Chasseur,chassé

[Machuthu]

Dés lors que les autres sont partis, vous restez en compagnie de Firkt qui se masse le menton...

Allons, je suis las de subir les attaques de ce De Claus et il est plus que temps que nous prenions les choses en main... Il doit avoir un point faible et il est temps pour nous de l'exploiter... Nous savons qu'il vient d'Oralia et que là-bas il dispose d'une influence importante... Soit, il nous faut découvrir quel est son rang exact et savoir si ces proches se doutent de sa nature.

Puisqu'il veut sacrifier les Rêveurs, nous devons prouver à tous qu'il est lui même un Rêveur...

[Damch]

Maeva redresse la tête en direction de Flirkt. le raisonnement qu'il a fait sur les rêveurs l'interpelle. Elle s'adresse ainsi :

Peut-on glisser aux sans-esprit lorsqu'ils rêvent quelques propos qui résonnera dans leur tête à leur réveil. En d'autres termes quelqu'un a-t-il le pouvoir de se servir des sans-esprit ? Je ne dis pas qu'il faut se servir de la perversité pour atteindre notre but mais si des echos quant à la double vie de De Claus peuvent venir d'eux-même, le doute au sein des puissants qui convoitent le pouvoir desservira à coups sûrs De Claus. Quelqu'un a-t-il ce don parmi les rêveurs ?

[Machuthu]

Firkt acquiesce...

Nombreux sont les Rêveurs qui disposent de ce don... En fait, nous l'avons tous plus ou moins... Tout ce que nous disons ou faisons en présence de sans-esprit, ils peuvent se le remémorer. Pourtant, il faut se rappeler un point essentiel... au plus cela les choque, au plus ils auront des chances de s'en souvenir...

Ainsi, si un sans-esprit est soumis à une vive brûlure, il sen rappellera plus nettement qu'une simple discussion avec un Rêveur... Par conséquent, si vous voulez agir en ce sens, je vous conseille vivement de cibler les personnages que vous voulez influencer. Ensuite, il vous faudra être convaincante, à la limite du théâtral...

[Damch]

Maeva sourit, la scène elle connait. Tout dans le Châpiteau de la Conciliation est mise en scène. De ce qui est de convaincre c'est autre chose mais sa gentillesse aide à l'écoute. Elle trouvera un moyen de se faire entendre.

Est-ce qu'il est possible de laisser une trace de notre passage dans le rêve auprès du monde réel ? Je m'explique. Est-ce que toutes les croyances dans le réel par exemple quant à une maison hantée, les revenants, le déplacement d'objet, etc. sont liés avec le rêve ? Autrement dit Peut-on déplacer un objet dans le rêve qui se reflète dans le réel ?

[Machuthu]

Oui et non Prophétesse... De nombreux phénomènes trouvent leur origine du Rêve... Les revenants ne sont autres que les spectres. Par voie de conséquence, les maisons hantées aussi... par contre, aucun Rêveur n'est en mesure de déplacer les objets du Réel depuis le Rêve, c'est la croyance populaire qui a développé ces légendes.

D'aucun raconte qu'il serait possible de passer des objets du Rêve vers le Réel et l'inverse, mais je n'ai jamais assisté à pareil miracle...

[Damch]

Ah ! moi qui me faisais une joie de jouer les fées Carabosse... Ca ne fait rien, j'essaierai d'insuffler aux oreilles des badauds le triste mensonge de De Claus.

Je pense qu'il faudra planter le trouble au milieu de la Cour. Y-a-t-il un endroit dans le palais où ces sans-esprit se sont réunis pour savoir qui est auprès de la dépouille du roi ?

Maeva réfléchit déjà à ce qu'elle pourrai semer comme discorde auprès des grands seigneurs. Elle envisage de hanter les couloirs du palais à l'aide de quelques spectres. Son scénario se trame... Mais elle doute encore. Maeva le sait, elle ne doit pas... Il faut qu'elle prenne confiance en elle, comme pouvait le faire sa mère, la dresseuse de chevaux. Debout, digne, droite sur la croupe de sa jument. Elle s'équilibre. Ses demoiselles qui l'accompagnaient, souvent trièrent les meilleures juments athlétiques. La selle serrée, la sueur glissant des sous-ventrières, les mains de la dresseuse agrippe le cuir et s'élance dans une roue magnifique. Maeva aimerai avoir cette confiance qu'avait sa mère. La dresseuse la guidera... Maeva le sait...

[Machuthu]

Firkt réfléchit...

Il est de coutume de présenter la dépouille du roi au peuple afin que chacun puisse le voir avant qu'il ne soit mis en terre...
La salle des jugements est habituellement réservée à cette tradition... Il est fort probable que de nombreux sans-esprits soient là-bas... Nul doute qu'il y aie parmi eux des nobles d'influence... Je crois que si tu veux cibler un grand nombre prophétesse, il te faut le faire là...

[Damch]

Que me suffit-il de faire pour qu'on puisse m'entendre ou meme m'apercevoir ? Une fois que je saurai comment faire je vais m'exercer sur un badaud isolé qui n'aura rien a voir avec le roi. Nous verrons bien.

Maeva sourit avec malice pensant à ce qu'elle peut faire.

[Machuthu]

Les sans-esprit vous voient... Ils jugent seulement on de vous oublier... Vous faites partie d'un Rêve et ils vous accordent autant de crédit qu'à leur propre création...

Bien sûr, si vous parvenez à attirer leur curiosité, alors ils penseront peut-être faire partie des rares chanceux à bénéficier des Rêves prémonitoires...

La solution est cette fois plus dans la forme que dans le fond...

Mava comprends sans peine ce que Firkt veut dire... Au plus elle saura marquer les esprits dans le Rêe, éveiller le soupçon de conscience qui les anime... au plus ils se rememorreront leur Rêve...

[Damch]

Je vais donc essayer de comprendre comment un sans-esprit fonctionne. J'imaginerai ce qu'il peut faire. Peut-être que quelqu'un pourra m'accompagner, il sera mes yeux.

Maeva écoute attentivement autour d'elle. Elle essaie de repérer un sans-esprit. Puis quand elle en a perçu un elle se dirige vers lui. Et reste juchée à écouter ses aller et venue. Que fait-il ? Que cherche-t-il ? Elle redouble sa concentration de façon à capter les agissements du badaud. S'il vient à se déplacer elle le suivra délicatement. *Je ne voudrais pas qu'on traite mon comportement de barbaresque, se dit-elle en souriant. Il faut rester près de l'individu sans pour autant lui faire peur.* Maeva s'exécute donc...

[Machuthu]

Maeva, accompagnée pour l'occasion d'un jeune cartographe erre dans le château jusqu'à trouver un sans-esprit... L'aveugle le suit un moment, tentant de cerner ce qui pourrait le définir, ou mieux l'impressionner...

Le sans-esprit erre plusieurs minutes, oeuvrant aux tâches ménagères qui sont les siennes au cours de la journée... Il s'adresse d'ailleurs à Maeva et à son compagnon comme s'ils s'agissaient de domestique, au même titre que lui... Hormis quelques ragots en vogue à la cour, le serviteur ne parle de rien de bien précis et Maeva a la nette sensation d'être face à n'importe quel quidam du monde tel qu'elle le connaissait auparavant. Manipuler un sans-esprit revient donc précisément au même que de manipuler un spectateur... Maeva se rappelle alors les tours de passe-passe de son oncle, dissimulant les objets d'une main pour les faire apparaître dans l'autre, attirant le regard ailleurs que là où il se passe réellement quelque chose... Puis, à force d'errer de ci, de là, le cartographe s'adresse à la prophétesse...

Nous sommes à deux pas de la salle dont a parlé Firkt tout à l'heure... Vous entendez, les bruits de pas et ceux des vêtements ? De nombreuses personnes semblent être rassemblées là-bas... Voulez-vous que je vous aide à intervenir ?

Le Cartographe semble véritablement prévenant avec Maeva, peut-être même un peu trop, comme si la jeune femme ne lui était pas totalement indifférente...

Ainsi, sans le vouloir, elle attirait déjà les esprits...

Maeva s'apprête à répondre lorsque le murmure des voix s'octroie l'espace entier du Château... Conformément à ses premières visions, Maeva aperçoit alors les contours de la salle où gît le roi. Des dizaines de roturiers entrent et sortent de la salle, observant de loin la dépouille du roi... A côté de la dépouille, plusieurs nobles restent debout, fixant le cerceuil d'un regard vide... Visiblement, une question réside dans tous les regards... Que va devenir le Royaume... Le Roi est mort, une nouvelle fois, la trahison a eu raison de l'autorité suprême des Royaumes côtiers... Maeva ressent alors que les présents cherchent un coupable... Or le coupable leur a été donné, une Rêveuse... Dès lors, les évènements s'enchaînent, dans la salle, Maeva entend les murmures monter doucement, et dans chaque parole, la volonté est claire, il faut en finir avec les Rêveurs... C'est une véritable chasse qui se prépare et Maeva le sait, il lui faut agir... Il lui faut donner aux présents des raisons de croire en l'innocence des Rêveurs et il faut le faire vite... Un noble se tourne alors vers le peuple et dans un geste qui les englobe tous, il affirme... Vous êtes dans le vrai... Trop longtemps, nous les avons tolérés et aujourd'hui, ils sont responsables de la mort de notre roi et de la guerre à venir... Il faut mettre fin à leurs agissements... Allez, pillez et tuez les... Aucun d'entre eux ne doit voir le matin...

De nouveau, le voile noir retombe sur ses yeux... Les instants à venir risquent fort de déterminer si ou non, une chasse généralisée sera lancée contre les Rêveurs... Le cartogrpahe pose délicatement sa main sur le bras de Maeva et demande...

Prophétesse, vous allez bien ?

[Damch]

Maeva tremblante porte sa main à la tampe la frottant vigoureusement. C'est comme si un mal de crâne indéfinissable venait de la frapper. Les paupière s'allourdissent sur les yeux au regard vide qui vient pourtant de projeter un défilé de noirs desseins aux dessins funestes... Ses lèvres fébriles tracent ces propos dépourvus de phrases cohérentes. Seuls des mots parlent...

Fort-Le-Kirch...

Le peuple...

La destruction...

Les rêveurs... la machine machiavélique et désastreuse se met en marche dès ce soir.

Dans un ballet funéraire, la voix s'intensifiant, les gestes s'amplifiant, le rituel démoniacal aux mélanges divins et démoniaques alimentent les murs du palais d'une mélancolique complainte au son de glas. Maeva entame sa longue mélopée et ameute le maximum de son entourage. Elle avance tête haute. L'intense pièce de théâtre suit son scénario aux paroles tiradiques et à la voix surdimensionnée.

L'heure est venue pour vous tous !

L'heure est créditée d'une vaste complainte agrémentée d'une marche funéraire. Cette marche s'inibera bientôt d'une marche de colère révolutionnaire. Il est temps pour vous tous qui ne dormaient jamais d'entreprendre le chant du réveil.

Le roi épouse ses funérailles bientôt, les rêveurs sont discrédités. Sachez, ô vous tous, Dormeurs comme Rêveurs, que la noblesse de De Claus s'est évéillée au rêve. Il a pactisé avec le démon adversaire de notre royaume. Il fait passé les gens du rêve comme opposants au royaume. Alors que dans l'ombre du cauchemare c'est lui qui tire la ficelle insultante.

Vous tous, citadins de la capitale et du royaume ! Oui vous tous !

Maeva occupe l'espace et ameute la population comme elle pouvait le faire au Châpiteau de la Conciliation en corsant sa voix, en continuant son ballet féerique. Elle se place aux endroits qu'elle pense stratégiques de ce qu'elle sait du palais. Elle se déplace, se fofille, s'insère. Il faut veiller à ce que sans-esprit comme rêveurs l'écoutent.

Vous devez comprendre que le mal depuis trop longtemps erre dans les couloirs de ce palais ! La noblesse de De Claus est vouée au mal. Il attire vers vous la discorde ! C'est lui le premier assassin du royaume ! Il profite de son pouvoir auprès des puissants pour provoquer le malheur ! Il est lui-même rêveur ! Il est lui-même auteur ! Il est lui-même empoisonneur ! Nos mondes réels ou oniriques ne sont qu'un seul et même ! C'est à nous de l'enrichir ! Pas de l'avilir ! Peuple des deux parties du monde ! Rêveurs ! Dormeurs ! Mettez à bas cette excécrable envie de détruire de De Claus ! Suivez la voix de la sagesse ! Le Roi fut bon, et il n'aurait jamais failli à sa tâche sans son assassinat orchestré par De Claus, serviteur de l'adversaire du Royaume !

Vous tous Dormeurs comme rêveurs ! Suivez la voix du chant des vents qui soufflera et éliminera l'infamie, la vilissitude, la discorde, la disgrace, le malheur, la mort ! Suivez la voix, suivez votre voix !

L'aveugle met fin à sa scène en se dissimulant aux derniers mots dans l'obscurité d'un recoin de la pièce. Maeva sait que certains sans-esprit ne tiendront pas compte de sa diatribe, mais elle espère que seulement certains l'aient écoutée avec attention. Et que lorsqu'ils se lèveront tous auront ce sentiment que le malheur, la mort les fauchera si De Claus avise le peuple.

[Machuthu]

Le public reste interdit, aucune des personnes présente ne s'attendait à une telle intervention... Certains sans-esprits commencent à discuter entre eux... Quelle est donc cette folle, aveugle qui accuse un homme, un noble qui plus est... Puis c'est le tour d'un noble de se tourner vers Maeva puis vers le public...

Allons, qu'est-ce donc que ce vacarme ? Qui êtes vous donc pour troubler le repos du roi et accuser celui qui a mis sa vie en péril pour tenter de le sauver ?

Si le noble, relativement jeune semble furieux, d'autres, plus habitués aux jeux de la cour semble accorder un certain crédit à Maeva et il est probable que les rouages de leurs esprits envisagent déjà les implications d'une telle accusation si elle s'avérait juste...

[Damch]

L'aveugle dans une gestuelle évidente et captivante se glisse jusqu'auprès du noble, lui souffle ces quelques mots. Elle se complait dans son rôle qu'on lui attribue et elle continuera à s'y ateler.
un murmure, une douce voix...

Je ne suis ni noble, ni vilaine...
Je ne suis ni adepte de conchyliologie, ni adepte hérault...
Je ne suis ni farceuse, ni érudite...
Je ne suis ni aquafortiste, ni scribe...

Maeva amplifie petit à petit sa voix

Je ne suis ni Eris, la discorde, ni Arès le guerrier...
Je ne suis ni Juge, ni bourreau...

La comédienne enflamme sa voix et affirme à l'assemblée

Je suis la Justice...
La Justice aveugle...
La Justice méditative..
la Justice qui transmet par ma voix la vérité

Les yeux de Maeva, exorbités, transmette à la foule l'appui de ses propos son exutoire.

Même sans mes propos, le roi ne trouvera jamais la paix. Le véritable assassin n'est pas trouvé. Il n'y a qu'une et seule personne. Tous les rêveurs ne doivent pas en payer le prix ! L'accusateur est l'orchestre de cette tragédie.

Maeva, au milieu de la scène oréolé de lumière se recroqueville jusqu'auprès de son mur sombre.

[Machuthu]

Le jeune noble est prêt à enchaîner lorsque l'un de ses pairs interroge la prophétesse.

Nos coeurs sont emplis de peines et en quête de vérité. Des paroles et des accusations, nombreux sont ceux qui peuvent les formuler... Mais qui peut les prouver ? Qui donc nous assurera que ce que vous dites est vrai ?

Cette fois, c'est le souffle des vents qui s'exprime par la bouche de Maeva... Le Prophète s'exprime et nul ne saurait l'en empêcher... Le corps de la prophétesse se mue au fur et à mesure de son discours. Rapidement, elle prend l'apparence d'un jeune homme, beau et élégant... Il s'agit d'un barde, probablement un habitué de la table du roi. Puis, venue du tréfonds des âges, la voix du prophète se glisse peu à peu dans la gorge de Maeva.

L'ami du Roi... Celui qui n'a pas vu le jour encore cette année... Celui là vous contera la vérité...

Maeva se sent vidé de son énergie comme si toute sa force avait été puisée pour que le prophète puisse ainsi s'exprimer. Le Cartographe qui la regardait sans grande conviction depuis le départ ouvre maintenant des yeux ébahis, comme le reste du public d'ailleurs... Un murmure s'élève qu'elle ne comprend pas... Un mot se trouve sur toutes les lèvres... Nombreux sont les sans-esprits qui s'éveillent à ce moment là et la salle se retrouve bientôt quasi-déserte. Maeva tend encore l'oreille, repassant mentalement le murmure de l'assemblée lorsque le Cartographe s'exprime à haute voix.

Fedil...

C'est cela, le mot, que tous prononçaient...

Tu as pris l'apparence de Fedil, l'ami du roi... Celui qui par trois fois lui a sauvé la vie...