TRAINING - PounetBF

[Adélaïde NEFELUS]

Adélaïde eu un petit rire délicat et lui répondit avec le sourire.

[ADELAIDE] - Cher monsieur, si je pouvais vous dire très précisément ce que je cherche, c'est que je l'aurais déjà trouvé !
Je m'intéresse à la vie, et plus précisément aux formes inhabituelles de la vie. Cela peut aller jusqu'aux animaux légendaires ou mythique. Je ne crois pas aux licornes, c'est probablement une description grecque déformée du rhinocéros, mais il y a bien d'autres possibilités, en commençant par les fossiles.
le baron Cuvier en a ramassé une quantité importante dans les sous-sol parisiens. Beaucoup ont été classifiés mais il est possible que certaines chose soient restées non-identifiées, à cause de son combat contre l'évolutionnisme de M. Lamarck.
M. Darwin est passé par là, la science a progressé, il est possible qu'un oeil neuf découvre des choses dans ce qui a été laissé de coté.
Peut-être même des fossiles précurseurs de ce animaux inconnus. C'est sur ce sujet que ma curiosité féminine s'est penchée.

[Astro Buck]

Jusqu’alors, bien qu’il se soit adressé à elle en des termes plutôt flatteurs, rien ne laissait supposer que la séduction de la jeune femme opérât sur le baron. Par contre, aux évocations d’animaux légendaires ou d’espèces inconnues, les yeux de Félix Oppenheim se mettent à briller d’une lueur fiévreuse.

[FELIX OPPENHEIM] – Ce que vous dites à propos de la Licorne se rapproche beaucoup de ma propre vision des choses. Je crois que de nombreux mythes et légendes sont un langage symbolique, une sorte de code dont la traduction révèle ce qu’on pourrait appeler la crypto-histoire.

S'il y a une histoire cryptée, il y a donc nécessairement des "crypteurs". De là à penser que des forces obscurantistes sont à l’œuvre dans ce monde pour nous cacher des vérités essentielles, il n’y a qu’un pas. Ce que semble confirmer le fait qu’une pièce de la collection secrète de Cuvier ait disparu, peut-être l’avez-vous remarqué ? Mais il faut croire que leur travail de destruction et de censure n’est pas parfait : des bribes d’histoire oubliée peuvent se dévoiler sous des regards perspicaces comme les nôtres.

Il semble bien qu’il y ait entre vos recherches et les miennes une certaine communauté. Mais nos objectifs diffèrent. Vous cherchez des formes de vie, des espèces, des spécimens. Quant à moi, les espèces inconnues ne m’intéressent pas en elles-mêmes, non. L’histoire naturelle, la paléontologie ne sont pas une fin en soi, à mes yeux : seulement un moyen.
Ce que je recherche, peut-être me prendrez vous pour un fou si je vous le disais… Mais après tout, qu’ai-je à craindre ? Je n’ai que faire de la réputation que l’on me fait. Ce que je cherche, c’est la terre d’origine de ces animaux inconnus.

Après avoir fait ces déclarations, le baron observe attentivement Adélaïde, comme s'il essayait de déchiffrer ses pensées en lisant les expressions de son visage.

[Adélaïde NEFELUS]

En écoutant Félix Oppenheim Adélaïde a senti des pièces du puzzle se mettre en place dans sa tête et une forme d’excitation l’a gagnée. Elle-même comme le regretté Louis n’auraient-ils pas oublié une hypothèse fondamentale ?

[ADELAIDE] - En effet nous l’avons constaté aussi. Je dis nous parce que je suis assistée dans mes recherches par mon secrétaire particulier, André Têtard.
Cher monsieur, vous venez de m’ouvrir des horizons insoupçonnés ! J’étais toujours parti de l’hypothèse que les créatures que je recherchais étaient des survivants d’époques passées. D’où mon intérêt pour la paléontologie, les fossiles et l’évolution des espèces. Mais vous avez raison, ils peuvent venir de terres encore inconnues ou peu connues. C’est excitant !
Peut-être, dans les jungles sauvages et inconnues des iles d'Extrême-Orient vivent encore des créatures exceptionnelles.

[hrp]Dommage, le dragon de Komodo n’a été connu qu’en 1910[/hrp]

La pièce manquante dans les collection Cuvier était classifiée Homo Atlanteus. Ca ne peut qu’évoquer la fabuleuse Atlantide.

L’Atlantide...

murmura d’un ton rêveur Adélaïde.

[Astro Buck]

Visiblement heureux de constater que sa fièvre est communicative, Oppenheim sourit lorsqu'Adélaïde prononce le nom de la cité engloutie.

[FELIX OPPENHEIM] – L'Atlantide, oui, c'est un des nombreux noms que l'on a donné à cette terre disparue. Disparue ou seulement effacée de la mémoire de l'humanité ? Régulièrement, il se trouve des hommes pour affirmer que le mythe raconté par Platon a peut-être un fond de vérité. Mais chaque fois on leur oppose un démenti, on les fait passer pour des mystificateurs.

Et il semble bien que M. René Verneau, qui dirige actuellement le Musée d'Ethnographie du Trocadéro, ait porté le coup de grâce à ceux qui prétendaient que les Iles Canaries étaient la partie émergée du continent atlante. Je ne saurais trop vous recommander de lire l'article qu'il publia en 1888 dans la Revue Scientifique, intitulé "L'Atlantide et les Atlantes". Il y concluait :

1° L'Atlantide de Platon n'est qu'une fiction.
2° Au lieu d'être les ancêtres des Hommes de Cro-Magnon, les anciens habitants des îles de l'Atlantique n'en sont que les descendants.

Soudain pris par une grande agitation, le baron attrape sa canne et d'un geste vif pourfend un ennemi invisible avant de s'écrier, rouge de colère :

[FELIX OPPENHEIM] – C'est bien plutôt ce M. Verneau et ses semblables qui sont des mystificateurs, oui !

Conscient de s'être laissé emporté, il reprend sur un ton plus calme :

[FELIX OPPENHEIM] – Combien ont fait les frais de cette entreprise de destruction de la vérité ? Quand un chercheur découvre quelque élément de la crypto-histoire, on se charge de le réduire au silence. Parmi les méthodes employée, la plus courante est la destruction ou falsification des preuves afin de discréditer la valeur scientifique de ces recherches ou faire passer le chercheur pour un fou. Johann Bartholomeus Adam Beringer en fit les frais lorsqu'il découvrit les pierres de Wurtzburg. Le pauvre homme supporta si mal la perte de son prestige scientifique qu'il se suicida. Et, plus proche de nous, John Cleves Symmes que personne ne prit au sérieux lorsqu'il révéla l'existence de la Terre Creuse.

Je pourrais à ce sujet vous faire d'étonnantes révélations... mais depuis que je me suis adonné à cette quête, j'ai plus d'une fois été abusé par des obscurantistes acharnés à me détourner de la vérité ou à détruire le fruit de mes recherches. Ils ne reculent devant rien et m'ont même menacé de mort si je m'obstinais dans cette voie. Aussi, vous me pardonnerez, j'espère, ma méfiance, mais qu'est-ce qui me garantit que vous n'êtes pas l'envoyée de cette société, missionnée pour l'informer de mes avancées ou m'égarer sur de fausses pistes, ou peut-être pire encore... ?

[Adélaïde NEFELUS]

Adélaïde est profondément choquée de ces paroles et c’est d’une voix glaciale, le visage fermé, qu’elle répond :

[ADELAIDE] - Monsieur, je n’ose soupçonner que vous mettiez en cause l’honnêteté scientifique des Néfélus. Ce serait profondément injurieux !
Je suis la fille du professeur Néfélus et comme lui je n’ai qu’une raison d'être : La Science et qu’un objectif : développer et partager La Connaissance.
Je rajouterais que je menais ces recherches avec un ami cher, Louis Duclos et qu’il a récemment été assassiné sous mes yeux et ceux de mon père. Ses dernières paroles ont été de me demander de continuer ses recherches et je le ferais !
* Louis, mon ami, votre mort sert la science d’une bien étrange manière ! *

Adélaïde se lève alors de son fauteuil, prête à partir.
[ADELAIDE] - Votre passion vous égare au point d’en oublier la courtoisie, monsieur !

[Astro Buck]

Lorsqu’Adélaïde évoque l’assassinat de Louis, le regard du baron se rembrunit.

[FELIX OPPENHEIM] – Je comprends votre colère. Mais si vos recherches ont déjà causé une victime parmi vos proches, alors vous devez comprendre aussi ma méfiance. La société obscurantiste dont je vous ai parlé a des représentants parmi les scientifiques les plus illustres.

Il appuie son index sur son menton, s’absorbant quelques secondes dans la réflexion. Puis il fait quelques pas vers Adélaïde et la regarde droit dans les yeux.

[FELIX OPPENHEIM] – La meilleure preuve de confiance que nous pourrions nous donner l’un à l’autre serait de nous faire progresser réciproquement dans nos recherches. Dernièrement, je me suis trouvé confronté à une énigme. Trouvez la clef de cette énigme et alors j’aurai du même coup et la preuve de votre compétence, donc de l’utilité de votre collaboration, et la preuve de votre honnêteté. Alors, à mon tour je vous aiderai à trouver ce que vous cherchez. Et croyez moi, je dispose d’informations qui vous seront précieuses…

[Adélaïde NEFELUS]

Adélaïde s’est rassise mais a noté qu’en aucune manière il se s’est excusé et reste donc froide et distante.
* Encore un mufle qui se cache sous de belles manières ! *

[ADELAIDE] - Et bien soit, suivons votre voie. Quelle est donc cette énigme dont, malgré tous vos moyens, vous n’avez pu trouver la solution et que vous demandez à une faible femme de résoudre ?

Et comme il vous faut des preuves de confiance laissez-moi vous fournir gracieusement une information supplémentaire, en gage de bonne foi : Sachez que monsieur Têtard, mon secrétaire particulier est aussi un détective privé qui n’est pas dépourvu de talents.
Il vous faut des gages, je vous laisse celui-ci !
...Monsieur !

[Astro Buck]

Le baron accueille les derniers propos d’Adélaïde avec un air légèrement amusé, mais pas au point d’être désobligeant, car exempt de toute moquerie.

[FELIX OPPENHEIM] – Une faible femme ? Vous n’en avez pas l’air. Et si vous êtes faible, ce n’est pas de caractère, semble-t-il !

Il se dirige vers un secrétaire dont il ouvre un tiroir pour en sortir un document.

[FELIX OPPENHEIM] – J’espère que votre détective est digne de confiance. Tenez, voici l’énigme en question. Si mes moyens – considérables, je vous l’accorde – ne m’ont pas permis de la résoudre, c’est parce que je n’ai pas voulu la soumettre aux spécialistes. Je veux croire que votre visite est un signe du destin. Vos intérêts et les miens convergent, peut-être notre association sera-t-elle fructueuse. Ce dont nous allons nous assurer dès à présent.

Le baron défroisse le papier qu’il tenait à la main et le pose à plat sur un guéridon en marbre rose afin de permettre à Adélaïde de l’examiner.

La première chose qu’elle remarque, ce sont les nombreux plis sur le papier, qui montrent que le dessin a été reproduit en appliquant la feuille sur une gravure et en décalquant le motif. Cela représente un blason. Ce n’est pas celui des Oppenheim, que la jeune femme a pu voir quelques instants plus tôt sur le linteau de la porte d’entrée.

[FELIX OPPENHEIM] – Je veux savoir à qui appartiennent ces armoiries. Comme la plupart de ceux qui, comme moi portent un titre, j’ai d’assez bonnes notions d’héraldique. Mais elles ne me sont d’aucune utilité. Parce que, précisément, ce blason ne respecte en rien les règles de la science héraldique. Pensez-vous pouvoir m’aider à élucider ce mystère ?

[Adélaïde NEFELUS]

Adélaïde regarde de plus près ce blason

[ADELAIDE] – Voilà qui est en effet inhabituel. La bande est en position anormale et semble partager le champ au lieu de le charger. Les meubles sont bizarrement placés...

Un lion rampant à la langue de gueules, surmonté d’une couronne indéfinie, comte ou duc peut-être, en tout cas pas royale en France. Clairement pas britannique non plus. Pourrait être germanique mais la forme du blason ne s’y prête pas... Et pourquoi ce croissant de lune ?

2 licornes saillantes en support, comme les armes d'Ecosse... Ça peut être n’importe quoi.


C’est en effet très curieux. Ou donc avez-vous trouvé ces armes ?

[Astro Buck]

Le baron accueille les commentaires de sa jeune visiteuse avec un hochement de tête admiratif.

[FELIX OPPENHEIM] - Je constate que vous êtes connaisseuse. Fort bien ! Je n'avais pas songé à l'Ecosse en ce qui concerne les licornes ou les narvals, comme certains les appellent, mais à la ville d'Amiens. Quoiqu'il en soit, vos observations doivent immanquablement vous mener à la même conclusion que moi : c'est l'œuvre d'un fantaisiste.

Il se saisit d'une clochette qui était posée sur son secrétaire et l'agite plusieurs fois. Aussitôt, la porte du salon s'ouvre et entre un domestique en livrée. C'est un homme aux larges épaules et aux mains épaisses. Son nez tordu et aplati témoigne de quelque accident survenu dans son passé.

[FELIX OPPENHEIM] - Oscar, veuillez nous apporter du thé. Celui de la réserve du sultan Moulay-Hafid, que vous ferez bouillir avec quelques feuilles de menthe fraiche. Et avec cela, quelques boudoirs de la maison Olibet.

Le domestique s'incline et se retire.

[FELIX OPPENHEIM] - Venons-en maintenant à votre dernière question, chère Madame. Elle est très pertinente. Mais je ne suis pas certain que sa réponse apporte plus de lumière que d'obscurité. Où ai-je trouvé ces armes, en effet ? Ici même !

Le baron pointe le plancher de son index.

[FELIX OPPENHEIM] - Oui, ici, ou plus précisément dans le sous-sol de cette demeure. Chargé par mes soins d'agrandir ma cave, mon architecte, après avoir constaté une incohérence avec le plan cadastral, a fait abattre un mur de maçonnerie récente. Derrière ce mur, les ouvriers ont trouvé une salle voutée dont le plafond était anormalement bas ou plutôt le sol anormalement haut. J'ordonnais que l'on fît des travaux d'excavation.

C'est alors qu'on trouva ce qui fut le point de départ de toutes mes recherches...

Les travaux mirent au jour un étrange monument, qui se trouvait entièrement enseveli sous des monceaux de terre... J'ordonnais qu'on le dégageât entièrement, avec le plus grand soin. Difficile de déterminer précisément à quelle civilisation il remonte, mais il ne fait aucun doute que c'est un vestige de la plus haute antiquité.

C'est gravé dans la pierre de ce monument que j'ai trouvé les armes que vous voyez reproduites sur cette feuille. Et dans la terre qui le recouvrait, apparut autre chose : indice ou fausse piste, je ne sais pas. Car je ne parviens pas à comprendre le rapport que cette chose pourrait avoir avec le monument. Il s'agit d'un fragment de verre auquel est collé une étiquette numérotée, dont la côte correspond au fonds Cuvier du Muséum. C'est ce morceau de verre, finalement, qui me vaut votre visite aujourd'hui.

[Adélaïde NEFELUS]

[ADELAIDE] – Vous avez trouvé ces armes gravées dans la pierre. Donc nous devons nous méfier des couleurs. Rien ne nous dit en effet que la convention actuelle de codage des couleurs dans la gravure soit celle utilisée par ceux qui ont fait celles-ci.

A l’écoute des paroles de Felix les idées ont commencé à fourmiller dans la tête d’Adélaïde.

[ADELAIDE] – je présume que vous y avez déjà pensé, mais sans prendre le temps de les analyser et classer, voici mes premières impressions.
Je crois que nous avons 2 sujets, pour l’instant séparés : l’élément du fond Cuvier et le monument de votre cave.

Il doit être possible de déterminer quand a été référencé cette pièce du fond Cuvier. Cela nous donnera une date de départ dans nos recherches concernant le remblaiement de cette cave. A partir de cette référence il faut aussi nous assurer de son identification.

Quant au monument lui-même, avez-vous pu déterminer sa fonction ? Autel ? Pierre tombale ? Stèle ? Elément de décoration ?
* Ce serait étonnant dans une cave…*

Avez-vous cherché s’il y avait un souterrain ou une quelconque autre entrée menant à cette cave ?

La cave est certainement antérieure à cette maison. Quand fut-elle bâtie ? Quelles constructions existaient ici auparavant ? Peut-on avoir une idée des constructions successives sur cet emplacement ?
Nous sommes en dehors du mur des fermiers généraux donc ce devait être une propriété importante. Qui la détenait ?

La cave a été remblayée, ce qui donne l’impression qu’on a voulu cacher ce monument sans vouloir le faire disparaitre. Cela se produit généralement pendant des temps troublés. Je prêterais une attention particulière à ce qui s’est produit pendant la révolution française. Cacher des armes y était logique.

Concernant ces armes, il pourrait être utile de rechercher dans les nobiliaires qui possédait dans ses armes des lions rampant, des étoiles et des croissants.


Je pense que ce genre d’investigations devrait bien correspondre à André Têtard. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient je vais l’impliquer dans cette enquête.

Nous permettrez-vous de voir ce monument ?

[Astro Buck]

Le baron sourit en écoutant Adélaïde partager le fruit de ses réflexions.

[FELIX OPPENHEIM] – Quelle perspicacité ! Votre remarque au sujet des couleurs est très juste. Je vous ai dit que le monument était très ancien, plusieurs siècles avant Jésus-Christ, sans l’ombre d’un doute. Par contre, à mon avis, le blason qui a été frappé et peint sur sa pierre antique ne date pas de la même époque. Il est très récent : exécuté au XIXème ou XVIIIème siècle, pas plus loin.

Sur ces entrefaites arrive le domestique, chargé d’un plateau. Il sert le thé et se retire sans un mot.

[FELIX OPPENHEIM] – Quant à la fonction du monument, je n’en ai pas la moindre idée. Je n’ai jamais rien vu de semblable. Mais je ne suis qu’un dilettante en archéologie. Puisque vous exprimez le désir de l’examiner par vous –mêmes, eh bien, allons-y sur le champ. Dès que vous aurez fini votre thé. Chaud, mais extrêmement rafraichissant, n’est-ce pas ?

Le baron trempe un boudoir dans sa tasse et l’engloutit en une seule bouchée. Il est étonnant de voir un homme de sa corpulence, d’une maigreur presque morbide, dévorer avec un tel appétit et une telle gourmandise.

[FELIX OPPENHEIM] – Vous allez sans doute avoir une piètre opinion de mon intelligence quand je vous aurai avoué que je n’ai pas songé à me rendre aux archives pour m’enquérir des diverses constructions qui ont pu se succéder sur ce site à travers l’histoire. Si vous voulez requérir aux services de votre détective pour ces recherches, je ne vois pas de raison de m'y opposer, à condition que vous soyez absolument sûre de lui.

Le baron se saisit d'un trousseau de clef et attrape sa canne. Il invite Adélaïde à le suivre. Tout en traversant le salon, il poursuit la conversation :

[FELIX OPPENHEIM] – J’ai acquis cet hôtel particulier en 1896. L’ancien propriétaire se nomme Alexandre Saint-Yves d'Alveydre. Peut-être le connaissez-vous ?

[Adélaïde NEFELUS]

[ADELAIDE] – Nous avons donc 3 sujets puisque le monument très ancien et les armes qui y ont été rajoutées sont d'époques très différentes.

Adélaïde a dégusté à petites gorgées ce thé très chaud, tout en grignotant un boudoir.

[ADELAIDE] – Très rafraichissant en effet. Délicieux par cette chaleur. Et ces boudoirs sont exquis. Je suis un peu gourmande, je vais me permettre d’en reprendre un second.

Dès que son thé est terminé, elle emboite le pas de Félix


[ADELAIDE] – J'ai entière confiance en Monsieur Têtard, il a risqué sa vie pour mon ami Louis et fut d’ailleurs blessé ce jour-là.
* Tout comme moi d’ailleurs. Mais inutile de le dire *
[ADELAIDE] – Il sera parfais dans ces recherches en archives.

La marquis d’Alveydre ? Je connais un petit peu, il a publié un livre sur Jeanne d’Arc avec des conclusion originale mais qui me semblent aventureuses et peu argumentées. Que je m’intéresse à cette héroïne ne devrait pas vous surprendre.
Elle dit cela avec un petit sourire ironique
[ADELAIDE] – Il me parait logique d’aller lui demander s’il sait quelque chose à propos de ce monument.

Elle le suit avec une grande curiosité.

[Astro Buck]

Le baron ouvre une porte dont Adélaïde n'avait pas encore remarqué la présence parce qu'elle est entièrement recouverte de la même tapisserie que le mur et très précisément raccordée à celle-ci. Le fait qu'elle ne comporte pas de poignée, mais s'ouvre par une simple pression contre le panneau, ajoute à l'illusion. Elle donne sur un étroit couloir.

Avant de s'y engager, le baron se retourne, interloqué par les derniers propos d'Adélaïde.

[FELIX OPPENHEIM] - Demander à M. d'Alveydre ? Je vous le déconseille énergiquement. Pour deux raisons.

D'abord parce qu'il ne me porte pas dans son cœur. Il faut dire qu'il avait emprunté beaucoup d'argent à l'une des mes succursales, la Banque Del Valle. Le marquis a connu de graves problèmes financiers. Si bien que lui et son épouse furent contraint d'hypothéquer et de mettre en location l'immeuble de la rue Vernet dans lequel nous nous trouvons actuellement. Mais, incapable de rembourser ses dettes, Alveydre dut finalement se résoudre à me céder sa demeure. Celle-ci étant fort à mon goût, j'ai décidé d'y élire domicile, et depuis le cœur du Marquis est plein de fiel à mon égard. Mais il se trompe d'ennemi, je ne suis en rien la cause de ses difficultés financières. Ceci dit, je ne l'en blâme pas, on peut le comprendre.

La raison suivante, c'est que je soupçonne Alveydre d'être tombé sous la coupe la société obscurantiste dont je vous ai parlé tout à l'heure. Il s'est trouvé un temps sous l'influence d'un soi-disant brahman qui est, je crois, à l'origine de tous ses déboires, financiers aussi bien que spirituels. J'espère que vous n'aurez jamais à croiser le chemin de ce sinistre personnage.

Au bout du couloir, ils parviennent à une seconde porte qui ouvre sur un escalier en colimaçons. La tenue d'Adélaïde n'est pas des plus appropriés pour descendre les degrés de la vis, aussi le baron lui prête-t-il le secours de son maigre bras.

[FELIX OPPENHEIM] - Vous me dites qu'un de vos amis est mort assassiné, et que votre détective a été blessé à cette occasion... Je ne serais pas surpris que les recherches de votre ami aient attiré l'attention de cette satanée société secrète : si elle n'obtient pas ce qu'elle veut par l'influence, la corruption ou la menace, alors elle n'hésite pas à verser dans le crime. Soyez prudente, chère madame. Suivre les pas de votre ami pourrait vous exposer à de terribles périls.

Adélaïde et Félix traversent plusieurs caves voûtées. Dans la dernière, un étonnant spectacle l'attend. Elle voit, au milieu de la vaste salle, un cercle de pierre dressé verticalement, gravé de symboles étranges, et auquel conduit une volée de marches.

[FELIX OPPENHEIM] - Alors... dites-moi. Avez-vous déjà contemplé quelque chose de semblable ?

[Adélaïde NEFELUS]

Félix Oppenheim, à la pointe du progrès, a fait installer l’électricité dans toute sa demeure et Adélaïde a le souffle coupé par ce qu’elle voit dans la lueur jaunâtre de l’unique ampoule éclairant cette cave.

* Mon dieux, qu’est-ce que c’est que ça ? *

Dans le faible éclairage cette forme évoque l’ouverture d’un passage menant vers les enfers. Adélaïde sent un frisson la parcourir.

[ADELAIDE] – Non monsieur Oppenheim, non je n’ai jamais vu quelque chose qui ressemble de près ou de loin a ceci. C'est effrayant.

Je peux l’imaginer adossée à un mur, avec un autel surmonté d’une statue géante d’une divinité païenne, mais là, au milieu de la pièce, c’est autre chose mais je ne sais quoi. La plateforme et ses marches seraient symétriques, j’apparenterais cela a un arc de triomphe, une arche ou une porte d’honneur mais il n’y a pas de marches de l’autre côté.

Cet anneau de pierre semble monobloc, comment a-t-il pu être fabriqué ?

Et où avez-vous trouvé ces armes que vous m’avez montrées ?