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Lucian
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Lucian Sous un ciel sombre et orageux, Lucian senfonçait dans la nuit. Au vu de la végétation luxuriante qui entourait lacadémie, le meurtrier de maître Nolham pouvait se cacher presque indéfiniment. Le chercher dans un tel fourbi darbres et de buisson revenait à un suicide.
Perdu dans ses pensées, Lucian entendait encore résonner la voix de ses maîtres proposant aux élèves une énigme militaire. 'Lorsque votre ennemi fuit sur un territoire quil connaît mieux que vous, que faire ?' La jeune monture élancée de Lucian fendait la nuit. Le petit sachet de cuir, contenant encore quelques extraits de poudre grise dans la poche lui en apprendrait plus. Souriant, Lucian pensait encore à la réponse de leur maître Stratège. 'Si le chemin qua pris lennemi vous est caché, peu importe. Ce qui compte, cest sa destination, trouvez lendroit ou il se rend, et vous le cueillerez à ce moment là.' Le grondement du tonnerre sort Lucian de ses rêveries. Lorage ne tardera plus. Mais le ciel nest pas le seul à faire du bruit cette nuit. Une autre monture foule ce chemin. Il est peut-être à un kilomètre, voire moins. Le cavalier vient de lacadémie lui aussi et vu lallure, il cherche probablement à rattraper le cadet. Puisse Gaïa veiller sur vos pas.
Tirant sur les rênes, le jeune homme stoppa la course de Vädis. Dun petit coup de talons, il dirigea son fidèle compagnon à la robe dun blanc immaculé et tachetée par endroit de petites auréoles noires, vers le couvert des taillis.
Mieux valait être prudent, qui que ce cavalier puisse être, il en aurait le cur net. Il mit pied à terre et tapota dune main rassurante lencolure du cheval, observant patiemment le bout de la route qui disparaissait à angle droit derrière la végétation. Les buissons filtraient à peine le vent glacé et humide qui lui fouettait le visage, il réajusta sa cape pour en parer les assauts mordants. Lattente semblait durer une éternité, lespace dun instant il se remémora son combat à lacadémie et grimaça devant les images de cette cuisante défaite. Son regard se porta à nouveau sur la route, la main serrée sur la garde de son arme.
Le cavalier a ralentit sa course. Cest au pas que son cheval, visiblement essoufflé passe le virage du chemin. Lhomme, un garde de lacadémie observe attentivement les fourrés.
Dun coup dil expert, il jauge la route afin dy déceler les traces fraîches laissés par Vädis. Le garde ne tarde pas à héler Lucian. Eh lami, il faut que lon se parle. Jai des informations à te transmettre. Et si jen crois la tournure des évènements, elles pourraient être liés au parchemin que tu cherches. Lhomme paraît sincère et sa main ne quitte pas lencolure de son cheval. Larme quil porte au côté sagement rangé dans son fourreau, il descend de sa monture et continue à avancer à pied. Puisse Gaïa veiller sur vos pas.
Grimaçant à lappel de son nom, Lucian serra les poings vexé de sêtre fait repéré aussi aisément. Les événements lavaient marqué à tel point quil en avait oublié les plus élémentaires leçons prodiguées par son maître. Il sapprocha honteux du garde, tout en maugréant sur les traces de sabots facilement décelables par nimporte quel novice. Décidément son entraînement était loin dêtre fini
Il sinclina en un rapide salut militaire. - Holà ! Je vous écoute soldat et vous prie de me transmettre au plus vite ces informations. Il tenta de détailler l'homme qui lui faisait maintenant face puis attendit la réponse avec une patience apparente. Quelles nouvelles nécessitaient denvoyer un garde aussi promptement à sa suite ?
Lhomme observe Lucian.
Grand, élancé mais solide, il sagit probablement dun combattant chevronné. Des cheveux noirs de jais encadrent son visage ce qui donne à ses yeux une profondeur étrange. Dun regard, le militaire jauge une nouvelle fois Lucian, histoire de sassurer quil ne sest pas trompé de personne. Un sourire entendu saffichant sur son visage, Lucian en déduit que ce quil voit correspond bien à ce quil cherchait. Cest bien ce qui me semblait. Lucian, cest ça ? Je me nomme Yann et si cela ne te dérange pas, je vais taccompagner. Je suis sûr que lacadémie ne voudrait pas quil tarrive malheur. Yann remonte sur son cheval et poursuit en attendant Lucian. On te dis mandaté par lévêque pour amener ce parchemin. Ten a-t-il expliqué le contenu ? Yann observe Lucian et remarquant chez ce dernier une certaine méfiance, il ajoute. Je suppose que tu as déjà entendu parler des rêveurs Lucian. Pour tout dire, le jeune cadet a déjà entendu parler des rêveurs à de multiples reprises. Les échos quil en a entendu sont assez divers. Daucuns leurs prêtes des pratiquent malsaines, comme le sacrifice humain. Dautres affirment quil sagit de soldats entraînés qui peuvent manipuler les rêves et les cauchemars de leurs ennemis. Même pour ses maîtres, les rêveurs semblent auréolé de mystère, alors pour Lucian Ce quil sait réellement, cest que les rêveurs pratiquent une espèce de magie lié au rêve et au sommeil. Ce quil devine cest que leur pouvoir doit être convoité pour que les membres de cet ordre ce cache si consciencieusement. De son côté, Yann, sur le départ attend patiemment la réponse de Lucian. Puisse Gaïa veiller sur vos pas.
Le cadet écoutait Yann, le visage fermé pour tenter de dissimuler ses pensées et émotions.
La stature de lhomme limpressionnait autant que son regard mystérieux mais il était rassuré de ne pas se lancer seul dans cette aventure aux débuts quelques peu chaotiques. Devait-il se sentir fier davoir lappui dun tel combattant à ses côtés ou le lui avait on assigné pour éviter quil néchoue dans sa mission ? Pouvait-il réellement lui faire confiance et comment pouvait-il être au courant pour le parchemin ? Peu lui importait, il savait pertinemment que sa formation était loin dêtre finie et la dernière question de Yann lintriguait suffisamment pour vouloir en apprendre plus sur ces fameux rêveurs. - Jai effectivement entendu quelques rumeurs sur ces personnes aux étranges pouvoirs, rien de vraiment concret. Pourquoi cette question et quel rapport cela a-t-il avec la mort de maître Nohlam ? Lucian remonta à cheval et voyant que lhomme attendait visiblement plus que cette simple réponse il reprit : - Je sais quils manipulent le sommeil des gens au moyen dune magie inconnue. Hésitant devant le regard de Yann rivé sur lui, il poursuivit : - Les quelques histoires que lon ma contées à leur sujet leurs prêtent une assez mauvaise réputation. Je suis navré, je nen sais guère plus Il fit avancer Vädis qui piaffait d'impatience à hauteur de Yann. Il observa quelques instants son futur compagnon de route, cherchant à déceler sur son visage leffet de sa réponse pour le moins évasive.
Yann sourit à la réponse du cadet.
Tu en sais déjà pas mal et tu as encore la sagesse de douter de tout ce qu'on raconte à leurs sujets. En fait, les rêveurs sont à la fois bon et mauvais. Ce sont des hommes comme les autres, tout simplement. Et pour tout te dire, si je t'ai rejoint c'est parce que toi-même, tu es un rêveur... C'est au tour de Yann d'observer la réaction de Lucian attentivement. Puisse Gaïa veiller sur vos pas.
- Qu
quavez-vous dit ?
Cette fois Lucian ne pu rien cacher de sa surprise, les mots du soldat semèrent un peu plus le trouble en son esprit. Une phrase anodine en apparence lui revint en mémoire, prononcée par maître Nohlam le jour de son retour du prieuré dAsthrion : * il est fort possible que ton rôle ne sarrête pas là * Son passé refit surface avec son lot dimages douloureuses pour le faire revenir au jour de son initiation. Son enfance navait jamais été pour lui des plus agréables, toujours entachée par les railleries de ses camarades. Chaque fois quun souci le taraudait, le jeune homme replongeait inexorablement dans le flot incessant de ses souvenirs, ce qui avait pour effet dirriter son entourage et donnait souvent lieu à des rumeurs blessantes à son égard. Le hennissement de Vädis le tira de sa transe, il tourna la tête vers Yann et lui rendit son sourire. - Je vois Je comprends mieux certains événements de mon passé. Il plissa légèrement les yeux. - Je suppose que vous devez en faire partie également. Pour lui tout ceci ressemblait fort à un test et, tentant un coup daudace il ajouta : - Je suis ravi de vous avoir à mon côté maître
Cette fois, Yann éclate de rire...
Ah ah, celle là, on ne me l'avait pas encore faite... Non, je ne suis pas ton maître, tout au plus ton guide. La nuit ne tardera pas, nous devrions penser à dresser le campement. Je connais une clairière non loin où nous serons à l'abri. Reprenant plus sérieusement, Yann reprend. Oui, je suis un rêveur, de la caste des Voyageurs ou matérialistes. Cela signifie que je n'ai guère de pouvoir dans le rêve. Notre caste est par contre la seule à pouvoir reconnaître à coup sûr l'un des nôtres. Si j'en crois mon flair, tu seras plutôt un cartographe ou un spectre, mais je pencherais plus pour un cartographe. Ainsi, tu seras amené à me guider toi aussi. Moi je te guiderais dans tes premiers pas de rêveurs et toi tu me mèneras physiquement par les chemins du rêve. Yann s'arrête un instant et montre un sentier qui s'enfonce dans la forêt. Ce dernier n'a pas été emprunté depuis belle lurette au vu de la végétation qui couvre le sol. Yann met pied à terre et s'enfonce dans les sous-bois. Puisse Gaïa veiller sur vos pas.
La mine renfrognée, Lucian écoutait létrange révélation de Yann. A sa proposition de faire halte pour la nuit, il acquiesça et le suivi avec regret sous le couvert des arbres. Chaque minute ségrenant lui faisait prendre du retard sur le plan quil sétait fixé.
- Vous dites être un voyageur et avoir besoin dun guide mais pourquoi mavoir choisi ? Il lui paraissait étrange en effet quun homme aussi expérimenté, tant dans le monde réel que dans celui des rêves ai besoin dun novice comme lui commettant bourde sur bourde. Il avait après tout laissé fuir lassassin de maître Nohlam, Yann navait eu aucun mal à découvrir sa cachette et il sétait trompé sur le compte de ce dernier. Inquiet il espérait ne pas servir une sombre cause par son manque de connaissances sur les rêveurs. A mesure quil pénétrait dans le sous-bois, langoisse de commettre à nouveau une erreur sempara de lui. La main serrée sur les rênes, il tira sa monture à la suite de son guide attendant avec appréhension sa réponse.
Yann se retourne et observe Lucian.
Tous les voyageurs ont besoins de guides. Vu que je suis censé tenseigner les bases du rêve, autant que tu me serve de guide, cela tentraînera également. Vois-tu, les pouvoirs des rêveurs sont assez limités en fait et chaque caste dispose de pouvoirs bien particuliers. Le pouvoir des cartographes consiste à connaître les portails qui permettent de voyager dun endroit à un autre très rapidement. Sans eux, on perd un temps fou. Je comprends ta méfiance, Lucian, mais crois moi, si javais voulu servir une mauvaise cause, je ne serais pas ici. Il me semble évident que jai une connaissance des armes meilleure que la tienne et si javais souhaité te passer par le fil de lépée, jy serais sans doute parvenu sans peine. Dautant plus que la blessure que ta infligé le meurtrier est encore douloureuse. Je pourrais texpliquer de nombreuses choses, mais rien ne vaut lexpérience. Il faut que tu pénètres dans le rêve, là seulement tu comprendras. Quand à ton agresseur, nous le retrouverons. Crois moi, jy tiens autant que toi. Puisse Gaïa veiller sur vos pas.
[
] je suis censé tenseigner les bases du rêve, autant que tu me serves de guide [
]
La phrase résonnait étrangement, qui lui avait demandé dagir de la sorte ? Il secoua la tête pour chasser les doutes qui sinfiltraient insidieusement en lui. Comme le disait Yann, il ny avait quun seul moyen den savoir plus, rêver, plonger dans ce nouvel univers et se laisser guider par cet homme décidément bien mystérieux. Il semblait évident quils avaient autant besoin lun de lautre et Lucian ne pouvait se permettre de fâcher son compagnon par quelques fausses inquiétudes. - Je suis navré de me montrer aussi méfiant, je vous prie daccepter mes plus humbles excuses. Jaccepte de suivre vos indications. Jaurais toutefois besoin de quelques garanties avant de me lancer dans cette aventure totalement nouvelle et déroutante pour moi. Il se détendit un peu et passa une main dans sa longue chevelure. Son regard se perdit à travers la frondaison des arbres qui masquait par endroit la voûte céleste. Les nuages semblaient plus clairsemés et laissaient apparaître léclat argenté des étoiles. Dans le tracé imaginaire qui les reliait, il cru apercevoir lespace dun instant, le visage dune jeune femme. Un sentiment de sécurité lenvahit. Il tourna les yeux vers Yann et dun sourire plus serein, lui dit : - Cette nuit devrait être propice pour commencer mon apprentissage.
Quelques instants plus tard, Yann et Lucian entrent dans une petite clairière en passant à travers un buisson.
Cest la seule entrée de cette clairière et il est impossible de passer par là sans faire de bruit, nous naurons donc pas besoin de monter la garde. Dun geste assuré, Yann attache sa monture, lui flatte doucement lencolure, lui adressant un regard presque tendre. Le garde se retourne ensuite pour se saisir dun sac de provisions. Il place deux morceaux de pain et un peu de viande à terre. Il enjoint Lucian à se servir et se saisit de se qui reste, ne tardant pas à manger. On dort mieux le ventre plein. Et jaimerais autant que la nuit soit longue. Tout en mangeant, le voyageur défait son paquetage et étend une couverture usagée à même le sol. Une fois le repas terminé, le campement installé, un feu couvert dégageant une douce chaleur, Yann observe Lucian. Si tu es prêt, nous pouvons y aller. La remarque est un peu saugrenue au yeux de Lucian, cest bien la première fois quon linvite à voyager en se glissant dans un lit. Yann ferme doucement les yeux, cherchant visiblement le sommeil. Lucian peut dailleurs admirer la facilité avec laquelle le visage de son compagnon se détend, préparant le sommeil. (hrp : Dès que tu es prêt, tu peux passer sur le sujet : Première nuit) Puisse Gaïa veiller sur vos pas.
Prenant exemple sur Yann, le jeune homme sallongea dans lherbe non loin de son compagnon, lépée a portée de main pour parer à une éventuelle mauvaise surprise.
Lucian était fasciné par le calme et la sérénité qui émanaient du visage du garde. Une main derrière la tête, lautre le long de son corps, le cadet tâchait de faire le vide en lui, laissant ses pensées forcer les barrières de sa volonté. Il ferma les yeux mais le repos ne venait pas.
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