Au coeur du bouclier

[Luniel]

Artemus laisse tomber son cigare et l'écrase machinalement du pied, sans même regarder.

Le Charpentier aurait aimé oui, pour ce que je l'ai connu, je suis sûr qu'il se serait plû avec nous et devant une telle oeuvre... Par Tous les Vents...

Tu me reparleras de cette épée, mais pas maintenant...

Ce que j'en dit ? Que je veux monter à bord parbleu !!

Le Pirate s'apperçoit alors qu'accrochés à sa ceinture, sous le renfort de sa veste, deux gants de cuir très épais et renforcés à la paume et à la jointure du pouce ont pris place. Comme s'ils faisaient parti de son équipement naturel au même titre que son sabre, et le reste.

[Machuthu]

Tonton Macab indique une passerelle, sorte de pont de liane tendu entre le navire et la falaise...

Je te préviens, ça secoue un peu et faut avoir le ventre bien accroché...

Le Voyageur ne ment pas... Et de voir le sol si loin sous ses pieds laissent le pirate un instant proche de la panique... Il doit y avoir cent à deux cents pieds de vide sous le pont et ce n'est que lorsque tonton Macab reprend la parole qu'Artemus parvient à avancer.

Ceci dit, une fois sur le navire, son malaise disparaît totalement... Il retrouve la sensation divine du flottement du navire et, ce qui ne gâche rien, le navire est aussi travaillé de l'intérieur que de l'extérieur.

Tonton Macab entraîne donc le nouveau venu de la cale aux mâts afin de lui expliquer toutes les contraintes d'un tel engin... Il aborde également les notions de Plafond et Fracasse qui ont coûté un navire et de nombreux hommes à l'allégeance. A la fin, Artemus n'a plus qu'une seule envie... voler. Un brin sadique, Tonton Macab ramène le pirate au sol...

Pas tout de suite l'ami... Mais c'est promis, je te réserverais une place à bord de l'un de ces navires... Il faut que tu saches qu'il est plus long et plus coûteux de fabriquer un seul de ces engins que quatre vaisseaux de ligne complets dans le Réel. Du coup, nous ne disposons que de cinq navires et nous commençons à peine à maîtriser les contraintes de navigation aérienne.

Au cours de la visite, le vent s'est levé et alors qu'ils reprennent pied sur la falaise, les voiles se gonflent et se relâchent... Depuis un poste d'observation, Artemus entend un cor sonner par trois fois. A voir l'agitation qui s'en suit, Artemus comprend immédiatement qu'il s'agit de quelque chose de grave pourtant, il ne voit dans les mains des matelots aucune arme et personne ne semble se préparer au combat...

[Luniel]

Le Pirate a vrai dire tire une sale tête. Et son regard traine longuement sur le navire. Mais Tonton doit avoir ses raisons.

Reprennant pied dans le Rêve, il regarde le voyageur d'un air interrogatif.

Il se passe quoi là ?

[Machuthu]

Tonton observe Artemus.

Le vent se lève... Un grain se prépare et peut-être même un orage...

Le feu est la pire des calamités pour ce style de navire, en plus s'il reste trop proche de la falaise, il sera probablement détruit avant la fin de la nuit...

Une cinquantaine d'homme montent à bord du navire et commencent à rompre les amarres... Gabiers et matelots connaissent parfaitement leur place... Et Artemus meurt d'envie de les rejoindre lorsque Tonton Macab le retient...

Avoir le pied marin ne suffit pas lorsque le vent se lève... Il faut avoir l'habitude... Je te l'ai promis, tu feras une virée bientôt...

Allons plutôt boire un verre, nous ne sommes d'aucune aide ici...

Et puis, il va falloir déterminer le lieu de notre prochaine attaque...

[Luniel]

Bon grès mal grès le Pirate se laisse entrainer vers la représentation rêvée de Tamarique.

Bon si c'est toi qui offre *sourire* Comme ça tu vas pouvoir me parler un peu de cette lame avant de parler du reste, je t'en voudrais moins de m'avoir montré ce navire pour me faire partir la minute suivante.

Artemus éclate de rire comme il emprunte un chemin si connu mais pour l'occasion si différent...

[Machuthu]

Tonton Macab sourit et pose sa main sur l'épaule d'Artemus, tout en continuant d'avancer...

Je comprends ta déception... Imagine seulement l'excitation et la frustration des voyageurs qui ont travaillés sur ce projet pendant des mois avant de voir cet engin voler...

Tamarique n'est guère loin et les deux hommes se retrouvent bientôt dans une belle taverne de l'île. Alors que le tavernier apporte deux verres aux pirates, le voyageur réexamine la lame...

Regarde... As-tu déjà vu pareille lame dans le Réel ? Non ? Ca ne me surprend pas... Tu as pesé la lame, testé son équilibrage et appréçié son esthétique. En fait, dans le Réel, une bonne lame se doit de posséder un bon équilibre, une lame résistante et un bon tranchant tandis que dans le Rêve, une arme de qualité se doit d'être presque parfaite... Elle doit non seulement posséder les qualités d'une lame Réelle mais elle doit aussi être belle et interpeller l'âme du voyageur...

Lorsqu'un voyageur réalise une telle arme, il y passe de longues heures et investit une partie de lui même dans l'arme... Cela requiert une grande concentration et ça se rapproche par bien des aspect de l'art...

Celui qui a réalisé cette arme était visiblement un habitué de ces prouesses... Chaque détail de la lame est une pure merveille... En plus, tu dois ressentir la présence d'une source n'est ce pas ?

Je ne suis pas un expert en la matière, mais il me semble que c'est la source des Gardiens... J'ignore cependant en quoi consiste ce pouvoir....

[Luniel]

Artemus regarde longuement la lame. Son entrainement et les champs de bataille traversés lui ont appris à manier presque toutes les armes, mais les lames droites ne sont pas ses préférées. Le sabre reste l'extension naturelle de son geste lorsque ce dernier se doit d'être assassin. Peut importe, le temps venu il est sûr que la lame du Charpentier servira.

Le Pirate observe la Taverne. Le Poisson Lune. Le rêve a encore augmenté la décoration chargée de l'endroit, telle que les Pirates l'affectionne. Les larcins et les prises diverses s'affichent sur les murs. C'est avec un amusement certain qu'Artemus reconnait certains des sans esprits qui traversent la salle. Croc q'un Oeil, Lame torve, TitPimousse...

Il se retourne vers le voyageur.

Dis moi Tonton, sommes nous nombreux à appartenir au Bouclier ? Je suppose puisque le Codex est inspiré par ce dernier que l'organisation du Bouclier est semblable à celle de l'île ?

Le Pirate réfléchit. L'île vit des prises Pirates, et de la culture de quelques plaines fertiles. La toile des comptoirs Pirates s'étendant bien au delà de ce que les autorités peuvent croire. De nombreux comptoirs légaux possedant une double officine. Il est facile alors d'obtenir des informations sur les routes empruntées par les navires et leur approvisionnement.

Tamarique vit au rythme des alizés, tranquillement, sereinement, dans une saine anarchie. Rixes et réglements de comptes sont monnaie courante chez les Pirates, mais le Codex et les Oncles vaudous réglent les histoires qui saperaient de trop la force de la Fratrie. Au final tout ce petit monde vit bien. Un système complexe d'ardoise régle les éventuelles dettes, et il n'est pas rare que la Fratrie prete à celui qui n'a pas, le temps qu'il se refasse. C'est pourquoi contrairement à d'autres, elle n'est jamais tombée. Si les Pirates ne respectent pas grand monde, ils repectent la parole donnée dans la Fratrie. Se couper de cette dernière c'est couper son dernier lien avec le monde des vivants, car il est alors nul part où aller.

Mais dans le Rêve... Quoi qu'il fasse le Pirate n'arrive pas à chasser le navire volant de ses pensées.. Et puis il sait qu'à quelques pas de là le Chant des Sirènes s'offre comme le plus beau des diamants... Etrange sentiment vraiment que d'être de ce coté ci du miroir, chez soi...

[Machuthu]

Tonton Macab reprend la parole, faisant redescendre sur terre Artemus, parti dans ses pensées.

Oui, l'organisation du Bouclier dans le Rêve est assez semblable à celle du Réel, si ce n'est qu'il n'est ici aucune trace de Vaudou, tu dois bien te l'imaginer... Quelques uns des pirates les plus méritants et les plus respectés tranchent donc les conflits trop importants.

C'est comme ça d'ailleurs que La Quille a perdu l'esprit... Le bougre avait décidé que sa puissance en tant que Gardien lui permettait de liquider personnellement les pirates lui faisant ombrages. Le problèmes, c'est qu'il voulait presque prendre le contrôle du bouclier et ça, nous ne pouvions le laisser faire...

Enfin, peu importe...

Artemus voit un homme entrer en courant et se diriger droit vers eux...

Macab'... Regarde ce que j'ai trouvé...

L'homme exhibe un parchemin ouvragé à l'oncle Vaudou qui l'observe un instant, dubitatif.

Oui et alors ? Je ne connais pas cette île des quatre lunes, par conséquent, je ne vois pas comment on pourrait intervenir...

* L'homme *

En fait, ce n'est pas le premier parchemin que j'intercepte et ces idiots utilisent un code assez aisé à déchiffrer. Vois-tu, lorsqu'il donne le nom d'un lieu, il forment une espèce de rébus codé... Le quatre devra être remplacé par un autre chiffre et la lune par un autre astre ou par quelque chose qui puisse être appelé lune...

Tonton Macab semble ne pas mieux comprendre jusqu'à ce que l'homme achève sa démonstration...

Les quatre lunes...Certes, on ne connaît pas d'le des trois soleil , ni même d'îlot des 7 étoiles mais il me semble que nous avons déjà foulé ensemble l'archipel du pic des deux fesses, non ?

Tonton Macab reprend le parchemin et le relie à la lumière des nouveaux éléments... Puis il se tourne vers Artemus...

Toujours partant pour une balade ? J'aurais besoin de bras armés....

[Luniel]

Le Pirate avale cul sec le restant de sa choppe avant de la reposer sur la table. Un sourire entendu s'affiche sur son visage.

Tu vois bien que les vents me sont favorables, je vais y mettre les pieds plus tôt que prévu sur ta merveille. Si tu me dis au moins en chemin de quoi il en retourne..

Le Pirate se lève et tappe sur l'épaule de Tonton.

Oublies pas cette tournée est pour toi *rire*

[Machuthu]

Tonton Macab sourit...

A dire vrai, nous ne prendrons pas ce bateau là, mais je présume que ça revient au même pour toi, non ?

En fait, il semble que l'Ire cherche à enchanter quelques armes... Pour ce faire, ils font appel à une allégeance dont j'ignore beaucoup... Une allégeance de Gardiens...

Ces derniers doivent rendre les armes enchantées au lieu de rendez-vous auquel fait allusion le parchemin...

En échange, l'Ire versera à cette allégeance une jolie somme en espèce sonnante et trébuchante... Deux bonnes raisons d'aller jusque là non ?

[Luniel]

Le Pirate fronce quelque peu les sourcils.

L'Ire ? L'allegeance à laquelle appartient Jack le Noir ?

Tu te souviens de ce que je t'ai raconté sur le Charpentier ? Il y avait justement une production intensive d'armes blanches. Des lames produites par un Voyageur, et pas n'importe lequel..

Interessant, si on peut rafler les armes et la monnaie, on s'en portera pas plus mal, mais il va falloir se méfier des Gardiens..

Artemus affiche un large sourire. L'idée même de prendre pied sur un de ces navires lui suffit pour l'instant. Et il est curieux de voir comment Tonton va organiser les opérations....

Allons y, oh fils du vaudou !

[Machuthu]

Tonton Macab acquiesce silencieusement. Effectivement, les gardiens sont dangereux et visiblement, l'oncle Vaudou ne l'ignore en rien.

En fait, nous disposerons d'un bel effet de surprise, ils ne s'attendront pas à une attaque depuis le ciel... Qui plus est, les gardiens sont puissants mais même leur pouvoir à ses limites...

Le Voyageur emmène ensuite ses deux compagnons vers le centre de la ville... Artemus repère pour la première fois une haute tour de pierre et de bois... Initialement, il avait pris la construction pour un phare, mais il n'en est rien.

Tonton Macab s'engouffre dans le bâtiment et commence son ascension. A en juger de son apparence extérieure, la tour se limite à quatre ou cinq étages et les pirates n'ont guère de peine pour parvenir à son sommet.

Là, Tonton Macab se saisit d'une corne de brume et fait sonner l'instrument selon un code prédéfini. Quelques minutes s'écoulent alors jusqu'à ce que depuis le large, Artemus puisse apercevoir les voiles d'un navire. Comme l'avait prévenu le Voyageur, ce navire est plus modeste que le précédent mais n'en reste pas moins impressionnant et majestueux.

Le pirate voit le bâtiment se diriger à vive allure vers la tour et tonton Macab explique sommairement à Artemus.

Va falloir le saisir au vol... Tu vois les filins qui pendent de la coque... Ce sont des échelles de cordes... Lorsque le bateau passera à portée, saisi en une et grimpe jusqu'au pont... D'ici là, un seul conseil, porte ton regard sur le navire et pas sur le sol...

Macab n'a guère le temps de donner plus d'explication que déjà le camarade de Macab se saisit d'une échelle de corde et commence à grimper...

Une deuxième échelle passe à portée d'Artemus et ce dernier se demande un instant s'il n'est pas en train de faire une nouvelle folie... Ceci dit, ce n'est pas une folie de plus ou de moins qui arrête un pirate tel qu'Artemus et d'un geste ferme, le cartographe empoigne l'échelle et se retrouve littéralement soulevé de terre. Dès lors, ça se corse, il faut à Artemus toute sa volonté pour éviter de regarder le sol et il comprend un peu tardivement les conseils de Macab...

Après quelques péripéties néanmoins, Artemus parvient jusqu'au pont du navire ou Macab l'accueille, un grand sourire aux lèvres... Ca décoiffe hein ?

[Luniel]

Le Pirate jette un oeil faussement sombre à Tonton et tout en massant son bras endolori par la saisie de l'échelle de corde et sa main rouge vif, il ne peut s'empêcher de sourire.

Par tous les vents, je me fais l'effet d'une pucelle venant de connaitre son premier amant. Une mer déchainée ne m'aurait pas fait plus d'effet...

Le pirate s'empresse alors d'embrasser du regard le navire et son équipage, saluant les hommes dont il croise le regard.

Même s'il ne compte plus depuis longtemps ses heures de navigation, la sensation qu'il éprouve à bord du navire est la plus grisante qu'il ait jamais ressentie jusqu'alors.

Eclatant de rire, il demande au voyageur :

Et quel est le nom de ce miracle volant ?

[Machuthu]

Tonton Macab sourit...

La Pucelle... On l'a nommé ainsi car c'est de ce navire que l'on se sert pour initier nos hommes, pour les dépuceller en quelque sorte...

C'est notre plus petit navire et du coup, il dispose d'une stabilité bien supérieure à celle des autres...

Tonton Macab fait signe à l'un des hommes de s'approcher...

C'est La Soigne, notre guérisseur...

L'homme examine la main d'Artemus, brulée par le cordage et se concentre un bref instant... Le Pirate ressent un soulagement immédiat et voit les traces de brulures diminuer de moitié...

Dans quelques jours il n'y paraîtra plus et puis, d'ici là, tes gants seront plus efficaces...

Artemus s'aperçoit alors que chaque membre de l'équipage possède une paire de gant à son côté...

* Macab *

C'est indispensable pour se laisser glisser le long de la corde lors du débordage...

[Luniel]

Artemus remercie La Soigne, et garde son air amusé en entendant le nom du navire. Il prend les gants qui ont trouvé place à sa ceinture et les enfile. Les renforts sont solides, du bel ouvrage, simple et fonctionnel.

Alors, puisque je suis là pour apprendre, profitons en ! Tu parles de débordage ?

Malgrès son habituel air goguenard, Artemus mémorise chaque nom, et technique expliquée par Macab.

Puis le Pirate entame le tour de l'équipage en compagnie de Tonton. Prenant le temps d'échanger quelques mots avec chacun des hommes, et laissant Tonton faire les présentations. Enfin le rêve lui permet de vivre deux fois plus intensement que de normal, et il aime cette idée.