Je n'ai pas pour habitude d’épandre à la populace les affres de ma petite vie et de celle et ceux qui m'entourent ... mais aujourd'hui c'est pas la forme !
Vous me permettrez donc que je vous conte la brève histoire d'un compagnon qui, trop tôt, poussa son dernier souffle et m'arracha en même temps une grosse partie du cœur.
Voilà maintenant près de 18 mois que Gaston s'était immiscer au sein de notre foyer. Une maison qui pour moi, a l'époque, n'avait guère besoin d'une bouche supplémentaire à nourrir, d'une couche a loger, d'une ribambelle de jouets supplémentaires et surtout d'un flot incessant de cris, de pleurs et autres pollutions auditives dont mes trois charmantes filles se chargeaient amplement.
Mais la volonté (et les fourberies !) des femmes, et de la mienne en particulier avait atteint des sommets pour parvenir à me convaincre de recueillir dans notre déjà large famille, un pensionnaire supplémentaire. Je me suis longtemps demandé comment elle avait réussit à me faire plier, car malgré les insinuations, les messages subliminaux, les demandes ouvertes, les suppliques et les chantages, j'avais réussit a assoir ma situation d'homme de la maison et affirmer haut et clair ma décision : Il n'y aura pas de chien à la maison !
Ou pas ... comme dirait certains
Gaston arriva chez nous un beau jour de septembre de l'année dernière, mais je ne le vit qu'en rentrant du travail. J'ouvris la porte et je ne vis au début qu'un large sourire fièrement afficher sur le visage de Corinne. Silencieuse, elle me laissa pénétrer dans la maison avec une petite étincelle dans le regard ...
J'avais compris que le jeu avait commencer, le monstre était là et il fallait que je le trouve ... mon regard balaya la grande pièce étrangement silencieuse, je fis quelques pas pour repérer l'intrus, derrière une chaise, sous un meuble, dans un placard, ... rien aucune trace de l'animal. Mais je n'étais pas dupe, l'entremetteuse avait laissé des traces de ses méfaits, une laisse, un collier et pire encore ... un pouic pouic trônait sur la table du salon !
Mon doigt appuya machinalement sur l'objet qui devait rendre mes siestes irréalisables et le son strident s'échappa du morceau de plastique : Pouuuiiiiicccc !!!
Et c'est là que j'ai rencontré Gaston. La bestiole attiré par le cri du Puic sorti de sa tanière et me regarda d'un air méfiant et curieux.
200 grammes tout au plus, quelques poils blancs, d'autres noirs, une face plate surmontée de deux antennes paraboliques faisant office d'oreilles et surtout deux yeux noirs et exorbités. J'avais donc en face de moi celui qui allait pourrir mes journées et hanter mes nuits !
Voyant le "monstre" sortir de son repaire, mon sang ne fit qu'un tour. Fort heureusement, mon flegme légendaire avait déjà prit le dessus et je parvenait a retenir la colère qui bouillait en moi .... A moi que ce ne soit le charme de cette boule de poil qui déjà m'envoutait !
D'un claquement de doigts, les visions d'horreurs que je ruminais depuis l'été disparurent. Adieu gamelles trainantes, "fuite" urinaire, poil sur le canapé, invasion de pouic-pouic et odeur de chien mouillée ! La profondeur de son regard, tout droit sorti d'un manga japonais avait eu raison de mes craintes ... J'étais subjugué, envouté ... marabouté !
S'ensuit alors 18 mois de bonheur pendant lesquels nos relations oscillèrent entre éducation, jeux, camaraderie et émotions ...
Pour l'éducation Corinne se chargea de la propreté, du cou-couche panier et du "on sent pas le cul", pour ma part je me chargeait de la lourde tache de l'initiation à la sieste dominicale sur le canapé, à la maitrise du "vent" discret mais dévastateur, du décapsulage, de la dégustation de saucisson auvergnat et, cerise sur le gâteau, à la découverte de l'analyse sportive, notamment rugbystique, avec option Top14 et Hcup. Gaston participa même a une campagne publicitaire et patriotique avant un cinglant France/Angleterre
Pour le jeu ... ce fur des jeux d'Hommes ... virils et sans pitié ... nous pratiquions le Mixed Martial Arts (MMA) sur canapé ... le résultat était souvent équilibré, mais je redoutais par dessus tout sa terrible botte secrète : feinte de griffure sur le nez et morsure à l'oreille !
Les combats était féroces, mais comme de vrais sportifs nous soignions nos plaies à la troisième mi-temps autour d'un saucisson, d'un bout de fromage et d'une bonne bière fraiche en se tapant dans le dos comme deux bons compagnons que nous étions !
Pour l'émotion elle était présente a chaque fois que nous étions ensemble, en balade, en virée, dans le jardin, ... Mais l'émotion fut poussé à son paroxysme lorsque lors d'une de nos balades, un dimanche d'automne, alors que Gaston cherchais des champignons pour le repas du soir, je m'étais mis en tête de faire quelques brasses dans l'étang de la Valette ... Idiot que j'étais ! J'avais oublié que je ne savais pas nager !!! Ce jour là je ne du mon salut qu'à la vivacité de mon jeune ami qui se jeta corps et âme dans mon sauvetage. Il me ramena sur la berge, pria pour que je ne trépasse et me réchauffa du mieux qu'il put. Ce jour là nous avions compris tous les deux que la disparition de l'autre serait insurmontable ...
De grâce, ne raconter pas a Corinne cette anecdote, je lui en ai déjà parler mais en échangeant les rôles afin de de garder ma dignité ... avec l'accord de Gaston bien-sur !
Mais ... les jours et les mois passèrent et la vivacité, la fraicheur et l'entrain s'estompèrent petit a petit, insidieusement un mal profond rongeait Gaston de l'intérieur ... Pertes d'équilibres et essoufflement lui faisait rapidement renoncer n'importe quel jeu. Lors des balades le sol semblait se dérober sous ses pattes, les chutes étaient nombreuses et le retour a la maison était de plus en plus précipité.
Nous pensions que l'arrivée de la jeune Harlem donnerais un coup de peps a ce "vieux" chien dont la tête dodelinait a l'instar de nos aïeux.
Ce fut peine perdu. Harlem affichait haut et fort sa ferveur de jeune chienne folle et Gaston ne pouvait que la regarder en maudissant sa condition.
Redoutant plus encore l'évolution néfaste de sa condition, nous avons tout tenter pour redonner a Gaston ses facultés et son plaisir de vivre, jusqu'à ce qu'un soir de novembre un vétérinaire nous décrypte les résultats d'un scanner qu'il avait passer quelques jours auparavant ...
Gaston soufrait terriblement ... en silence ... peut-être depuis toujours.
Sur les conseils de cet éminent vétérinaire nous avons décider d'abréger les souffrances de notre compagnon.
A 18 mois ...
...
De grâce messieurs et mesdames Éleveurs de Bouledogue Français, comprenez que vous œuvrez non pas pour le resplendissement de cette race, mais pour la qualité et la viabilité de ces sujets. La fixation d'une race passe par la sélection soit ! Mais cette sélection doit être réalisé pour obtenir des chiens sains et exempt de tares et non pas pour "coller" aux standards de la Race afin de faire des bêtes a concours.
Certain d'entre-vous veulent jouer au apprenti sorcier et je m'en veut terriblement d'avoir participer, par ignorance, a leurs méfaits.
De grâce, faite le tri au sein de votre profession, vous vous rendrez service a vous même et éviterez a d'autre qui, comme moi, ressortiront un jour de chez leur véto en ayant le sentiment d'être un meurtrier.