[TRAINING] - DJIRUNYAZA

[Djirunyaza]

Plus mort que vif, arcbouté sur son bâton sculpté, luttant pour tenir debout, il est difficile de se dire que l'homme, qui se traîne là à grand peine jusqu'au tombeau, était celui qui défiait encore il y a quelques instants les lois de la gravité, dans une danse virevoltante possédée par la divine Courga. Désormais seul, sous les yeux de sa Déesse verte de gris, voilà le père oxydé...

Mais le bâton ne suffit plus et Djirunyaza ne peut que se trainer alors qu'il atteint l'escalier afin de, fidèle à sa parole, ramener au Gremlin son bien le plus précieux.

Incapable désormais de la moindre pensée cohérente, perdant peu à peu ses repères, il espère mais se perd dans la circonvolution pierreuse le ramenant dans l'enfer olfactif du sous-sol.

[DJIRUNYAZA] - Dolph...tiens... cric, crac, croc... la voie... la flûte... dans le... Dolph... loup de graine... le désert... avance...cric, crac, croc... tiens...

Dans sa grande faiblesse et bien malgré lui, le prêtre devient, par sa folie passagère, encore un peu plus proche du prisonnier macrocéphale...

[Astro Buck]

De retour dans l'antre ténébreux et crasseux du Gremlin, Djirunyaza entend que le bruit de tambourinement métallique a repris au fond de la galerie. Ainsi qu'il l'avait annoncé, Dolf s'est remis au travail et gratte inlassablement la roche, millimètre après millimètre, dans l'espoir absurde de remonter ainsi jusqu'à la surface, hors du périmètre du temple.

Dès qu'il réalise que le prêtre de Courga est de retour, il lâche sa pioche de fortune et accourt, les yeux écarquillés d'étonnement, gros comme des soucoupes.

[DOLF] - Tu... tu es revenu ! Oh ! Ma flûte ? Tu me la rends ?

Il tend la main prudemment, comme s'il craignait de se faire mordre.

[DOLF] - Cric, crac, croc ? Oh oui ! Pas si bête la petite tête ! Tu t'es servi de la flûte pour attraper des rats. Et tu as croqué les bons petits rats dodus et croustillants. J'espère que tu en as laissé pour Dolf, sale vilain petit gourmand !

L'air de ne pas y croire, Dolf se saisit de la flûte et l'examine sous tous les angles.

[DOLF] - C'est ma flûte, je la reconnais. Alors toi pour un comme-eux, tu n'es pas du tout comme eux ! Ami ?

Avec son étrange sourire grimaçant, caractéristique d'un visage modelé par la peur et la haine, auquel manque la palette propre aux expressions humaines, il tend sa main aux longs ongles sales jaunes et acérés, déformés par de multiples panaris, mycoses et autres infections.

[DOLF] - Maintenant tu vas rester avec Dolf pour toujours. Nous mangerons des petits rats qui croustillent, cric, crac, croc. Et puis nous creuserons. Et puis nous mangerons. Et puis nous creuserons. Et puis nous mangerons. Et puis nous creuserons. Et puis...

[Djirunyaza]

Incapable de répondre, le prêtre esquisse un sourire alors que pour la première fois, le Gremlin fou assoiffé de vengeance parle comme Dolph, ami de Djirunyaza, Gremlin... fou.

Une marque d'inf...affection ne se refusant pas, le prêtre accepte la poignée de main. Si tel est le prix à payer pour contribuer à sauver une âme, il ne se dérobera pas à son devoir.

A bout de force, il va s'effondrer dans un coin près de son sac à dos. Si son esprit ne le lâche pas encore, il essaiera de passer une nouvelle fois en revue ses blessures (pensera -t-il dans son état à ce rincer la main à l'eau dans un réflexe salvateur?), puis il essaiera de manger sa dernière ration avant de s'abandonner à un sommeil qu'il espère réparateur.

Son esprit fiévreux vagabondant, il repense à une discussion enflammée tenue avec son ancien maitre, prêtre de Filash. Déjà éloigné de la voie du Feu, il se souvient avoir défendu l'idée qu'avec la grâce, la recherche de l'harmonie permettrait de faire des miracles. Avec la fougue de sa jeunesse, Djirunyaza avait affirmé à son vieux maitre colérique qu'un esprit aiguisé, favorisé par les Dieux Bons, saurait un jour dompter les vers des sables géants qui parcouraient les dunes du Désert rouge. Il avait même dit que tel un chameau, le géant pourrait être chevauché! Son maitre avait fait alors retentir à la face de son disciple son rire énorme et écrasant, celui qu'il gardait pour faire comprendre qu'il est inutile d'aller plus loin dans l'échange. D'une voix sévère il le renvoya à ses corvée, non sans ajouter: "Chevaucher un ver des sables! Cette idée est une moite daube!" Même si Dolph n'était pas un ver des sables et que sa vie ne tenait qu'à un fil ténu, le prêtre avait fait de lui un "ami". Son ancien maitre avait tort!

Après un dernier regard sur ce qui l'entoure, il ferme les yeux:
"Peut-être pour la dernière fois?"
Mais au tréfond de son âme un nom résonne:
"Asphios"

[Astro Buck]

Seul un accès de fatigue aussi considérable que celui éprouvé par Djirunyaza pouvait permettre de trouver le sommeil dans pareil endroit. L'homme s'enfonce dans l'inconscience comme une statue de plomb dans l'eau. Des bribes de rêves tumultueux s'enchevêtrent dans une trame chaotique, un défilé d'images qui ne trouvent pas leur cohérence, comme des pièces de puzzle qui proviendraient toutes d'une boîte différente. Leur point commun, c'est l'agitation et la violence. Le bruit et les cris aussi. Comme ces glapissements à crever les tympans qui finissent pas réveiller le nomade.

Quand il rouvre les yeux, il lui faut quelques instants avant d'être en mesure d'interpréter le flot de perceptions qui lui parvient. Des flammes dansent de toutes part dans l'obscurité, faisant miroiter des objets métalliques. Ce sont des armes et des pièces d'armure. Cela cavale de toute part autour de lui, à grands bruits de pas lourds. Des rats enflammés jaillissent dans les airs en couinant horriblement avant de s'écraser sur le sol, calcinés. Deux hommes en armes puissamment charpentés tiennent chacun par un bras un petit être simiesque aux yeux hagards, qui se débat comme un forcené en hurlant. Djirunyaza reconnaît immédiatement Dolf.

Puis tout à coup un visage apparaît à quelques centimètres du sien. Un visage d'une blancheur lunaire, aux traits fins et réguliers, encadré par une coiffure parfaitement disciplinée. Il est clair que c'est Claire la clerc ! La jeune femme s'est accroupie auprès de lui et le regarde avec un mélange d'inquiétude et de tendre pitié.

[CLAIRE] - Libra soit louée, vous êtes vivant ! Mais dans quel piteux état ce monstre vous a mis ! Il sera justement puni pour tout le mal qu'il vous a fait.

Elle se retourne et appelle quelqu'un derrière elle :

[CLAIRE] - Chargez cet homme dans la civière. Qu'on l'emmène immédiatement au temple pour lui administrer au plus vite les soins qu'il requiert !

Puis s'adressant de nouveau à Djirunyzaza :

[CLAIRE] - Vous serez confortablement installé dans cette civière. Elle est recouverte de douces peau de lapin. C'est pour cela qu'on l'appelle "civière de lapin".

[Djirunyaza]

L'esprit du prêtre réagit bien plus vite que son corps meurtri à la vision de ce qui l'entoure. De ses yeux ressortent sans doute une grande sérénité et une volonté sans faille en totale opposition avec la faiblesse et l'abandon dont témoigne chaque parcelle de sa peau et sa tenue en charpie couverte, au mieux, de sang et de poussières.

Braquant son regard sur la jeune clerc pour essayer de lui faire comprendre qu'il est maître de ses pensées, il profite du peu d'énergie que lui a accordé son repas et son repos pour se redresser, perclus de douleurs, mais prenant un soin évident pour ne pas la toucher par déférence.

[DJIRUNYAZA] - Je te salue Claire, porteuse de justice et de vérité! Où vois-tu un monstre ici ? L'être que tu vois là bas se nomme Dolph Lingrem et il est sous la protection de Courga.

Il marque un temps de pause afin de trouver une position moins inconfortable sur le sol dur et jette malgré lui un œil plein d'envie à la civière couverte de peau de lapin.

"Cric, crac, croc... ça marche peut-être aussi avec les lapins!"

[DJIRUNYAZA] - Que les porteurs du glaive glorieux de la justice notent ce fait... il est sous la protection de Courga et par conséquent de la mienne. Il est en effet en mesure d'expliquer ce qui a causé la disparition de mon ordre et a, répondant à mes demandes, ouvert une piste qu'il me faut explorer avant que je puisse porter l'affaire devant les serviteurs de Libra qui en seront en définitive les seuls juges.
Je serai ravi d'échanger avec vous sur tout cela, docte Claire, mais il semble que le novice a dû se tromper dans le message envoyé au temple de la juste Libra. Si mon cœur est empli de joie devant votre intervention bienveillante à mon encontre, il est important que vous compreniez que mon message était un juste nouvel appel à votre charité: 2 repas et 2 pioches. Ne blâmez pas votre novice, mais par son inexpérience il a vu le corps mais a oublié de sonder l'âme. Erreur que vous ne commettrez pas j'en suis sûr!

Jetant un regard plein de compassion au prisonnier du temple, il ajoute:

[DJIRUNYAZA] - Aussi étrange que cela puisse vous paraitre, je porte a priori une dette envers lui, et son bien être m'importe beaucoup. Même s'il a le regard qui tue et qu'il a tiré le premier, il marque la voie et est ici chez lui jusqu'à ce qu'il en décide le contraire.
Oh, j'y pense, lui avez-vous pris sa flûte?

[Astro Buck]

Avec une expression pleine de douceur sur le visage, Claire écoute patiemment les propos de Djirunyaza. Tandis qu'il égrène ses paroles, elle lui caresse la tête en opinant du chef avec une moue désolée, tout en répétant régulièrement d'une voix douce :

[CLAIRE] - Mais oui... mais oui... c'est ça... mais oui... chut, chut, chut... doucement... mais oui... c'est ça... mais oui... chut...

Puis elle s'adresse à deux armoires à glaces vêtues d'armures.

[CLAIRE] - Ce pauvre homme n'a plus toute sa tête. Chargez-le dans la civière, entravez-le si nécessaire. Amenez-le vite au temple, qu'il reçoive des soins de toute urgence.

Elle s'adresse ensuite à un homme vêtu d'une toge orange fluorescent, qui réfléchit intensément les lumières des torches.

[CLAIRE] - Je vous laisse le soin d'achever le nettoyage de cette fosse putride avec les flammes purificatrices de Filash. Nous quittons les lieux sur le champ !

La voix de la clerc est à la fois douce et autoritaire. Nul ne discute ses ordres, tous s'exécutent promptement. Djirunyaza est chargé, de gré ou de force, dans la civière, maintenu par les puissants bras des gardes du temple. Marchant en cadence, ils s'engagent dans l'escalier. Cela ne sera pas une mince affaire étant donné son étroitesse. Tout en gravissant les marches, Claire s'adresse au prêtre de Courga sur un ton qui se veut rassurant :

[CLAIRE] - Nous reparlerons de tout ça quand vous aurez été soigné et pris du repos. Nous parlerons de pioches, de flûtes et de tout ce que vous voudrez. Mais en attendant, restez tranquille.

[Djirunyaza]

Face à l'absence totale d'écoute de son interlocutrice, Djirunyaza ressent un certain malaise.

"Pourquoi est-elle aussi sourde à la vérité? C'est étrange. Son manque de respect face à ma charge est par ailleurs criant malgré son simple statut de clerc. Heureusement que je n'ai pas tout dit... Pour ce pauvre Dolph, ça risque de mal finir..."

[DJIRUNYAZA] - Ne vous inquiétez pas, jeune clerc, la vérité et le temps sont des alliés infatigables. Je suivrai vos consignes...

Ne résistant pas à l'installation dans la civière et profitant de la douceur des poils luisant à la lueur des rats brûlants, il jette tout de même un regard d'encouragement vers Dolph avec un sourire amical.

"J'espère qu'ils ne vont pas le brûler avec le reste... j'essaierai de te retrouver, j'ai toujours une dette à racheter."

Puis il s'abandonne à la lassitude durant son transport, réfléchissant à toute cette affaire.

[Astro Buck]

Tandis que ses brancardiers gravissent les derniers degrés de l'escalier à vis, Djirunyaza sent des bouffées de chaleur remontant des profondeurs : l'adepte de Filash a fait appel à la puissance de son dieu pour opérer un grand nettoyage par le feu. En ce qui concerne Dolf, il ne semble pas qu'il y ait lieu de s'en inquiéter pour le moment, à entendre ses glapissements continus, il est toujours vivant. Claire l'a constitué prisonnier afin que son cas soit examiné en temps voulu au Temple de la Justice.

En retrouvant l'air libre des rues de Fang, les narines du nomade frétillent d'aise et ses poumons s'emplissent avec bonheur. Sous le ferme commandement de Claire, la petite troupe arrive promptement aux portes du Temple de Libra. Dolf est emmené d'un côté, Djirunyaza d'un autre.

[CLAIRE] - Transportez-le à l'infirmarium. Que l'on passe de la pommade à ce nomade !

Après avoir traversé une série de couloirs, Djirunyaza est déposé sur une table matelassée, dans une pièce aux murs blanchis à la chaux. Des étagères sont chargés d'instruments, de pots d'onguent, d'huiles, de potions, de rouleaux de bandage propres, méticuleusement rangés. Après avoir été déshabillé, aspergé de sceau d'eau glacée et lavé par deux novices, il est revêtu d'une tunique de lin, propre, qui sent le savon parfumé à la fleur de lys.

Peu après, les novices laissent place à une femme au visage arrondi et aux yeux brillants, dont la toge blanche, qui peine à contenir ses formes plantureuses, porte le signe distinctif des acolytes de Libra dédiés plus spécifiquement aux soins médicaux. Elle examine le nomade sous toutes les coutures, manipule ses membres, fait jouer leurs articulations et les tord dans un sens et dans l'autre, tâte fermement son cou et son ventre. Elle prélève un peu de son sang et de sa salive, qu'elle mélange dans un creuset avec des gouttes de produits provenant de plusieurs fioles. Enfin, d'une voix neutre, dans laquelle ne transparaît pas le moindre accent d'empathie, elle lui dit sans ménagement :

[SOIGNEUSE] - Je vais nettoyer vos plaies et les bander. Mais je ne pourrai rien faire contre la peste bubonique. C'est au-delà de mes compétences. Seul un Guérisseur pourrait - peut-être - vous en débarrasser.

[Djirunyaza]

Avec une grande compliance, Djirunyaza laisse l'acolyte frénétique le manipuler en tout sens et essaie de garder un visage serein malgré les douleurs qui le lancent continuellement lors de l'exercice d'exploration.

"Il semble que je l'ai échappé belle malgré tout, c'était vraiment pas loin d'être la fin du chemin... pardonne ma faiblesse Ô Courga!"

A l'annonce du diagnostic, le prêtre essaie de mesurer la portée de l'annonce. S'il s'y connait en blessures et en d'autres formes de maux courants, mais la peste bubonique reste un territoire putride inconnu qui lui envoie un frisson désagréable le long de l'échine. Si le vecteur est clair au travers des blessures dûes à sa lutte pathétique contre les rats de Dolph, le prêtre mesure son ignorance sur les conséquences de la nouvelle... si ce n'est une issue guère enviable!

[DJIRUNYAZA] - Je vous remercie pour vos bons soins et la méticulosité de vos gestes ma Dame, on pourrait en faire une chanson!

Le dévot laisse la soigneuse continuer à s'occuper de lui tout en observant d'un œil connaisseur les actes salvateurs de celle-ci.

[DJIRUNYAZA] - Saurez vous me diriger vers un guérisseur compétent?

Respectant la distance posée par l'acolyte, Djirunyaza se permet cependant une certaine affabilité bienveillante.

[Astro Buck]

Avant de répondre à Djirunyaza, la soigneuse tend la paume de sa main vers lui, dans un geste signifiant "stop !"

[SOIGNEUSE] - Ne parlez pas ! Attendez.


Elle lui tourne le dos et se dirige prestement vers une lourde armoire. Elle en ouvre brutalement les battants et en extrait une longue robe noire à capuche qu'elle revêt aussitôt par-dessus sa tenue. Puis, au moyen de sangles, elle ajuste sur son visage un masque blanc en forme de bec d'oiseau. Le prêtre de Courga reconnaît la tenue caractéristique des médecins de peste.

D'une voix toujours aussi neutre, toujours audible mais en sourdine à cause du masque, elle s'explique :

[SOIGNEUSE] - Je me dois de me protéger contre vos émanations. Beaucoup de monde en ville a besoin de mes soins.

Elle pousse un profond soupir, qui laisse penser à l'expression d'une émotion.

[SOIGNEUSE] - Je me dois aussi de protéger la ville de Fang contre le danger mortel que vous représentez. La peste, vous le savez sûrement, est une maladie très contagieuse. Je ne peux pas prendre le risque que vous contaminiez la population. Aussi vous serez conduit dans les plus brefs délais au portes de la ville. Et cela, de gré ou de force. Je compte sur votre intelligence et la bienveillance propre aux adeptes de votre culte pour ne pas rendre nécessaire l'usage de la force.

Elle se dirige vers un petit pupitre sur lequel reposent quelques feuilles de parchemin vierge. La soigneuse se saisit d'un morceau de fusain et se met à crayonner à grands traits rapides.

[SOIGNEUSE] - Je ne vous cache pas que vos chances de vous en remettre sont faibles. Nul ne connaît le remède de la peste. En tout cas on ne me l'a jamais enseigné. Mais il existe un Guérisseur dont on dit qu'il peut soigner l'incurable. Je vous dessine une carte avec les indications nécessaires pour vous mettre sur sa piste. Il faudra vous rendre dans les Collines de la Pierre de Lune.

Ayant achevé son œuvre, elle tend le morceau de parchemin à son patient pestiféré.

[SOIGNEUSE] - Sachez que désormais, partout où vous irez, vous apporterez la mort avec vous. Tel sera votre fardeau et votre responsabilité. J'espère que vous agirez en conscience. Je vous souhaite de trouver le chemin de la guérison. Puisse Libra vous réserver le sort le plus digne et le plus juste !

[Djirunyaza]

[DJIRUNYAZA] - Je vous remercie pour votre sollicitude et essaierai de faire bon usage de vos indications.

Contrairement à son habitude, le prêtre ne développe pas plus... particulièrement affecté par la nouvelle. Mais son abattement n'est aucunement lié au risque qui semble peser sur sa vie dans un délai incertain...

"Comment montrer la voie de l'Harmonieuse Courga si le simple fait de me mêler aux gens pourrait causer leur perte! C'est catastrophique!"

Laissant la soigneuse officier, Djirunyaza semble absent, plongé dans ses réflexions.

"Et Asphios, comment en savoir plus s'il me faut quitter la ville? Et ce pauvre de Dolph plongé dans sa folie?"

L'image grimaçante de celui qui aurait pu être son bourreau s'imposant à son esprit, il sort de sa torpeur pour s'adresser à la méticuleuse acolyte de Libra, non sans prendre soin de tourner la tête pour éviter de lui envoyer ses miasmes.

[DJIRUNYAZA] - Avez-vous examiné le pauvre être qui était enfermé dans le sous-sol avec moi? Lui aussi serait-il porteur de ce mal qui me ronge? J'ai indiqué à la clerc Claire qu'il était sous la protection de Courga et j'ai une requête en ce sens à porter auprès des dignitaires du puissant temple de Libra.

[Astro Buck]

La soigneuse se tient immobile tandis que Djirunyaza s'adresse à elle. Elle ne lui répond pas tout de suite et commence par lire les étiquettes d'une série de flacons qui sont alignés sur une étagère. Elle en attrape quelques uns qu'elle pose sur une table. Enfin, elle reprend la parole et explique :

[SOIGNEUSE] - Je vais vous faire don de quelques potions afin de vous aider à tenir le coup le temps de trouver le Guérisseur... si vous le trouvez.

Elle verse le contenu d'un flacon dans un gobelet en fer, qu'elle tend au nomade.

[SOIGNEUSE] - Commencez par boire ceci, car je crains que compter sur les seuls soins ordinaires et l'assistance de la nature soit insuffisant.

Laissant le gobelet entre les mains de Djirunyaza ou le posant à côté de lui s'il ne s'en saisit pas, elle plante ses poings dans ses hanches dans une posture d'attente et, derrière son masque inexpressif, observe son patient.

[SOIGNEUSE] - En ce qui concerne la créature que nous avons trouvé auprès de vous, je ne sais pas encore si elle est contaminée. Mais étant donné qu'elle semble avoir vécu avec les rats pendant des années, elle n'en a sans doute pas été affectée. Mais nous vérifierons. Vous devez avoir vos raisons de vouloir la protéger. Aussi, si elle ne représente pas un danger pour la communauté, nous prendrons soin d'elle en votre absence.

Elle retourne à la table où elle avait laissé les flacons de potion et les emballe dans un torchon qu'elle noue comme un baluchon. Tandis qu'elle s'affaire ainsi, on entend soudain quelqu'un tambouriner fortement à la porte.

La soigneuse tourne son bec d'oiseau en direction du bruit et dit d'une voix forte :

[SOIGNEUSE] - Un instant !

Puis elle se tourne à nouveau vers Djirunyaza.

[SOIGNEUSE] - Vous ne quitterez cette pièce qu'à bord d'une chaise à porteurs sans fenêtre, spécialement conçue pour le transport des malades contagieux. Ce sont vos porteurs qui viennent de frapper à la porte. Alors à présent, dites-moi. Quelle est votre requête ? Je la transmettrai moi-même à qui de droit.

[Djirunyaza]

Djirunyaza, malgré tous les soins reçus et la qualité de leur réalisation, s'étonne quelque peu de se sentir toujours aussi faible qu'à son réveil mouvementé dans le souterrain du Temple.
Le prêtre, qui fait tourner lentement dans le gobelet de fer le liquide qui, a l'odeur, ne porte vraiment pas le promesse de la félicité d'un nectar digne de la Cour Céleste.

[DJIRUNYAZA] - Avant que je transmette ma requête, sans vouloir couper les cheveux en quatre, j'ai besoin d'un éclaircissement: est-ce que le nom d'Asphios vous dit quelque chose?

Puis il avale d'un trait le breuvage.

[Astro Buck]

Le breuvage qu'il vient d'ingurgiter, en cohérence avec son odeur, est effectivement peu agréable au goût, mais il a sur Djirunyaza un effet immédiat : l'homme sent une vigueur nouvelle ranimer ses membres. Dans son corps couvert de blessures, la douleur cède peu à peu la place à une sensation de bien être.

[SOIGNEUSE] - Asphios, vous dites ? Ce nom me dit quelque chose.

Elle penche doucement son bec d'oiseau vers le sol puis le relève brusquement.

[SOIGNEUSE] - Ah oui, ça me revient ! C'est un résident de la Tour de Sorcellerie, un des meilleurs apprentis de Szordrin le Grand. Il y a de cela quelques années, une vague de cambriolages a été commise dans le Quartier du Temple. De nombreux objets sacrés ont été dérobés. Asphios était venu offrir ses services pour doter de protection magique les temples dont les défenses étaient insuffisantes. Ce qui n'était pas le cas du Temple de Libra, bien évidemment. Il n'est pas né le cambrioleur qui pourra nous dérober quoi que ce soit !

On frappe à coups redoublés contre la porte. La soigneuse s'impatiente :

[SOIGNEUSE] - Oui, oui ! J'arrive !

Elle s'approche de la porte et pose sa main sur la poignée, sans l'actionner.

[SOIGNEUSE] - Quelle est votre requête ? Faites vite.

[Djirunyaza]

Goûtant avec plaisir son énergie retrouvée, le prêtre s'étire de tous ses membres...avant de bien vite se recroqueviller sur lui-même, croisant les jambes, les deux bras repliés négligemment sur son bas ventre, le visage cramoisi par la gêne.

"Des rats, oh... plein de rats dégoutants et avides de chair fraiche... et l'odeur du port, quelle infection... l'haleine de Dolph, bon sang quelle haleine ...et ses dents sans doute encore plus difficiles à soigner que son âme!"

Après avoir jeté un oeil discret pour vérifier que sa vigueur redirigée ne pouvait plus nuire à l'attention que la soigneuse aurait pu porter à ses propos de tuberculeux, Djirunyaza tente de camoufler son malaise récent en tournant la tête comme pour éviter de diffuser alentours ses miasmes mortels.

[DJIRUNYAZA] - S'il me faut quitter la ville dans l'heure, alors je dois transmettre aux..

" rectes, euh...non, aux droits..non, non, aux rigid... Ô Courga aide moi! Aux justes, oui, c'est bien justes..."

[DJIRUNYAZA] -... justes dignitaires de Libra les informations tirés de mon exploration du Temple. Puisque je suis rétabli grâce à votre formidable compétence, que dis-je, par votre talent remarquable de guérisseuse, on ne peux plus dire que je parle l'esprit troublé par une quelconque fièvre. Aussi, je déclare que le Gremlin qui répond au nom de Dolph Lingrem est placé sous la protection de Courga.

Après un court silence, il reprend avec une voix peinée, la tête toujours tournée et le bras en protection devant sa bouche.

[DJIRUNYAZA] - Je déclare que ses actes ayant amené à la disparition de ma communauté ont été dû à la négligence de celui qui a enfermé un esprit si fragile dans des conditions intolérables, sans réel échappatoire, qui plus est avec une arme létale pouvant interagir avec l'extérieur depuis la statue du Temple.

Ses yeux se tournent alors vers son auditrice, visiblement pressée par les tambourinements provenant à nouveau de la porte.

[DJIRUNYAZA] - Je déclare enfin que ramené à la raison, inspiré par la force de la bienveillance des Dieux Bons, les talents dudit Gremlin pourrait racheter amplement le mal qu'il a été poussé à faire, et ce en servant la ville... mais seulement une fois ramené à la raison! En cela, je demande humblement à ce que la protection que je lui ai accordé par ma charge, l'oblige à m'accompagner dans ma quête d'un remède! Si le guérisseur a une petite chance de me sauver de la peste bubonique, alors pourrait-il le sauver à lui aussi? Si ces deux miracles adviennent par la Grâce de Courga, je reviendrai alors avec lui à Fang et assurément, nous vous seront d'une grande aide pour lutter contre les maladies qui vous donnent tant de labeurs et causent tant de sacrifices...

Emporté par son discours, il se lève d'un bond en écartant les bras comme à son habitude... Par réflexe, il baisse alors les yeux après un instant, le rouge aux joues dans la crainte des effets de son élan oratoire.