[TRAINING] - DJIRUNYAZA

[Astro Buck]

Le Gremlin a écouté patiemment le laïus aérien du prêtre suspendu qui n'en continue pourtant pas moins d'exercer son sacerdoce. Le sac d'os à grosse tête paraît un peu déstabilisé par tous ces propos. Ses lèvres remuent tandis qu'il répète en chuchotant les fins de phrases prononcées par Djirunyaza. La solitude n'a certainement pas été favorable à sa santé mentale.

Il fait quelques pas rapides en direction de la paroi et se saisit d'une petite arbalète qui s'y trouvait accrochée. Il la pointe sur le nomade et, sans prendre le temps de viser, presse la détente de l'arbalète. Le carreau fend l'air et, frôlant la plante des pieds du prisonnier, coupe la corde. Djirunyaza n'a pas le temps d'admirer la précision de ce tir rapide : son corps s'abat sur le sol, ravivant la douleur de ses multiples blessures.

[GREMLIN] - Ton bâton est très solide, ça oui, très très solide. Mes rats s'y sont brisés les dents. Me voilà dans de beaux de rats avec des rats sans dents ! Tu n'es pas si mauvais guerrier que tu veux le faire croire, n'essaie pas de me tromper. Ce n'est pas pour rien que les Gremlins ont une grosse belle tête : il n'y a pas plus intelligent qu'un Gremlin, rentre-toi ça dans ta vilaine petite caboche de mulot. Nos mères ont beaucoup souffert en nous donnant toute cette intelligence. Alors je me dois d'en être dingue... euh digne.

Il arme un second carreau dans son arbalète et, se tenant à 3 mètres environ du nomade, le tient dans sa ligne de mire.

[GREMLIN] - Tu as vu comme je vise juste. J'ai tué des tas de comme-toi avec ça, alors ne me joue pas de fourberie, sac à pain ! Et à propos de pain et d'autres victuailles, je n'ai pas besoin de toi pour aller m'en chercher, les rats m'apportent tout ce dont j'ai besoin. Bien essayé, tu voulais m'échapper comme ça et ne jamais revenir, hein? Ha ! Ha ! Mais c'est le contraire qui va se passer : tu ne vas jamais repartir. Tu vas tenir compagnie à Dolf Lingrem.

En prononçant ce nom, il se frappe le torse du bout du pouce, indiquant par-là qu'il parlait de lui-même.

[DOLF LINGREM] - Une grosse idée est venue dans ma grosse belle tête. Comme ton bâton est solide, il fera un excellent manche de pioche pour réparer ma pioche que tu vois démanchée là-bas. Ce n'est pas toi qui allait y penser, hein, à une idée pareille, avec ta toute petite tête, ha ! ha ! La bêtise des humains me fait toujours rire. Et quand ils arrêtent de me faire rire, je les tue. Mais toi je ne te tuerai pas si tu travailles bien. Et quand tu auras bien creusé, tu pourras même goûter à ma soupe de rats au croûtons. Miam. Mais concentre-toi sur ton travail au lieu de baver en pensant à ma bonne soussoupe.

[Djirunyaza]

L’homme reste un long moment au sol, incapable de bouger, son sang reprenant peu à peu sa place dans l’ensemble de son être, et transformant les douleurs sans en diminuer leur acuité. D’aucun se serait demandé ce que diable était-t-il venu faire dans cette galère, mais pour Djirunyaza, il avait devant lui une âme à sauver, rendu folle par le mauvais fond d’un malandrin qui prétendait servir sa Grâce. Mais "Saint Homme soulage là où ça fait mal" disait son ancien maître spirituel et tel était son devoir.
Cependant, son état physique actuel et l’aliénation du pauvre bougre à l’arbalète lui indiquaient que s’il lui fallait dans l’immédiat se tenir à carreau, les choses devraient rapidement être remises en ordre avant une issue forcément fatale. L’important était cependant qu’il était maintenant en mesure d’agir.

Sans mot dire, serrant les dents, il tente lentement de se relever afin de ne pas porter préjudice à Courga, il n’est pas rat pour ramper dans la boue.
Relevant la tête au risque de réveiller ses vertiges, il se dirige d’un pas traînant qu’il souhaiterait plus souple vers la pioche. Il saisit la tête de l’outil émoussée par trop d’usage et l’amène en silence vers son bâton. Le prêtre essaie de voir si son sac à dos est à proximité, car il contient ce dont il a le plus besoin… de la nourriture.

S’effondrant au sol près de son vieux compagnon de route, il essaie de retirer l’ancien manche brisé. Certainement trop faible, sans faire semblant, pour arriver à ses fins, ses bras retombent, le métal tintant en frappant le sol.


[DJIRUNYAZA] - Je ne peux pas racheter les fautes des comme-moi sans reprendre des forces. J’ai besoin de me nourrir, mais il y a un problème.

Il enchaîne sans attendre la réaction de son hôte.

[DJIRUNYAZA] - Je ne peux me nourrir de tes rats car tes rats se sont nourris de moi et si tu ne peux te nourrir de tes rats car ils ont mangé le comme-moi et comme tu ne manges pas de comme-moi, je ne peux également me nourrir de comme-moi surtout si ce comme-moi est moi-même…

Après une courte pause, il jette un œil à Dolf

[DJIRUNYAZA] - Les ordres du Gremlin sont clairs et ses mots secouent mon âme, mais en ceux-ci se trouve un problème insoluble qui ne pourrait être résolu qu’en me nourrissant du contenu de mon sac à dos dont tu pourrais me faire charité. Je me délecterais bien d'une poutine, mais il n'y en a pas ici... mais dans la rue si!

Scrutant le pauvre Dolph pour voir s'il ne réagit pas trop mal, il se prépare pour la suite de son discours.

[Astro Buck]

Le Gremlin écoute, un peu dérouté, le raisonnement de Djirunyaza expliquant pourquoi il ne peut pas manger de rat. Il reste quelques instants perdu dans sa réflexion, l’air ahuri, puis soudain, comme si un éclair venait de le frapper, il s’écrie avec colère :

[DOLF] – Menteur ! Menteur ! Les rats n’ont pas mangé du comme-toi ! Parce que tu ne peux pas être toi et comme-toi en même temps. C’est la base. Mais puisque que tu es comme les comme-toi, tu es un comme-eux. Et heureusement que les comme-toi ne sont pas tous comme toi sinon le monde serait plein de comme-eux et on ne pourrait plus faire la différence entre les comme-eux et les comme-toi.

Lorsqu’ensuite le nomade parle d’aller chercher de quoi se nourrir, Dolf émet son mauvais ricanement :

[DOLF] – Ha ! Ha ! Très mal réfléchi encore une fois. Mais je ne dois pas me fâcher. Ce n’est pas de ta faute, pauvre humain. Tu as si peu de cervelle que si on te servais sur un plateau à un dîner de Suceurs-de-Cerveaux, ils ne te verraient même pas, ils diraient : mais quand est-ce qu’on nous apporte quelque chose à manger ? On a faim ! Par contre, ne nous apportez surtout pas un Gremlin, ce n’est pas bien d’avoir les yeux plus gros que le ventre, on ne voudrait pas faire du gâchis et on n'a pas non plus envie de manger que des restes pendant 8 jours.

Dans une posture menaçante, il pointe son arbalète sur le prêtre et ajoute d’une voix grinçante :

[DOLF] - La p’tite tête de moineau s’est crue plus maligne que moi ! Non tu n’iras pas dans la rue, ni jusqu’au Quai bequeter ta poutine. Tu en profiterais pour t’échapper.

Il fait quelques pas à reculons et du bras qui ne tient pas l’arbalète, tâte dans le vide derrière lui, jusqu’à ce que sa main rencontre un objet posé parterre. Il l’attrape et, d’un geste vif, le fait rouler sur le sol jusqu’à ce qu’il soit à portée de Djirunyaza. C’est le sac du nomade.

[DOLR] - Prends ce que tu veux dans ton sac. J’ai déjà regardé dedans. Il n’y a que des saletés dedans. Si tu veux te nourrir de saletés, tant pis pour toi. Je t’ai offert bonne nourriture. Tu préfères mauvaise nourriture. Faudra pas implorer Dolf de te soigner si tu es malade après.

[Djirunyaza]

Se recentrant dans l’immédiat sur ce qui peut servir sa survie, le prêtre affaibli s’installe contre un mur en faisant face à l’arbalétrier fou. Il sort alors et consomme un repas salvateur tout en s'occupant entre 2 petites bouchées de ses blessures, s’assurant ainsi les premiers soins en nettoyant ses nombreuses plaies avec des morceaux de sa tenue imbibés d’eau.

Sans doute quelque peu remis sur pied et la journée avançant, le prêtre s’attaque à la tête de pioche pour la délivrer du bois brisé. Il repense alors au discours du Gremlin et ne peut retenir un petit sourire, sa nature l’emportant sur une prudence pourtant encore de bon aloi.

[DJIRUNYAZA] - Bien sûr, c’est la base! Ah, Dolf, un guide formidable tu es pour tes compagnons d’infortune, mais il est important que tu comprennes que le cruel humain qui t’a enfermé ici a commis une faute impardonnable, qu’il méritait ta fureur et que sa mort, Courga m’en soit témoin, ne pourra nullement t’être reprochée. Du fait de cette faute, je vais te servir avec le zèle qui me sera permis de témoigner. Mais ma charge ne t’est pas exclusive car je sers avant tout COURGA, Déesse de la Grâce à qui ce lieu doit être dédié…

Imaginant que le ton est plus important que la forme pour son interlocuteur, il parle d’une voix douce et maternelle, la référence au martyr de l’enfantement n’ayant pas échappé au prélat.

[DJIRUNYAZA] - Il me faut donc te demander de me laisser remonter là-haut, à l’étage, afin que je rende hommage à ma Déesse. Je ne quitterai pas le temple. D’ailleurs comment pourrais-je oser franchir la porte si tu me surveilles depuis la statue avec ton arbalète pointée entre mes omoplates?

Continuant son travail en vérifiant comment son bâton pourrait être ajusté afin de rentrer solidement dans la tête de pioche, Djirunyaza attend la réaction de la créature.

[Astro Buck]

Le fait de manger procure à Drinrujyaza le plus grand bien. L’eau adoucit quelque peu la douleur de ses blessures, mais il aurait besoin de soins pour récupérer totalement. Par ailleurs, il est douteux que l’environnement insalubre de l’antre du Gremlin soit propice à une guérison naturelle. Bien au contraire, il serait à craindre que ses morsures ne s'infectent en étant exposé à cet air vicié.

En bricolant la pioche, Djirunyaza réalise que ce n’est pas une vraie pioche telle qu’aurait pu en réaliser un forgeron. Il ne s’agit que d’un grossier morceau de métal tordu, qui devait initialement avoir un autre usage, et que le Gremlin a grossièrement ficelé au bout du manche rompu.

Ecoutant attentivement les propos du nomade, Dolf affiche un air de plus en plus méfiant.

[DOLF] – Quand tu as faim tu veux sortir pour manger. Quand tu as mangé tu veux sortir pour t’aplatir devant ta déesse. Tu veux beaucoup sortir. Tu veux tout le temps sortir. Tu veux SURTOUT sortir.

Mais, autant que faire se peu, étant donné le nuancier fort limité d’expressions dont semble capable son visage, ses traits se décrispent et forment une mimique qui ressemble de loin à une sorte de sourire.

[DOLF] – C’est jour de chance pour toi ! Moi aussi je veux sortir ! C’est pour ça que je creuse cette galerie. Tu n’avais pas compris ? Ha ! Ha ! Quel manque de logique. Nous voulons la même chose. Alors si tu veux sortir toi aussi, creuse et nous sortirons par-là quand tu auras fini.

[Djirunyaza]

Le prêtre pousse un léger soupir, sans vraiment savoir si celui-ci provient de son incapacité à faire du morceau de fer un outil ou de son incapacité à manipuler en douceur un esprit fou…

“Sans doute les deux! Ô Courga, je remets mon âme entre tes mains délicates et sources de promesses infinies… je ne veux aucun mal à cette pauvre créature dupée par la traitrise d'un fourbe qui prétendait te servir, mais mon devoir est de louer ta Grâce et pour ce faire j’implore ton aide...”

Le morceau de fer retombe au sol. Les yeux de l’homme se fixent dans ceux du Gremlin. Son regard à changé, déjà parcouru par l’appel à sa Déesse.

[DJIRUNYAZA] - Dolf mon ami, sais-tu que l’eau cherche toujours le chemin le plus facile pour couler? Pourquoi creuser alors que tu peux déjà jaillir à la surface? La lumière te fait peur? Sors la nuit! Soit, tu veux me punir pour racheter la faute du Comme-moi qui t'a fait tant de mal. Tu veux continuer de creuser un tunnel et je t’y aiderai. Mais mon devoir est de servir avant toute chose ma Déesse et le tien est de me laisser faire pour la Grâce de Courga.

Après avoir affligé le Gremlin d’une grande faiblesse, il essaie de se projeter sur lui avec son bâton dans un bond acrobatique tentant dans la lutte à venir de lui faire sauter son arme des mains et de lui retirer la flûte qui pend à son cou avant qu’il appelle la ravalerie.

[Astro Buck]

Dolf ne réalise pas immédiatement que l'adorateur de Courga, dans le flot de paroles qu'il déverse, a glissé une invocation à sa déesse. Quand il finit par s'en rendre compte, le Gremlin écarquille les yeux et resserre ses mains autour de l'arbalète dans un geste plus menaçant que jamais... mais trop tard.

Assaut 1

Le carreau part dans les airs et frappe le plafond avant de retomber plus loin sur le sol dans un petit cliquetis métallique. Au même moment, tel un chat sauvage, Djirunyaza lui bondit dessus. Son bâton frappe l’arbalète avec force, l’arrachant des mains impuissantes de la petite créature et l’expédiant quelques mètres plus loin.

Assaut 2

Le nomade essaie d’attraper la flûte qui pend au cou du Gremlin. Mais celui-ci, animé soudain par un regain de vigueur surgremlinien, repousse la main du nomade d’un coup de griffe, la lacérant de ses longs ongles sales. Et voici notre prêtre héroïque affligé d’une nouvelle blessure : une véritable plaie vivante ! Il chancèle et sent que désormais sa vie ne tient qu’à un fil. Cependant, animé par l’énergie du désespoir, il parvient à tenir debout et à engager de nouveau la lutte.

Assaut 3

Le prêtre tente une nouvelle fois d’attraper la flûte mais ses doigts glissent sur le cou décharné et poisseux du Gremlin, sans rencontrer l’objet visé. Dolf empoigne l’instrument et tente d’en enfoncer le bec dans son orifice lippu. Mais il paraît tout à coup aussi extraordinairement maladroit qu’il avait été extraordinairement adroit l’instant d’avant et ses dents, ratant la flûte, claquent dans le vide.

La créature glapit :

[DOLF] - Maudit traître ! Vilaine petite tête !

Il ajoute sur un ton presque déchirant :

[DOLF] – J’ai presque cru que tu n’étais pas les comme-toi. Mais finalement tu es comme eux ! Oh le sale vilain comme-eux que tu es !

Assaut 4

[Djirunyaza]

En échappant à la morsure mortelle du carreau d'arbalète, Djirunyaza pensait avoir fait le plus dur, mais le coup de griffe remarquable du pauvre bougre et le fait qu'il ne puisse pas attraper la flûte immédiatement porte sérieusement atteinte à ses chances de survie.

Avec la faiblesse du Gremlin accordée par sa Déesse toujours active, tout son être lui cri de fuir: vas-y, cours gars!
Mais non, il refuse d'abandonner aussi facilement Dolph à sa folie et sa défiance du monde. Il doit réussir à lui montrer l'harmonie ... ou au moins essayer.

Continuant la lutte, il tente une nouvelle fois d'arracher la flûte des mains du Gremlin. Le ton pathétique de la créature donne encore plus de force à l'idée qu'il existe chez le prisonnier du temple un potentiel de guérison.

[Astro Buck]

De même qu'un félin décochant un fulgurant coup de patte, Djirunyaza lance sa main en avant et empoigne fermement le bois de la flûte. Dolf essaie de riposter par un coup de griffe au visage, mais le nomade l'évite prestement tout en maintenant sa prise sur la flûte.

Assaut 5

Dès lors s'engage l'effroyable lutte de l'Homme contre le Gremlin. Chacun tient la flûte par une extrémité et tâche de la tirer vers soi. Les deux combattants tendent leurs muscles et opposent leur force, improvisant une curieuse variante du "jeu de la corde". Le visage du petit être est tellement crispé par l'effort qu'on croirait que ses yeux vont lui sortir de la tête. Mais ses forces vont déclinant et la chétive créature, avec une expression de désespoir et d'impuissance, voit inexorablement l'objet de sa convoitise glisser peu à peu entre ses doigts. D'une dernière traction, Djirunyaza arrache impitoyablement des mains de la misérable créature ce qui devait être sa plus chère possession. La voici qui se recroqueville sur elle-même, la tête baissée, faible et démunie, offrant un spectacle à vous fendre le cœur.

Mais Dolf, tout en gardant la tête baissée, lève ses yeux et, d'un air sournois, regarde son adversaire par en-dessous. Sa petite voix nasillarde se fait alors entendre :

[DOLF] - Cette flûte ne te servira à rien si tu ne sais pas en jouer.

Il relève doucement le menton et ajoute sur un ton douceâtre :

[DOLF] - Même si tu sais en jouer, cette flûte ne te servira à rien si tu ne connais pas la mélodie.

Ses yeux brillent d'un éclat malicieux tandis qu'il redresse son petit corps malingre et se campe en face du nomade. Le ton de sa voix s'affermit :

[DOLF] - Et puisque cette flûte ne te servira à rien, tu ferais mieux de me la rendre. Dolf se montrera clément si tu rends la flûte.

Il ouvre grand la bouche pour découvrir ses affreuses petites dents pointues. Sa voix devient cinglante comme un fouet quand il ajoute :

[DOLF] - Dolf sera très méchant si tu ne rends pas la flûte.

[Djirunyaza]

Conscient de ses nombreuses blessures, Djirunyaza mesure sa chance d'être malgré tout parvenu à enlever l'objet synonyme de mort des bras maigrelets du Gremlin.

"Ô ma Déesse, je te suis tellement reconnaissant pour ton aide! Je suis incapable de le raisonner et je veux tellement lui montrer la vérité de ton message... Essayer d'apporter l'harmonie est mon devoir, et ce monde est une île de la tentative. J'espère encore le convaincre, mais s'il continue son déni grognard, alors je devrais éteindre sa flamme..."

[DJIRUNYAZA] - La dette de mon ordre envers toi ne peut être remboursée que si je suis vivant. Avec ton arbalète et ta flûte, tu me faisais une promesse de mort qui m'étouffait à chaque instant. Maintenant nous pouvons parler d'égal à égal. Tu as fais de moi un survivant qui à chaque instant peut basculer dans les ténèbres.
Ta flûte ne m'intéresse pas, que j'en ai l'usage ou non. Je ne veux pas mourir dévorer à coup de rongeurs c'est tout.
La faiblesse qui t'a envahi à l'instant, d'où vient-t-elle mon ami? Ce n'était qu'un avertissement de ma Déesse à ton intention.

Conscient qu'une nouvelle fois qu'il parle trop pour un esprit aussi embrumé, le dévot essaie de retrouver son visage bienveillant malgré la souffrance que lui fait ressentir la moindre parcelle de son corps.

Plongeant ses yeux dans ceux du Gremlin menaçant.

[DJIRUNYAZA] - C'est donc à toi de faire un choix. Sois tu entends l'appel de ma Déesse et tu monte avec moi à l'étage afin que je montre le message de la fine Courga. Ta flûte te sera alors rendue et ce n'est pas du pipo! Soit tu restes sourd à la miséricorde qu'Elle te porte et l'un de nous mourra... mais sache qu'Elle est toujours à mes côtés.

Les pieds du prêtre s'ancre dans le sol, anticipant le plus discrètement possible l'assaut de son interlocuteur.

"Ma parole est faible Ô Courga, s'il attaque il me faudra une nouvelle fois te demander de l'affaiblir. Je suis prêt à en payer le prix pour cela, "Sans vain Teneuf de l'Ivre de Base!" comme dirait Hamid avec ses sombres formules. Fufufu... Je ferai tout pour ne pas le tuer dans ton sanctuaire, lui qui a été enfermé par traitrise, mais au moindre faux pas de ma part, jamais je ne pourrais plus porter ta flamme..."

[Astro Buck]

L'expression haineuse qui, l'instant d'avant, tordait le visage du Gremlin, s'estompe peu à peu au fur et à mesure que l'éloquent prêtre déroule son discours. Dolf paraît ne plus trop savoir sur quel pied danser. Cette créature ne connaît probablement rien d'autre, de la part des humains, que les mauvais traitements et le fait qu'on s'adresse à elle sans chercher à la violenter ni à l'humilier doit perturber ses schémas de compréhension du monde.

Mais la méfiance se rallume dans son regard quand Djirunyaza invite Dolf à monter à l'étage avec lui.

[DOLF] - Tu cherches à faire tomber Dolf dans un piège, hein ? Tu crois que je Dolf est idiot ? Pourquoi creuser une galerie dans la pierre dure, pouce après pouce, avec un petit grattoir en fer, pendant un temps infini qui couvrira de vieillesse mon beau corps robuste avant que j'arrive au bout... alors qu'il serait si simple de sortir par l'escalier ? Tu crois que Dolf est foutraque ?

Pour exprimer son mépris, il crache par terre un épais glaviot d'une couleur inquiétante.

[DOLF] - Piège ! Piège ! Je sais que l'affreux vilain démon de pierre qui garde le temple sautera sur Dolf dès qu'il pointera dehors le joli bout de son adorable petit nez. Oh oui. Il me tuera comme il a tué mes frères et sœurs. Mais moi je suis resté tapi, comme Bernard, l'ermite. Asphios me l'a dit : le démon de pierre tue tout ce qui profane la grosse idole. Je ne sais pas trop bien ce que c'est "profaner"... mais je suis rentré dans la déesse par le fondement et j'ai habité son intérieur. Je crois que ça fait partie de "profaner". Et puis aussi je suis devenu sa voix et j'ai dit tout ce qu'Asphios m'a dit de dire. Et j'ai tué tout ce qu'il ma dit de tuer. Tous ceux qui mettaient leur bouche aux vilaines dents carrées sur les petits trous de la déesse. Hop ! Sans bruit, un carreau - pas de chocolat - dans la bouche. Morts, morts, morts, tous morts jusqu'au dernier. Asphios a promis de me libérer. Mais il a menti. Lui aussi c'est un comme-toi et comme il a menti alors du dois mentir aussi. Il m'a laissé là à crever de faim. Mais Dolf est malin rusé grâce à sa grosse tête pleine de bonnes idées. Dolf n'est pas mort de faim, non. Oh non. Parce que Dolf sait jouer de la flûte. Mais si tu ne rends pas la flûte, Dolf est mort. Fini d'attraper les petits rats et de leur tourner la tête, 1, 2, 3, 4 fois, et puis encore 5 ou 6 fois, jusqu'à ce que ça fasse crac ! Ils ne veulent pas se laisser attraper sans la flûte, les petits rats qui sont pourtant si dodus et croustillants et qui font cric crac croc sous la dent.

Salivant à la pensée d'un repas imaginaire, de long filets de bave dégoulinant de sa bouche, le Gremlin, fasciné par ses propres paroles, s'est totalement absorbé dans sa rêverie. En tout cas toute velléité d'agression semble, au moins temporairement, l'avoir quitté.

[Djirunyaza]

D'un geste mécanique, Djirunyaza essuie les gouttes de sang qui viennent de s'écouler de ses deux oreilles. Dans son état, il ne sait pas si ces saignements sont dus aux trop nombreuses plaies qui le couvrent de la tête au pieds ou aux images blasphématoires induites par le discours du Gremlin.

[DJIRUNYAZA] - C'est donc cet Asphios qui t'a enfermé ici...

"Était-il un serviteur de Courga ou simplement un ennemi du temple? Claire pourra peut-être éclairer ma lanterne ou m'aider à faire des recherches?"

[DJIRUNYAZA] - Tes frères et tes sœurs dis-tu? Je suis vraiment désolé pour toi. Nous sommes de plus en plus égaux, moi aussi mes frères et mes sœurs sont morts...

Le prêtre laisse passer un court silence, toujours persuadé que Dolph pouvait être doué d'une certaine compréhension.

[DJIRUNYAZA] - Lorsque je suis entré dans le temple, j'ai vu le Démon de pierre. Il est toujours là-haut, accroché à sa corniche. Il n'y a qu'un squelette là-haut... celui d'un Comme-moi, une griffe du Démon de pierre plantée dans le crâne. Il ne s'attaque donc pas qu'aux semblables de Dolph. Je pense que le Démon s'attaque à ceux qui touchent le coffre qui repose sur le tombeau.

L'homme, porté par une bienveillance bornée, lance un regard sucré dans le regard hagard hagard du petit être. Dans le même temps, il fait une petite révérence à l'intention du Gremlin.

[DJIRUNYAZA] - Dolph, je te remercie d'avoir écouté l'avertissement de ma Déesse! Laisse-moi maintenant te donner sa bénédiction... ressent sa puissance! Si piège il y a, nous l'affronterons tous les deux pour que plus jamais Dolph n'ait à creuser la roche dure...

[DJIRUNYAZA] - Ô Courga, insuffle à cette créature une parcelle du Courage que tu as transcendé en ton divin fils le valeureux Telak! Je pourrai alors lui montrer la voie...

Si après la bénédiction, Dolph ne réagit pas tout de suite, le prêtre se dirigera vers la sortie du pas le plus assuré dont il sera capable.
Dépassant le Gremlin, il lui fera un clin d'œil complice en lui disant:

[DJIRUNYAZA] - Quoiqu'il arrive, ne touche pas le coffre a priori c'est lui le piège... Après t'avoir montré la voie, je te rendrai ta précieuse flûte.

Convaincu aveuglément du bienfondé de ses choix, Djirunyaza cherchera à remonter dans l'escalier, sans se préoccupé du fait que dans son dos Dolph aille chercher ou non son arbalète si précise...

[Astro Buck]

Sous l'effet de la bénédiction, le Gremlin se redresse et bombe son torse difforme.

[DOLF] - Je me sens fort comme deux Gremlins maintenant ! Toute cette force sera bien employée à creuser. Oh oui ! Je vais creuser !

Quand Djirunyaza lui tourne le dos pour se diriger vers l'escalier, il entend derrière lui la créature qui gémit :

[DOLF] - Tu m'as pris ma flûte. Sans ma flûte je suis mort, tu sais ? Plus de bons petits rats croustillants à manger. Mais je dois vite creuser avant que la force s'en aille. Alors, attends-moi ! Je vais creuser. Et puis je reviens. Et après tu me rendras la flûte. Mais je n'irai pas là-haut, non ! Dolf ne sortira pas par-là. Ohhh non ! Je préfère encore aller creuser. Les Gremlins aiment creuser. Creuser ? Qu'est-ce que c'est creuser ? C'est l'activité préférée des Gremlins. Vite ! Allons gratter la roche.

La voix du Gremlin, qui continue à déverser des flots de paroles insensées, se fait de moins en moins distincte tandis que le nomade s'en éloigne et finit par s'éteindre tout à fait lorsqu'il amorce la montée de l'escalier. On dirait que le petit être n'a pas projeté de lui tirer dans le dos, ni de le suivre, trop absorbé qu'il est avec son obsession à creuser. Un air plus riche parvient enfin aux narines de Djirunyaza et la lumière du jour, quoique tamisée, commence à éclairer son visage. Encore quelques pas et il sera ressorti à la surface.

[Djirunyaza]

Lorsque Djirunyaza entends la supplique du petit être concernant la flûte, il lui répond d'une voix assurée.

[DJIRUNYAZA] - Je comprends, fais comme il te semble mon ami! Mais à défaut de sortir, tu peux toujours monter à l'échelle! Dans la statue, là-haut tu pourrais voir en sécurité la Grâce de Courga. Pour la flûte, n'ai crainte, j'en ai juste besoin afin de parler de toi à ma Déesse dans l'hommage que je dois lui témoigner, je te la rendrai après, je sais que ta vie en dépend. S'agissant de creuser, de nouvelles pioches pourraient être utiles si tel est ton désir? Je reviens en moins de temps qu'il ne faut pour se reposer après un long labeur...

Le prêtre remonte les marches sereinement en repensant à sa rencontre avec Dolph.

Si le tombeau est fermé, il recherche le mécanisme d'ouverture puisque Dolph a dit que d'autres ont pu sortir.
Si le tombeau ne s'est pas refermé, il s'avance vers la sortie, non sans jeter par réflexe un oeil à celui que le Gremlin appelle le Démon de Pierre.

Il regarde par l'entrée s'il y a de la lumière. Après tout, il ne sait pas combien de temps il est resté inconscient après le désastre de son combat avec les rats.

Qu'il y ait à l'extérieur de la lumière ou non, le dévot tourne son âme vers sa Déesse et après avoir réfléchi à ce qu'il doit faire, il lance d'une voix forte l'un des chants d'appel à la prière.
Il choisit pour l'occasion le chants des Orfèvres, œuvre magnifique de pureté et d'élégance où 3 artisans, bienheureux dans l'accomplissement de leur art, rendent lors d'un repas de fête un hommage appuyé à leurs hôtes en faisant étalage de leur talents. Composés d'une mère, d'un père et d'un fille, la famille des mécènes est comblée par la capacité des 3 gracieux graveur à faire des entrelacs! Mais non content de cela, les 3 orfèvres montèrent sur le toit afin de rendre grâce au chat de la famille, symbole de la gracieuse Courga. La chanson se termine lorsque les privilégiés artisans réalisent l'hommage en déposant devant l'animal des services 3 pièces harmonieux et élégants avant d'entrer en prière.

"La beauté de ce texte me mets toujours les larmes aux yeux, comment ne pas devenir fous de la messe en entendant cela! En plus, ce prélude à tout hommage religieux aura peut-être pour effet de faire venir dans le temple quelques badauds passants?"

Le prêtre écarte alors les bras avec dans une main son bâton, et dans l'autre la flûte de Dolph. Après un léger vertige dû à son état physique alarmant, il rassemble ses dernières énergies afin de communier avec sa Déesse.

Dans son style qui lui est propre, il commence lentement à danser, laissant parler à travers ses gestes de plus en plus fluides et fins le prodige de Courga que la sainteté de l'homme exalte d'autant plus.

De son pas, il commence à parler de promesse et de trahison, de souffrance et de mort données car commandées... roulant au sol telle une sombre âme, il parle de la faim sans fin et de l'effort sans repis... de la flûte qui offre le salut lorsque l'homme ne tient plus sa promesse... il se projette en l'air d'un saut admirable et retombe lourdement, piochez, piochez... l'espoir et le désespoir se suivent et se poursuivent, les bras tendus vers le ciel, il faut survivre au mensonge et à la duplicité, il faut voir au travers les yeux de la Déesse la voie de l'Harmonie, le creuseur doit se reposer!

Le danseur s'effondre sans force au pied de sa Déesse, implorant son pardon pour Dolph qui n'a sans doute péché que par bêtise, méprise ou vengeance, implorant pour le salut de l'âme de ceux qui, trop nombreux, sont morts en ce lieu.

Si personne n'est venu malgré l'appel assister à la dévotion, fidèle à sa parole, le prêtre rampe vers l'escalier à moitié conscient afin de remettre au prisonnier son bien le plus précieux...

Si un quidam vient s'enquérir de son état, il n'aura qu'une phrase:

[DJIRUNYAZA] - Demandez Claire au temple de Libra, dites-lui que Djirunyaza lui demande une nouvelle fois charité au travers de 2 repas et de 2 pioches... déposés ici aux pieds de la Statue.. la bénédiction de Courga sera sur vous...

Puis il continuera à ramper jusqu'à l'antre pestilentiel, prêt à recevoir le jugement de sa Déesse.

[Astro Buck]

Le tombeau n’a pas repris sa place initiale, ce qui permet à Djirunyaza de ressortir du souterrain de la même manière qu’il y est entré. La gargouille reste toujours figée dans son immobilité minérale. La salle du temple est traversée par la lumière du soleil. Ce doit être le milieu du jour. Des bruits de sabot de cheval et des voix proviennent de la rue, témoignant d’une certaine animation.

Emporté dans sa danse, le prêtre de Courga ne réalise pas immédiatement que ce n’est pas un quidam mais six qui s’arrêtent, fascinés, devant la porte du temple pour admirer la magnifique chorégraphie qu’il exécute avec une grâce et une légèreté surhumaines. L’un d’entre eux, un jeune novice de Libra, quoique fortement impressionné, est le seul à ne pas prendre ses jambes à son cou quand Djirunyaza s’approche de son public. Peut-être parce qu’il est pétrifié de peur. En effet, le triste état dans lequel l’ont laissé ses mésaventures, lui confère une apparence pour le moins effrayante. Le jeune novice recueille néanmoins ses paroles et, d’une voix tremblante, se fait fort de les rapporter séance tenante à Claire.

Quand le prêtre se rapproche de nouveau de l’entrée de l’escalier qui descend dans les ténèbres humides où se terre le Gremlin, rien de visible ni d’audible ne prête à croire que ce dernier l’ait suivi, ni qu’il se soit glissé en observateur à l’intérieur de la statue.