SC : LES MAîTRES DE L'ÉPREUVE - CH1 : Le Guérisseur

[Djirunyaza]

Après s’être lavé au mieux et après le départ de l'hôtesse, le prêtre invite Gorgorx à lui montrer où repose le vieux nain tombé en combattant le mal. Il lui propose alors de se joindre à lui pour une oraison qu’il déclarera une fois devant la terre fraîchement retournée, faisant une petite butte non loin du compost du potager.

[DJIRUNYAZA] -

Higgly, il s'appelle Higgly
Que son âme s’envole de lui
C'était un nain pas comme les autres
Mais moi l’apostème, c'est pas d'ma faute
Même si je sais
Qu'il ne me guidera plus jamais

Higgly, il s'appelle Higgly
Que son âme s’envole de lui
La première fois que je l'ai vu
J’lui ai énoncé une énigme de mon cru
J'lui ai seulement dit
Que j'avais besoin de lui
Curieux avec chaleur il leva la main
J'étais seul et j'avais besoin
D’être guidé par quelqu'un
Il m'a dit "allons c’est décidé!"
On s'est raconté nos vies
On a ri, on a marché.

Higgly, il s'appelle Higgly
Mon guide, mon ami
Dans sa tête il était curieux
Sur l’phacophère il était heureux
Aujourd’hui il vit
Dans une autre galaxie

Higgly, il s'appelle Higgly
Que son âme s’envole de lui
C'était un nain pas comme les autres
Mais moi l’apostème, c'est pas d'ma faute
Même si je sais
Qu'il ne me guidera plus jamais

Après un moment de silence et de recueillement, sincèrement triste, il se tourne vers Gorgorx.

[DJIRUNYAZA] - Si vous ne souffrez pas de voyager avec un pestiféré, que diriez-vous de prendre Tavion avec nous? Si nous arrivons à le tenir, il pourrait nous aider dans ce voyage difficile…
S'il reste ici, je crains qu'il ne finisse à la broche comme dans mon songe...

[Gorgorx51]

Gorgorx qui s’est joint à Djirunyaza le temps de l’oraison commence à s’impatienter devant le long prologue ennuyeux du prêtre, il en profite pour reluquer les oiseaux et se curer les ongles avec sa dague.

*Et ben , l’a pas l’air d’être pressé de guérir ce bonhomme. Et quel idée de raconter des histoires à un nain crevé et enterré !*

Et dès la petite cérémonie terminée, il crache par terre un glaviot qui le gêné depuis quelques minutes mais qu’il gardait en bouche par respect à l’homme saint.

(GORGORX] – Bon, on se bouge la nouille maintenant ?
Je propose qu’on fonce tout droit chez le rebouteux avant que tes bubons n’éclatent et qu’ça en foute partout !
On reviendra voir cette étrange porte plus tard quand on sera remis sur pied. Et j’en profiterai pour revoir la Mindy et lui mettre se que je pense, là où tu penses, mon cochon !

Puis il éclate d’un rire gras en remettant son paquetage sur le dos et commencera à se diriger vers la Rivière Rouge pour la remonter ensuite.

[Astro Buck]

Après la poignante oraison funèbre de Djirunyaza à la mémoire du vaillant Nain, les deux hommes se mettent en route, suivis docilement par l'énorme phacochère. En effet, cet animal semble avoir déjà oublié Higgly et se comporte comme si le nomade et le chasseur avaient toujours été ses maîtres.

La marche devient de plus en plus pénible pour le Prêtre de Courga qui sent de jour en jour le mal grandir en lui. Gorgorx quant à lui, bien qu'il n'ait pas passé la plus reposante des nuits, se sent plutôt en forme. D'ailleurs, il ne ressent plus cette désagréable photosensibilité qu'il avait éprouvé les jours précédents.Rien ne laisse soupçonner qu'il souffre d'un mal quelconque.

Suivant la rive nord de la Rivière Rouge en direction de l'amont, les deux compagnons réalisent bientôt que Mindy ne leur avait pas menti : le chemin s'élève progressivement à mesure qu'ils approchent des collines. Pour l'instant, les deux compagnons ne voient pas âme qui vive, à l'exception de la faune locale : papillons aux couleurs chamarrées, bergeronnettes effarouchées qui s'envolent à tir d'aile, canards sauvages en file indienne qui se laissent porter par le courant, truites bondissantes dont les écailles brillent comme de l'argent sous la lumière du soleil.

Ainsi que la bucheronne le leur avait également prédit, ils ne tardent pas à voir un pont de cordes qui traverse le cours torrentueux. De l'autre côté de la rivière, le chemin semble relativement plat, il s'étire vers le sud jusqu'au pied des collines. Bien que le pont de corde paraisse assez solide, il n'inspire pas la même confiance que s'il avait été en pierre... Or Gorgorx, qui a navigué sur la Rivière Rouge, et à suivi son cours sur de nombreux kilomètres, sait trop bien qu'elle n'abrite pas que des truites, mais qu'elle recèle aussi de terribles dangers.

Mais s'ils continuent à longer le cours d'eau en direction de l'est, sans traverser, le chemin continue de monter en épousant les méandres de la rivière qui serpente entre les collines. L'ascension promet d'être éprouvante.

[Gorgorx51]

Le chasseur apprécie de plus en plus cette balade et l’air frais à l’air du lui faire le pus grand bien. Il se laisse distraire par un magnifique papillon rose et bleu qui virevolte autour de lui et tout va pour le mieux. Au moment ou ils arrivent au niveau du pont, il se tend légèrement en repensant aux terribles poissons qui vivent dans cette rivière et conseil à son compagnon de ne pas s’éloigner trop de la rive si ce dernier à la mauvaise idée de vouloir prendre un bain.
Et c’est là, qu’il s’aperçoit que ce dernier peine vraiment à avancer.

[GORGORX] – Et bien mon ami, tu n’as pas l’air vraiment dans ton assiette et nous n’avons fait que la partie la plus sympathique du chemin.
Peut être devrions nous faire une pause avant de commencer l’ascension ?

Puis regardant tour à tour le gros cochon poilu avec des défenses et le pauvre bougre épuiser ; il se met à triturer sa moustache. Signe de grande réflexion chez Gorgorx. Et d’un coup ; lui vient l’illumination. Ses yeux s’agrandissent et tendant son index en direction du phacochère :

[GORGORX] - Pourquoi ne grimpe tu pas sur c’te bestiole, non d’une pipe !
S’il est capable de transporter un nain, il doit pouvoir porter un petit gars tout chétif comme toi.
Qu’est c’ten dit ?

[Djirunyaza]

Le prêtre titubant profite de la question du chasseur pour s'appuyer sur le sanglier dans un mouvement de nécessaire repos.

[DJIRUNYAZA] - L'invitation à une pause prolongée est tout à votre honneur Gorgorx car je suis déjà... kof,kof,kof... déjà en difficulté.

Mais il lève son visage livide comme s'il voyait le chemin à venir et sa destination.

[DJIRUNYAZA] - Mais ce qui nous attend n'est pas une promenade mais une épreuve... Si, et je vous le souhaite, cela est une formalité pour vous, je dois y faire face sans céder à la facilité... j'ai contracté ce mal en voulant sauver éperdument une âme trahie et perdue dans la colère et la folie. Peut-être que la lutte qui m'attend répond à celle qu'il mène là-bas pour tirer son esprit loin de la Fosse. Le corps et l'esprit, l'esprit est le corps. L'un sans l'autre n'est... rien. Telle est ma charge et mon devoir envers l'harmonieuse Courga.

Reprenant sa marche lente vers l'avant, il déclare.

[DJIRUNYAZA] - Jetez moi si vous le souhaitez sur ce brave Tavion lorsque je ne serai plus en mesure de ramper pour avancer, mais pas avant.
Il me reste quelques jours avant de redevenir contagieux, nul besoin d'arriver trop vite...

Il tente alors de passer devant Gorgorx en lui adressant un sourire bienveillant et plein de détermination.

[DJIRUNYAZA] - ... kof,kof,kof...

[Astro Buck]

La rivière se rétrécit mais son lit s'approfondit d'autant, alors que le chemin devient de plus en plus raide. En le gravissant avec peine, Djirunyaza ressent une grande fatigue et sent ses tempes battre à tout rompre tandis que des taches noires dansent devant ses yeux. Mais il tient bon et le simple fait de s'appuyer de temps à autres sur le brave phacochère lui fournit un soutien suffisant pour surmonter l'épreuve de cette pénible ascension. La bête ne se dérobe pas et tourne la tête vers lui en émettant un grognement affectueux.

Bientôt, les deux hommes arrivent à la hauteur d'une grosse souche creuse. Ils ne lui prêtent tout d'abord qu'une attention distraite, car une souche d'arbre n'a rien d'extraordinaire en soi. Mais un détail insolite retient l'attention de Gorgorx : il remarque la présence d'une liane épaisse comme une corde, solidement enroulée autour de ses racines. En l'examinant de manière plus attentive, il constate que cette liane s'enfonce dans le creux de la souche pour disparaître dans les profondeurs obscures d'un puits dont il est difficile de déterminer s'il est naturel ou s'il a été grossièrement creusé.

[Djirunyaza]

Profitant du moment de répits offert par la découverte de la souche, Djirunyaza s'accroupit et tapote gentiment le cou massif su sanglier pour le remercier de sa présence.

Il tente également de prendre de grandes inspirations pour chasser les formes noires qui dansent devant ses yeux.

Désignant la corde curieusement accrochée, il demande.

[DJIRUNYAZA] - Kof... pensez-vous que ce soit l'accès d'une tanière? Si oui, de quelle créature cela peut-il bien s'agir? Mindy a indiqué que le guérisseur vivait au milieu des arbres... d'un point de vue purement littéral, cela pourrait correspondre. Qu'en... kof, kof, qu'en dites-vous?

[Gorgorx51]

Gorgorx analyse l’entrée de ce qui pourrait être une tanière en restant à distance respectable. En effet les péripéties des derniers jours et surtout la méprise qu’il a eu avec la pseudo chèvre on accentués sa méfiance. Il utilise donc ses sens de chasseur pour définir s’il y a un quelconque danger.

*Allé mon gars, on va pas s’faire surprendre deux jours de suite, ça la fout mal pour un chasseur*

[hrp]76159[/hrp]

S’il ne détecte aucune raison de s’alarmer et qu’effectivement il décide que cela a une chance d’être l’antre du guérisseur, il prononcera alors son prénom pour appeler ce dernier. Mais au moindre doute il proposera de passer chemin le plus rapidement.

[Astro Buck]

Examiner le puits tout en restant à distance ne permet à Gorgorx de se fier qu'à trois sens sur cinq...

Il hume tout à bord le vent - non pas celui qu'il vient de mettre à Djirunyaza, mais celui qui souffle entre les branches des pins : cela sent la sève, la terre humide... et les excrétions de phacochère, mais rien qui puisse être déterminé comme le signal d'un quelconque danger.

Ensuite, il tend l'oreille et profite de la symphonie pastorale émise par le souffle du vent - encore lui - les renâclements et les groingroin de Tavion - encore lui aussi - la respiration haletante et ponctuée de kof kof kof du Prêtre de Courga, auxquels se mêlent le chant des grillons, le bourdonnement des abeilles, le zézaiement des mouches et le piaillement lointain d'un faucon qui trace des cercles haut dans le ciel. Aucun son ne semble provenir de l'intérieur du puits.

Enfin, il regarde l'obscur conduit et... ne voit rien puisqu'il est obscur.

En conclusion, cet examen s'avère fort peu concluant car Gorgorx n'a pas détecté de danger, mais étant donné qu'il n'a rien détecté du tout, pas la moindre donnée perceptive se rapportant à ce qui pourrait se trouver à l'intérieur du puits, cela ne constitue pas à proprement parler une information. C'est un peu comme si on demandait à un aveugle ce qui est écrit sur un panneau : il dirait certainement qu'il ne voit rien d'écrit, mais se fonder sur son seul témoignage ne nous permettrait pas de savoir s'il y a ou non quelque chose d'écrit.

[Djirunyaza]

Percevant peut-être une certaine perplexité chez le chasseur sachant chercher, voir un petit agacement naissant au moment de ses quintes de toux, Djirunyaza ce risque à un commentaire lorsque Gorgorx met fin à ses investigations.

[DJIRUNYAZA] - Il serait vraiment dommageable de passer à côté de la demeure du guérisseur... si vous voulez je peux aller voir en bas... kof,kof... mais on peut peut-être essayer aussi de jeter une pièce pour attirer les bons sentiments de l'habitant? Pour nous gens d'église.. kof... il parait normal de mettre une pièce dans un tronc... fufu...kof...fu

Espérant fortement que son compagnon refuse sa proposition de descente, il attend simplement sa réponse et se pliera à sa décision de descendre ou de partir.

[Gorgorx51]

Voyant son compagnon perplexe devant ce trou qui ne lui inspire rien de bon ni de mauvais , il se penche vers le trou :

[GORGORX] – Ohé ! Y a Quelqu ' un la desssouuuus !

[Astro Buck]

Le trou demeure obstinément muet, il sera décidément difficile de lui tirer les vers du nez. Mais il n'est pas le seul dans son cas puisque le trou ne répond pas plus à Gorgorx que Gorgorx ne répond à Djirunyaza. Cette situation montre qu'il y a au moins deux manières de ne pas répondre : en ne disant rien ou en disant quelque chose. C'est, dans les deux cas, ce nous pouvons appeler un dialogue de sourds.

Le faucon, toujours occupé à décrire des cercles dans le ciel - il se prend peut-être pour un compas, pathologie assez fréquente chez les rapaces - lance un piaillement approbatif : il semble valider cette appréciation de la situation.

[Gorgorx51]

[GORGORX] - Personne ! Que souhaitez vous donc faire ? Jeter une pièce et voir si le lièvre sort du terrier ? Rentrer sans autorisation au risque d'être mal accueilli ou tomber dans un piège ?
Ou bien attendre sagement que l'habitant du terrier rentre dans son trou?

[Djirunyaza]

La fébrilité de Gorgorx surprend le serviteur de Courga.

*Il a l'air d'être sur les dents... son état s'aggrave peut-être plus qu'il ne le croit, lui qu'il a cru si fixe?*

[DJIRUNYAZA] - Ce qu'il me semble important de déterminer, c'est si... kof... si le Guérisseur habite en ce lieu étrange ou non?
Y... kof, kof... lancer une pièce aurait plusieurs méritent selon moi.

Le prêtre lutte rapidement contre une quinte de toux et prend une grande inspiration avant de reprendre. Il lève un premier doigt.

[DJIRUNYAZA] - Tout d'abord, cela aurait un effet sur une créature intelligente tapis plus... kof... plus bas. Si elle est avide, elle cherchera à la prendre et nous pourrions percevoir son mouvement. Si elle possède un sens commun, elle comprendra que c'est par pure bienveillance et elle se montrera peut...kof,kof... peut-être? Si elle est craintive, elle restera tapie dans l'ombre, mais...

Il lève un second doigt.

[DJIRUNYAZA] - la chute de la pièce aura le mérite de nous indiquer la profondeur de ce... kof, kof, kof...trou.

Il lève enfin un troisième doigt, mais avant qu'il puisse continuer, Djirunyaza est pris d'une énorme crise de toux, et incapable de continuer, il reste comme figé, une main crispée sur sa poitrine et la seconde levée avec les trois doigts tendus...

Du coin de son œil larmoyant, il aperçoit le faucon qui passe et repasse...

[Gorgorx51]

Gorgorx sort une pièce d'or de sa bourse et la lance donc au fond du trou; plus pour faire plaisir à son compagnon délirant que par conviction.
Puis même si rien ne se passe il descendra prudemment dans le boyau car quoi qu'il arrive le prêtre a tellement l'air convaincu qu'il ne voudra reprendre la route qu'après être sûr qu'il n'y a rien au fond de ce trou.