de Astro Buck le Mer 19 Avr 2017 15:34:58
Suzanne est repartie, entraînée par la poigne ferme de sa mère. « Avait-t-elle l’air heureuse ? » s’était demandée Kitty en la regardant s’éloigner.
Heureuses ? Comment pourraient l’être ces petits rats d’opéra ? La plupart des jeunes ballerines sont issues de familles miséreuses qui les « louent » à l’Opéra pour vivre à leurs dépens. Elles sont pliées à une discipline rigoureuse mettant leur corps à la torture. Un professeur de danse inflexible les corrige impitoyablement au moindre entrechat disgracieux. Bercées par la fausse promesse d’intégrer un prestigieux corps de ballet, elles sont poussées dans la couche de vieux satyres par les maquerelles qui leur tiennent lieu de mères. Telle est la honteuse vérité que recouvrent les ors et les splendeurs du Foyer de la Danse : un lupanar déguisé en palais. Cet odieux commerce explique la survie de l’Opéra que ne suffirait pas à garantir la recette déficitaire de ses spectacles.
Kitty et Pike laissent Suzanne à son triste sort. Ils s’engagent dans les longs corridors mal éclairés de l’Administration. Tous deux s’étaient accordés lors de leur dernier entretien sur un objectif commun : trouver un accès vers le toit de l’Opéra afin d’aller examiner de plus près la Lyre d’Apollon.
Mais alors qu’ils s’apprêtent à gravir les marches du grand escalier à double révolution, Pike se frappe le front de sa main valide.
[PIKE] – Mais au fait ! J’y songe ! J’allais oublier la promesse que j’ai faite au Professeur Nefelus. Je lui ai dit que s’il ne trouvait personne pour descendre dans le puits, je le ferais moi-même.
Kitty déploie tous ses trésors de charme et de persuasion pour essayer de faire renoncer Pike à son projet. Mais c'est peine perdue ! L’homme se sent profondément blessé dans son honneur par l’affront que lui a infligé Pinchon en présence de Kitty, affront dont il n'a pas demandé réparation ! Craignant de passer pour un lâche aux yeux de la belle, Pike ressent le besoin de se rattraper en s’illustrant par un acte de bravoure. Et ce n’est pas une simple blessure à la main qui va l’arrêter !
Les deux jeunes gens descendent les degrés du grand escalier et s’enfoncent dans les entrailles ténébreuses de l’Opéra. Un souffle humide parvient aux narines de la jeune femme, ravivant de désagréables souvenirs et accélérant le rythme de son cœur.
A suivre...
MJ pour Défis Fantastiques