Prélude - Marie

[Astro Buck]

Aux questions que pose Marie concernant une éventuelle personne morte, succède un silence, si long qu'elle commence à croire à une coupure téléphonique. Mais la voix de son interlocuteur vibre de nouveau contre son oreille :

[MAITRE] - Je tâcherai de déterminer plus tard l'implication de chacun dans cet incident et de rétribuer chacun respectivement suivant ses mérites. Je comprends votre revendication, légitime, à vouloir agir vous-même. Soyez rassurée cependant : tout est sous contrôle, les risques étaient calculés et une large marge d'échec anticipée et tolérée. Vous devez comprendre que l'échec, dans ce cas précis, est paradoxalement une réussite car montrer trop de compétence et d'efficacité laisserait soupçonner l'intervention d'une organisation telle que la nôtre. Nous devons parfois travailler comme des amateurs, afin de brouiller les pistes. A présent, je vous laisse à votre cuisine et à vos exercices de calligraphie. Nous reviendrons vers vous dans trois jours. C'est bien peu de temps au vu de tout ce que vous avez à faire, mais j'ai toute confiance en votre célérité et votre professionalisme.

Sur ces mots, l'interlocuteur de Marie coupe la communication.

[marie1988]

Marie raccrocha avec une profonde déception du fait du dégât collatéral. Elle se leva, se lava, puis s'habilla. Elle se prépara du thé et prit le temps de le déguster, tout en réfléchissant.
Après s'être revigorée, elle utilisa son temps à passer en revue ce que comptait l'appartement. Cherchant les composants présents, les outils, ou ustensiles qu'elle avait à sa disposition, en en établissant la liste.
Tout en faisant cet état des lieux elle mangea les friandises que le maître lui avait donné la dernière fois qu'elle l'avait rencontré. Elle dépliait les différents papiers d'emballages des chocolats avec soin et les déposa avec précaution dans la cuisine.

*Une morte, cela je ne peux l'admettre, bien que le maître m'ait indiquer que la marge de manœuvre était importante et qu'à terme cela allait servir l’intérêt de la confrérie. Je n'ai rien contre faire ce pourquoi j'ai été formé, mais pas pour éliminer n'importe qui*

[Astro Buck]

Au rythme effréné avec lequel se sont enchaînés les événements depuis son rendez-vous au salon de thé, Marie n'a pas eu le temps de se familiariser pleinement avec son logis. Mais à présent, elle a enfin le loisir de faire "le tour du propriétaire" :

Le logement de Mademoiselle B. se trouve au 6ème étage d'un immeuble de rapport. Elle partage le palier avec une voisine dont le nom, Mme Cadoret, est placardé sur sa porte. L'appartement se compose de deux pièces dont les fenêtres donnent sur la rue, ainsi que d'une cuisine. C'est la cuisine qui, comportant une vasque et un miroir, fait office de salle-de-bain.

Dans le placard de la chambre, Marie trouve :

- un manteau à carreaux gris, assez semblable à celui qu'elle a porté pour aller à l'Opéra, quoique plus élimé
- une petite toque de velours noir, couvre-chef plus humble que le chapeau à plumes.
- plusieurs robes de ville, certaines relativement extravagantes
- des boîtes pharmaceutiques contenant des cachets d'antipyrine, des pilules Pink, de l'arsenic sous forme de poudre et de pâte, une bouteille de sirop de Raifort iodé, du Vin de Vial, un flacon de strychnine, des comprimés Uricure, ainsi qu'une bouteille de rhum Chauvet.

Dans la seconde pièce, Marie trouve un petit secrétaire qui contient notamment un flacon d'encre de chine, une plume, du papier à lettre et une machine adressographe.

La cuisine, enfin, comporte tout ce qu'il faut d'ustensiles pour confectionner les plats et pâtisseries les plus élaborés.

Marie ouvre un tiroir rempli de couteaux et de fourchettes quand elle entend soudain, distinctement, quelqu'un frapper à sa porte. A travers l'œilleton, elle voit une femme d'origine modeste portant une lourde corbeille de linge.

[marie1988]

Marie se déplaça en direction de la porte. Arrivé devant la porte elle regarda par l’œilleton. Elle y vit une femme avec une corbeille à linge devant sa porte. Se doutant qu'elle devait être la lingère. Elle prit donc la voix, bien entendu elle adopta la voix de Mademoiselle B et pas une autre e y ajoutant un enrouement, coupé d’expectoration, comme si elle avait attrapé froid. Tentant d'éluder les questions de principes se rapportant au fait que la voix actuelle pouvait ne pas être celle de Mademoiselle B

[MARIE] - Oui j'arrive, Rheuh ! je termine de me préparer je ... tousse ...suis à vous dans quelques minutes ! re-tousse

Son timbre de voix montrait qu'elle s'activait avec empressement et qu'elle était fatigué de l'effort physique que cela sous entendait pour elle, sans compter le mal de gorge. Bien entendu cela n'était que pure simulation, marie n'avait quand à elle aucun problème de surpoids, ni de mal de gorge, mais ne devait elle pas assumer le rôle de Mademoiselle B encore pendant un temps.

Elle entreprit de s'habiller comme la veille en veillant à remettre les postiches à leur place et en mettant le manteau et le chapeau avec les plumes, comme si elle était frigorifiée.

elle prit soin également de cacher les différents ingrédients qu'elle avait sortit précédemment, ainsi que toutes les affaire qui pourraient ne pas appartenir à Mademoiselle B.

Ayant considéré être prête, elle partit ouvrir en gardant en main 2 aiguilles avec le soporifiques agissant en moins de 30 secondes.

[MARIE] - Bonjour, Voilà vous pouvez entrer et déposer le linge à sa place voulez vous !

Marie se déplaça pour permettre à la femme de pénétrer dans son appartement tout en surveillant ce qui l'environnait, prenant en considération la présence de personnes en plus de la femme à la corbeille de linge.

[Astro Buck]

La nouvelle venue, marmonnant une brève salutation, pose à peine ses yeux éteints sur Marie en passant devant elle avec son fardeau. Au même moment, la porte de la voisine d'en face s'entrebâille, laissant entrevoir un homme en tenue militaire négligée. Il dit à l'adresse de la visiteuse de Marie :

[SOLDAT] - Madame Guillou ! Passez me voir quand vous en aurez fini avec Mademoiselle B. J'ai du travail pour vous.

L'homme referme sa porte, non sans avoir jeté un regard sur la prétendue Mademoiselle B. Un regard dans lequel Marie a cru, à tort ou à raison, déceler une expression d'interrogation ou de suspicion...

Madame Guillou se rend dans la chambre, pose sa corbeille sur une table et entreprend d'en sortir le contenu qui se révèle pour le moins étonnant : une robe en satin rouge à volants de dentelle, avec un décolleté largement ouvert qui doit laisser bien peu de place au mystère, un corset en batiste, une paire de long gants noirs, une paire de bas de même couleur, un collier ras-du-cou rouge ayant l'apparence d'un ruban noué, ainsi que des dessous en dentelle affriolants pour ne pas dire licencieux. Tout cela ressemble fort à une tenue de danseuse de cabaret, ce que ne tardent pas à confirmer les flatteries de la blanchisseuse :

[Mme GUILLOU] - Les couleurs ont bien tenu. Voyez comme le rouge est éclatant. Ce soir encore, quand vous irez travailler au Bal Tabarin, les clients n'auront d'yeux que pour vous, Madame.

[marie1988]

Marie écouta la diatribe de la lingère, puis posa délicatement sa main sur celle de la lingère en geste de remerciement.

[MARIE] - Je tenais sincèrement à vous remercier pour votre aide Ce faisant elle lui donna 15 Francs Ceci est pour votre dévouement et pour votre petite famille. Je vais encore briller effectivement sur les planches ce soir, surtout avec le travail que vous avez effectué sur cette robe, elle est resplendissante. Je vous laisse terminer je vais me soigner pour être fin prête pour ce soir.
si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis dans la cuisine.

Marie n'avait pas encore retiré sa main de celle de la blanchisseuse, après ces dernières paroles elle la retira doucement.

[Astro Buck]

La lingère bredouille quelques mots de reconnaissance et engouffre l'argent (l'équivalent d'une semaine de travail) dans la poche de son tablier. Elle achève de vider sa panière, défroisse et dispose sur le lit les vêtements qu'elle contenait, tout en dévidant ses bavardages sur le ton monocorde et le débit mécanique de paroles dites et redites cent fois :

[Mme GUILLOU] - Ah, y me font rire avec leur repos hebdomadaire, hein ! La grande avancée de ce début de siècle, qu'y disent. Tu parles ! Les honnêtes travailleuses, comme vous et moi, on sait pas ce que c'est de pas travailler le dimanche. De toute façon, qu'est-ce qu'on aurait fait d'un dimanche comme aujourd'hui, hein ? Tout gris. A part se morfondre sur not' misère, qu'est-ce qu'on aurait pu faire ?

Une fois terminé son travail, elle demande :

[Mme GUILLOU] - Faut-y que je fasse aussi le ménage de vot' logis aujourd'hui ?

[marie1988]

Marie écouta les propos de la blanchisseuse, heureuse d'avoir pu remonter l'opinion que celle-ci se faisait de Mademoiselle B

[MARIE] - Non ne prenez pas cette peine, je vais m'en charger. C'est un moyen efficace pour se remettre d'un rhume, ou d'un coup de froid. Je dois être en forme pour la représentation de ce soir.
Je vous souhaite une bonne journée.

Marie raccompagna la blanchisseuse à la porte et attendit que celle-ci parte avant de s'enfermer.

*Ainsi je dois aller à une représentation ce soir et je dois danser sur scène ? Bon il ne me reste plus qu'à appeler le maître, car là c'est une impasse*

Elle partit prendre le combiné, appela l'opératrice pour lui demander d'être mise en relation avec le numéro et lieu suivant. Elle attendit que l'opératrice lui passa son correspondant.

[Astro Buck]

Madame Guillou se laisse mettre à la porte sans protester, avec même un excès de bonne volonté qui trahit son empressement à prendre congé de Marie.

Le boulevard Voltaire fait partie de la neuvième circonscription téléphonique. La demoiselle du téléphone qui répond à l'appel de Marie se trouve donc dans le central de Roquette. Après avoir enduré un bruit de friture et de grésillements électroniques dans le récepteur, le temps que l'employée insère les fiches dans les jacks correspondantes, Marie se trouve en contact avec une deuxième demoiselle du téléphone, de la septième circonscription, bureau de Saxe.

[TELEPHONISTE] - Je vous mets en relation.

Marie entend de nouveau des bruits de manipulations et craquements électroniques. Après une minute d'attente, la demoiselle du téléphone lui parle de nouveau :

[TELEPHONISTE] - Personne ne répond, Madame. Mais ce n'est pas étonnant. Savez-vous que le numéro que vous demandez ne correspond à aucun abonné ? C'est l'indicatif d'un bureau de poste.

[marie1988]

Marie prit l'air surprise et s'excusa profondément

[MARIE] - Oh décidément j'ai du encore mal noter le numéro indicatif, c'est tout moi cela. Je vous prie de m'excuser pour le dérangement en vous souhaitant une bonne journée.

Sur ces entrefaites, Marie ne savait toujours pas quoi faire pour le soir. Par contre elle savait pour le reste. Elle s’habilla pour sortir, emmitouflée pour faire croire qu'elle était enrhumée, cela devant lui permettre de modifier considérablement sa voix pour le cas ou elle viendrait à croiser quelqu'un la connaissant.
Une fois prête elle sortit de chez elle coiffée de son chapeau avec les plumes et partit en quête de plants de bambou jeunes et frais. Elle se sentait l'âme d'une cuisinière. Elle partit en quête de tiges de bambou et de plants de bambou jeunes en espérant trouver rapidement le commerçant qui lui en fournirait.

[Astro Buck]

Trouver du bambou dans Paris n'est pas une mince affaire. Marie consulte plusieurs fleuristes et pépiniéristes. Les uns ne savent pas ou feignent ne pas savoir ce que c'est que du bambou. Les autres lui conseillent de chercher plutôt chez un marchand de meubles qui proposerait des chaises de jardin ou encore, avec une nuance de mépris, d'aller voir un de ces artisans ambulants qui vendent à la sauvette des articles de vannerie.

Par un caprice du destin, c'est précisément sur l'un de ceux-ci que Marie tombe nez-à-nez, à l'angle d'une rue :

Trop content qu'on s'intéresse à lui, l'homme s'empresse de répondre aux questions de Marie :

[VANNIER] - Du bambou ? Pour sûr qu'j'en ai du bambou. Y a rien d'mieux que l'bambou. Y en a même qu'y font des aéroplanes en bambou. Que l'seigneur me foudroie si j'dis pas la vérité ! Tenez v'là des beaux paniers en bambou tressé. Le travail de mes blanches mains. 20 Francs vous en avez un, 35 Francs vous en avez deux. Mais si c'est du jeune bambou qu'vous voulez, ça, pas facile d'en trouver, non. Tout l'bambou qu'on trouve en France vient de Saïgon. Après un mois de transport en bateau, vous pensez bien qu'il n'est plus tout frais !

Le vendeur à la sauvette regarde à droite, à gauche, derrière lui, lève la tête pour observer les fenêtres des façades environnantes, puis cachant sa bouche d'une main, avec une mine de conspirateur, il ajoute :

[VANNIER] - J'aurais p'tê't quand même bien un filon pour une âme généreuse...

[marie1988]

Marie écouta les proposition du vannier tout en remettant son chapeau, lui permettant de prendre dans sa main gauche 2 aiguilles tirées de ce même chapeau. Puis une fois que le Vannier se tût elle posa sa main droite sur la bras du vannier le plus proche d'elle afin de tenter de l'interrompre

[MARIE] - Ce n'est pas ce que je vous demande, je me contre fou de chaises en bambous, surtout si je parle des tiges, qui sont les racines du bambou. Je cherche pas de meuble, mais de quoi soigner mon mal de dos. Alors si vous n'en n'avez pas, il vous suffit juste de me l'indiquer sans m'abreuver de paroles inutiles. Comprenez vous mieux ma demande ?

Elle souhaitait juste que l'homme réponde à sa demande et pas à côté, elle ne voulait pas perdre trop de temps, surtout avec ce qu'il lui restait à faire d'ici trois jours.

[Astro Buck]

L'homme repose ses articles avec un mouvement d'impatience.

[VANNIER] - Ecoutez, ma p'tite dame, j'comprends pas trop d'quoi qu'y r'tourne. Moi je n'vends pas des chaises mais des paniers. Alors vous voulez p'têt' pas d'panier non plus, mais moi j'ai b'soin d'argent pour vivre, sept gosses à nourrir et une épouse malade !

Détournant son regard de Marie, il se remet à l'ouvrage, tressant entre elles des tiges d'osier, tout en grommelant.

[VANNIER] - N'empêche que j'sais où trouver ce que vous cherchez. Si vous êtes pas capab' de délier vot' bourse alors moi j'délierai pas ma langue !

[marie1988]

Marie retira sa main de l'homme et le regarda avec un air calme et détendu.

[MARIE] - Chacun à ses petits soucis, voici 1FF Elle lui donna 1FF Cela sera ma contribution à vos soucis. Par contre n'usez pas votre salive, je sais ou en trouver, je ne voulais juste pas m'y rendre, mais je vais devoir aller à Vincennes, aller au jardin d’acclimatation.

Elle supposait que l'homme pouvait lui mentir, mais n'avait aucun moyen de le vérifier. De plus elle n’appréciait guère le fait que l'homme ai regardé aux fenêtres des immeubles environnants. Se pouvait il qu'il ai des complices prêt à lui tomber dessus et 'enlever, ou bien pire encore.

[MARIE] - Je vous remercie pour le geste, j'espère que vous arriverez à guérir votre femme et que vos enfants se développerons de façon satisfaisante tant sur le plan de la santé que de celui du cérébral.
En vous souhaitant une bonne journée.

Marie fit demi tour, tout en gardant un oeil attentif sur ce qui l'environnait, ne préférant pas être prise au dépourvu.
Elle avait dans l'idée maintenant d'aller au jardin d'acclimatation.

[Astro Buck]

Marie entend dans son dos le vannier se fendre d'un ricanement plutôt surpris que moqueur. Il court après elle pour la rattraper et lui dit, à voix basse :

[VANNIER] - Hep ! Pas si vite ! Z'en êtes une drôle vous alors. Vous m'fourrez du pèze dans la patte et c'est vous qui dites merci ? Mais chuis honnête moi, pas du genre à m'faire payer pour rien. Alors écoutez bien mon conseil. Z'allez l'chercher longtemps l'Jardin d'Acclimatation au Bois d'Vincennes, vu qu'y s'rait plutôt du côté du Bois d'Boulogne aux dernières nouvelles... A moins qu'il ait la bougeotte, ha ! ha ! D'ailleurs au Bois d'Boulogne y a aussi les Serres d'Auteuil où vous pourrez p'têt' chiper du bambou. Mais j's'rais vous qu'j'irais quand même au Bois d'Vincennes... Pas au Jardin d'Acclimatation, hein, vu qu'il y est pas j'vous l'répète, mais au Jardin Tropical. Là, j'suis sûr qu'vous allez trouver vot'bonheur.