TRAINING - PounetBF

[Adélaïde NEFELUS]

* Ce Louis, quel grand enfant ! Comme s’il n’avait pas assez d’ennuis, il a réussi à se mettre les apaches à dos *

Très probablement les apaches ne savent pas qui elle est, elle doit protéger son identité. Il lui faut donc échapper à une éventuelle filature avant de rentrer chez elle.

Dès que Louis l’a quittée elle va demander au cocher de la conduire à l’adresse de Louise, sa couturière, qui occupe le premier étage d’un immeuble Haussmannien des grands boulevards. Celle-ci, une ancienne de la maison Doucet, l’habille depuis son adolescence. C’est elle qui lui fournit ses vêtements de style masculin.

Voici ce qu’elle prévoit de faire :
- Marie, une des assistantes de Louise, a des mensurations similaires (ce qui simplifie considérablement les essayages). Avec sa robe et son chapeau elle passera facilement pour Adélaïde aux yeux d’un éventuel suiveur.
- Adélaïde va donc lui laisser sa tenue et va l’envoyer passer 2 heures aux Galeries Lafayette puis revenir reprendre sa tenue et son poste.
- Adélaïde surveillera la rue, à la recherche d’un mouvement suspect, quand Marie va sortir.
- dès que c’est fait Adélaïde va sortir par la porte de service, à l'arriere de l'immeuble (Louise lui ayant fourni une tenue passe-partout) et va rentrer chez elle en utilisant les transports en communs, en en changeant plusieurs fois au dernier moment.

Elle espère que son père soit présent, elle a plusieurs questions pour lui.

[Astro Buck]

Adélaïde parvient à mettre en place son astucieux stratagème sans éveiller les soupçons de la couturière et de son assistante, habituées aux caprices et excentricités de leurs clientes.

Elle s'attable à un café du boulevard Haussmann depuis lequel elle a une vue imprenable sur la façade des Galeries Lafayettes :

Les tasses de thé et les biscuits se succèdent sur la table d'Adélaïde, mais dans la rue, rien de suspect ne lui apparaît. Et lorsque Marie ressort enfin, il ne lui semble pas qu'elle soit suivie.

Poursuivant ses projets, elle se rend chez elle suivant un itinéraire tortueux qui eût semé le grand Vidocq lui-même s'il l'avait prise en filature.

Mais elle apprend que son père est à la Sorbonne, où il assure ponctuellement des cours à titre de professeur honoraire et passe parfois des nuits entières dans ses recherches laborantines.

Si Adélaïde veut le voir de toute urgence, il serait sans doute plus avisé qu'elle se rende à la Faculté des Sciences. Car, au désespoir du personnel de maison, qui ne sait jamais si et quand le dîner doit être préparé, elle ne peut pas être certaine qu'il ne rentrera pas avant fort tard dans la nuit.

[Adélaïde NEFELUS]

Adélaïde fait envoyer un message à son père pour lui dire qu’elle va le rejoindre à la faculté, et un à Louis pour qu’il l’attende sagement.

Elle va retirer ce corset asphyxiant, prendre un bain et revêtir une tenue plus pratique, la jupe culotte qui lui permet de faire de la bicyclette. Une idée qu’elle a partagé avec M. Poiret.
La poche de celle-ci a été aménagée pour servir d’étui à son revolver favori. On ne sait jamais avec ces apaches.

Elle téléphone à Madeline, sa vielle nourrice qui a remplacé sa mère morte quand elle avait 1 an, pour s’assurer qu’elle va bien malgré la chaleur. Elle le fait régulièrement.

Puis elle prend un fiacre pour aller à la faculté rejoindre son père.

[Astro Buck]

Le domicile du professeur Nefelus se trouve dans une de ces grandes voies qui rayonnent depuis l'Arc-de-Triomphe : l'Avenue de Wagram. Pour rallier la Sorbonne il faut traverser Paris de la rive gauche à la rive droite.

Le fiacre zigzague entre les automobiles, charrettes, bicyclettes, omnibus, dont le flux chaotique épargne miraculeusement les piétons qui essaient de survivre en rasant les murs et en se protégeant dès que possible derrière les becs de gaz ou - dans les rues les plus riches les réverbères électriques.

Au bout d'une quarantaine de minutes, tandis que le soleil de fin d'après midi descend doucement sur les hauts toits de la capitale, Adélaïde parvient devant le bâtiment de la Sorbonne :

Après avoir réglé sa course, Adélaïde descend, rue des Ecoles, où se trouve la façade principale. Le concierge, qui la connaît de vue, la salue d'un signe de tête sans quitter des yeux son journal.

La jeune femme traverse le grand vestibule, avec sa rangée de bustes illustres, orné par le tableau de Julian Russel intitulé "La Vaccination" :

Adélaïde jette un œil dans le Grand Amphithéâtre, commun à toutes les Facultés, où peuvent se tenir 3000 auditeurs. Mais ses gradins sont entièrement vides et il y règne un profond silence :

A droite et à gauche de l'accès central du vestibule se développent deux escaliers monumentaux conduisant au péristyle, sur lequel s'ouvrent les salons et salles de l'Université.

A gauche du bloc formé par le grand amphithéâtre, un large couloir conduit aux services de la faculté des sciences, dont les fenêtres donnent sur la rue Saint-Jacques. Là se trouvent les laboratoires de chimie, physique, physiologie, zoologie, botanique, mécanique, géologie, minéralogie.

Le professeur Hégésippe Nefelus a plus d'une corde à son arc et pourrait être à sa place dans plusieurs de ces laboratoires, à l'exception de ceux qui portent sur le vivant, un objet d'étude qu'il a toujours négligé.

Ouvrant à tout hasard la porte du laboratoire de physique, Adélaïde le trouve vide, lui aussi :

C'est finalement dans la salle de chauffe du laboratoire de chimie minérale qu'elle trouve son père, qui s'active derrières les fours, assisté d'une poignée d'étudiants.

Comme toujours, enfermé dans sa bulle hermétique de chercheur, le vieux professeur ne remarque même pas l'apparition de sa propre fille. Les étudiants, par contre, l'ont remarquée. L'un d'eux, fasciné par cette charmante apparition en jupe-culotte, pousse tout à coup un hurlement en soufflant sur ses doigts. Il s'est gravement brûlé. Non sans l'avoir admonesté vertement pour sa maladresse, Hégésippe l'envoie à l'infirmerie et ordonne l'arrêt des travaux.

C'est alors qu'enfin, il découvre la présence d'Adélaïde.

[NEFELUS] - Ah ! Ma chère fille ! Vous venez vous initier aux arts de la fusion des métaux ?

[Adélaïde NEFELUS]

[ADELAIDE] - Bonsoir père. Non, la fusion des métaux devra attendre. J’ai besoin de vous parler en privé.

Et dès qu’ils seront seuls elle reprendra:

[ADELAIDE] - je sais que vous allez encore exprimer votre mécontentement, mais cela concerne Louis Duclos. Ce grand enfant a réussi à se mettre à dos un groupe d’apache dont certains “aurait des relations avec la haute”. J'ai pu obtenir quelques informations à leur sujet. Connaitriez-vous à la préfecture de police quelqu’un qui pourrait exploiter rapidement ces informations ?


Par ailleurs, à la faculté de médecine nous avons abordé l’anatomie et je trouve intéressant le concept d’anatomie comparative. Cela pourrait me servir en anthropologie. Cuvier étant le père de l’anatomie comparative, il y a surement des choses intéressantes dans ses collections. Tout n’étant pas exposé, connaitriez-vous quelqu'un qui pourrait me faire découvrir les collections de Cuvier ?


Vous ne l'avez surement pas remarqué avec vos fours, mais il a fait une chaleur terriblement éprouvante aujourd’hui. M’est revenue l’envie de me mettre au frais en cherchant des fossiles dans les catacombes. Je ne pourrais le faire que si je suis parrainé par un membre de l’IGC. Savez-vous comment en contacter un qui me prenne au sérieux ?


Dernière question : que savez-vous des carrières de Montmartre, qui ont été fermées au siècle dernier ? Il y a d’amusantes légendes à leur sujet.

[Pr Hégésippe Néfélus]

Le vieil homme manifeste un peu d’inquiétude vis-à-vis du sujet qu’Adélaïde commence par aborder.

[NEFELUS] – Des Apaches ? La Police ? Dans quelle sombre histoire ce cancre de Louis est-il encore allé se fourrer ? Je vous ai toujours fermement déconseillé de fréquenter ce garçon, mais vous n’en faites qu’à votre tête !

C’est avec un sourire affectueux que le professeur prononce ce reproche. Il se reconnaît dans sa fille quand elle manifeste cette opiniâtreté à toute épreuve.

[NEFELUS] – Je ne connais personne auprès de qui vous recommander à la Préfecture de Police. Mes relations avec cette institution ne sont pas des plus favorables. Vous n’êtes pas sans savoir, ma chère Adélaïde, que mes expériences ont coûté la vie à plus d’un de mes assistants. Les fins de la recherche transcendent à mes yeux toute considération que l’on peut avoir à l’égard de la vie, fût-elle humaine, bien que je ne dénie pas toute valeur intrinsèque à celle-ci. Mais la Police est aveugle aux fins, elle n’a pas cette vision téléologique, et tente régulièrement de m’incriminer.

Par contre, je connais un jeune détective. Un peu lunatique et d’une intelligence bornée, mais fort aimable. Il me lance régulièrement des défis technologiques que je m’amuse à relever à mes heures perdues, pour lui bricoler des prototypes d’armes ou d’autres babioles. Voulez-vous que je vous donne sa carte de visite ?

Quand ensuite Adélaïde évoque l’anatomie comparée, le professeur l’écoute avec le plus grand intérêt.

[NEFELUS] – Si vous voulez examiner ces vieilleries antédiluviennes, je pourrais téléphoner à Edmond Perrier, le directeur du Museum, pour qu’il vous donne accès aux fonds inaccessibles au public. Bien que nos domaines de recherche respectifs aient peu en commun, nous avons toujours entretenu les relations les plus cordiales. Je ne pense pas qu’il me refusera cette faveur.

Mais enfin, ma chère fille, qu’espérez-vous trouver dans les profondeurs de Montmartre ? Le vieux Cuvier n’a-t-il pas justement déjà gratté tout ce qu’il avait de fossile dans ces carrières ? Je ne suis pas enchanté à l’idée que vous alliez jouer les taupes dans les sous-sols de Paris, ma chère fille, de nos jours encore les effondrements ne sont pas rares, c’est un environnement des plus dangereux. Mais vous savez aussi que jamais je ne découragerai un projet animé par la curiosité scientifique. Alors je vous aiderai de mon mieux.

J’ai déjà croisé monsieur Weiss, l’inspecteur général des carrières, à l’occasion de plusieurs colloques et congrès scientifiques, mais sans pouvoir pour autant le compter au nombre de mes relations. Par contre, je déjeune parfois avec Edmond Nivoit, le directeur de l’Ecole des Mines qui est, au demeurant, de ma génération à un ou deux ans près. Il travaille régulièrement en partenariat avec l’IGC, qui organise des visites ou des travaux pratiques pour ses étudiants. Je vais lui parler de vos projets.

Enfin, au sujet des carrières, le professeur ne semble rien connaître qu’Adélaïde ne connaisse déjà. Et l’allusion aux légendes ne suscite de sa part qu’un claquement de langue méprisant.

[Adélaïde NEFELUS]

[ADELAIDE] – Père, vous savez bien que Louis est un de ces enfants perdus de la science, je lui apporte un peu de raisonnable. Peut-être un futur disciple qui doit être discipliné mais à mes yeux il ne sera jamais rien d’autre qu’un enfant.

Et elle échange ce sourire affectueux avec son père. Mais le commentaire qui suit concernant la police l'inquiéte.

[ADELAIDE] – Je ne vous savais pas avoir de tels démêlés avec la police. Vous incriminer ? Mais de quoi grands Dieux ! Vous qui êtes tout dévoué à la science ! Et à votre fille !

Cette dernière phrase étant accompagnée du sourire et du regard qui ont toujours fait fondre son père.

[ADELAIDE] – Je veux bien la carte de ce détective. Je vous connais, s’il a retenu votre attention c’est qu’il a surement de la valeur. Il pourrait m’être utile.

Nouvel échange de sourires

[ADELAIDE] – Oui, veuillez s’il vous plait téléphoner à M. Perrier. Avoir accès à tout le fond Cuvier serait idéal, merci beaucoup. Je suis sure que dans ces vieilleries il y aura des choses curieuses, voire intéressantes.
Quant aux carrières, je me suis laissé dire qu’il y avait de nombreuses inscriptions anciennes : c’est un sujet auquel Cuvier ne s’est jamais intéressé. Vous connaissez mon gout pour l’histoire, ce sera intéressant de combiner l’histoire ancienne avec les fossiles et les strates géologiques et l’histoire récente avec ces inscriptions. Merci d’établir le contact avec M. Nivois

Dès qu’elle en aura fini avec son père elle ira au bureau de poste le plus proche (Il y en a peut-être même un à la Sorbonne) pour expédier un pneumatique. Elle compte envoyer le texte suivant à la préfecture de police :" les fameux apaches Ver-de-Vase et Poil-de-Brique vous intéressent-ils ? Vous les trouverez, préparant probablement quelque mauvais coup, demain matin à l’aube à la tour Villebon."
Expéditeur du message : Nonimme Anne, Av. Dumessy, Paris

[Astro Buck]

Le professeur Néfélus farfouille dans son porte-cartes en cuir, dont il finit par extraire une carte de visite en mauvais papier, décolorée par l'humidité et tâchée de gras, sur laquelle figurent les coordonnées du détective, dont le nom - André Têtard - ressemble fort à un sobriquet :

[NEFELUS] - C'est un jeune homme peu soigneux et un peu brouillon, mais il lui vient parfois des éclairs de perspicacité qui lui permettent parfois, par des cheminements tortueux connus de lui seul, de trouver la vérité.

Quant à Monsieur Perrier, je lui téléphone séance tenante !

Le professeur se rend au service administratif où se trouve le téléphone, laissant sa fille l'attendre dans le vestibule. Lorsqu'il revient, il affiche un sourire triomphant.

[NEFELUS] - Ma fille, c'est chose faite ! Le fonds Cuvier sera tout à votre disposition. Vous pourrez vous rendre au Museum quand bon vous semblera.

J'ai tenté par la même occasion de joindre Nivois, mais sans succès. Je dois déjeuner avec lui dans deux jours. Si je ne le vois pas d'ici là, je lui parlerai à cette occasion.

Lorsqu'après avoir pris congé de son père, Adélaïde expédie son pneumatique, le doux crépuscule d'Eté s'installe sur la capitale. La nuit ne va pas tarder à tomber.

[Adélaïde NEFELUS]

* Trop tard pour aller au Museum, j’irai demain matin. Mais boulevard du temple, ce n’est pas très loin. Allons voir si cet André Têtard est encore là *

Après avoir expédié son pneumatique
* Probablement rien de plus qu’une bouteille à la mer mais on ne sait jamais !
Adelaïde se cherche un fiacre. Tiens, un de ces tout nouveau taxis automobile Renault arrive.
* C’est l’occasion d’essayer !*
se dit-elle en lui faisant signe. Elle se fait conduire boulevard du temple.
Arrivée à destination
* Ce n’est pas plus confortable qu’un fiacre, le moteur sent mauvais et c’est bruyant, mais c’est plus rapide. Je me demande ce que ce sera à l’ avenir *

Le détective sera-t-il là ? S’il ne l’est pas elle continuera jusque chez Nicole pour y retrouver Louis et définir le programme d’action. Il vaut probablement mieux qu’il ne rentre pas chez lui ce soir, il faut lui trouver un asile. Le détective pourra peut-être l’aider.

[Astro Buck]

Le taxi-auto, de la Compagnie Française des Automobiles de Place, conduit rapidement Adélaïde à l’adresse indiquée, Boulevard du Temple.

La jupe-culotte d’Adélaïde lui attire les regards réprobateurs, voire scandalisés de quelques bourgeoises et les regards plus équivoques de leurs maris.

Le cabinet de l’agence Têtard est ouvert. Lorsqu’Adélaïde entre, un curieux spectacle l’y attend. Dans le vestibule, un homme, vêtu en tenue de savate, est en train d’exécuter dans le vide une série de gestes secs tout en soufflant comme un bœuf. Cela s'apparente à un art de combat. L'homme est loin, toutefois, d'avoir une carrure de lutteur.

Dès qu’il découvre la présence de sa visiteuse, il se couvre d’un peignoir et, une fois qu’il a repris sa respiration, lui adresse la parole.

[DETECTIVE] – Je vous prie de m’excuser m’dame ! Je n’attendais plus personne à cette heure. Vous devez me prendre pour un fou à me voir ainsi frapper des ennemis invisibles. J'étais en train de réviser mon ju-jitsu. Mais vous êtes la bienvenue ! Mmmm… laissez-moi deviner.

Il tourne autour d’Adélaïde en l'examinant sous toutes les coutures, tout en se pinçant vigoureusement le menton pour stimuler sa réflexion.

[DETECTIVE] – Voyons, voyons. Vous êtes une danseuse de cabaret. Le bal Tabarin, peut-être ? Et vous soupçonnez votre époux de commettre des infidélités. Alors vous êtes venu me demander de vous en donner la preuve photographique. C’est bien cela ?

[Adélaïde NEFELUS]

Adélaïde éclate de rire
* Père m’avait dit : il lui vient parfois des éclairs de perspicacité qui lui permettent parfois, par des cheminements tortueux connus de lui seul, de trouver la vérité. Cette fois-ci l’éclair a frappé à côté ! *

[ADELAIDE] - Cher monsieur, je présume que vous êtes André Têtard. Vous n’y êtes pas du tout ! J'ai bien pratiqué la danse mais je ne suis ni danseuse ni mariée. Je suis la fille du professeur Nefelus. C'est lui qui m’a orienté vers vous.

Dès que le détective l’aura saluée et invitée à prendre place pour une discussion dans des conditions plus professionnelles elle reprendra, tout en observant avec beaucoup d’attention les réactions de celui-ci.

[ADELAIDE] - je viens vous voir pour le compte d’un ami. Son nom importe peu pour l’instant. Il s’est attiré l’inimitié de 2 apaches de la bande de Montmartre, connus sous les sobriquets de Ver-de-Vase et Poil-de-Brique. L’objectif étant de pouvoir neutraliser ces 2 individus, nous souhaitons donc obtenir un maximum de détails sur leurs activités, et en particulier des choses qui intéresseraient la police. Je les soupçonne de mener, entre autres, des activités clandestines dans les anciennes carrières de Montmartre, avec peut-être des complicités auprès des autorités des carrières.
Vous devriez pouvoir les trouver demain matin à l’aube à la tour Villebon, pour un duel auquel la seconde partie ne devrait pas être présente, retenue par des obligations plus importantes. Par contre la police fera peut-être une apparition.
Ces 2 hommes ne me connaissent pas personnellement, enfin je l’espère, mais nous nous sommes rencontrés dans un restaurant où ils m’ont manqué de respect.

Que pouvez-vous faire à ce sujet ?

[Astro Buck]

L'homme affiche une moue de déception lorsqu'Adélaïde lui révèle qu'il s'est trompé pratiquement sur toute la ligne sur le compte de sa visiteuse.

[DETECTIVE] - Diable ! La grâce de vos mouvement a bien trahi la danseuse. Mais je me suis laissé abusé par votre tenue euh... avant-gardiste.

Il invite la jeune femme à le suivre dans ce qu'il appelle son "bureau". C'est en effet un tel capharnaüm qu'on croirait plutôt un débarras. Afin qu'elle puisse s'assoir, André Têtard - car c'est bien lui - débarrasse une chaise de la pile de dossiers qui l'encombrait. Sa pile de documents dans les bras, il regarde à droite à gauche, en quête d'un endroit où la poser. N'en trouvant pas, il adresse une moue désolée à Adélaïde et, après un haussement d'épaule, la laisse tout simplement choir sur le sol.

Sa propre chaise étant ensevelie sous un amoncellement de livres de droit, il expédie les volume d'un coup de pied et s'assoit face à sa potentielle cliente. André dispose sur son bureau un bol qu'il remplit d'eau savonneuse, puis se munit d'une paille. Ayant trempé la paille dans le bol, il la porte à ses lèvres et se met à faire des bulles qu'il regarde voler dans les airs en soupirant d'aise.

[ANDRÉ TÊTARD] - Voulez vous une paille pour faire quelques bulles avec moi ? Veuillez me pardonner cette activité puérile. Mais cela me détend et stimule ma réflexion. Vous comprenez, j'ai cessé le tabac pour ne pas brouiller l'extrême acuité de mes perceptions...

Sursautant comme si une main invisible venait de se poser sur son épaule, il porte une main sur sa bouche arrondie.

[ANDRÉ TÊTARD] - Oh, mais que diable ! Je parle de mille et une choses et pour un peu j'en oublierais le motif de votre visite.

Il pousse un profond soupir et reprend, sur un ton plus apaisé.

[ANDRÉ TÊTARD] - Ainsi, vous êtes la fille du vi... euh du professeur Néfélus. Un génie ! Un véritable génie ! Il a réalisé pour moi de vraies petites merveilles technologiques. A cet égard, je suis son obligé ! Alors je me ferai un devoir de vous aider de mon mieux. Moyennant tout de même quelques émoluments, vous comprenez, il faut bien que je me nourrisse. Et n'ayant pas de véhicule personnel, mes enquêtes entraînent souvent des frais de déplacement considérables.

Il s'interrompt tout à coup pour fixer intensément du regard la lumière électrique qui tombe du plafond. Il semble alors à Adélaïde que les yeux de Têtard se voilent un instant. Sans doute un effet de l'éclairage.

[ANDRÉ TÊTARD] - Vous permettez ?

Il ouvre un tiroir de son bureau et en sort une chandelle ainsi qu'une boîte d'allumettes suédoises.

[ANDRÉ TÊTARD] - L'ampoule qui est suspendue au-dessus de nos têtes va éclater dans quelques secondes. Elle va éclater quand j'aurais prononcé - pas maintenant, mais tout à l'heure - le mot "gentilshommes". Alors je me tiens prêt, afin que nous ne poursuivions pas cette conversation dans le noir. Mon bureau a l'inconvénient de ne pas comporter de fenêtre.

Il pose l'ampoule devant lui, puis croise les bras et, comme si de rien n'était, reprend le fil de la conversation.

[ANDRÉ TÊTARD] - Je peux en effet vous aider de plusieurs manières. De la nature précise de cette aide dépendra mon tarif. Enquêter sur les activités des Apaches, c'est dans mes cordes. Mais vous devez m'en dire plus. Je ne comprends pas ce qu'ils viennent faire dans une histoire de duel. Les duels sont l'affaire des gentilshommes - CLAC ! l'ampoule éclate -, non ? Enfin, second point qui me chiffonne : si la Police est déjà sur l'affaire, pourquoi me contacter, moi ?

Le détective craque une allumette et la douce lueur de la chandelle se répand dans le bureau. André fronce le nez et se le pince en grimaçant. Il faut bien reconnaître que la substance chimique dont sont imprégnées ces allumettes soulève une odeur âcre et suffocante quand on les enflamme.

[Adélaïde NEFELUS]

* Qu’est donc cet olibrius ? S’il ne m’avait été recommandé par mon père je ne lui ferais aucune confiance. Me prend-il pour une naïve avec son histoire d’ampoule ? Il doit y avoir un truc !
Ou alors c’est ce que père appelait "des éclairs de perspicacité"  et il a un don. Ou une malédiction ! *

Elle commence alors à raconter, en termes choisis, leur aventure.

[ADELAIDE] – Un de mes amis voudrait faire des recherches archéologiques dans les carrières de Montmartre. Lors de ses études préalables il s’est intéressé aux apaches locaux et a maladroitement posés ses questions, attirant l’attention de ceux-ci. Ils ont commencé à s’en prendre à lui ce midi, alors que nous étions au restaurant et m’ont utilisé pour le provoquer.

Elle raconte alors l’évènement du restaurant et ses conclusions à ce sujet.

[ADELAIDE] – Quand a la police, elle s’intéresse forcement aux activités des apaches. Une source anonyme l’a informé de la présence de ces 2 malandrins demain matin. Si elle est suffisamment intéressée elle sera peut-être présente. Il pourrait être judicieux de connaitre le niveau d’intérêt (et éventuellement de protection) qu’elle a pour ces individus.

Qu’en pensez-vous ?

[Astro Buck]

Tout en écoutant Adélaïde, le détective fait des bulles, qui s'élèvent en silence, reflétant comme des lucioles la lueur vacillante de la chandelle avant d'éclater dans une pluie de particules savonneuses. Quand la jeune femme a fini de parler, il prend une minute de réflexion avant de lui répondre.

[ANDRÉ TÊTARD] – Que des recherches archéologiques dans les carrières de Montmartre aient mis votre ami aux prises avec les Apaches ne m’étonne guère. Ces souterrains servent de galeries de contrebande depuis qu’existe cet impôt scandaleux qu’on appelle l’Octroi, c'est-à-dire au moins depuis le Moyen-Âge. Les archives de Police regorgent de découvertes macabres faites en ces lieux : têtes coupées, corps démembrés d’hommes et d’animaux. Les carrières ont de multiples fonctions pour les Apaches : caches d’armes et de drogues, cabarets clandestins, refuges de criminels en cavale, salles de torture, tombeau pour les corps de leurs victimes…

Déjà qu’en surface, le Maquis de Montmartre est une zone de non droit, alors sous terre, vous pensez ! Dans la nuit insondable de ces sous-sols, les actes les plus abominables, les crimes les plus sanglants sont sans cesse commis à l’insu de tous. Qu’un petit curieux comme votre ami pose les yeux sur ce que nul n’est censé voir et alors...

Le détective ne termine pas sa phrase, laissant planer un long silence suggestif. Après avoir projeté quelques bulles dans les airs, il reprend.

[ANDRÉ TÊTARD] – Quant à la Police, vous avez raison de ponctuer d'un « peut-être » l’éventualité de leur présence demain matin à la Tour Villebon. Bien que votre stratagème soit fort astucieux, je doute qu’une simple lettre anonyme suffise à les mobiliser. Nos braves gardiens de l’ordre public sont en sous-effectif et n’interviennent pas pour ci peu. La pratique du duel est devenue illégale, mais tout le monde ferme les yeux.

L’homme se lève de sa chaise et, zigzaguant entre les monticules de paperasses qui jonchent le plancher, fait les quatre cent pas. Puis il s’arrête brutalement en face d’Adélaïde, avec sur le visage une expression de ferme résolution.

[ANDRÉ TÊTARD] – Voilà ce que je vous propose. Conduisez-moi auprès de votre ami, ou bien procurez-moi une photographie ressemblante. Parmi mes multiples talents, j’ai celui d’être un as du grimage. Ce visage d’une affligeante banalité, ces traits tout à fait quelconques qui sont les miens, présentent un grand avantage : je peux les modeler à ma guise pour ressembler à qui je veux. Ainsi je prendrai la place de votre ami, demain, pour ce duel.

Même si votre ami était un fin bretteur ou un tireur d’élite, je ne donnerais pas cher de sa peau, car les Apaches ne joueront pas franc-jeu. Cela sent le traquenard à plein nez. Je ne suis pas moi non plus un expert du maniement des armes, mais j’ai, comment dire… une sorte d’instinct qui me permet parfois d’anticiper les événements et d’en tirer avantage, et puis je connais les procédés de ces fripouilles, ainsi que quelques trucs pour piper les dés…

Cependant, si vous ne parvenez pas à retenir votre ami d'aller à ce rendez-vous, alors je suggère qu'il me présente comme son témoin. Cela me permettra de détecter toute tentative d'irrégularité de la part de vos ennemis. Et si vous me le présentez dès ce soir, je pourrais lui enseigner les trucs que j'ai évoqués.

[Adélaïde NEFELUS]

Adélaïde réfléchit un moment. Est-il judicieux de mettre en contact Louis et André ? Il faut qu’elle se décide : peut-elle réellement faire confiance au détective ? Une nouvelle fois la confiance de et en son père emporte la décision.
* prenons le risque de les mettre face-à-face, ce sera plus efficace *

Elle a cependant quelques points supplémentaires à aborder avant de lui faire part de sa décision.

[ADELAIDE] – Avant que nous n’allions plus loin, j’ai quelques remarques.

- Quel devrait-être le montant de vos émoluments ?

- Comment avez-vous su que cette ampoule allait éclater exactement après ce mot ?

- Comme il est préférable que mon ami ne rentre pas chez lui car il peut être sous surveillance, auriez-vous un refuge à lui indiquer ?

- vous m’avez dit ne pas avoir de véhicule personnel. Pourquoi n’avez-vous pas au moins une bicyclette ? Mon Hirondelle de la manufacture de St Etienne me donne entière satisfaction. Vous pourriez même avoir une de ces bicyclettes à moteur. Cela vous donnerait beaucoup plus d’autonomie.

Adélaïde sort alors de sa poche son pistolet d’ordonnance et le pose sur la table.
[ADELAIDE] – Sachez aussi que j’ai quasiment toujours une arme sur moi et que je sais m’en servir. Avec celle-ci je fais mouche à 10 pas.

Après cette visite, j’ai prévu de retrouver mon ami, je vous propose de venir avec moi, nous pourrons finaliser notre plan d’action.

Je prévois également de vous accompagner pour ce duel, vêtue en infirmière, je doute qu’ils me reconnaissent.

Dès qu’André sera disponible, elle prévoit de prendre un fiacre pour aller rejoindre Louis chez Nicole