[TRAINING] - DJIRUNYAZA

[Astro Buck]

La soigneuse croise les bras sous son opulente poitrine et secoue négativement sa tête zoomorphe. Le mouvement ayant fait tourner son masque sur le côté, son visage contrarié apparaît à découvert, barré par les sangles. Elle réajuste rapidement son masque, avant de répondre :

[SOIGNEUSE] - Il est tout à votre honneur de ne pas porter grief à cette créature. Néanmoins, votre requête est irrecevable.

Elle a parlé sur un ton ferme et sans appel. La soigneuse reprend, avec un peu plus de douceur :

[SOIGNEUSE] - Je vous ai dit que nous prendrons soin de ce Dolf je-ne-sais-quoi, puisqu'il a un nom. Etant donné le danger qu'il représente et son caractère sauvage, nous ne pouvons pas prendre le risque de le relâcher, fût-ce sous votre responsabilité. Revenez quand vous serez guéri, à supposer que vous puissiez l'être et nous organiserons une Audience pour décider de son sort en conformité avec la Justice. Libra sait que le temps est nécessaire pour mûrir une sage et juste décision. Vous l'avez si bien dit vous-même : "la vérité et le temps sont des alliés infatigables".

Elle actionne la poignée de la porte et deux individus, eux aussi munis de masques ornithomorphes, entrent dans la pièce, portant une chaise à bras. Ils posent leur voiture anthropomobile et l'un d'eux ouvre la porte de l'habitacle en mimant une grotesque courbette cérémonieuse.

[PORTEUR n°1] - Que votre seigneurie se donne la peine de prendre place.

Son camarade renchérit :

[PORTEUR n°2] - Nous vous souhaitons un bon voyage à bord du Palanquin des Germes.

La soigneuse ajoute :

[SOIGNEUSE] - Allons, en route braves gens, que l'Eau de Vent d'Âme soit avec vous !

[Djirunyaza]

Le jeune prêtre hoche la tête.

[DJIRUNYAZA] - Avec votre refus, je dois faire le grand écart entre mon devoir et votre volonté. Mais j'ai confiance en votre parole qu'il n'arrivera rien à Dolph, puisque malgré ses crimes, il est désormais un ex-pendable. Et si mon départ et le fait d'avoir quitté sa prison auront un double impact sur lui, dites-lui bien que je reviendrai payer ma dette... si les Dieux Bons me sont favorables.

Puis il se dirige vers la porte, retrouvant son pas léger et aérien. Une moue perplexe se dessine alors sur son visage.

[DJIRUNYAZA] - Je vous suis très reconnaissant pour cette très jolie tenue, mais pour voyager cela risque d'être un peu léger... fufufu... je serais une nouvelle fois votre obligé si, avant que d'être expédié extra moenia, sans foule ni contact, vous pouviez me retourner mes quelques effets personnels et me céder quelques vêtements adaptés à la marche, ainsi que quelque nourriture pour entamer mon voyage rédempteur...

Puis avec un regard pétillant, malgré sa tête à demie tournée pour limiter les risques de contamination.

[DJIRUNYAZA] - J'aimerai aussi vous saluez à votre juste mesure, vous à qui la clerc Claire a fait rapport de mes paroles et qui prenez des décisions au nom des dignitaires du grand temple de Libra. Aurais-je l'honneur de m'adresser à Mea'lissia la Juste?

En échos à son hasardeuse hypothèse, le jeune homme se fend d'un salue empreint de respect avant de s'engouffrer dans la chaise à bras.

[DJIRUNYAZA] - Messieurs, même si au final je vais rater le Grand Tournoi du Baron Sukumvit, je me livre à votre transport afin d'éviter à cette ville le risque maximum que je représente.

[Astro Buck]

Djirunyaza s'assoit dans l'habitacle sans fenêtre. L'intérieur est réduit au strict minimum, à savoir un simple banc de bois. La soigneuse fourre un ballot de tissu dans les bras du nomade. Le ballot a été noué autour de son bâton sculpté, tel un balluchon.

[SOIGNEUSE] - Vous avez tout ce qu'il vous faut là-dedans : vos vêtements propres, quelques fioles de potion de vigueur, des vivres pour deux jours.

Elle émet un petit gloussement à l'intérieur de son masque d'oiseau.

[SOIGNEUSE] - Vous m'avez démasqué... au sens figuré. En effet, je suis bien Mea'lissia et l'on dit de moi que je suis Juste. Un bris doux a fêlé le cristal de mon cœur quand j'ai découvert votre triste sort. J'ai une profonde estime pour votre noble cause et, quand vous serez de retour, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que le temple de Courga retrouve son premier éclat.

Après ces mots chaleureux, qui contrastent nettement avec le ton neutre qu'elle avait adopté quand elle était dans son rôle de soigneuse, elle lui donne sa bénédiction et referme la porte du palanquin. Djirunyaza est plongé dans le noir. Une brusque secousse lui apprend que ses porteurs sont entrés en action. Il se sent balloté en tous sens tandis que la chaise traverse les couloirs du temple.

Cela dure un temps incalculable : on perd vite la notion du temps quand on est dans le noir. Un choc brutal se produit enfin, quand le plancher de la chaise à bras reprend contact avec le sol. La porte s'ouvre et le nomade se trouve plongé dans un bain de lumière éblouissante. L'un des deux porteurs ironise en s'esclaffant :

[PORTEUR] - Votre altesse est arrivée au portes de son royaume !

Tandis qu'il recouvre peu à peu la vue, Djirunyaza voit une plaine qui s'étend à perte de vue devant lui. Sur sa gauche, l'horizon est barré par une haute chaîne de montagne aux sommets enneigés. Non loin sur sa droite, le large ruban scintillant d'un fleuve serpente entre les herbes hautes.

[Djirunyaza]

Un peu courbaturé par ce voyage peu banal, Djirunyaza se détend les jambes en sautillant sur place d'abord doucement puis avec plus de force, l'amplitude verticale de son saut montrant ses aptitudes acrobatiques.

[DJIRUNYAZA] - Dites-moi Hubert, un doute m'assaille....

Le prêtre, qui avait entendu le nom des porteurs alors que ceux-ci discutaient du meilleur chemin à prendre sans pour autant lui permettre de comprendre où se dirigeait le convoi à quatre jambes, examine les alentours en essayant de se souvenir de son arrivée à Fang.

[DJIRUNYAZA] - Ces Monts sont bien ceux du Doigt de glace? Et là, le magnifique fleuve qui scintille et donne cette douce sensation s'appelle Kok n'est-ce pas? Cela veut dire que vous m'avez amené.... voyons, voyons, à l'est ou à l'ouest?

Il essaie alors de se repérer du mieux possible afin de trouver la solution à sa question.

[DJIRUNYAZA] - auriez-vous la gentillesse de m'indiquer où se trouve le village le plus proche? En effet, je dois faire en sorte de croiser le moins de monde possible. Il serait dommage que par méconnaissance, ma route croise d'innocents villageois.

Puis le dévot laissera les deux porteurs reprendre la route de Fang, non sans les saluer.

[DJIRUNYAZA] - Adieu Hubert, adieu Harry, ce fut un plaisir de voyager en votre compagnie... que Courga rende vos foulées plus belles encore! Que votre voyage...

Conscient qu'il ne parlera sans doute plus à quelqu'un avant bien longtemps, les aurevoirs de l'acolyte de la Grace s'éternisent jusqu'à ce que l'équipage disparaisse derrière le mouvement d'une colline.

Souriant, le prêtre jette un œil alentours, prends une grande respiration et s'assoie pour ouvrir son baluchon. Il se lance dans un inventaire de son contenu et s'équipe pour sa nouvelle quête. Dans le même temps, tournant ses yeux vers le ciel, il essaie de savoir combien de temps de voyage il lui reste avant que la nuit ne recouvre l'Allansia.

[Astro Buck]

L'un des porteurs, visiblement pas du tout sensible au sort de Djirunyaza, pouffe de rire avant de lui répondre :

[PORTEUR n°1] - Vous êtes un marrant, vous. C'est la première fois qu'on me demande la direction d'un lieu, non pas pour s'y rendre, mais pour éviter d'y aller. Hahaha ! Dites-moi où se trouve le village d'Anvil, afin que je n'y aille pas ! Mouhahahaha

Son collègue paraît beaucoup moins amusé par la situation. Il se montre plutôt troublé, au contraire :

[HUBERT] - Comment savez-vous que je m'appelle Hubert ?

L'autre, décidé à ne rien prendre au sérieux :

[PORTEUR n°1] - Facile : Hubert est un prénom tellement courant, banal. Tout le monde n'a pas la chance de s'appeler Jay Seth comme moi. Bon. C'est bien beau tout ça, mais on préfère ne pas trop s'attarder en votre compagnie, hein, vous comprenez pourquoi. Alors si vous traversez la Rivière Kok et que vous allez tout droit dans cette direction, comme je le disais, vous tomberez sur le village d'Anvil. Bonne route !

Sans demander leur reste, les deux porteurs repartent au pas de course en direction de Fang, laissant Djirunyaza à son sort. Sous le soleil au Zénith, il déballe son baluchon, qui n'est pas des plus légers, et en inspecte le contenu :

- Une tenue propre
- 2 potions de vigueur (2 doses par potion)
- une outre munie d'une sangle, d'une contenance d'un litre, remplie d'eau
- un gros morceau de chandelle
- une timbale en fer
- un briquet à silex et de l'amadou
- un petit couteau à lame incurvée
- un petit peigne en bois
- un morceau de savon parfumé à la fleur de lys
- un petit livre de prières dédiées à Libra
- du matériel pour effectuer les premiers soins
- une demie miche de pain
- 4 tranches de morue séchée et salée enveloppées dans un linge
- une poignée de noisettes et 5 figues sèches
- 4 œufs cuits dur
- 2 haricots verts
- une grosse laitue
- un chou-fleur
- 2 artichauts
- une aubergine
- un bocal de cornichons

[Djirunyaza]

Un instant interdit, le jeune prêtre regarde le contenu de son baluchon puis recommence son inventaire.

"Mais où se trouve la carte que la Mea'lissa la juste devait dessiner? Sans elle, il me sera difficile de retrouver ce guérisseur...je sais juste ...fufufu... qu'il est dans les Collines de la Pierre de Lunes qui étaient à l'est de mon parcours lorsque je remontais vers Fang"

Il enfile alors la tenue de voyage et l'ajuste, profitant au passage de l'odeur de fleur de lys que le savon a déposer le tissu...

"De la Fleur de Lys... je me demande ce qu'est devenu Mortizak?"

Mais trés vite, il distingue dans le tissu une autre odeur un peu plus aigre...

"Hum, je crois que le pot de cornichons fuit un peu."

Après avoir ouvert le bocal et saisi un cornichon entre ses doigts, il le regarde avec une certaine appréhension, son regard parcourant la surface verte et couverte de boursouflures du légume.

"Vais-je ressembler à cela d'ici peu? Quelle horreur... Ô Courga, épargne ce supplice à ton humble serviteur!"

Telle une conjuration de ce mauvais sort qui lui semble promis, Djirunyaza croque avec une certaine gourmandise et une pointe de rage le cucurbitacée, puis enfonce solidement le bouchon du bocal.

Soigneusement, il range son baluchon et l'ajuste au bout de son bâton qui pour l'occasion voyagera sur son épaule.

[DJIRUNYAZA] - Bon, il me faut traverser la rivière, après je serai libre de quitter la route pour éviter de croiser du monde...

Comme à son habitude, souriant au monde qui l'entoure, il s'élance d'un pas souple, léger et rapide, esquissant de temps en temps des pas de danse au fil de sa marche.

"Je crois qu'il va me falloir trouver d'autres choses à manger sur la route si je ne veux pas terminer trop vite ma nourriture..."

[Astro Buck]

Les indications sont maigres pour se diriger vers les Collines de la Pierre-de-Lune. Cependant, Djirunyaza sait qu'elles sont situées au sud-est. Le soleil étant au zénith, sa position n'est pas propice à l'orientation. Toutefois, le nomade sait aussi que les montagnes des Doigts de Glace, dont il voit - à l'arrière-plan de la ville de Fang - les sommets enneigés se dresser à la lisière des nuages, sont situés au nord. Il sait également que la Rivière Kok - qui mériterait plutôt le nom de fleuve en raison de sa largeur - traverse le Vieil Allansia d'est en ouest.

Riche de ces pauvres informations, il ne tarde pas à atteindre la rive nord de la Rivière Kok. Son cours est rapide et profond. En raison de ses puissants remous, il serait périlleux pour un humain de tenter la traversée à la nage. Par ailleurs, Djirunyaza ne voit rien qui pourrait ressembler à un gué. Cependant, il voit une jetée en bois, à laquelle nulle embarcation n'est amarrée, mais à côté de laquelle est dressé un poteau muni d'une cloche en laiton. Contre le poteau est placardée une pancarte sur laquelle il est écrit :

[Djirunyaza]

Djirunyaza scrute la berge de son côté du fleuve à droite puis à gauche à la recherche d'une alternative à cette traversée.

"Je suis certainement sur la route principale entre Fang et Anvil, il serait vraiment préférable que j'évite de contaminer le passeur si beaucoup de monde passe par là... je vais remonter le fleuve en espérant trouver assez rapidement une alternative pour traverser en direction du sud."

Avec entrain, le jeune dévot se lance le pas léger vers l'amont du turbulant cours d'eau.

"Il est vraiment dommage que la Grande Prêtresse est oublié de glisser son parchemin dans le baluchon... mais ce genre de haut dignitaire fait rarement les choses au hasard, il doit y avoir une forme d'épreuve derrière tout cela. Hum... c'est vrai qu'il y a cette histoire de Collège Pontifical de Fang et ce poste vacant de Grand-Prêtre de la Gracieuse Courga."

[DJIRUNYAZA] - Ô ma Déesse, j'avoue que je n'ai aucune envie de prendre racine alors qu'il me semble n'être qu'au début de mon voyage! Mais l'état lamentable dans lequel est ton temple à Fang mérite l'intervention d'un de tes serviteurs...

Tout en devisant avec le Jardin Céleste, Djirunyaza évite les multiples obstacles qui semblent s'accumuler devant lui... racines d'arbres, rochers , et autres buissons touffus et épineux particulièrement agaçants lorsque l'on souhaite garder une tenue correcte.

Si aucune opportunité ne se présente pour entamer une traversée du fleuve alors que le jour commence à décliner, le prêtre va se mettre en quête d'un lieu où il pourra se reposer et effectuer sa dévotion à Courga.
Conscient que ses jours son comptés et que ses capacités risquent de rapidement se réduire, il cherche avant tout une sorte de rocher plat s'avançant sur le fleuve afin de pouvoir effectuer sa danse rituelle, sa dévotion spirituelle étant plus importante que le repos de son corps.

"Je dois trouver un paysage propice à l'expression de ta Grâce, Ô Courga!"

Même si aucun lieu spectaculaire ne s'offre à lui, le prêtre effectuera sa danse rituelle en faisant appel à toutes les capacités dont il peut faire preuve.

[Astro Buck]

Pendant plusieurs heures, tandis que le soleil descend progressivement dans son dos, Djirunyaza remonte vers l'amont de la rivière Kok. Il ne fait pas de mauvaise rencontre mais ne découvre pas non plus de point où traverser. Par contre, il trouve un éperon rocheux, relativement plat, qui surplombe le cours d'eau et depuis lequel il peut exécuter sa danse rituelle. Au même moment, un vieux rafiot venu de Fang file sur l'eau, poussé par le vent. Au passage l'équipage salue à hauts cris le danseur. Sur la coque, en relief, apparaît le nom du bateau, formé par de grosses lettres en bois : "Le Toucan Volant". Il disparaît aussi vite qu'il est apparu, laissant le prêtre de Courga à sa solitude.

Ceci fait, il reprend sa marche. Il remarque que, parfois, l'eau tumultueuse de la rivière charrie des morceaux de bois de tailles diverses, troncs d'arbres ou branchages chargés d'amas d'algues . Djirunyaza voit même passer un gros tonneau fermé qui danse sur les vaguelettes. Mais ces objets flottants sont hors de sa portée. Plus loin, il voit un poteau indicateur dont la pancarte est orientée vers l'est :

Le chemin qui longe la berge est en terrain découvert. Tandis que le crépuscule s'installe, accueilli par le chant des grillons, Djirunyaza doit se rendre à l'évidence : les environs n'offrent aucun abri pour la nuit : pas de grotte, pas d'arbre, pas de cabane, rien que des hautes herbes qui ondulent sous le vent. Prendre quelque repos ne serait pourtant pas du luxe ! Bien que le nomade soit un marcheur accompli, il commence en effet à ressentir une intense fatigue. En dépit des bons soins de la Haute Prêtresse de Libra, il n'a pas retrouvé toutes ses forces. Djirunyaza sent que dans son corps la maladie a sournoisement commencé son œuvre...

[Djirunyaza]

Peu familier avec cet environnement herbeux, le prêtre cherche à s'aménager un lit d'herbes couchées.

"Avec ce vent et toutes ces herbes, hors de question de faire un feu... espérons que la nuit ne soit pas trop fraîche."

Utilisant le petit couteau à lame incurvée, il va couper des herbes un peu plus loin en espérant pouvoir s'en recouvrir et pourquoi pas obtenir ainsi un peu plus de confort. Une fois fait, il s'installe dans son campement sommaire et écale un œuf qu'il pose dans sa timbale en fer accompagné d'un peu de salade, de quelques noisettes et de figues.

"Avec une miche de pain et un peu d'eau...voilà pour nourrir le corps."

Dégustant son chiche repas, Djirunyaza profite du spectacle du ciel dont il ne se lasse pas depuis qu'il est enfant. Mais, assis en tailleur, son esprit est ailleurs.

"Comment traverser? Je pars bien trop à l'est me semble-t-il...pourtant, hors de question de contaminer un navire qui voudrait bien me récupérer ou même d'arriver à Zengis... pourrais-je construire un radeau de fortune? Je reviendrais très opportunément vers l'ouest le temps de la traversée vers la rive sud... si je ne me noie pas! Je suis aussi aveugle avec ce fleuve qu'un homme du nord dans le Désert des Crânes... une nouvelle fois, il me faudra m'en remettre aux Dieux Bons."

Ayant désormais choisis sa voie pour le lendemain, le prêtre feuillette le livre de prière de Libra dont, hormis la cérémonie de la serviette non pratiquée à Fang, il ne connait que très peu d'usages ou d'enseignements...

"Voilà pour l'esprit... mais la Justesse plutôt que la justice... telle est ma voie."

Après une dernière prière à sa divine protectrice, il se recouvre des herbes coupées et tente de trouver un peu de repos

[Astro Buck]

Les nuits sont particulièrement froides dans le nord de l'Allansia et, en dépit de sa couverture d'herbes fraîches, Djirunyaza grelotte de tous ses membres. Cependant, à cause de son extrême fatigue, ou bien de la maladie qui le ronge, il finit par sombrer dans un profond sommeil. La tête encore pleine des constellations qu'il a contemplées, des étoiles se mettent à danser dans ses rêves, avant de se changer en une horde de rats aux yeux enflammés qui lui grimpent le long du corps pour lui grignoter les chairs.

Le visage couvert de sueur et de rosée glacée, des brins herbes collées à la peau, le nomade se redresse brusquement. Les rats... ce n'était qu'un horrible cauchemar, qui l'a réveillé, à moins que ce ne soient les rayons du soleil levant qui lui brûlent impitoyablement les yeux.

Non, c'est autre chose qui l'a réveillé. Les herbes hautes qui l'entourent sont agitées d'un mouvement qui n'est pas provoqué par le vent. S'écoulant à travers les herbes, une masse grouillante serpente et grouille sur le sol. Djirunyaza se frotte les paupières et, écarquillant les yeux, réalise qu'il s'agit de colonnes de FOURMIS DE FEU. Jetant un regard circulaire autour de lui, il compte quatre colonnes distinctes, qui s'avancent toutes dans sa direction, avec leurs antennes frétillantes et leurs mandibules ouvertes comme des pinces menaçantes. Bien qu'il s'agisse d'insectes de relativement petite taille (pour des insectes géants), puisque chaque individu fait à peine cinq centimètres de long, elles représentent tout de même un danger mortel en raison de leur nombre et de leur morsure venimeuse. C'est d'ailleurs de celle-ci qu'elles tiennent leur nom : l'acide dont sont imprégnées leurs mandibules brûle comme le feu. A moins que ce ne soit à cause de leur exosquelette dont la chitine, sous la lumière du soleil, brille d'un éclat rouge vif comme la braise ardente. Mais l'heure n'est pas pas aux hypothèses d'étymologie entomologique...

Le nomade réalise que s'il a rêvé de rats qui le grignotaient, c'est parce que plusieurs fourmis se sont glissées sous ses vêtements et courent sur ses jambes et ses bras.

[Djirunyaza]

Djirunyaza est un saint homme, dévoué corps et âme à la divine Courga, Déesse de la Grâce et de l'Harmonie. C'est pourquoi, tous ces actes ou paroles sont conditionnés dans le respect de cette voie.
Mais le jeune prêtre est aussi un humain et lorsqu'au réveil il se trouve presque couvert de multiples fourmis longues comme un doigt, sa réaction bien que naturelle lui vaudra sans doute quelques heures de prières.

[DJIRUNYAZA] - Ô put*** de bord** de mer***!

Retrouvant sans doute l'énergie nécessaire à tout acte de survie, il attrape son bâton et saute d'un bond sur ses pieds, tachant de s'écarter du point de conjonction des différentes colonies.
Tachant de se débarrasser en premier lieu des fourmis que le couvre, il frappera comme un beau diable la nuée rouge.
S'il se trouve en difficulté, il reculera vers le fleuve en se défendant avant tout et il s'y jettera si cela tourne vraiment mal...

L'image de la nuée de rats lui fonçant dessus voici quelques jours s'impose à son esprit et Djirunyaza hésite sur le fait de savoir si le frisson qui lui parcours l'échine vient de cette funeste image ou d'une de ces fourmis qui commence à se brancher sur sa colonne.

[Astro Buck]

Assaut n°1 :

En secouant ses manches et les pans de sa robe, Djirunyaza fait tomber sur le sol les spécimens qui s'étaient invités dans son vêtement. Sautillant sur ses pieds, il constate qu'il a bien fait de se décaler du point de convergence des colonies, car une seule d'entre elles lui arrive dessus, tandis que les trois autres se réorganisent pour recalculer leur itinéraire.

Djirunyaza frappe de son bâton le sol grouillant de fourmis, faisant gicler ça et là quelques corps aux pattes frétillantes.

Assaut n°2 :

Il frappe une seconde fois, désolidarisant des thorax d'avec leur tête, à coups de férule il démantibule des mandibules qui tintinnabulent.

Assaut n°3 :

Impitoyable écraseur d'insectes, Djirunyzaza que la légende retiendra sous le nom de "Fléau des Arthropodes", pilonne la colonie à coups redoublés, réduisant la masse grouillante en tapenade de fourmis, dont se dégage une forte odeur d'acide formique. La "horde" d'insectes ne tient plus face à sa furie et s'éparpille parmi les herbes.

Assaut n°4 :

Malheureusement, les trois autres colonies se sont réorganisées entretemps et l'une d'entre elles, qui a une cinquantaine de centimètres d'avance sur les deux autres, se lance à l'attaque sans laisser au nomade le moindre moment de répit. Il frappe de nouveau le sol de son bâton, mais manque de précision, cette fois. Une grappe de fourmis grimpe autour de son mollet droit et il ressent aussitôt la brûlure acide de leur morsure.

[Djirunyaza]

Djirunyaza s'est remis de sa surprise et a retrouvé les gestes amples et aériens qui constituent son art du combat... Frappant de plus belle, tout en jouant sur sa mobilité, il a parfaitement conscience que tout peu basculer à chaque instant.

[Astro Buck]

Assaut 5 :

Djirunyaza continue à marteler frénétiquement le sol. Fort heureusement, la solidité de son bâton est à toute épreuve. Il le sent vibrer dans ses mains, mais il n'émet pas le moindre craquement.

S'attaquant à la colonne de fourmis, tout en dansant la gigue pour faire tomber celles qui se sont accrochées à son mollet, il parvient à les décrocher et à écraser quelques spécimens sous son bâton.

Assaut 6 :

Telle la vague inexpugnable d'un océan, la masse de fourmis revient de plus belle et se referme autour de lui. Il sent une multitude de petites pattes lui grimper de toutes parts et de multiples morsures lui arrachent des grimaces de douleur.

Ayant suffisamment reculé vers le fleuve pour s'aménager un ultime échappatoire, il ne reste plus à Djirunyaza que cette issue désespérée. Il se retourne et plonge dans la Rivière Kok, exécutant en plein ciel, avec sa grâce coutumière, cette fameuse figure que les nageurs appelle "le saut du Kok à l'âne".