[TRAINING] - GARRAT

[Astro Buck]

La potion de vigueur agit instantanément : à peine l'a-t-il bue qu'il ne ressent plus la moindre douleur. Sa blessure à l'épaule n'est déjà plus qu'un lointain souvenir, c'est comme s'il ne l'avait jamais subie. La nuit se passe sans incident, ce qui est assez rare pour le souligner, quand on prend le risque de dormir dans les Collines de la Pierre-de-Lune, fut-ce dans un abri naturel tel que cette petite anfractuosité.

Cependant, ce n'est pas une nuit des plus reposantes, car les rêves qui traversent son sommeil ne sont pas sereins. Il se voit en train d'escalader un glacier avec son ami Meynaf. Tout à coup, Meynaf perd pied et se met à glisser sur une plaque de glace. Garrat vole à son secours, et se trouve emporté avec lui dans la pente dans une interminable glissade. Parvenu à bord d'un précipice, il parvient à planter son piolet et à attraper in extremis la main de Meynaf qui pendule dans le vide. Mais petit à petit, les doigts de son ami glissent entre sa main et il tombe dans un abîme sans fond, poussant un hurlement d'effroi...

Quand il se réveille, Garrat a le sentiment d'entendre l'écho du cri de son ami, résonnant entre les pentes du vallon. Mais c'est sans doute une illusion hypnopompique. A moins que... Le jeune elfe dresse l'oreille, mais il entend surtout le tintamarre que font les oiseaux matinaux en pépiant dans les branches d'un pommier sauvage. Ces volatiles ont éveillé l'appétit de Zehios, aussitôt parti en chasse. Il est encore très tôt, les herbes sont emperlées de rosée fraîche et le soleil n'est pas encore visible, bien que le ciel soit déjà clair. L'écho d'une voix se fait de nouveau entendre, et cette fois Garrat en a la certitude, ce n'est pas une illusion auditive : c'est une voix - la voix d'une créature intelligente, non d'un animal -, qui crie avec des accents de désespoir. Le son provient de l'autre côté de la butte au pied de laquelle l'elfe a installé son campement.


[hrp]Une petite remarque au passage :

Tu as écrit : "Dans un repli du vallon il trouve une anfractuosité, sorte de petite grotte creusée par la nature."

Même, si tu as jugé que c'était fort probable (et je t'ai d'ailleurs donné raison) il n'était pas absolument certain que tu puisses trouver un tel abri. Aussi, il aurait plutôt fallu écrire au conditionnel, comme ceci par exemple :

"Garrat cherche un abri pour la nuit. S'il pouvait trouver un abri naturel, tel qu'une anfractuosité, alors il y installerait son campement. Par contre, s'il n'en trouvait pas, alors il se contenterait de dormir à la belle étoile."

Enfin, tu aurais pu assortir cette description d'un jet de D afin de déterminer si Garrat trouve le type d'abri qu'il recherche.[/hrp]

[Garrat]

Surpris de ces cris Garrat se décide à quitter son campement de fortune.

*Comment est-il possible qu’il y ait quelqu’un si proche de lui en difficulté ? *

Garrat se demande si ce n’est pas un nouveau piège. Il regarde autour de lui s’il peut trouver une branche de jeune chêne, et il se décide à ramasser un bon nombre de petits cailloux qu’il met dans une des bourses qu’il avait récupérées chez lui. Tous ces ingrédients lui seront sans doute utiles…

Il s’avance le plus prudemment qu’il peut jusqu’au son qu’il entend en évoluant le plus près du sol dans le but de n’être visible qu’au dernier moment.

[Astro Buck]

Bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'une forêt, se trouvant dans un vallon irrigué par un petit cours d'eau, l'environnement de Garrat comporte plusieurs arbres. Parmi ceux-ci il trouve quelques chênes rabougris et peut aisément se procurer une branche. Les cailloux ne manquent pas non plus : ils ont cette teinte ferrugineuse propre aux sols des Collines de la Pierre-de-Lune.

Escalader la butte n'est pas insurmontable pour un marcheur aguerri tel que Garrat, mais la pente est raide, caillouteuse et broussailleuse. Il est d'autant plus malaisé d'y avancer qu'aucun chemin n'y a été tracé. L'elfe parvient finalement au sommet, essoufflé, et doit faire une courte halte pour ralentir les battements de son cœur et rendre à sa respiration un rythme régulier. Le renard, perché non loin sur une pierre moussue, le regarde avec cet air interrogatif et si désobligeant qui semble signifier : "Eh bien, qu'est-ce que tu fais ? Ce n'est pas cette petite marche qui t'as fatigué, quand même ?"

S'étant approché de la source des cris, ceux-ci sont devenus plus distincts. C'est une voix féminine qui appelle au secours. A sa voix se mêlent plusieurs autres voix, au timbre désagréable, aiguës et nasillardes, dont les propos ne sont pas compréhensibles. Cependant, Garrat ne parvient toujours pas à voir ce qui se passe de là où il se tient : les cris proviennent du mamelon boisé qui se trouve en face. Pour l'atteindre, pas d'autre solution que de descendre la pente tout droit jusqu'à un nouveau vallon, et de remonter sur l'autre versant. Garrat le sait bien, la marche dans les Collines de la Pierre-de-Lune n'est faite que d'une interminable alternance de montées et de descentes...

[Garrat]

Il faut vraiment aller voir ce qui se passe.

Garrat se doute bien que tout cela ne laisse rien présager de bon.

Mais pour éviter d’être pris au dépourvu, il appelle Zehios pour qu’il aille voir en haut de la butte et lui dire ce qui se passe exactement. Sans rechigner son ami arrive vers lui, le lien qui les unit se met en place et Garrat laisse donc son renard se diriger vers les cris.

Zehios s’éloigne prudemment, la dernière expérience dans ce domaine lui ayant laissé d'assez mauvais souvenirs. Il se faufile, passe d’une rocaille à une autre sans jamais ralentir, avec une aisance qui laisse Garrat émerveillé par les capacités de son ami.

En attendant que Zehios lui indique ce qui se passe là-bas. Garrat cherche rapidement du sable pour remplir la dernière bourse qu’il avait pris chez lui avant de partir.

[Astro Buck]

Le renard se faufile comme une ombre jusqu’au sommet du mamelon boisé. En arrivant près des arbres, il découvre d’où proviennent les appels à l’aide : une jeune femme est pendue la tête en bas, la jambe droite serrée dans un nœud coulant fixé à une haute branche. Ses mains étant liées derrière son dos, il lui est impossible de se libérer par ses propres moyens. Trois affreuses petites créatures sont en train de s’amuser à la piquer avec des bâtons pointus, éclatant de rire chaque fois qu’ils arrachent un cri de douleur ou de rage à leur victime. Pendant ce temps, deux autres sont en train de se disputer à propos d’un sac-à-dos – probablement celui de la captive – que chacun essaie de ramener à soi en tirant de toutes ses forces sur une bretelle.

Les sensations que le renard communique à Garrat sont suffisamment claires, car elles correspondent à une expérience déjà vécue, ayant déjà eu affaire à ces créatures par le passé : il s'agit de GOBELINS. Il n'est pas étonnant de les trouver dans ce petit bosquet touffu, aux arbres serrés et au feuillage dense, car ces petits êtres ont une sainte horreur de la lumière du soleil. Ils doivent rarement sortir de ce périmètre, sauf à la faveur de la nuit, à moins qu'ils n'aient accès à un réseau de galeries souterraines permettant de circuler sous les collines, ce qui ne serait pas surprenant quand on connaît les mœurs de ces créatures.

[Garrat]

Voyant la situation GARRAT s’imagine déjà affronter ces cinq gobelins.
Seul, sans un allié avec lui, cette tache va être ardue voir assez risquée. L’expérience de la veille ne le motive pas trop…

Mais il n’était pas seul, Zehios est là, ce n’est pas un loup mais il peut devenir impressionnant avec un petit coup de pouce...

Garrat laisse donc son ami en observation et il se décide d’approcher en essayant d’être le plus discret possible. Le déplacement dans cette partie boisée ne devrait pas être trop compliqué pour lui.

Lorsqu’il arrive au sommet de la butte, Garrat se concentre et murmure une formule magique sur lui et sur Zéhios. Il indique à ce dernier que le but est de faire peur à ces gobelins mais que si ceux-ci se jettent sur lui il est libre de se battre ou de fuir.
Cette situation concerne une humaine et il n’a pas lieu de risquer sa vie.

Les sorts jetés, il se précipite en criant, son bâton en main, en espérant que cette arrivée en fanfare fera fuir une partie des agresseurs.
Dans le cas contraire il est prêt à vendre chèrement sa vie.

[Astro Buck]

Garrat atteint à son tour la lisière du petit bois sommital. Il se glisse entre les arbres sans faire le moindre bruit et les Gobelins, occupés qu'ils sont à leurs vilénies, ne remarquent pas sa présence. L'Elfe les voit alors de ses propres yeux. Ils sont de petite taille : à peine 1m50. Leurs oreilles pointues d'où jaillissent d'écœurantes touffes de poils sont mangées par les pustules. Leurs bouches sont hérissées de chicots pointus qui s'accommodent parfaitement avec la cruauté de leurs petits yeux jaunes. Ils portent des tenues constituées de morceaux hétéroclites de pièces de tissus, de lambeaux de cuir, de pièces d'armures. Outre leurs bâtons pointus, leurs armes sont des épées courtes et des hachettes.

De sa cachette, Garrat peut également mieux voir la captive qu'ils harcèlent continuellement en la piquant avec leurs bâtons. Il constate alors que ce n'est pas une humaine... du moins à moitié seulement : Garrat reconnaît en elle une DEMI-ELFE.

Le Sorcier puise dans les ressources magiques qui circulent dans son corps. Il sent s'échapper de lui une part de son énergie vitale, sensation toujours désagréable mais qui est le prix à payer pour accomplir des prodiges. Un prix qu'il paie deux fois, en l'occurrence, puisqu'il lance une seconde fois son sort pour en faire bénéficier Zéhios. En temps normal, seul le sorcier qui le lance peut être affecté par cette formule. Mais il y a, cette fois, exception à la règle, en raison du lien psychique qui l'unit à son familier. L'Elfe et le Renard parcourent côte à côte les quelques mètres qui les séparent encore de la scène dont ils n'étaient jusque-là que les observateurs. Au fur et à mesure qu'ils avancent, leurs proportions se mettent à se modifier, ils grandissent à chaque pas, jusqu'à mesurer le double de leur taille. Quand ils déboulent dans la clairière, c'est un Elfe géant et un Renard gros comme un molosse que les Gobelins voient arriver sur eux en courant à grands renforts de cris.

L'effet de surprise est total. Aussitôt, c'est la panique. Les Gobelins se dispersent et en un clin d'œil, ils ont disparus. Ces créatures n'engagent le combat que lorsqu'elles sont sûres d'être en position de force. Leur fuite est peut-être seulement provisoire. Il est à craindre qu'elles reviennent en nombre en employant quelque manœuvre sournoise. Le plus tard sera le mieux, car en attendant, Garrat se sent aussi affaibli que s'il avait reçu des blessures pendant un combat.

La captive observe Garrat avec un mélange d'effroi et de curiosité. Elle se demande probablement si ce nouveau venu sera son prochain tortionnaire ou bien si elle peut attendre quelque secours de sa part. Sachant qu'elle peut difficilement tomber sur pire que des Gobelins, elle finit par prendre son parti :

[DEMI-ELFE] - Descendez-moi de là, je vous en supplie ! Ne me faites pas de mal ! Je vous promets, en échange, de guérir vos blessures.

[hrp]Perte de 4 points d'Endurance, du fait qu'un sort de niveau 2 a été lancé 2 fois, puisque sur 2 cibles.[/hrp]

[Garrat]

Garrat arrive devant la captive et il cherche immédiatement un moyen de la libérer.

[GARRAT] : Ne vous n’inquiétez pas je vais vous aider.

Grace à sa taille actuelle, il se trouve sans difficulté à la hauteur de la demi-Elfe. Il regarde le nœud coulant soulève la demi-Elfe donnant de la souplesse à la corde et défais sans difficulté le nœud rudimentaire fait par les gobelins.
Puis il pose doucement cette jeune fille sur le sol. Dans la foulée Garrat annule le sort qu’il s’était lancé sur lui.

*Parler à un elfe de sa taille et non à un géant calmera sans aucun doute le stress de cette demi-elfe. *

Néanmoins Il maintient le sort actif sur Zehios, son apparence de molosse pouvant inciter les gobelins à ne pas revenir tout de suite.

[GARRAT] : Vous étiez en bien mauvaise posture Mademoiselle.

Garrat aide la jeune femme à s’assoir quelques minutes.

[GARRAT] : Je m’appelle Garrat, je viens du village de Dûr-Gohrrât. A qui ai-je l’honneur ?

En se présentant Garrat s’incline légèrement pour la mettre en confiance.

[GARRAT] : Votre proposition de soins tient-elle toujours ? Mais ne trainons pas, ils ne sont peut-être pas loin….

[Astro Buck]

Aussitôt décrochée du piège, la première chose que s'empresse de faire la jeune demi-Elfe est de remettre sa jupe de cuir en place et de la lisser contre ses cuisses. Elle est rouge comme une pivoine, mais difficile de savoir si c'est le fait d'avoir été suspendue la tête en bas qui a congestionné son visage, ou bien si c'est le fait d'avoir été vue par Garrat dans cette posture impudique qui l'a faite rougir de honte. Elle est visiblement rassurée que l'Elfe ait repris sa taille normale.

[DEMI-ELFE] - Je vous remercie infiniment de m'avoir délivrée, Garrat de Dûr-Gohrrât. Je m'appelle Jella. Je fais mon apprentissage chez le mage Covax de Zengis. C'est un guérisseur herboriste, et il m'a envoyé dans les Collines lui cueillir des herbes rares. Malheureusement, je suis tombée dans une embuscade de Gobelins. La suite, vous la connaissez...

Elle observe autour d'elle avec anxiété, puis son visage s'éclaire à la vue de quelque chose.

[JELLA] - Mon sac ! Ils ne l'ont pas pris !

Effectivement, les deux gobelins qui se disputaient le sac, effrayés par l'arrivée impromptue de l'Elfe géant, se sont enfuis sans demander leur reste, laissant là l'objet de leur litige. Jella rampe jusqu'à son sac et en fait un rapide inventaire.

[JELLA] - Ils m'ont pris à peu près tout ce que je possédais, mais ces imbéciles ont négligé mon bien le plus précieux : une boîte de poudre cicatrisante.

Elle tient dans sa main une petite boîte en fer-blanc dont elle ouvre le couvercle. Elle contient une poudre brune. Elle en prend une pincée qu'elle avale, avant de refermer le couvercle. Puis, inspectant Garrat de la tête aux pieds :

[JELLA] - Vous n'avez pas de blessure apparente, j'ai bien l'impression que les soins que je vous ai offerts ne vous seraient d'aucune utilité. Mais ce n'est que partie remise. Enfin... que je suis maladroite. Veuillez-me pardonner. Loin de moi l'idée de vous souhaiter d'être blessé, mais si par malheur cela devait arriver, je serai là pour vous soigner !

Elle se met debout et frotte son corps endolori par les mauvais traitements qu'elle a subis.

[JELLA] - Vous avez raison, mieux vaut ne pas s'attarder. Ces sales petits cancrelats pourraient revenir.

[Garrat]

[GARRAT] : Peut être avant de partir nous devrions récupérer les plantes pour lesquels vous êtes venue ? Votre maitre Covax serait content que vous ayez mené à bien votre mission. Je connais bien les bois, je pourrai vous aider, ce serait fait rapidement.

En attendant la réponse de Jella, Garrat récupère la corde qui a servi à l’attacher.

[GARRAT] : En plus je dois aller sur Zengis nous ferions le chemin ensemble c’est toujours mieux de voyager à deux.
Je dois voir un certain Harlak l’hérissonne, peut -être connaissez vous cette personne ?

[Astro Buck]

[hrp]:!: On est largement en-dessous des 20 lignes prescrites par les règles d'écriture de Ventsombre. Je sais que c'est contraignant, mais cette indication quantitative donne la mesure de ce qui est requis pour développer le Role Play de son personnage, interagir avec son environnement humain et naturel, décrire ses gestes, ses mimiques, préciser ses ressentis, ses aspirations, ses motivations, ses sentiments, sa vie spirituelle, bref lui donner une consistance psychologique, une incarnation, le faire vivre.[/hrp]

Jella regarde Garrat, interloquée.

[JELLA] - Harlak l’hérissonne ?

Elle rit aux éclats, mais écrase aussitôt ses lèvres de ses deux mains afin d'étouffer son rire, tout en jetant un coup d'œil inquiet aux alentours.

[JELLA] - Vous voulez sûrement dire Harlak Erilsson. Oh oui, je le connais. C'est mon maître Covax qui l'a soigné quand il est arrivé à Zengis, en très piteux état, avec de multiples blessures et d'horribles engelures qui avaient nécrosé ses doigts de pieds. Je pourrai vous conduire à lui.

Quand Garrat entreprend d'enrouler la corde, Jella le regarde soudain avec un soupçon de méfiance.

[JELLA] - Que comptez-vous faire avec ça ? J'ai été assez attachée pour aujourd'hui !

Elle émet un léger petit rire, tentative de détendre l'atmosphère, semble-t-il, autant que manière de sonder les dispositions de Garrat à son égard.

[JELLA] - J'accepte votre proposition, en espérant qu'elle est honnête. Mais vous m'avez sauvé d'un horrible sort, je me dois de vous faire confiance. Allons quérir mes herbes et rentrons vite à Zengis avant que ces terribles Collines ne deviennent notre tombeau !

Elle enfile les bretelles de son sac-à-dos, ramasse une branche morte en guise de bâton de marche. Du bras elle indique une direction à travers bois.

[JELLA] - Si je me souviens bien, il y a une piste par-là qui devrait nous permettre de sortir rapidement de ce maudit bois qui n'est qu'un repaire à Gobelins.

[Garrat]

Garrat regarde la réaction de Jella, il trouve cette demi-elfe complètement écervelée. Pour lui plaisanter et éclater de rire devant un inconnu alors qu’elle venait juste d’être sauvée d’une situation bien peu glorieuse, lui semble incompréhensible. Personne dans son clan n'aurait réagis de cette manière.

[GARRAT] : Pensez vous qu’une corde ne peut pas servir lorsque l’on part en aventure, Mademoiselle Jella ?
Pour ma part je n’en avais pas sur moi et je pense que vu la situation c’est un objet qui peut voir toute son utilité. D’ailleurs comme vous me l’avez si bien dit vous en avez eu l’expérience…

Garrat lance cette petite remarque avec un petit sourire pour lui rappeler où elle se trouvait il y a quelques instants.
En enroulant la corde autour de son bras, il regarde aux alentours pour voir avant de partir de cet endroit si un objet n’aurait pas été oublié par cette tête de linotte.

[GARRAT] : C’est peut être la première fois que vous sortez de Zengis et que vous vous aventurez si loin ?

Il savait déjà sa réponse, mais il avait lancé cette question pour qu’elle soit un peu plus respectueuse de l’elfe qu’il était.

*Ce n’est qu’une demi-elfe gâtée par son maitre, j’en suis sur*

[GARRAT] : Bon allez, vous avez raison, ne trainons pas et quittons ces lieux malfamés.

Garrat et Jella se remettent en route mais pour plus de prudence il demande à Zehios de partir en éclaireur. Les prévenir d'un danger lui sera utile pour gérer la situation car il ne connaissait pas cette zone. Et, sa confiance en Jella était encore assez limitée, il se méfiait du chemin qu'elle venait de leur faire prendre.

[Astro Buck]

Empruntant la piste suggérée par Jella, les deux compagnons ne tardent pas à émerger du petit bois sommital. Se retournant régulièrement, ils ne voient ni n'entendent rien qui pourrait laisser penser qu'ils sont suivis. Ils descendent la pente de la colline, entre les buissons de genêts aux fleurs d'un jaune éclatant et les ajoncs, dont les fleurs sont du même jaune, mais assorties d'épines longues comme des aiguilles, auxquelles ils accrochent leurs vêtements et se blessent à de multiples reprises. Les cuisses nues de la demi-elfe sont couvertes de sang, mais elle s'en amuse, car ce sont autant d'occasion pour elle de démontrer encore la redoutable efficacité de sa poudre cicatrisante. Tout en cheminant, Jella réagit aux propos de Garrat :

[JELLA] - Vous m'avez percée à jour. La nature hostile n'est effectivement pas mon environnement quotidien. Je suis plutôt citadine. C'est pourquoi je suis venue escortée par Hakasan Za, la traqueuse ninja. Mais n'ayant pas de quoi payer ses services au-delà de quatre jours, elle m'a proposé de me raccompagner à Zengis. J'ai refusé car je n'avais toujours pas trouvé les herbes que j'étais venu chercher. Alors elle m'a abandonnée à mon sort.

Les deux compagnons atteignent le versant opposé et suivent un chemin qui monte en pente douce à flanc de coteau, au milieu d'un champ de fougères roussies par le soleil. Des chevaux sauvages s'enfuient à leur approche tandis que, hauts dans le ciel, des vautours dessinent des cercles en planant sur leurs larges ailes. Jella n'est pas avare de paroles et son bavardage permet à Garrat de comprendre pourquoi son comportement est aussi peu conforme aux coutumes elfiques :

[JELLA] - Ma mère est une Elfe, comme vous. Elle eut avec un Humain une aventure sans lendemain, mais dont je fus le fruit, ce qui eut de terribles conséquences. Condamnée à l'exil pour avoir enfanté le rejeton d'un Humain, elle n'a pas supporté la vie loin des siens et elle a dépéri comme une fleur coupée, jusqu'à ce que la mort la saisisse, me laissant orpheline. Covax m'a sortie de l'orphelinat de Zengis où l'on m'a remarquée pour mes talents de dessinatrice : il avait besoin de mes services pour illustrer ses herbiers.

Après quelques heures de marche, alors que les deux marcheurs s'embourbent dans une tourbière qui sent la charogne, la Demi-Elfe pousse un cri de joie. Elle s'accroupit au pied d'un arbuste bas aux feuilles grisâtres, orné de fleurs bleues pâles, qui a poussé au beau milieu des restes d'un cadavre de cheval.

[JELLA] - J'en ai trouvé un, enfin ! C'est un pied de Mirkweed ! Incroyable !

Elle se relève et saute sur Garrat. Avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, elle lui donne un baiser sur la joue.

[JELLA] - La chance me sourit depuis que je vous ai rencontré !

Folle de joie, elle se met à creuser la boue à pleines mains autour de l'arbuste, pour dégager les racines et l'arracher sans l'endommager. Elle remplit son sac à dos de tourbe et y installe précautionneusement sa trouvaille.

[JELLA] - C'est merveilleux ! Il ne nous reste plus qu'à rentrer !

Mais la longue marche dans les collines et cette activité horticole ont pris un temps considérable. Le soleil est déjà à son zénith.

[JELLA] - Je suis désolée. Je vous ai retardé. Nous sommes encore bien loin de Zengis.

Elle réfléchit un instant, puis son visage s'illumine.

[JELLA] - Quand nous sommes venues, avec Hakasan Za, nous sommes passées, tout au nord des Collines, à proximité d'une petite ville qui s'appelle Hamelin, située à environ une journée de marche de Zengis. Nous ne devons pas être très loin de cette ville, actuellement. Nous pourrions y passer la nuit en toute sécurité, plutôt que dans ces collines hostiles, et repartir le lendemain matin, qu'en pensez-vous ?

[Garrat]

Garrat se trouve un peu perdu face à la réaction de Jella, il ne comprend pas sa façon de faire. Comment peut-on avoir un contact physique avec un inconnu que l’on voit seulement depuis quelques heures ?

*Elle est surprenante cette Jella. *

Il rit intérieurement.

Il avoue que cette jeune fille même si elle ne correspond à aucun de ses critères elfiques le touche vraiment, et au fond de lui, il est bien content de l’avoir sauvée.
Sa nature enjouée lui réchauffe l’âme et lui fait oublier quelques instants la raison de son départ et l’inquiétude qu’il a de ne pas savoir ce qu’est devenu son ami Meynaf.

[GARRAT] : Vous avez bien récupéré toutes les plantes que vous vouliez car nous ne reviendrons pas dans ces lieux ? Nous avons de la chance, je pense que ces gobelins nous ont oubliés mais cette espèce est fourbe, il ne faut pas les tenter à nouveau.

Du coup, je suis d’accord avec vous, allons à Hamelin !
Un repas chaud et un lit ne nous fera pas de mal pour récupérer de cette longue journée.

Garrat encore un peu inquiet des capacités de Jella se demande si elle sait vraiment ou ils sont et si elle saura vraiment retrouver cette ville.

[GARRAT] : Vous êtes sûr de connaitre le chemin jusqu’à cette ville ?
Car, si nous devions coucher dehors, il nous faudra trouver un abri et nous devrons y penser bien avant le coucher du soleil…
Mais je vous suis, dépêchons nous, plus vite nous serons à Hamelin, plus vite nous pourrons nous reposer et prendre un bain bien chaud.

[Astro Buck]

Jella ouvre son sac et exhibe la plante qu'elle a trouvée sous les yeux de Garrat, comme s'il ne l'avait pas déjà vue.

[JELLA] - Non mais... vous me demandez si j'ai récupéré toutes les plantes que je voulais ? Sérieusement ?

Elle penche la tête en arrière et laisse fuser un rire cristallin.

[JELLA] - Vous êtes trop drôle, mon bon ami ! Celui qui a trouvé cette plante-là ne peut pas en vouloir d'autre. C'est de la Mirkweed, vous entendez ? De la Mirkweed !

Elle replace la plante dans son sac avec mille précautions.

[JELLA] - Je ne sais pas du tout quelles sont ses propriétés, à vrai dire. - Elle rit de nouveau. - Vous allez me trouver nigaude, de faire l'éloge d'une plante, alors que je n'en connais pas l'usage. Mais il me suffit de savoir qu'aux yeux de Maître Covax, c'est la plus précieuse d'entre toutes. Tout ce que je sais, c'est que la partie la plus concentrée se trouve dans ses gousses à graines. Mais en cette saison, elle est en fleurs. C'est pourquoi j'espère la maintenir en vie jusqu'à Zengis, afin de la replanter dans le jardin de Maître Covax. Je tâcherai d'acquérir un pot de fleur et du terreau à Hamelin.

Elle reprend gaiment le chemin mais, sous le poids de son sac rempli de tourbe, elle courbe le dos et son expression joyeuse cède peu à peu la place à la souffrance de l'effort. Tout en ahanant, elle répond à la dernière question de Garrat :

[JELLA] - Vous voyez... pfou ! pfou ! ... la Montagne... pfou ! ... de Feu ? J'ai bien fait... pfou ! ... attention. Elle doit rester... pfou ! ... sur notre gauche. Et là bas... pfou !... tout au bout de l'horizon nous n'aurons qu'à... pfou ! ... marcher tout droit vers le Pic... pfou ! ... de Sorginmendi. Et alors nous tomberons fatalement... pflou ! ... sur Hamelin.

Après quelques heures de marche, le relief s'adoucit et les Collines de la Pierre-de-Lune laissent place à une vaste vallée creusée par le cours de la Rivière Rouge. Contrairement à ce que Garrat pouvait craindre, Jella ne s'est pas trompée : les remparts d'Hamelin se dressent bientôt devant eux. Passant par un chemin qui contourne un cimetière situé extramuros, les deux voyageurs arrivent enfin devant les portes de la petite ville.

Ils passent sous une arche de pierre qui débouche dans la Rue de la Couronne. C'est une étroite route pavée bordée de vieux bâtiments. Un garde se tient à son poste, avec un casque cabossé et une armure en cotte de mailles appuyé sur sa lance, près de la porte principale. Mais il ne prête aucune attention aux voyageurs, occupé qu'il est à grignoter lentement une pomme. Il a l'air à moitié endormi. Garrat voit des gens vaquer à leurs occupations, certains portant des paniers, d'autres poussant des brouettes en bois le long de la route cahoteuse. Tout le monde a l’air heureux, discutant ensemble et riant sous le chaud soleil du milieu d'après-midi. Un jongleur à l'air sournois, vêtu d'un costume de soie rouge et vert, coiffé d'un bonnet de fou et chaussé de poulaines, commence à danser autour de Garrat et Jella, lançant des boules de bois en l'air, dans l'espoir qu'ils laissent tomber une pièce de monnaie dans la tasse en étain suspendue à sa ceinture.

Au même moment, une jeune femme s'avance vers eux d'un pas décidé. Son visage est bordé de longs cheveux. Elle porte une robe bordeaux jusqu'aux tibias avec de longues manches évasées et des bottes marron. Un poignard est glissé dans sa ceinture et elle porte un sac à main en cuir en bandoulière. Elle se tient devant Garrat et Jella, les mains sur les hanches, et leur dit avec un sourire radieux :

[BINNY] - Bienvenue à Hamelin. Je m'appelle Binny Brogan et je me ferai un plaisir de vous faire visiter la ville. Et cela seulement pour le prix d'une Pièce d'Or, c'est tout ce que je demande. Je peux vous indiquer le meilleur endroit pour séjourner. Car vous avez l'intention de passer quelques jours dans notre bonne ville, j'en suis sûre. Qu'en dites-vous ?