phrase, en fait, il l’avait prononcée d’une façon un peu différente, laissant un temps entre les mots ‘laissée’ et ‘répondez’, comme ceci :

Invitation vous est laissée
Répondez sans précipitation

VMPIR

Caroline se rapproche, elle le sent mais le sens lui échappe encore.

[lydia]

Matteo sourit.

On approche ma jeune amie.

Mais il est trop tot.

Pensez à votre oeuvre et à comment la mettre en évidence dans ce palais tout à son avantage. Nous prenons l'avion ce soir pour Saint Petersbourg.

[Machuthu]

L’idée de partir ce soir même pour St Petersbourg ravit Caroline au plus haut point.

Qui plus est, elle a une idée assez précise du rendu qu’auront ses œuvres dans le palais d’été. Les multiples dorures qui ornent les salles du palais donneront une profondeur exquise à l’exposition.

Caroline imagine la disposition de chacune de ses œuvres, plaçant les plus anciennes, les moins réussies également sur l’extérieur afin d’amener naturellement les visiteurs à s’enfoncer au cœur de l’exposition. Elle agit de la sorte afin que la disposition elle même annonce l’œuvre maîtresse en son centre.

De simple panneaux, aux lignes épurées serviront de présentoir aux toiles et seront disposés de telle sorte qu’ils formeront des couloirs qui s’orienteront eux aussi vers le centre de la pièce, formant une spirale qui tel un tourbillon mettra fin au règne usurpé de son ex amant.

Sur un simple chevalet de bois, la pièce maîtresse se tiendra là. L’absence totale de dorure ou de décoration sur le bois mettant en exergue la qualité intra sec de la toile. L’absence de cadre même rappelant la pauvreté de l’artiste lors de la réalisation, rappelant que seule l’émotion compte.

Caroline est satisfaite de cet assemblage, il convient parfaitement à l’occasion. Elle imagine sans peine l’émotion qu’il ressentira en entrant, cette joie intense suivie d’une interrogation sourde : Quelle toile ont-ils bien pu mettre au centre ?
Alors, il évoluera, partagé entre joie et curiosité jusqu’à découvrir l’œuvre centrale, jusqu’à ressentir l’effondrement brutal de sa gloire éphémère. Une agonie lente, admirable de précision. Admirable de langueur et de longueur.

Caroline interrompt ses réflexions quelques secondes. Cette expression, elle l’a entendue, récemment. Probablement de la part de Mattéo. C’est curieux que cela lui revienne ainsi en mémoire, comme s’il s’agissait d’un élément important.

Mentalement, Caroline repasse la phrase, attribuant à chaque syllabe le ton et la musicalité de la voix de Mattéo.

Oui, c’est bien cela, c’est bien lui qui a prononcé ces quelques mots. Ils sont tellement adaptés à la situation. Admirable de langueur et de longueur.

Caroline sourit à son hôte, à son mécène.

Je sais exactement comment je disposerais mon œuvre Mattéo. Inutile en outre de la mettre en valeur, c’est cette absence même d’attention, cette pureté du décor qui attirera le regard.

Pour le reste, la toile se suffit à elle même.