Prélude - Marie

Modérateur: Astro Buck

Prélude - Marie

Messagede Astro Buck le Mar 18 Oct 2016 01:38:15


Scénario Hollow Earth Expedition


LA TROIE ENGLOUTIE


Premier Chapitre : Prélude.



Avec la participation de Marie


Paris, Septembre 1909.

Il lui avait donné rendez-vous, rue de Rivoli, dans un Salon de Thé. Un lieu des plus charmants, finement décoré, fréquenté par les nantis. Son atmosphère douce et feutrée contrastait délicieusement avec le froid et l'agitation de la rue que Marie venait de quitter. Tout n'était que moulures arrondies, dorures délicates, frises équilibrées, miroirs, jeux de lumières et de profondeurs. Les tasses à thé importées de Chine étaient d'une telle finesse qu'on les eût dit faites de feuilles d'or et d'émail. Sur des tables en bois marqueté reposaient des bombonnes, cloches en verre et compotiers débordant de confiseries et de pâtisseries toutes plus appétissantes les unes que les autres.

Deux femmes assises saluèrent Marie avec un léger sourire entendu, comme s'ils elles attendaient son arrivée :


Image


[UNE FEMME ASSISE] - Votre époux vous attend dans le petit salon, sous le triptyque de Mr Niermans.

La seconde femme se lève vivement et écarte une lourde tenture de velours à motifs floraux. Marie entre dans une pièce de dimensions plus réduites, destinée de toute évidence aux entrevues intimistes, aux réunions confidentielles. Au fond du salon est assis un homme aux cheveux de jais, la raie sur le côté, savamment plaqué pour épouser les contours de son crâne. D'un doigt distrait ganté de blanc, il lisse une extrémité de sa moustache en guidon. Sur la table devant lui est disposé un exemplaire du quotidien Le Petit Journal. Mais il ne lit pas, ses yeux sont perdus dans les vitraux colorés de la verrière qui constitue le plafond du salon.
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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede marie1988 le Mar 18 Oct 2016 13:30:01

Marie avant de parvenir au restaurant prit son temps, flânant devant les devantures de magasins, ce qui lui permettait de voir si quelqu'un la suivait. Ou d'un seul coup, comme l'aurait fait une écervelée, se retournait avec un air ahurit, l'air de quelqu’un qui vient de se rappeler quelque chose d'important. Mais dont le seul but était de voir le comportement des personnes. Est ce que quelqu'un allait trouer la tête pour ne pas être vu, allait faire demi-tout ? Cela permettait à Marie de déceler la majeure partie des tentatives de filatures classiques.

Elle entra dans un magasin de vêtement, prit un peu de temps à fouiller, voir ce qui pourrait lui faire plaisir, puis subrepticement sortit par la porte de derrière sans se faire remarquer. C'était donc après ces différentes pérégrinations qu'elle arriva devant la devanture du salon de thé situé rue de Rivoli.

En entrant elle fit un signe de tête aux deux femmes, intégrant le signe convenue pour indiquer que tout était clean, qu'elle n'avait pas été suivit. Elle passa la lourde tenture de velours et s'approcha de son maître.

Elle mesurait environ 1,70m et devait peser pas loin de 58kg. Elle n’était pas du tout dans les standards de l'époque, plutôt élancée, svelte présentant des caractéristiques d'une gymnaste, ou d'une danseuse, plutôt que d'une femme de la société. Ses mains étaient fines, avec de longs doigts rarement couverts de vernis et toujours impeccables. Ses ongles ne n'étaient pas longs. Elle était vêtu d'une robe, avec des chaussures adaptées à son environnement, mais toujours saillantes. Elle avait un adorable visage ovale, avec une fossette sur chacune de ses joues lorsqu'elle souriait. Un petit nez à la retrousse exquis, deux grands yeux bleu, ou les hommes se noyaient. de longs cils blonds, tout comme ses cheveux blonds tirant vers le roux, toujours peignés avec soins et goût, adoptant la coiffure du moment


Image


Arrivée devant le maître, elle s'assit sans attendre l'invitation puis se permis de parler

[Marie] - Vous me cherchiez ?
Dernière édition par marie1988 le Jeu 20 Oct 2016 16:38:55, édité 1 fois.
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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede Astro Buck le Mar 18 Oct 2016 14:42:30

[LE MAITRE] – Qui ne vous cherche pas aujourd’hui ? Avez-vous oublié que c’est votre anniversaire ?

Il se lève et écarte avec délicatesse une mèche de cheveux blonds pour poser un baiser presque paternel sur le front de Marie. Avant de se rassoir, jetant un coup d’œil soupçonneux en direction de la tenture, il dit d’une voix exagérément sonore :

[LE MAITRE] – BON ANNIVERSAIRE MA TENDRE EPOUSE !

L’homme soulève le journal qui recouvrait la table, laissant apparaître un coffret en bois laqué, orné de ferrures dorées, au couvercle peint. La peinture représente une scène champêtre : une clairière boisée au bord de l’eau et un enfant courant après des canards sauvages qui, affolés, prennent leur envol. Les yeux du Maître étincellent et sa moustache se hausse légèrement tandis qu’un sourire doucement ironique incurve la commissure de ses lèvres.

[LE MAITRE] – Je ne me suis pas trompé de jour, j'espère ? Voyons, quel jour sommes-nous ? Oh, mais peu importe ! Ha Ha Ha ! L’avantage de ne pas connaître sa date de naissance, c’est que chaque jour est potentiellement votre anniversaire. C’est encore mieux que l’un-birthday, ce concept du non-anniversaire de Lewis Carroll, qui ne se souhaite que 364 fois par an.

L’homme pose les mains de chaque côté du coffret et de ses deux pouces soulève le couvercle. A l’intérieur, une douzaine de confiseries, enveloppées dans du papier rouge et brillant, sont rangées dans des compartiments.

[LE MAITRE] – Prenez et mangez donc un de ces merveilleux chocolats, ma chère Marie.
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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede marie1988 le Mar 18 Oct 2016 20:11:02

Le visage de Marie se fendit d'un superbe sourire, qui fit apparaître ses petites quenottes et fit ressortir ses deux fossettes. Elle prit le maître à bras le corps, appliquant une étreinte qu'elle voulait amicale, fraternelle, paternelle, elle ne savait pas, mais cela lui fit chaud au coeur et elle voulait l'exprimer, le faire savoir. Elle prit quand même toutes les précautions possibles pour ne pas que le coffret remplit des friandises finisse par terre. Des prémices de larmes apparurent au coin de ses yeux

[Marie] -Comment vous remercier mon cher époux, vous me faîtes un plaisir immense et si inattendu. Je ne m'y étais pas préparé

Profitant que les rôles soient ainsi défini, elle se hissa sur la pointe des pieds et apposa un tendre baisé sur les lèvres de son époux.
Contente de la tournure de la situation, mais pouvant toujours se retrancher derrière les rôles de mari et femme pour faire plus vrai, elle lui sourit de nouveau et s'empressa de prendre une des friandises


[Marie] - Harchie

dit elle la bouche pleine
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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede Astro Buck le Mer 19 Oct 2016 19:59:45

L'homme, d'un air amusé, regarde Marie déguster le bonbon au chocolat. Il prend le papier rouge dans lequel celui-ci avait été enveloppé et que la jeune femme a dû ouvrir pour en extraire la friandise. Il déplie soigneusement le papier, l'appuie sur la table et le lisse soigneusement du plat de sa paume. Ce travail fini, l'homme attrape le carré par un angle et le hisse à hauteur de visage pour l'exhiber à Marie.

[LE MAITRE] - Regardez-bien.

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[LE MAITRE] - Ces délices sont l'œuvre du grand pâtissier-chocolatier Bourbonneux. Leur emballage nous est précieux. Quand vous aurez fini de les manger, conservez chaque papier.

Il pose ses coudes sur la table et forme avec ses mains un triangle approximatif, les traits de son visage tendus par la concentration.

[LE MAITRE] - La mission que je vais vous confier est très délicate. Elle comporte plusieurs objectifs. Je vais faire appel à vos talents de pâtissière. Vous devrez notamment recréer autant que possible à l'identique ces savoureux chocolats, en les agrémentant d'un de ces ingrédients dont vous avez le secret.

L'homme plante ses yeux, chargés de sous-entendus, dans ceux de Marie. Puis il extrait de sa poche un trousseau de clefs qu'il lui tend.

[LE MAITRE] - Pendant la durée de cette mission, vous logerez dans un appartement charmant situé au 237 Boulevard Voltaire. Vous trouverez à l'intérieur tout le matériel dont vous aurez besoin. Sur le lit vous trouverez aussi une boîte contenant des effets acquis au Bon Marché : un manteau gris et un chapeau à plumes. Vous devrez porter cet accoutrement chaque fois que vous sortirez, pendant toute la durée de la mission. Tâchez de paraître euh... disons considérablement moins mince. Usez pour cela de quelque artifice de votre invention, car je ne crois pas que manger tous ces chocolats y suffira. Donnez à votre visage un air bouffi, je fais confiance en votre science du maquillage. Mais... j'allais oublier mon second cadeau. N'allez pas dire après cela que vous n'êtes pas une épouse comblée.

L'homme se penche et attrape quelque chose sous la table, puis d'un geste énergique le brandit triomphalement :

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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede marie1988 le Jeu 20 Oct 2016 00:28:16

Les yeux pétillants de malice, Marie prit le bouquet et s'inclina avec déférence devant le maître. Puis s'étant relevée, elle huma le doux parfum des fleurs et exprima son contentement en expirant par la bouche dans un sentiment d'allégresse.

[Marie] - Merci encore une nouvelle fois.
Qui seront les dindons de la farce ? Vous moquez d'eux, ou d'elles de la sorte, voilà qui est fort vilain.

Elle se prit à imiter une femme d'un volume complètement différent du sien, adoptant une démarche lourde que seul des personnes souffrant de surpoids sont contraints d'utiliser. Elle en vin même à simuler des douleurs au niveau des chevilles l'incitant à une légère claudication côté droit.

[Marei] - souhaitez vous également que j'adopte un parlé mélangeant un fort accent hispanique, ou anglais ? Histoire de parfaire le tableau ! Avez vous également une photo de la dame que vous souhaitez que je devienne, ou dois je improviser ?
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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede Astro Buck le Jeu 20 Oct 2016 15:21:02

Affectant un air admiratif, l'homme applaudit et acclame Marie.

[LE MAÎTRE] - C'est troublant, vous lui ressemblez déjà. Vous êtes son sosie... lorsqu'elle avait vingt kilos et dix ans de moins. J'ai en effet ici quelques photos et dessins qui vous aideront à travailler votre apparence.

De la poche de son veston, le maître extrait divers documents qu'il étale sur la table devant Marie.

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[LE MAÎTRE] - Quant à la manière de parler, nul besoin d'accent étranger. Mademoiselle B est manutentionnaire, employée de magasin. Elle fait aussi des extras au cabaret du Bal Tabarin. Ce n'est pas une pauvrette pour autant : elle jouit d'une situation financière relativement confortable et, en dehors de ses heures de travail, se donne des airs de grande bourgeoise.

L'homme se lève et s'absorbe un instant dans la contemplation du triptyque de Niermans, un panneau de céramique peinte représentant une famille d'aristocrates habillés à la mode du XVIIème siècle occupés à déjeuner en plein air, dans le parc de leur château. Monté sur une chaise, un petit roquet, peut-être un Ratier de Prague, dans une posture aussi fière que ridicule regarde la servante debout, un lourd cruchon dans les bras, qui attend patiemment que ces messieurs et ces dames daignent lui demander de les servir.

[LE MAÎTRE] - J'ai la peinture en horreur. Le décorum de ce salon me donne la nausée.

Pivotant brutalement sur ses talons, il fait face à Marie.

[LE MAÎTRE] - Vous semblez apprécier le bouquet de fleurs que je vous ai offert, mais il n'est pas pour vous. Tant mieux ! Ainsi vous pourrez jouir de leur beauté, sans avoir le déplaisir de les voir se faner. Vous voyez ce petit vaporisateur de cristal relié au bouquet par un ruban ? Il contient un poison léger. Ce soir même, vous irez à l'Opéra Garnier assister à une répétition publique de je ne sais quelle cacophonie teutonique. Ces foutus boches, on les a bien assez entendu en 1870. Débrouillez-vous pour que le ténor Ernest Van Dyck vous reçoive dans sa loge. Il n'a jamais vu encore Mademoiselle B, donc il ne vous sera pas difficile de vous faire passer pour elle. Par contre, elle lui a été chaudement recommandée comme étant celle qui l'aiderait à se débarrasser de son rival, un autre ténor, prénommé Jules, plus jeune, qui a tendance à lui voler tous les premiers rôles. Vous devrez le convaincre de prendre ce bouquet et de l'asperger lui-même avec le poison. Van Dyck devra aller dans la loge de son rival et lui remettre lui-même ce bouquet en prétendant qu'il lui a été livré par erreur et qu'il était en fait destiné à Jules. J'insiste sur ce point : il est absolument nécessaire que Van Dyck s'implique, se mouille jusqu'au cou dans cette affaire. Votre rôle, ma chère Marie, se borne à lui remettre une arme, mais à lui de l'utiliser et de commettre le crime.

Les yeux du maître s'enflamment tout-à-coup d'une lueur inquiétante tandis que son cou s'empourpre. Du plat de la main, rageusement, il frappe le journal étendu sur la table en s'écriant :

[LE MAÎTRE] - ET SURTOUT NE FINISSEZ PAS COMME CET IDIOT !

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Aussi passagère que l'orage d'un crépuscule d'été, la colère du maître s'évanouit. Les traits de son visage se détendent, laissant place à un calme parfait. D'une voix douce, il poursuit :

[LE MAÎTRE] - Ne prenez pas cette mission à la légère. Ce qui n'est en apparence qu'une banale histoire de rivalité entre chanteurs d'opérette a en vérité la portée d'un enjeu national. Je dis cela pour stimuler votre fibre patriotique. En effet, ce sont les intérêts de la France qui sont en jeu, ses intérêts économiques en l’occurrence. Leimistin Broussan, codirecteur de l'Opéra de Paris, a été décoré Commandeur de l'Ordre de Léopold, par le roi Léopold II en personne. En quel honneur me direz-vous ? Parce qu'il a accepté de faire cadeau de son étoile montante, le ténor Jules, à Hammerstein, fondateur d'un opéra à Manhattan. Il se trouve que cet Hammerstein doit sa richesse à ses manufactures de cigares. Le ténor Jules constitue ainsi une monnaie d'échange pour négocier avec Hammerstein un contrat dans lequel il s'engage à acheter le tabac que la Belgique produit dans sa colonie du Congo. Or la France veut obtenir ce marché pour écouler son propre tabac, qu'elle produit quant à elle au Maroc. Toutefois, l’implication de la France dans euh... disons les infortunes du ténor Jules ne devra jamais être révélée, car il faut sauvegarder nos bonnes relations avec la Belgique qui fournit la France en houille et lui achète son vin. Je vous explique tout cela de façon très schématique et simpliste, mais je pense que vous en savez plus qu'assez pour comprendre l'intérêt crucial de cette mission. Vous me ferez un rapport de mission par téléphone, puisque votre appartement a le privilège d'en être équipé. Des questions ?
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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede marie1988 le Jeu 20 Oct 2016 17:44:13

Marie réfléchie rapidement, établissement les connections et interconnections possibles entre les différents individus et en intégrant à l'équation les relations diplomatiques

[Marie] - Oui j'ai plusieurs questions d'ordre technique
La première est que nous parlons bien de Leopold II, roi des belges ? Si tel est le cas, pensez vous qu'il ai pu retourner M. Broussan afin de privilégier les intérêts économiques de la Belgique au détriment de la France ? pouvez vous être un peu plus précis ?

Je suppose qu'en ce qui concerne la personne qui aurait conseillé les services de Mademoiselle B à M. Ernest Van Dyck, nous savons qui elle, ou il est ? Afin que je ne commette pas d'impair. Il me faudrait un peu plus d'information sur cette personne !

Ensuite que savons nous sur Ernest Van Dyck ? Dois je connaître des détails importants, comme des bévues à ne pas commettre ? Y a t il un signe de reconnaissance, ou un objet spécifique à porter pour qu'il me reconnaisse et m'accepte ?

Enfin souhaitez vous que j'observe Mademoiselle B avant d'agir ? Je pourrait récolter bon nombre d'informations importantes ! Doit elle disparaître ? avec sa corpulence il serait tellement facile de rater une marche, ou de faire un arrêt cardiaque au vu de sa stature dirons nous imposante !

Marie regarda dans les yeux le maître attendant sa réponse
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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede Astro Buck le Ven 21 Oct 2016 00:45:21

L'homme se couvrit de son chapeau et attrapa sa canne, manifestant tous les signes d'un départ imminent. Il prit néanmoins le temps de répondre aux interrogations de Marie.

[LE MAÎTRE] - Oui, c’est bien de Léopold II, roi des Belges, dont je vous ai parlé. Mais ce vieillard impotent n’est rien de plus à présent qu’une marionnette entre les mains du chef du gouvernement belge, François Schollaert. C’est contre ce dernier, surtout, que se joue notre partie d’échecs.

Vous me demandez s’il privilégie les intérêts économiques de la Belgique au détriment de la France. Non, c’est plutôt le contraire en fait. Nous voulons les doubler sur ce contrat. Et nous avons toutes les chances d’y parvenir car notre tabac est meilleur, Hammerstein saura l’apprécier. Mais, plus que tout, ce fabriquant de cigares VEUT le ténor Jules et, s’il l’obtient, il achètera le mauvais tabac belge en dépit du bon sens. Quant à Broussan, ne vous en souciez pas, ce n’est qu’un pion. Par ailleurs, Jules ne pense qu’à sa carrière et n’a aucune conscience des enjeux politiques dont il est le vecteur, mais je dois vous préciser qu’il est lui-même belge et que, même sans l’aide de Broussan, il serait facilement acquis à la cause adverse.

Il ne vous sera d’aucune utilité de connaître l’identité des personnes qui ont glissé le nom de Mademoiselle B. à l’oreille de Van Dyck, car ces personnes sont, consciemment ou non, nos propres agents. Elles ont fait sur lui un excellent travail de suggestion, dans le seul but de favoriser votre propre intervention, Marie.

Au sujet de Van Dyck, je n’ai rien à vous dire, vous êtes assez habile pour apprendre par vous-mêmes ce que vous avez besoin de savoir. Sa jalousie est notre plus puissant levier pour le manipuler.

Ne vous préoccupez pas non plus de Mademoiselle B. Nous nous en sommes déjà occupés, si vous voyez ce que je veux dire. Dans son appartement vous trouverez un certain nombre de documents écrits de sa main. A vos moments perdus, prenez la plume et tâchez d’adapter votre poignet à sa calligraphie, cela nous sera utile.

L'homme s'inclina sèchement, avec une attitude corporelle qui trahissait des habitudes militaires, puis traversa la tenture de velours et disparut, laissant Marie seule dans le petit salon.
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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede marie1988 le Ven 21 Oct 2016 01:43:49

Marie écouta avec attention, salua le maître au moment de son départ. Puis commanda une tasse de thé, qu'elle dégusta avec patience. Elle récupéra la boîte avec les chocolats, la rangea dans son sac et prit le bouquet de fleurs. S'assura que ses empreintes ne trainait nulle part, elle effaça par le même occasion toutes celles du maître et essuya même la tasse et l’anse.

En sortant elle salua les deux dames, sortit du salon de thé et reprit ses habitudes, voir les vitrines et les reflets, traverser d'un seul coup la rue en courant, revenir en arrière inopinément, ...

Elle s'amusait comme une petite folle. Elle mit donc un petit peu de temps pour arriver à l'appartement de la dite Mademoiselle B, s'assurant que personne ne prêterait attention à elle. Elle ouvrit sans problème la porte de l'appartement avec ses gants blancs en soie doublée, puis une fois rentrée, la referma à clé. Elle s'assura que toutes les fenêtres étaient fermées et tira les rideaux afin de ne plus être visible depuis l'extérieur. Une fois tranquille, elle défit ses habits ne gardant que le stric minimum, sans pour autant ôter ses gants. Cela jurait, mais elle s'en moquait personne n'était là pour la voir.

Elle prit la photo de la dame et la glissa dans le coin supérieur du miroir présent dans la salle de bain. Etudia attentivement la posture, la physionomie de la dite dame avec intérêt, retourna dans la chambre et revint avec un sac rempli de différents ustensiles. Elle l'ouvrit en sortit du coton ouaté, ainsi qu'une mallette comprenant différents type de potiches lui permettant de modifier les contours de son visage. Tout d'abord, elle appliqua du coton dans sa bouche, entre ses gencives supérieures et inférieures et ses joues afin de rendre celles ci beaucoup plus potelées et arriver au volume idoine de celle de mademoiselle B. Vinrent ensuite les éléments de maquillages pour toutes les autres parties du corps, du visage, aux jambes, bras, mains, cou, sans oublier le torse, la poitrine, les fesses rebondies. Elle se devait de porter cela directement sur le corps et n'avait pas opté pour des doublures accrochées directement sur la robe, car en cas de mouvement cela n'aurait pas semblé naturel. Pour arriver à faire croire à une masse graisseuse aussi abondante, elle avait opté pour des baudruches remplies d'eau et ayant la couleur de la peau, ainsi que la texture granuleuse d'une femme atteinte de cellulite. Une fois assurée que les baudruches étaient accrochées comme il se devait, elle enfila les sous vêtements de Mademoiselle B, puis les habits de celle-ci.

Elle se tourna et retourna dans tous les sens, tentant de découvrir une anomalie, un élément dénotant par rapport à la photo. Rien ne semblait clocher et elle en fut contente. Heureusement car l'heure du rendez vous approchait. Elle s'entraina à parler avec le coton dans la bouche, s'assurant que cela ne générait en rien sa diction et sa compréhension de la part de ses interlocuteurs. Puis sortit une petite trousse contenant son nécessaire à maquillage et en sortit quelques aiguilles, qu'elle inséra dans le chapeau qu'elle devrait porter, accessible facilement si le besoin s'en faisait sentir


Elle récupéra le billet pour aller à la représentation à l'opéra Garnier, prit un sac contenant le bouquet et quelques affaires, rien qui puisse paraître inapproprié, ou qui puisse lui valoir des problèmes, puis quitta l'appartement en laissant un rideau sur deux ouvert. Sa sortie se fit d'un pas lent, montrant une certaine claudication et raideur dans la jambe droite. Elle imposa une position à sa jambe à tel point qu'elle ressentie effectivement la douleur poindre dans sa jambe, ainsi si quelqu'un avait un doute, il ne pourrait la surprendre en flagrant-délit de mensonge, le douleur serait bien présente. La marche de l'appartement jusqu'à l'opéra fut un véritable calvaire, mais rein de tel que cela pour vous préparer mentalement à rentrer dans la peau du personnage. Elle s'appelait Mademoiselle B, et récita dans sa tête toutes les informations qu'elle savait sur elle

Arrivé devant l'opéra Garnier elle présenta son billet accéda à sa place. Peur de personne la regardait, ou ne semblait faire attention à elle en dehors de ceux qui se trouvaient assis à côté d'elle, sa corpulence agaçait quelque peu quand même. Elle regarda le premier acte de l'opéra, jusqu'à l'entracte, ou elle s'éclipsa et se rendit du côté des coulisses pour voir le ténor Ernest Van Dyck, dont elle prétendit être follement amoureuse aux gardien posté à l'entrée des coulisses


[Marie] - Mais je vous assure il m'attends, il me l'a promis. Dite lui que je suis une de ses grandes admiratrices, je suis mademoiselle B, il saura me reconnaître.
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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede Astro Buck le Sam 22 Oct 2016 15:40:02

A moins d’escalader la scène, action qui aurait été pour le moins indiscrète, la seule manière d’accéder aux coulisses est de ressortir du majestueux édifice, d’en faire le tour par la rue Halévy et d’y rentrer par la rue Glück. Là, dans la Cour de l'Administration, au sommet d'un petit escalier, se trouve l’entrée des artistes, surveillée par un homme d’une quarantaine d’années. Sa forte carrure est engoncée dans une tenue de majordome dont les boutons menacent de sauter et d’où dépassent des paluches épaisses et abîmées trahissant des habitudes d’homme laborieux.

[CONCIERGE] – Je ne connais pas de Mademoiselle B. Et Monsieur Van Dyck ne m’a pas prévenu de votre arrivée. Mais vous êtes si belle et élégante que je suis bien obligé de vous croire. Veuillez me suivre, je vais vous conduire jusqu’à lui.

Le concierge laisse entrer Marie et la précède dans le long corridor des loges. Ils passent devant trois portes ouvertes sur le mur de droite et, arrivés à une quatrième, l’homme s’arrête.

[CONCIERGE] – Nous voilà à l’entrée des Loges des Premiers Chanteurs. Attendez-moi un instant, je vais voir si Monsieur Van Dyck est là et s’il est disposé à vous recevoir.

L’attente de Marie est très brève, le concierge revient bientôt et lui ouvre la porte, l’invitant à entrer d’un geste éloquent, accompagné d’un clin d’œil canaille. La jeune femme est introduite dans un vestibule pourvu d’un porte-manteau et de casiers en bois. Le vestibule ouvre sur les loges d’artistes, compartimentées par d'épais panneaux de bois. Ernest Van Dyck se tient là, toujours en tenue de scène, debout devant Marie, l’observant silencieusement, d’un air à la fois curieux et inquiet.

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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede marie1988 le Sam 22 Oct 2016 18:59:03

Marie attendit que la porte fut fermée. Elle en fut certaine lorsqu'elle entendit la clenche de la serrure claquer. Elle donna un tour de verrou et avec un air affable et engageant s'approcha de deux pas de Van Dyck. Puis s'assure d'être seule avec le ténor avant de prendre la parole

(Marie] - Bonsoir Monsieur Van Dyck, ne vous inquiétez pas je viens sur les recommandations d'amis communs ! Il semble que vous soyez confronté à un léger inconvénient ...

Elle étudia le visage de Van Dyck afin de se faire une idée plus précise de qui il était et de ce qui le motivait.

... et moi je suis là pour résoudre ce type de problème, supprimer les petits tracas de la vie, les petits soucis

Tout en prononçant ces derniers propos elle fit un geste de passer passer sa main en travers de son cou d'un côté à l'autre, tout en lui adressant un sourire de connivence

[MArie] - Souhaitez vous que nous abordions le sujet maintenant, ou plus tard ? je me doute que votre emploi du temps doit être plutôt chargé, tout comme le mien. Alors souhaitez vous m'expliquer ce qui vous tracasse ! J'ai déjà eu une explication, mais afin de mieux comprendre et ne rien laisser au hasard j'ai besoin que vous m’expliquiez ce que vous attendez de moi et quel tracas doit être circoncit ![/i]
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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede Astro Buck le Dim 23 Oct 2016 15:03:15

Le ténor danse d'un pied sur l'autre, se tord les mains nerveusement, avant de murmurer dans un souffle rauque :

[VAN DYCK] - Oui, je sais qui vous êtes. Suivez-moi.

La loge de Van Dyck est relativement luxueuse, ce qui témoigne de sa notoriété. Le ténor a de toute évidence une belle carrière derrière lui : sur les murs sont accrochés des portraits de lui dans divers rôles, ainsi que des certificats de distinctions honorifiques, des articles de journaux élogieux... Bien qu'à l'approche de la cinquantaine, Van Dyck a sans doute encore de beaux jours devant lui. Il ferme la porte derrière Marie après avoir regardé plusieurs fois à droite et à gauche dans le couloir. Le mobilier de la loge se constitue d'une psyché, d'un divan, d'une table de toilette et d'armoires. Van Dyck se laisse choir sur le divan et essuie du poignet son front qui perle de sueur. Ses yeux mobiles évitent le regard de Marie quand il parle.

[VAN DYCK] - Ah, quelle injustice ! C'est moi qui ai triomphé dans Tannhäuser en Juillet dernier ! Moi ! Mon père est mort peu après, au mois d'Août. Alors, en fils aimant et digne, je me suis absenté de l'Opéra quelque temps. Quand je suis revenu, je me suis rendu compte que ce satané Jules, ce vautour, ce bellâtre a manigancé pour prendre ma place. Ne faut-il pas être ignoble pour se saisir du deuil qui m'a affligé comme d'une opportunité pour usurper mes rôles ? Le rôle de Siegmund dans la Walkyrie de Wagner, Mr Messager me l'avait réservé ! Il était à moi. A MOI ! L'autre me la repris ! Et Lohengrin ? Pareil ! C'est pour lui aussi ! Lui qui serait à peine à la hauteur pour tenir la partition d'un choriste dans une opérette d'Offenbach, c'est à lui que Messager confie tout le répertoire wagnérien ? Vous l'avez entendu Mercredi, dans Faust ? Une horreur, inaudible, insupportable, la voix d'une chèvre qu'on égorge. C'est pourtant ce rôle qui lui a valu d'être connu. Je ne comprends pas comment. Enfin, je ne pense pas que ce soit par son talent, vous voyez ce que je veux dire. Alors si ce n'est plus le talent qui fait la différence, quelles armes me reste-t-il pour lutter ? Les vôtres peut-être... ?
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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede marie1988 le Dim 23 Oct 2016 16:38:47

Marie savait qu'elle devait jouer son rôle à la perfection, c'est ainsi qu'aux dernières paroles de Van Dyck, elle fit apparaître un sourire, oui, mais un sourire carnassier.

(Marie] - Je peux effectivement vous apporter mon concours en vous aidant dans la résolution de votre problème. Mais avant il va falloir négocier ma rétribution. Vous comprendrez que je ne fais rien gratuitement ! vous comprendrez également que mes services sont très chers, car très demandés. Le service étant assuré en toute discrétion, avec garantie de succès, ou remboursement intégral. Quand souhaitez vous que le problème, n'en soit plus un et quel prix êtes vous disposez à mettre ? Sachant que moins le prix est élevé, plus il me faudra de temps pour obtenir des informations sur la cible. Cela m'obligera à effectuer moi même les recherches de façon séquentielle, sans possibilité de les paralléliser. Ce qui soit dit entre nous engendreras une énorme perte de temps et une réalisation du travail retardé.
Alors je vous laisse commencer à fixer les termes du contrat !

Marie se met dans la peau du personnage s'imaginant être une veuve noire, ou une mante religieuse, faisant apparaître des idées noires de meurtres, de jubilations les plus perverses, de souffrances atroces. Devant faire apparaître Mademoiselle B comme froide, calculatrice, sinistre

(Marie] - Dernier point et non des moindre, si vous veniez à vous désister je me verrais contrainte de clore ce contrat à la satisfaction de votre problème, sans même qu'il n'en ai fait la demande. Comprenez vous avez vu mon visage, alors je me dois d'être prévoyante. Nous comprenons nous ?

Son air se fit grave, comme devait le comprendre son interlocuteur.
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Re: SC: LA TROIE ENGLOUTIE - Ch 1 : Prélude - Marie

Messagede Astro Buck le Dim 23 Oct 2016 22:07:39

Van Dyck roule des yeux ronds de bête traquée, sa grosse tête vacille sur ses épaules, on croirait qu'elle est sur le point de se séparer de son cou. Il se lève, grimaçant sous l'effort - cet homme a visiblement les reins endoloris - puis il ouvre une armoire dont il extirpe un flacon de liqueur et un petit verre en cristal. Le ténor se sert généreusement et vide son verre d'un trait. Tout en parlant, il tamponne nerveusement le tour de ses lèvres avec un mouchoir brodé.

[VAN DYCK] - Je n'aurais jamais dû vous laisser entrer, jamais. Mais le mal est fait. Je ne peux plus reculer, maintenant. Votre rétribution n'est pas un problème pour moi.

Du même placard dont il avait sorti le flacon d'alcool, il sort une boîte métallique qu'il tend à Marie d'une main tremblante.

[VAN DYCK] - Voilà, prenez tout. Mais je vous en prie, agissez rapidement. La représentation de la Walkyrie est programmée pour le 23 Septembre. Il est impératif que vous-savez-qui soit... euh... disons sévèrement indisposé d'ici là. Le reste vous regarde, quelque soit votre méthode. D'ailleurs, ça ne m'intéresse pas. Je ne veux rien savoir, surtout pas. Seuls les résultats m'importent. Et la discrétion, bien sûr. Dieu, si tout cela venait à se savoir... Ah, malheur que suis-je en train de faire ?
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