TRAINING - PounetBF

[Astro Buck]

Avant de répondre, le détective examine de nouveau Adélaïde des pieds à la tête. Un regard inconvenant, certes, mais nullement lubrique : seulement évaluateur. Il gratte nerveusement sa barbe naissante en plissant les yeux, puis déclare abruptement :

[ANDRÉ TÊTARD] – Deux cent francs. Deux cent francs par jour. D'habitude je fais payer la moitié d'avance, mais comme vous êtes la fille de ce bon Professeur Néfélus, je vous fais grâce de cette avance.

Lorsqu'Adélaïde formule sa question au sujet de l'ampoule qui a éclaté, le détective chasse l'air du bras et pousse un profond soupir.

[ANDRÉ TÊTARD] – Oh ça... Je ne sais pas si c'est un don ou une calamité ou une sorte d'ironie du sort. Comme je vous l'ai déjà dit, je parviens parfois à anticiper certains événements. Cela me vient comme des flashs, soudains et imprévisibles, qui portent parfois sur les choses les plus futiles. Comme cette ampoule, par exemple. Mais cela me permet parfois de l'exploiter à mon avantage dans des situations délicates.

Quant à trouver un refuge pour votre ami, qu'il vienne ici, simplement. Moyennant un petit supplément, je l'hébergerai et assurerai sa protection.

La suggestion d'Adélaïde concernant la bicyclette le fait sourire.

[ANDRÉ TÊTARD] – Oui, c'est sans doute le meilleur moyen de transport dans Paris, quoique fort périlleux avec tous ces chauffards. Mais un jour, dans une de ces visions impromptues, ou en rêves, je ne sais plus, je me suis vu enfourchant une bicyclette et tombant d'un pont. Vous allez sans doute me juger superstitieux, mais depuis je refuse catégoriquement de monter sur ces engins.

Et au sujet du revolver :


[ANDRÉ TÊTARD] – C'est une sage précaution. Attention toutefois aux contrôles policiers. Surtout si vous allez à l'Opéra...

Lorsque la jeune femme évoque son projet de participer au duel vêtue en infirmière, le détective opine du chef.


[ANDRÉ TÊTARD] – Ma foi, vous êtes d'un remarquable courage. C'est une bonne idée. Surtout si vous savez vous servir de ce joujou (il désigne le révolver) aussi bien que vous le dites. Les déguisements, c'est ma spécialité. Je crois avoir dans une malle une tenue de Fille de la charité de Saint-Vincent-de-Paul. Du moment que vous me demandez pas en quelles circonstances elle m'a servi, ni qui l'a portée, je veux bien vous la prêter.

[Adélaïde NEFELUS]

Adélaïde éclate de rire

[ADELAIDE] – Voyons monsieur Têtard, soyez raisonnable ! Cette somme est inconvenante, scandaleuse. C’est le salaire mensuel d’un professeur et vous voulez cela par jour ! Pas plus mon père que moi-même ne pouvons payer une somme aussi invraisemblable. Il serait dommage que lui et vous cessiez toute relation.

Par ailleurs vous me demandez un chiffre « par jour », ce qui implique une disponibilité totale. Dois-je en déduire que vous n’avez actuellement aucune autre affaire en cours ?

Il me parait bien plus raisonnable de parler de coût par heure. Dans un premier temps il faut régler cette histoire de duel, je peux vous donner 3 francs de l’heure pour la durée de celui-ci, du départ de au retour chez vous. Je rajoute 2 francs pour les costumes et grimages et 1 franc par nuit pour l’accueil de mon ami.

Cela vous convient-il ?

Son opinion sur André Têtard vient de considérablement chuter. Seul un charlatan sans scrupule oserait demander une somme pareille !


[hrp]Enregistrement N° : 53690[/hrp]

[Astro Buck]

Le détective semble surpris par l'éloquence d'Adélaïde. Au fur et à mesure qu'elle parle, il se tasse sur sa chaise, comme s'il était un clou et que chacun des mots de la jeune femme était un coup de marteau qui l'enfonçait peu à peu.

Enfin, il lève les bras dans un geste fataliste de reddition.

[ANDRÉ TÊTARD] – C'est bon ! C'est bon ! Vous avez gagné, je me rends ! Votre prix sera le mien, n'en parlons plus.

Il raccompagne Adélaïde vers la sortie de l'agence, croisant au passage le concierge qui leur jette un œil désapprobateur avant d'aller se cloîtrer dans sa loge. Dehors, le crépuscule estival tombe doucement sur la capitale.

[ANDRÉ TÊTARD] – Tâchez de vous reposer, Madame. Essayez de ne pas vous angoisser avec la pensée de ce qui nous attend demain à la Tour de Villebon, lisez un livre, buvez une camomille agrémentée d'une larme de Chartreuse, délassez-vous, et abandonnez-vous à un sommeil paisible. Je veillerai sur votre ami. Dès que vous me l'aurez envoyé.

[Adélaïde NEFELUS]

Adélaïde demande donc à André cette tenue de religieuse-infirmière et reprend un fiacre pour rejoindre Louis chez Nicole. S’il a suivit ses instructions et l’y a attendu voici ce qu’elle a prévu de lui dire.


[ADELAIDE] - Louis, je viens de prendre conseil auprès d’un détective que m’a recommandé mon père et voici ce que nous avons décidé.

- Comme votre domicile pourrait être sous surveillance il est préférable que vous ne rentriez pas chez vous ce soir. Je vais vous conduire chez lui et il vous hébergera pour la nuit. Je ne lui ai pas donné votre nom, je vous laisse décider si vous restez anonyme.

- Demain matin nous irons tous les 3 à ce duel. Comme il connaît mieux ce genre de situation et d’adversaire que vous il a prévu de se grimer pour jouer votre rôle. Vous serez son témoin. Je vous laisserai discuter les détails entre vous.

- je vous accompagnerai, vêtue en infirmière, avec ce qu’il faut pour assurer ma protection.


Si Louis ne s’y oppose pas elle va remercier chaleureusement Nicole et reprendre un fiacre avec Louis pour le conduire chez André. Là ils se mettront d’accord pour l’heure de rendez-vous pour le lendemain matin et elle rentera chez elle.

Avec l’aide de sa bonne Yvonne, elle vont s’assurer de la propreté de la tenue
* avec cette température cela sèchera cette nuit *
et y faire quelques discrètes modifications pour accéder facilement à son arme.

Le lendemain elle a l’intention d’être à l’heure au rendez vous chez André.

[Astro Buck]

Adélaïde prend ses dispositions pour la nuit. Louis, trop heureux de n'être pas livré seul à son triste sort, n'en finit plus de remercier la jeune femme pour son aide, tout en la priant incessamment de ne pas l'accompagner sur le lieu du duel. Mais ses prières sont-elles sincères ? Il connaît assez cette intrépide aventurière pour savoir que rien ne saurait la faire reculer.

La rencontre entre Louis et André est des plus froides, pour ne pas dire tendue. Au premier regard échangé, il est évident que ces deux hommes ne seront jamais les meilleurs amis du monde. Mais Louis n'a pas le choix, il doit composer avec la personnalité du détective, mettre son antipathie entre parenthèses est une question de survie. Et puis il fait confiance à Adélaïde.

Ce qui n'arrange pas les choses, néanmoins, c'est qu'André veut à tout prix persuader Louis de raser sa moustache, qui lui paraît trop distinctive. Tout ce qu'il arrive à obtenir, c'est un compromis : Louis ne portera plus la moustache à la gauloise, mais en guidon. Il accepte même de la désépaissir à l'extrême. En ajoutant à cela quelques accessoires : une paire de bésicles, un chapeau melon pour lui donner un air anglais, un manteau garni de chutes de tissu pour le grossir, des boules de coton callées à l'intérieur des joues pour arrondir son visage, il devrait être à peu près méconnaissable.

Le lendemain matin, après une nuit qui s'est passée sans incident, Adélaïde retrouve les deux hommes sur le pied de guerre, plus ou moins prêts à affronter leur destin. La métamorphose d'André est confondante : le détective est effectivement très doué pour se déguiser. Par contre, il ne fait pas illusion aux yeux de la jeune femme, parce que l'attitude corporelle, la gestuelle n'est pas au point. Savoir se déguiser et savoir interpréter le personnage en lequel on se déguise sont deux arts bien différents et qui possède l'un ne possède pas forcément l'autre !

Pour se rendre à la Tour de Villebon, située à une trentaine de kilomètres de l'Agence Têtard, plusieurs solutions se présentent : prendre un taxi auto ou hippomobile, ou bien le train. Pour cette dernière option, il faut prendre une ligne de la Compagnie du Chemin de fer d'Orléans. Le réseau de cette compagnie dispose à Paris de 3 gares. Celle qui propose des lignes à destination de Villebon-sur-Yvette est la Gare du Luxembourg, qui jouxte le Parc éponyme.

[Adélaïde NEFELUS]

La veille au soir ils se sont mis d’accord pour prendre le premier train du matin pour Villebon. Déguisement oblige, elle devra voyager en 3eme classe. Adélaïde, qui habite au Champ de Mars, doit se rendre directement à la gare du Luxembourg pour les y rejoindre. Passer par chez André, boulevard du temple, serait un gros détour.

Tôt le matin, dans sa tenue de religieuse infirmière, elle prend donc un fiacre qui devrait l’amener à l’heure prévue à la gare. Avec l'aide d'Yvonne elle a bandée serré son torse et épaissi sa taille pour changer sa silhouette. Elle a aussi noirci ses sourcil pour se donne l'apparence d'une brune, ses cheveux étant cachés par la cornette. elle est presque méconnaissable.
Le jour n'est pas encore levé et les réverbères éclairent médiocrement les rues peu fréquentées ou résonne le claquement des sabots.

Les 2 hommes seront-ils là ?

Elle a pris avec elle tout son matériel et en particulier la sacoche médicale qui lui sert pour ses études à la faculté de médecine. Telle un joueur de carte, elle a des atouts cachés dans ses manches...

[Astro Buck]

La Gare du Luxembourg est une gare souterraine dans laquelle on entre par la base d'un immeuble du Boulevard Saint-Michel, surtout identifiable grâce à son horloge de façade.

Louis et André sont au rendez-vous. Adélaïde a la surprise de constater que Louis est déguisé en... lui-même. Au grand dam du détective qui lance à Adélaïde un regard à la fois excédé et désolé.

A l'odeur qui imprègne ses vêtements et d'après son haleine, la jeune femme comprend aussitôt que Louis a fumé de l'opium, combiné avec quelques verres d'alcool pour se donner du courage. Ce cocktail a un effet désastreux, car voilà ce jeune homme d'un naturel angoissé animé d'une audace héroïque.

[LOUIS] - Ah ! Vous voilà chère amie ! J'ai décidé d'avancer à visage découvert sur le champ de bataille ! Car non je n'ai pas peur de l'ennemi ! Et lorsque je darderai sur lui mon regard impitoyable, il tremblera et implorera mon pardon !

Après s'être munis de titres de transport, ils se mettent en peine de trouver un compartiment libre. La locomotive crache quelques nuages de vapeur noire, au parfum inégalable de houille, évoquant un peu celui des marrons grillés, puis dans un sifflement le train s'ébranle lentement.

Parvenus au niveau d'un compartiment où ne restent que deux places de libre, le détective laisse obligeamment Adélaïde et Louis s'y installer, tandis qu'il s'assoit non loin, dans un autre compartiment, simplement séparé du premier par une demie-cloison en bois.

[Adélaïde NEFELUS]

* Cette fois il a vraiment exagéré !*

A peine installée, Adélaïde admoneste Louis à demi voix, pour ne pas être entendue des autres voyageurs

[ADELAIDE] – Louis, ce que vous faites est inacceptable ! Non seulement vous faite fi de mes efforts et du temps passé avec M. Têtard pour assurer votre protection mais en plus vous vous réfugiez dans des pseudo-paradis artificiels.
Essayez simplement de traverser d’un bout à l’autre ce wagon trépidant, sans vous accrocher et sans tomber ! Dans votre état il suffira de vous souffler dessus pour vous faire tomber. Pas même besoin d’arme de duel.

Vous êtes sensé assurer ma protection, votre premier devoir est de rester en état de le faire et vous ne trouvez rien de mieux que de vous lancer dans un duel perdu d’avance.

Votre attitude est inqualifiable et d’une bêtise sans nom.

J’ai bien envie de descendre à la prochaine gare et de rentrer à Paris, en vous rayant définitivement de la liste de mes connaissances.

Allez donc échanger votre place avec celle M. Têtard, je dois discuter avec lui.

[Astro Buck]

Accablé de reproches par Adélaïde, Louis baisse honteusement les yeux. Il ouvre à deux reprises la bouche, sur le point de prononcer quelques mots de protestation, mais il ravale ses mots et préfère judicieusement rester silencieux.

Alors qu'il s'apprête à se lever pour obéir docilement à la demande d'Adélaïde, l'arrivée du Chef de Train le contraint de demeurer assis.

[CHEFE DE TRAIN] - Contrôle des billets, m'sieurs dames !

Le contrôleur passe d'abord par le compartiment d'André Têtard. Dès que son billet a été oblitéré, celui-ci se lève en adressant un signe de connivence à Adélaïde, portant son pouce à sa bouche pour lui signifier qu'il va chercher à boire. Puis il remonte le couloir du train dans la direction opposée, certainement vers le wagon-bar.

Une fois que le Chef de Train a terminé de contrôler tous les passagers, Louis prend un air résolu et murmure à Adélaïde :

[LOUIS] - Jamais je ne me pardonnerai de vous avoir entraîné dans cette aventure. Laissez-moi me rattraper. J'irai seul à Villebon. Faites ce que vous m'avez dit : descendez à la prochaine gare. Ce n'est pas à vous qu'il incombe de prendre tous ces risques, mais à ce crétin de détective : c'est pour ça qu'on le paie.

[Adélaïde NEFELUS]

Adélaïde réfléchit un moment.

* ce train avec tous ces arrêts est très lent, peut-être qu'un taxi automobile nous permettrait de le précéder...
Je ne peux pas laisser Louis seul, il se ferais tuer

[ADELAIDE, sèchement ] - Allez donc vous assoir à la place d'André, comme je vous l'ai déjà demandé! Je dois voir avec lui.

Et dès qu'il sera de retour elle lui présentera leurs idées et demandera son avis

[Astro Buck]

Effectivement, les arrêts sont assez fréquents sur cette ligne : cela fait guère plus d'une demi-heure que le train a franchi la Porte de Saint-Cloud et il a déjà fait halte à la station d'Issy-les-Moulineaux, puis à celle de Clamart en lisière du Bois de Meudon, et le voilà qui ralentit une fois encore à l'approche de Sceaux où monteront et descendront une autre fournée de voyageurs.

Ensuite, ce sera la gare d'Antony, celle de Massy, puis celle de Palaiseau et enfin Villebon-sur-Yvette.

A contrecœur, mais sans doute aussi un peu soulagé de pouvoir ainsi s'éloigner des foudres d'Adélaïde, Louis se lève pour gagner la place d'André.

Le détective, quant à lui, se fait désirer. Par des signes éloquents, depuis sa place, Louis fait comprendre à Adélaïde que selon lui, André est certainement occupé à s'imbiber au wagon-bar. Il accompagne sa gestuelle d'une moue pleine de mépris. C'est l'hôpital qui se fout de la charité !

Lorsque le train entre en gare de Sceaux, le détective n'est toujours pas de retour.

[Adélaïde NEFELUS]

Pour Adélaïde il n’est pas question d’abandonner Louis dans l’inconnu, donc elle va rester assise et veiller à ce que la place à côté d’elle reste libre. Si rien de particulier ne se passe dans la gare, peu après que le train soit reparti elle ira à la recherche d’André. Elle doute que celui-ci soit simplement parti boire, il est plutôt lancé dans une activité liée à leur opération, un grimage peut être.
Elle fait signe à Louis de rester assis et d’attendre.

[Astro Buck]

Le train poursuit son petit bonhomme de chemin. Le temps passe et les gares se succèdent :

Arrêt à la station de Sceaux... André Têtard n'en finit pas de se faire attendre.

Arrêt à la station de Massy... Pas d'André Têtard en vue.

Station de Palaiseau... TOUJOURS pas d'André Têtard.

[CHEF DE TRAIN] - Villebon-sur-Yvette, station TERMINUS, tout le monde descend !

Dans un dernier sifflement, la locomotive crache un ultime nuage de vapeur noire et le monstre de fer s'endort, tandis que ses flancs vomissent sur le quais des foules de voyageurs. Parmi eux : Adélaïde et Louis, qui la suit tête baissée, avec un air de chien battu.

Le trajet depuis Paris aura duré un peu plus d'une heure et demie.

Le quai se vide. Louis s'agenouille au bord du rail et, plié en deux, vomit trippes et boyaux dans un immonde gargouillis guttural. Ceci fait, de son mouchoir brodé, il se tamponne les lèvres d'un geste précieux qui contraste de façon comique avec cette manifestation émétique.

Sur les quais déserts, un vent léger soulève la fine couche de particules de houille qui saupoudre le ballast. Il va bien falloir se faire une raison : André Têtard a disparu.

[Adélaïde NEFELUS]

[hrp]J'en deduis qu'après Sceau quand Adèlaïde est parti à la recherche d'André dans le train elle ne l'a pas trouvé ?[/hrp]

[Astro Buck]

[hrp]Oh bon sang, je suis vraiment à la ramasse en ce moment, désolé. Le retour au taf a vraiment des conséquences catastrophiques sur mon cerveau... J'avais mal lu ton post : je croyais qu'Adélaïde restait assise... Donc oui, effectivement, pas de trace du détective à bord.

Si au terme de cette recherche infructueuse, tu avais prévu une action quelconque avant d'arriver au Terminus, dis-le moi et j'édite mon post pour te permettre de la réaliser.[/hrp]