Au coeur du bouclier

[Machuthu]

De nouveaux, Artemus se sent projetés par les oiseaux et un instant, il craint de s'écraser à nouveau mais bien au contraire, le vent le porte... Totalement emporté par le flux incroyable des volatiles, Artemus est projeté à plusieurs mètres du sol pour tournoyer tantôt dans un sens tantôt dans un autre, insufflant au Rêveur l'impression qu'il vole. Visiblement, les oiseaux prennent plaisir à emporter l'homme dans leur course et le vol dure plusieurs secondes et Artemus se délecte de l'instant.

Puis, après un piqué vertigineux, les volatiles passent en rase motte près de Macab, toujours accroché à un arbre. Plusieurs branches du végétal sont d'ailleurs arrachées sous la force du vent. C'est à ce moment qu'Artemus perçoit la crainte des oiseaux... Alors que le vent les porte vers l'arbre, ils tentent de s'extirper du flux et une bonne partie des créatures y parvient. Artemus perd alors de son élan et peu à peu, le pirate voit le sol se rapprocher alors que les derniers volatiles amortissent sa chute...

Encore emporté par la vitesse, le cartographe roule sur lui même et alors qu'il s'arrête enfin, il assiste au triste spectacle... Parmi les milliers d'oiseaux, une bonne centaine n'a pu s'extraire du flux de vent et ils se sont retrouvés projetés vers l'arbre... Au moment même où ils sont arrivés à portée, les branches de ce dernier se sont mises en mouvement et chaque oiseau s'est retrouvé emprisonné dans un cocon de feuille.

Artemus constate avec effroi que des milliers de cocons semblables jonchent le sol. D'ailleurs à bien y réfléchir, où qu'il porte les yeux, le cartographe ne voit du sol que cet amas de cocon... Rapidement, il en arrive à la conclusion suivante... Dès que l'un de ces oiseaux touche le sol, il est immédiatement retenu par les végétaux... C'est une sorte de moyen de défense des végétaux probablement... Sans qu'il parvienne à comprendre pourquoi, Artemus se sent comme ces oiseaux, dont on a brisé les ailes et il imagine un instant l'enfer qui doit être le leur, n'ayant aucun autre choix que de vivre en perpétuel mouvement...

[Luniel]

Après son roulé le Pirate se tient la jambe en se retenant de hurler. Folie que de l'avoir fait, mais la sensation était grisante, au point de lui faire chasser la douleur un instant de son esprit. Se relevant comme il peut, le Pirate se dirige vers un cocon et l'examine attentivement faisant signe à Macab de le rejoindre.

Tu aurais dû venir, toi qui voullais voler *sourire*
Regardes, tu en penses quoi toi qui voyage depuis plus longtemps que moi par ces contrées ?

Sortant sa dague le Pirate ouvre délicatement le cocon, son souhait est de libérer l'oiseau. Il lui semble qu'une guerre se livre ici entre le végétal et l'animal. Et Artemus s'il aime le bois dont sont faits les navires, n'est pas un grand amateur de forêts. De fait il est comme ces oiseaux, en mouvement perpetuel, préférant ce statut à celui des végétaux, prisonniers de leurs racines...

[Machuthu]

Artemus se rend vite compte qu'une colle épaisse lie les feuilles entre elle... Pourtant, il sent encore le volatile se démener à l'intérieur... Lorsqu'enfin, il parvient à ouvrir le cocon, l'oiseau se pose un instant sur la main du pirate, qui machinalement retient son souffle. Puis dans un nouvel élan, l'oiseau s'envole et rejoint le groupe encore en vol... Le Cartographe emet un doute silencieux quand à la survie de l'individu car il semble moins rapide que les autres, c'est probablement lié à la colle secrétée par les feuilles...

[Luniel]

Englué sur Terre, libre dans les airs... Englué sur Terre, libre sur les mers...

Artemus prononce cette phrase à mi voix, tant pour lui que pour son compagnon voyageur...

Dis moi Tonton, je ne ressens pas de portail à proximité, mais puisque nous sommes les seuls à nous être échoués ici, je me demande... Le portail par lequel nous sommes passés devait être aérien... Enfin peut-être... il me faudrait en localiser un autre... *deplie sa carte qui reste muette*...

Ou retenter un vol avec nos amis les oiseaux... Qu'en penses tu ?

En passant Artemus place la coquille de feuilles vide engluées dans sa sacoche. La douleur n'est plus qu'un feu qui se consomme lentement mais avec une régularité exemplaire.. Le temps est compté, il faut revenir vers le Bouclier sinon le Pirate ne donne pas cher de sa peau dans le Réel...

[Machuthu]

Macab affiche une moue dubitative...

Mouais...

A dire vrai, je pensais à autre chose... Vois-tu, ces piafs ont un drôle de pouvoir... Et si j'en crois le peu que je saches, il ne le tienne d'aucune des sources habituelle...

Vois-tu, en dehors des sources majeures qui alimentent les Mesnies, certaines créatures disposent de dons qui leurs sont fait par des sources de faibles puissances... Je crois que ces le cas pour ces volatiles...

Je penses même que cette source est ici, dans ce Royaume et que si nous avons été attiré ici c'est parce qu'à un moment, elle a été suffisament puissante pour générer un portail vers un autre Royaume...

[Luniel]

Une source plus petite ?

Interessant... Malgrès la fatigue et la douleur les neurones du Pirate fonctionnent à plein régime. Ainsi peut-être que cette source permettrait de sentir les courants aériens, ou quelque chose du genre...

Toi, tu arrives à la ressentir?

Le Pirate s'assoie, dos à un rocher et ferme les yeux. Il peut sentir cette source, il doit sentir cette source, si elle est capable d'ouvrir un portail, alors elle tisse sa trame, s'écoule dans ce royaume... Filtre à travers le Rêve... Remonter à la source, tel va être l'enjeu...

[Machuthu]

En fait, Artemus parvient sans peine à ressentir la source... Elle doit être rééllement proche pour que le pirate puisse la sentir ainsi...

Pourtant, l'impression est diffuse, comme si ce Royaume même était une émanation de la source elle-même...

Par contre, ce que le Cartographe ressent, c'est cette présence, ténue et délicate de sa propre source... Il comprend enfin sa présence... Peu à peu, elle s'interesse à ce Royaume, elle ressent que bientôt, il sera suffisament présent dans la trame pour que les portails s'ouvrent d'eux mêmes... Un instant, il se demande même si ce n'est pas sa propre source qui l'a envoyé ici... dans le but de libérer cette source...

[Luniel]

Le Pirate indique à Macab la direction de la Source de ce Royaume, et lui demande de l'aider à progresser. S'appuyant sur l'épaule solide du voyageur Artemus entame une marche clopinante vers l'origine de la Source de ce Royaume. PLus que jamais la curiosité, et la volonté de comprendre le dévorent...

[Machuthu]

Artemus avance donc, aidé de Macab... Le Cartographe et le Voyageur arrivent bientôt en vue d'une masse noire... Une espèce de rocher qui se dresse au-dessus de la plaine. Pas une seule tâche verte ne vient entâcher la masse sombre du roc.

Au fur et à mesure que les deux hommes avancent, ils distinguent peu à peu des millions d'oiseaux posés sur le promontoire, des milliards peut-être... Pire, l y en a autant qui virevoltent en tous sens autour du rocher... Pas un seul centimètre carré n'est couvert des oiseaux en question et dès que l'un d'entre eux s'élance, un autre se pose... Le vent se lève peu à peu et Artemus sait qu'au plus vous serez proche du rocher, au plus celui-ci sera puissant...

Une espèce de compréhension mutuelle le lie à ces oiseaux et le pirate sait qu'ils considèrent ce lieu comme le seul où ils peuvent se poser... Prendre un peu de repos... Dès lors, tout devient clair en lui... La source ne pourra gagner en pissance que si les oiseax sont plus nombreux et ils ne seront plus nombreux que s'ils peuvent se poser sans crainte ailleurs que sur ce caillou...

Alors que cette pensée lui traverse l'esprit, une centaine d'individu se dirigent vers eux et virevoltent autour des deux hommes comme s'ils étaient conscient de l'intérêt qu'ils sucitent en vous...

[Luniel]

Artemus expose ses sensations au Voyageur. Leur permettre de se poser ailleur que sur ce rocher reviendrait à empecher les végétaux de réagir autrement que par l'attaque systématique de tout être volant, ou alors leur ouvrir un portail vers un royaume où ils puissent se poser..

Laissant le Voyageur faire rempart contre le vent, le Pirate tente de se rapprocher du rocher, son esprit peine à trouver une solution au problème des oiseaux et pour l'instant seule l'idée d'être plus près de la source pour tenter de la comprendre lui semble pertinente. Si les oiseaux pouvaient l'aider à l'atteindre.. Le pirate contemple donc le dos de Macab comme celui ci avance de plus en plus péniblement vers le monceau de plumes et de vent...

[Machuthu]

Artemus tente de transposer le problème de ces oiseaux à celui du monde marin tel qu'il le connaît... Il imagine chacun de ces oiseaux comme un pirate qui se doit de nager jusqu'à ce qu'il puisse prendre place sur le navire ou couler par le fond...

Mais à ces pirates, il manque un élément... Le Cartographe ne ressent pas leur faculté à se défendre... Certes, ils sont puissants et la force du vent joue en leur faveur mais ils n'ont en aucun cas conscience de ce qu'ils peuvent accomplir... Ils donnent à Artemus l'impression de se retrouver face à un mousse qui découvre qu'il peut lui aussi devenir un matelot...

Ils ignorent tout de la force dont ils disposent et sont, telles les victimes passives d'un tyran, en perpétuelle quête d'un refuge...

Le monde végétal en entier prend alors pour Artemus les traits de la royauté... cette haute éminence qui décide de tout et qu'aucun individu ne peut vaincre seul... Mais ces oiseaux là, ils ne sont pas seuls... Ils sont des millions, des milliards peut-être...

[Luniel]

Ouvrant la main à un des oiseaux de passage, Artemus regarde ce dernier se poser. Puis agrippant doucement la tête du volatile il lui fait frapper de son bec la paume de sa main. Puis viennent les serres, le Pirate appuyant doucement sur ces dernières pour qu'elles s'enfoncent dans sa chair. Il a compris l'empathie des volatiles, aussi il leur parle comme il parlerait à une troupe, par la voix et l'esprit.

Votre bec, vos serres, sont des armes, servez vous en contre les arbres. Piquez les troncs, déchirez les feuilles, imposez votre marque pour vous poser où bon vous semble. Soyez des flêches qui transpercent les murs végétaux. Elevez vous et fondez sur cette forêt, qu'elle comprenne que rien ne vous arretera. Emmenez moi si vous voulez, portez moi en avant, et je vous montrerais comment une lame tranche, cette lame qui est votre bec et vos serres... Ne subissez plus, vous dont le Vent est l'allié, faites lui confiance, qu'il vous apporte la vitesse, la force et la précision, et qu'il nous porte tous...

Le Pirate étends les bras et se décale derrière le voyageur, faisant de lui même face au vent. Il ne tiendra pas longtemps, mais qu'importe, il lui semble que son esprit est appelé, happé par la force naissante des volatiles...

[Machuthu]

La première partie du message a bien du mal à passer au niveau de ces volatiles assez réfractaires à la violence, enfermés dans un schéma défensif complexe. Pourtant, lorsqu'Artemus ouvre de nouveau les bras pour inviter les oiseaux à l'emporter, des millions de créatures se dirigent vers lui... Le pirate ressent leur espoir, ils croient en lui...

Dans cette communion imparfaite, Artemus a parfois un peu de mal à diriger le flux de ces oiseaux du vent mais peu à peu, il parvient à leur intimer l'ordre de fondre sur un arbre isolé... Un bref instant, il ressent la source en eux, cette capacité à diriger le vent et il parvient à leur insuffler la volonté d'user de cette force au moment opportun...

Ce sont donc des millions de créatures qui fondent sur le premier arbre et alors que le pirate doute de leur réussite, il entend le craquement significatif des branches du végétal... Dès lors, les oiseaux puissent toute l'énergie dont ils disposent pour catalyser le vent... Artemus se fait l'effet d'être au coeur d'une rafale si puissante qu'elle pourrait soulever un galion entier pour le projeter à des centaines de mètres... Arrachant plusieurs tonnes de terre à sa suite, l'arbre est emporté dans un tourbillon puissant puis, après plusieurs vire voltages divers, il est projeté avec force contre l'un de ces congénères...

Le pirate ignore le temps qu'a duré l'attaque mais c'est avec plaisir qu'il voit d'autres groupes s'envoler et bientôt, tout autour du rocher, c'est une véritable tempête de branche, de végétaux divers qui sont balayés comme des fétus de paille, déchirés par les griffes et les becs des oisillons autant que par le vent. Dans un tel contexte, Macab, a lui aussi été soulevé du sol et tout comme le cartographe, il jouit d'une reconnaissance des oiseaux qui portent les humains au gré du vent...

Après quelques minutes, la tempête s'essouffle quelque peu et avec une délicatesse inconnue jusque là, les oiseaux déposent Artemus et Macab au pied du rocher. A des centaines de mètres à la ronde, on ne voit plus que le brun sombre de la terre. Nulle trace de végétal et pour la première fois de leur existence, les oiseaux du vent peuvent se poser ailleurs que sur ce maigre rocher...

Depuis le sol, ébouriffés et encore sous le choc, Macab et Artemus assiste à la parade d'un couple d'oiseaux. Tous deux s'élèvent aussi loin qu'il leur est possible dans le ciel puis s'unissent, tel un caillou, se laissant chuter à une vitesse vertigineuse, poussé vers le sol par un vent de plus en plus violent... Alors qu'ils arrivent à une dizaine de mètres à peine, la masse qu'ils forment tous deux explose en une multitude de point lumineux, autant d'oisillons dépassant à peine la taille d'une tête d'épingle...

[Luniel]

Le Pirate exhulte. Jamais il n'aurait pu rêver pareil cataclysme, pareilles sensations. Ce que le rêve vient de lui offrir il le chérira jusqu'à la fin de sa vie, jusqu'à ce que peut-être il retourne à la Source. Il lui semble avoir touché du doigt l'escence même de la liberté, la fin de la contrainte. Il sait qu'au fond de lui désormais, plus rien ne sera comme avant. Se rapprochant du voyageur il croise son regard silencieusement. Ils se connaissent depuis si longtemps que tout mot serait de trop.

Puis à nouveau le Pirate s'achemine doucement vers le rocher d'où emanne la Source...

*Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents...* (Alain Damasio : La Horde du Contrevent)

[Machuthu]

Au fur et à mesure qu'il approche, Artemus ressent l'évolution de la source, tel un coeur qui bat... Et à chaque colonne d'air qui s'écrase au sol, libérant des milliers de nouveaux nés, un nouveau battement se produit...

Lorsque le pirate et son compagnon arrivent sur le rocher, ils sont guidés, naturellement vers une cavité profonde. Dès lors, la vue leur fait défaut... Tout autour d'eux semble composé uniquement de puissance pure et, Macab comme Artemus ressentent la brûlure douce du pouvoir qui les explore sans pour autant se substituer à la source dont ils sont les porteurs...

Comment mesurer un tel instant... Il est en dehors du temps, en dehors du souvenir, il appartient à chacun comme une parcelle propre de son existence, une part intime de son essence.

De nouveau, Artemus ressent la présence de sa source et attiré par elle comme le fer par un aimant, il dirige ses pas vers le portail tout proche... Certes, il pourrait regretter de quitter un tel endroit... Pourtant, le pirate le sait, s'il quitte ce lieu, le lieu lui ne le quittera jamais...

Etendu sur le sol, les deux Rêveurs recouvrent peu à peu leur faculté visuelle. Ils sont de nouveau au coeur des Royaumes proches, fort d'une expérience ultime... Macab, lentement ouvre sa main... au creux de celle-ci, un appeau, dessiné avec soin... Artemus sait qu'avec l'objet, il pourra à sa guise appeler les oiseaux du vent. Un tel objet ne saurait être estimé dans le Rêve mais aussi profond en lui qu'il puisse regarder, le cartographe ne ressent aucune jalousie... Le couple d'oiseaux qui se pose sur son épaule représente plus que deux simples compagnons... Ce sont deux amis... Leur chant, c'est la promesse du soutien des vents, à jamais renouvelé.