Histoire de Vincennes. 1 - La disparition du chef du sept

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Histoire de Vincennes. 1 - La disparition du chef du sept

Messagede Zoorin le Jeu 09 Déc 2004 13:37:49

La réunion est petite pour le caern. Moins de vingt garous. Sylve-la-Coriace relativise. Au moins, si elle fait des erreurs, ils ne seront pas trop nombreux à le voir. Elle sourit pendant que les premiers battements de tambour retentissent sous les coups de Sylvain-roc-de-loi et d'Yvan. Elle avait demandé un rythme lent, avec de la tristesse. Ce soir, elle conte un événement grave.

Elle regarde les présents. Peu d'anciens, en mission. Tant mieux, ce conte est destiné aux jeunes. Ils doivent savoir que les garous peuvent faillir, et qu'il faut alors couper les branches corrompues, même quand elles ont porté de magnifiques fruits.

Elle se lève et s'approche du feu, sa crinière ocre d'arpenteur silencieux flottant légèrement au petit vent frais du soir. Elle voit les regards de sa meute, émerveillés avant même qu'elle commence. Ce conte est aussi pour cela. Ne pas trop idolâtrer les anciens. Eux aussi peuvent être mauvais un jour.

La meute d'Aigle-aux-yeux-rubis au complet. Cela la réjouit. Ils sont rarement tous ensemble pour les réunions du caern. De même, elle voit plusieurs rongeurs d'os de la meute de Corneille Grise, pas souvent aux cérémonies. La fin de son tour fut pour Danse-avec-la-Mort, le mystérieux et inquiétant Maître des Rites. Comme d'habitude, il lui rend un regard profond, mais indéchiffrable.
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Messagede Zoorin le Jeu 09 Déc 2004 13:38:11

Elle ferme les yeux et se concentre. Elle lève les mains et compte en l'air ses chapitres. Elle bat la mesure pour faire venir à sa gorge le chant d'annonce. Elle ouvre la mâchoire et débute par un long feulement pour prévenir tout le monde. Elle est là. Elle est la Chanteuse des Légendes du Caern. Elle demande l'attention de tous. Ses contes ne sont jamais futiles. Elle trahirait son rôle sinon.

Tous les garous entendent ce son venu du fond de sa poitrine, venu du fond de son esprit, venu du fond des âges de la Nation garou. Ils entendent l'appel d'une grande Chanteuse des Légendes. Ils arrêtent leurs discussions à voix basse. Ils arrêtent de penser à leurs affaires. Ils arrêtent de rêver à la lune.

Elle s'arrête et reprend avec un chant différent des habituels. Il est sombre, triste, sans paroles et sans aspérité. Lisse, il plonge tous les garous dans une ambiance sérieuse, grave, recueillie.

Et elle commence.
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Messagede Zoorin le Mar 28 Déc 2004 22:35:57

Il y a un siècle, cent ans humains, plusieurs générations, ce caern était encore le premier des caerns de la région ; à présent, il est le seul. Il était respecté et vénéré de toute la France des change-formes et de toute la nation garou. Son chef était écouté, ses sages consultés. Depuis longtemps, il avait gagné la suprématie sur la plupart des caerns de France. Il les protégeait et les dirigeait, pour le bien de tous et pour le combat de Gaïa.

Son ton est puissant et fort. Elle doit faire comprendre comment était le caern alors. Elle doit être clair, autant pour livrer des faits, que pour faire ressurgir une atmosphère, que pour ressusciter une époque.
Elle parle autant qu'elle psalmodie. Sa voix est chantante. Les garous sont déjà attentifs, certains sont déjà subjugués.


Ce caern était aussi grand que maintenant. De nombreux garous y séjournaient, regroupés en six meutes puissantes et craintes des serviteurs du Ver. L'élite de la nation garou s'y retrouvait. Son conseil des anciens était alors très respecté dans le monde entier, mais peut être son influence dans son propre territoire n'était-il pas assez grand. Trois des meutes étaient alors composées de Crocs d'Argent, car ce caern leur revenait de droit, et notre totem exigeait qu'un des leur s'assoit sur le Trône des Rois, don d'un esprit de la Montagne.

Soudain, un frisson parcourt les arbres. Les garous n'y prêtes pas garde, mais l'atmosphère a changé. Ils sont plus nombreux alors à écouter et à vibrer au récit de la gaillard. Seul Danse-avec-la-Mort s'en rend compte, et il murmure une rapide salutation à Chêne-de-Vincennes.

A l'époque, il existait trois autres caerns autour de Paris. Chaque caern était contrôlé plus ou moins par une tribu, et les trois étaient fortement liés à celui de Vincennes. Il y avait le caern de la Viosne, des rongeurs d'os. Ils étaient une multitude et leur vaillance comme leur force fut toujours sous-estimées. Il y avait le caern de la Chevreuse, fief des marcheurs sur Verre. A l'époque, ils étaient nombreux, mais bien moins que les rongeurs d'os. Ils servaient fidèlement et loyalement le Maître de Vincennes. Il y avait enfin le caern de Châalis, des enfants de Gaïa. Un peu moins nombreux que les précédents, ils étaient à l'époque en phase avec les mouvements humains démocrates. Très liés aux luttes humaines, ils étaient alors souvent accusés d'oublier leur nature et quelle était leur lutte la plus importante.
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Messagede Zoorin le Mar 28 Déc 2004 22:36:27

Sylve-la-Coriace regarde Yvan et Sylvain-roc-de-loi, leur signifiant d'un signe de tête de prendre un rythme plus vivant, plus rapide. Ils s'exécutent immédiatement, et elle sourit devant leur maîtrise. C'est agréable des compagnons de récits expérimentés.

Au début de mon récit, nous sommes à la fin du siècle de fer, dans les premières années de la Troisième des républiques des français. Le Maître de Vincennes, et des garous de Paris, était alors Venge-la-Mère, ou Octave de Verran. Puissant arhoun, arrivé sur le trône peu de temps après son passage de rang athro, il gravit noblement la dernière marche nécessaire pour être un garou digne des légendes. Malheureusement, il ne resta pas à la hauteur des sommets de gloire et d'honneur qu'il avait atteint.
Son bras droit, son plus fidèle compagnon, celui qui l'accompagnera partout jusque dans la chute est son frère de sang et cousin de naissance, Taureau-à-la-Rage-impassible ou Sylvain de Rocande. Arhoun comme son aîné, il était son bras et sa voix. Il parcourait les caerns de la région pour transmettre et faire appliquer ses ordres, et guider les autres meutes lors des opérations de grandes ampleurs que son frère et maître organisait.
Face à lui, de nombreux Crocs d'argent se dressaient pour réclamer la primauté en le battant dans un défi. Mais aucun n'y parvint avant le dénouement. Seule un autre membre de sa famille réussit à lui tenir tête : sa nièce, Voix-de-Plumes ou Yolande de Verran, gaillard de grand renom et chef de meute dès l'âge de dix neuf ans.
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Messagede Zoorin le Jeu 30 Déc 2004 13:35:51

Le rythme des tambours change encore sur un signe de tête discret de la Chanteuse des Légendes. Elle commence par entonner un chant d'annonce, puis finit par un hurlement sourd et bref qui claque dans la nuit.

Depuis toujours, Chêne-de-Vincennes est un totem d'honneur, qui aide sans relâche les chefs successifs dans leurs lourdes tâches. Ces derniers sont immuablement des Crocs d'Argent, seuls garous dignes de monter sur le Trône des Rois. Avant Venge-la-Mère, il y avait son grand-oncle le théurge Doigt-de-Luna, grand héros de la Noble tribu des Crocs d'Argent et dont les voyages audacieux au plus près des plus atroces royaumes de l'umbra sont justement célébrés aujourd'hui encore.

Mais son successeur ne parvint pas à honorer son rang.
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Messagede Zoorin le Jeu 30 Déc 2004 13:36:16

D'un seul coup, les tambours se taisent. Un silence étrange s'abat sur la clairière. Les jeunes n'ont pas l'habitude d'arrêts brusques et ils regardent Sylve avec curiosité. Cette dernière les dévisage également, passant de l'un à l'autre lentement avec un visage grave et triste à la fois. Les percussions reprennent avec un rythme saccadé, mais en jouant très faiblement, pour ne tisser qu'une toile de fond sonore qui teinte le récit de la gaillard, plus qu'ils ne le cadencent comme auparavant.

Venge-la-Mère était né d'une famille humaine noble et fière. Une famille qui jamais n'avait supportée les révolutions humaines qui avaient rabaissé leur rang naturel à rien, qui n'avait jamais admise la perte de sa fortune, de ses terres, de sa place dans la société. Depuis la Grande Révolution, chaque génération se mettait au service du roi, ou de celui qui devrait l'être. Et Octave de Verran embrassa lui aussi la lutte de ses pères.

Longtemps, il fit clairement la distinction entre ses deux missions, qu'il considérait aussi primordiales l'une que l'autre : la lutte contre le Ver et la restauration de la monarchie. Lorsqu'il conquit le Trône de Vincennes et devint chef des garous de France, son mot d'ordre était la lutte contre les industries, qui étaient alors les premières grandes plaies portées à la Terre. Il mena ainsi de grandes troupes vers les installations pour les réduire à néant ou les purifier. Il contribua, comme beaucoup d'autres à limiter l'extension du royaume Cicatrice et détruisit un grand nombre de connexions faites par les suppôts du ver entre ce royaume maudit et la Terre.

Mais au bout de quinze ans de lutte, en voyant les usines pousser partout, les ouvriers se transformer chaque jours plus nombreux en fomors, le Ver continuer à grandir, il perdit espoir. Sa volonté vacilla, son bras s'affaissa, il se reposa lourdement sur le trône et ses pensées devinrent confuses.
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Messagede Zoorin le Jeu 30 Déc 2004 13:36:52

Les tambour ralentissent la cadence et forcissent. Ils se font solennels, lourds, pesant. Une ambiance sombre, oppressante s'installe dans l'assemblée. Le visage de Sylve se durcit encore. Elle grimace presque.

En effet, cette période est celle de grandes défaites, d'haranos toujours plus nombreuses, et de l'établissement du monde tel que nous le connaissons de nos jours. Les usines poussent partout, détruisant le sol et l'air. Les ouvriers s'entassent, s'appauvrissent, s'abrutissent dans l'alcool et le travail.
Les flaïels en profitent et s'enfoncent profondément dans la société humaine, la corrompant massivement et faisant pulluler un grand nombre d'abominations. Les Danseurs-de-la-Spirale-Noire, profitant de la détresse morale font des enfants avec le flot de femmes abandonnées, prostituées, délaissées. Ils se multiplient et se regroupent.
Les caerns de Paris, progressivement entourés par les humains, doivent se défendre toujours davantage contre des ennemis toujours plus nombreux et plus puissants. De cette époque date la chute de deux caerns : celui de Châalis tout d'abord, vers 1880, et celui de Chevreuse, ensuite, en 1886. Si le premier fut détruit, le second fut conquis et tenu de nombreuses années par les Danseurs. Des garous venus de toute la France et de plus loin encore vinrent pour aider les Loups-garous de Vincennes qui, sous les ordres de Venge-la-Mère, finirent par reprendre et détruire le caern corrompu.

Ce fut son dernier haut fait, qui lui permis d'obtenir le rang d'ancien.
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Messagede Zoorin le Ven 28 Jan 2005 11:03:19

Sylve parcourt les abords du feu. Elle marche posément, de manière hypnotique, complètement à son récit. Son visage exprime tour à tour de multiples émotions, comme si elle avait été là durant cette période, et qu'elle réagissait à des visions. D'ailleurs, plusieurs garous se demandent si elle n'était pas possédée. Son regard ne s'arrête plus sur personne, elle est hors du temps et ses mouvements se s'adressent plus à la foule, mais à ses sentiments intérieurs.

Cette victoire obtenue en détruisant ce qu'il avait défendu tant d'années fini de plonger le Maître de Vincennes dans la confusion. Sa logique, son raisonnement en fût complètement obstrué. Il imagina que la déchéance du monde n'était que le reflet de la déchéance de la société française. Pour lui, l'évidence était que seule la restauration de la monarchie pouvait purifier le cœur de tous les hommes.
Il se mis à suivre les affres de la politique humaine. Il commença à donner des ordres aux meutes pour qu'elles combattent les partis et mouvements démocratiques, au nom de la restauration d'une société d'Ordres.
Subjugués, beaucoup commencèrent par suivre le Chef de Vincennes. Il réussit à convaincre beaucoup de garous que la déchéance morale des hommes amenaient leur déchéance spirituelle, que seul le rétablissement d'un régime politique fort et intraitable ferait reculer les mignons du Ver.

Plusieurs suivirent à la lettre ses instructions. Ils participèrent à la répression des mouvements révolutionnaires. Ils soutinrent les idées conservatrices, qu'elles prônent le rétablissement de la monarchie ou le retour d'une église contrôlant toute la société.

Plusieurs tentèrent de le raisonner, lui montrant d'autres luttes à l'issue plus certaine et dont l'importance étaient plus évidente. Mais Venge-la-Mère rejetait la plupart du temps leurs arguments. Soit il parvenait à les convaincre, soit il usait de son autorité.

Beaucoup de luttes furent perdues à cette époque, faute de combattants.
Dernière édition par Zoorin le Ven 04 Fév 2005 19:27:15, édité 1 fois.
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Messagede Zoorin le Dim 30 Jan 2005 11:42:23

Le ton de Sylve varie sans cesse. De grave et grinçant, il était devenu rauque et saccadé. Elle fit une pause, et son corps s'affaissa. Les garous se demandèrent si elle n'allait pas s'effondrer, ou si elle se recroquevillait face à une horreur pour mieux bondir.

Elle ne bondit pas. Restant à moitié prostrée un moment, les yeux fermées, la fourrure luisant sous la lumière du feu dont elle était tout près. Dans un souffle, elle reprit ainsi, se détendant lentement :


A la fin du siècle, après plusieurs années de changement lent, la folie entra complètement dans son corps et son esprit. Un soir, il parti avec son plus fidèle compagnon Taureau-à-la-rage-impassible, et revint quelques heures après, le corps couvert de sang, le regard hagard. Quand d'autres lui demandèrent ce qu'il avait combattu, il ne répondait que : "J'ai attaqué la corruption à la source, et j'ai remporté une première victoire."

Dès le lendemain, il donna une mission à sa meute la plus fidèle, sous le sceau du secret. Elle partait tard le soir, dirigée par Taureau-à-la-rage-impassible, et revenait quelques heures après, et personne ne savait ce qu'ils faisaient. Mais le secret ne tint pas longtemps. Car Voix-de-Plumes enquêta immédiatement. Elle la vérité la glaça d'horreur.

Sylve-la-Coriace se redressa et leva les bras aux ciel pour pousser un long hurlement abominable, déformé ; et tous les garous frissonnèrent, comme s'ils étaient mis en face de cette atrocité.

Méticuleusement, sous les directives précises de Venge-la-Mère, les garous attaquaient les juifs, les massacrant sans pitié. Toute la meute avait succombé à la propagande sournoise du Ver qui associait la déchéance morale du monde à la présence de membre du peuple hébreux. Et Venge-la-Mère, suivant les opinions de nombres de monarchistes catholiques de l'époque, avait plongé dans l'antisémitisme le plus atroce, le plus barbare.

Pour lui, les juifs portaient la malédiction du Ver tout entier. Eux seuls étaient responsables du chaos ambiant. Les plus riches d'entre eux élevaient des usines corruptrices et les plus pauvres d'entre eux se mêlaient à la masse des travailleurs pour les souiller par leur simple contact.

Le Maître du Caern, son plus fidèle lieutenant et sa meute la plus servile avaient tous sombrés dans le plus ignoble antisémitisme.
Dernière édition par Zoorin le Ven 04 Fév 2005 19:30:32, édité 1 fois.
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Messagede Zoorin le Lun 31 Jan 2005 14:04:47

Les mots claquent à la face des jeunes garous comme des coups. Les paroles de la Chanteuse des Légendes les heurtent dans leur esprit comme sur leur corps. Ils ne parviennent pas à reprendre leur souffle après cette révélation. Les plus puissants garous peuvent tomber aussi bas !!

Sylve-la-Coriace se redresse et son corps se met d'un seul coup à exprimer une formidable énergie, une détermination sans faille.


Revenant à toute vitesse au caern, elle mobilisa tout les garous présents ainsi que les trois membres du conseil des anciens. Elle leur révéla tout ce qu'elle avait vu et expliqua que seule une condamnation immédiate et unanime pouvait sauver le sept de la dégradation morale dans laquelle Venge-la-Mère et ses suivants allaient les faire tomber.

Malheureusement, les avis furent partagés. Beaucoup de garous influents doutaient de ce que disait Voix-de-Plumes, car ils étaient d'accord avec la vision du monde de Venge-la-Mère, et savaient que la gaillard était anti-monarchiste. Ils l'accusèrent de mentir, de déformer la vérité, de vouloir souiller l'honneur du Maître du Caern par ambition.

Voix-de-Plumes soutint leur accusation, se sachant soutenu par tous les sans-grades du caern, et certaine d'être dans la vérité de Gaïa. Elle demanda alors un défi contre le vieux arhoun, arguant que les esprits apporteraient le triomphe à celui qui était dans le vrai. Mais elle n'était alors que de rang adren, et les membres du conseil, proche pour la plupart du Maître du sept et appliquant à la lettre les lois garous, lui interdirent une telle audace.
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Messagede Zoorin le Ven 04 Fév 2005 20:03:00

Les jeunes garous sont de plus en plus stupéfaits. Même les membres du conseil des anciens, vers qui il faut se tourner en dernier ressort, peuvent chuter !

Mais la gaillard reprend rapidement, gardant un rythme haletant, soutenue par les tambours.


Toutefois, alors que les membres du conseil débattaient pour savoir ce qu'il fallait faire d'une gaillard qui, selon eux, plongeait aussi délibérément dans le mensonge, l'un d'entre eux, moins ébloui par la stature de Venge-la-Mère, s'esquiva rapidement. Il s'agissait de Busard-qui-médite, un vieux ragabash Fils de Fenris.

Il prit un Pont de Lune et alla bien loin, chercher un ami fidèle. Il fit vite, et revint vite, car son ami était de ceux qui ne discutent pas face à la demande d'un vieux compagnon d'aventure. Ils revinrent à peine une heure après.

Durant ce temps, les membres du conseil avaient décidé d'infliger une lourde sanction humiliante à Voix-de-Plumes. Ils avaient envoyé des garous chercher dans la ville le Maître de Vincennes pour qu'il valide la décision et qu'il apporte toutes les explications qui le disculperait d'une telle accusation.

Car en effet, si les membres du conseil n'avaient pas crû la jeune gaillard, ce n'est pas parce qu'ils étaient corrompus. Non, ils étaient juste en phase avec la mentalité de Venge-la-Mère, dont ils partageaient la même histoire et pour beaucoup les mêmes hauts faits. Ils l'avaient vu vivre et combattre. Ils étaient d'accord avec ses opinions politiques monarchistes. Ils pensaient que Voix-de-Plumes, qui était notoirement démocrate, voulaient souiller sa réputation par idéologie.
Dernière édition par Zoorin le Sam 05 Fév 2005 12:51:18, édité 1 fois.
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Messagede Zoorin le Ven 04 Fév 2005 20:03:32

Sylve-la-Coriace prononce ses derniers mots avec plus de calme et de décontraction. Elle veut être bien comprise, que le message passe bien, avec toutes les nuances souhaitables. Elle veut que tous comprennent que l'esprit des hommes est complexe, et qu'il faut toujours regarder au-delà des apparences.

Elle reprend avec un ton plus solennel. Le dénouement approche.


Venge-la-Mère revint peu avant Busard-qui-médite et son ami. Il revenait seul, et très mécontent. Car il avait tenu sa mission secrète et les jeunes garous envoyés à sa recherche avait failli voir ce qu'ils étaient en train de guetter. Il avait entendu leur appel dans la nuit et avait laissé son lieutenant et sa meute continuer sans lui. Droit et sûr de lui, il rit des accusations de Voix-de-Plumes et transforma sa peine en un exil de 10 ans. Folle de rage, la jeune gaillard s'emporta et, se débarrassant de celui qui la maintenait, attaqua l'arhoun. Celui-ci se prit le coup, et le premier a maîtriser la furie fut l'ami de Busard-qui-médite.

Celui-ci calma immédiatement la jeune femme d'un regard doux et compréhensif. Elle comprît immédiatement qu'il était avec elle, même si elle ne le connaissait pas. Il la reposa, et se tourna pour saluer le Conseil des Anciens, qui le reconnurent immédiatement.

Il s'agissait de Main-de-Paix, un Enfant de Gaïa philodox de rang ancien vivant dans le Jura. Il était très connu pour ses avis pondérés et justes. Tout le monde savait à quel point il était capable de remettre les cœurs sur le bon chemin, et les personnes les plus hostiles ensemble. Son sens du dialogue, son empathie étaient reconnus de tous.

Mais il était ferme avec le Ver et c'est une autre facette de ses talents qu'il présenta au sept.

En effet, après avoir salué le conseil, il se tourna vers Venge-la-Mère, qui commençait à le remercier de son intervention. Main-de-Paix le coupa net, en le défiant.
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Messagede Zoorin le Lun 07 Fév 2005 19:15:09

Les tambours deviennent orageux, grondants, pressants. Ils électrisent l'auditoire qui commence à s'agiter, tout en étant fixé au discours et aux mouvements de Sylve.

Le vieux chef et les membres du conseil, le premier moment de surprise passé, comprirent tout de suite pourquoi il était là, et tous connaissaient les profonds liens d'amitié qu'il y avait entre Main-de-paix et Busard-qui-médite. Venge-la-Mère se tourna vers ce dernier et l'insulta copieusement, en proie à une rage montante.

Mais Main-de-paix utilisa encore une fois l'étendue de ses dons pour détourner la rage du cœur des garous. Il calma le chef du caern et lui expliqua dans un beau discours qu'il avait abandonné la voie de Gaïa, au profil de celle de la haine gratuite. Et que cette voie était celle du Ver corrupteur. La voix de Main-de-paix était claire et précise, convaincante et rassurante. Les membres du conseil doutèrent, Voix-de-Plumes fut rassuré, les garous du caern qui commençaient à arriver eurent pour la plupart les yeux ouverts sur les exactions de leur maître.

D'un seul coup, les tambours claquent. Ils prennent un rythme endiablé et Sylve se met à lancer des hurlements brefs pour accompagner son récit. Elle semble habité par les âmes des différents personnages qu'elle conte. Son visage montre tour à tour la haine, la détermination et la stupeur.

Le chef de Vincennes écouta la Grand Sage l'exhorter à chasser les démons de son cœur et à revenir sur la Juste Voie. Puis, le discours du philodox achevé, il parti d'un grand rire. Mais c'était les esprits du Ver, profondément enfouis dans son cœur, qui avaient pris le pas sur sa raison.

Sans donner plus d'explication, il hurla comme un possédé qu'il acceptait le défi et dégaina son Grand Klaive. Main-de-Paix eu un rictus de déception, mais semblait s'attendre à cette éventualité. Il invoqua un puissant don de la licorne pour tenter de faire quitter les esprits mauvais du corps du garou, mais ceux-ci étaient trop pervers et trop anciennement incrustés. L'enfant de Gaïa esquiva les premier coup et s'empara de son bâton, continuant à invoquer le calme et la raison de son adversaire.

Mais les esprits en décidèrent autrement.
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Messagede Zoorin le Mer 09 Fév 2005 11:44:36

Dans un immense craquement, le Grand Klaive se brisa en plusieurs morceaux. L'esprit de Rage qui l'habitait refusait de servir à tuer un garou. Il s'envola et ne revint pas, malgré les grands cris de Venge-la-Mère. Il resta dans les branches de Chêne, contemplant sans rien dire celui qui l'avait trahi.

Venge-la-Mère, voyant que les garous lui retiraient sa confiance, s'élança sur le Trône des Rois. Ce dernier, don d'un très ancien esprit de la Montagne, lui donnait à chaque fois qu'il s'asseyait une prestance, une noblesse, une aura, qui obligeait les garous présents à s'incliner. Devenu fou, il pensait pouvoir imposer sa volonté au sept par ce moyen. Mais de même, au moment où il s'assit, le Trône trembla, se fissura, et l'esprit de la Montagne sortit de son carcan volontaire malgré les imprécations de l'arhoun.

Lentement, tous les esprits du caern l'abandonnèrent et vinrent dans la Grande Salle pour l'entourer, le retenir, le juger. Chêne-de-Vincennes abaissa le goulet et d'un seul coup, tous les esprits apparurent aux garous, autour d'eux, montrant clairement aux derniers indécis qu'ils savaient à quel point l'âme de Venge-la-Mère était sale.

Vaincu, le vieux garou s'effondra devant son trône, non loin des débris de son antique Klaive, don d'un ancien de Russie. Soudain, il se tordit, hurla de douleur en se tenant la poitrine, et de celle-ci sortit cinq esprits du Ver malfaisants. Proche du lézard, ils étaient bruns et noirs, et toutes leurs écailles suintait de poison qui corrompait les esprits. Vivement, ils tentèrent de s'enfuir, mais ils étaient au centre du caern, et Chêne-de-Vincennes leur ferma routes et airets. Ils furent prestement attrapés et tués par les garous et les esprits.
Dernière édition par Zoorin le Lun 14 Fév 2005 16:51:18, édité 1 fois.
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Messagede Zoorin le Mer 09 Fév 2005 11:53:09

Venge-la-Mère, lui, resta prostré, sans vie. La haine sans nom qui le portait depuis plusieurs mois, et qui l'avait détourné du découragement n'existait plus. Il cherchait à retrouver ses esprits, à comprendre où et comment il avait failli. Ses yeux et son esprit étaient ouverts et lucides à présent. Puis vint la honte. Lui, le garou le plus important du sept, le Maître de Vincennes, celui vers qui tous les garous de France se dirigeait pour lutter contre le Ver, il avait failli. Il s'était détourné de sa tâche pour se livrer à l'Ennemi. Il lui semblait entendre le ricanement d'Abhorra, dont les flaïels qui l'avait conquis lui appartenait. Puis, décidé à laver l'honneur des Crocs d'Argent, puisque le sien était noirci sans retour possible, il se releva et déclara :

"Frères et Sœurs ! J'ai l'esprit clair à présent. Ma faiblesse et ma lâcheté devant la vraie tâche que j'avais à accomplit ont permis à mes pires ennemis de venir en moi et de me diriger. Pour ceci, je ne cherche aucune excuse et je ne veux aucune compassion. Aucune excuse car en tant que Arhoun de la tribu des Crocs d'Argent, cela n'aurai jamais dû arriver. Aucune compassion car un traître tel que moi n'a droit à aucun égard.

Main-de-Paix, tu es venu et tu as risqué ta vie pour sauver le sept de mon action destructrice. Accordes-moi ton soutien pour réparer ce que je peux encore, et pour tenter de restaurer l'honneur bafoué des Crocs d'Argent."

Main-de-Paix inclina la tête, heureux que l'esprit du arhoun soit libéré et que sa fierté lui commande encore de restaurer ce qui pouvait l'être. Il se plaça près de l'ancien chef du sept.

Ensemble, ils quittèrent l'assemblée, le regard de Venge-la-Mère tourné vers le sol, celui de Main-de-Paix tourné vers l'avant.

Sylve, épuisée par l'intensité du récit, baissa les bras; laissa retomber ses épaules. L'histoire était achevée, elle avait mis toute son énergie pour rendre le dénouement vivant, terrible, poignant. En regardant les garous sidérés et conquis, elle se dit qu'elle avait au moins en partie réussie. Elle fit une longue pause, mais sans donner le signe de la fin du récit. Il restait à conclure. Lentement, les tambours tissèrent à nouveau un fond sonore calme et léger.

Venge-la-Mère garda son nom, car il vengea celle qu'il avait trahi. Il retrouva son cousin, et après avoir tenté de le convaincre, il le vainquit. Il retrouva sa meute, mais elle fuit à son approche et s'engagea auprès des Danseurs de la Spirale Noire. Il la poursuivit longtemps, et parvint à en vaincre la majeure partie.

Puis, avec l'aide de Main-de-Paix, il effectua son dernier voyage. Il alla en Érèbe pour laver l'honneur de sa tribu, qu'il avait souillé.

Il ne revint jamais.
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