[Mani] Rencontre avec un être prudent

[Zoorin]

Le lendemain, Mani se lève dès qu'il émerge du sommeil de son corps humain. Laissant l'épouse de ce dernier dormir, il va vers sa veste et en sort la carte de visite de Paterson. Cela lui fait bizarre de l'appeler ainsi. Comme lui, il ne s'imagine pas s'appeler lui-même Caine, même si ce nom va progressivement faire partie de son propre être.

Au recto de la carte, le style est très sobre et fonctionnel, avec nom, profession et coordonnées. Mani note qu'il y a un numéro de téléphone fixe, son mail professionnel, mais pas de portable. Le gouverneur ne le donne pas à n'importe qui, bien sûr. Quoique, il pourrait avoir plusieurs types de carte de visite, certaines pour le tout venant et d'autres avec des coordonnées plus personnelles, qu'il aurait pu donner à un frère néphilim. Peut être n'en avait il pas sur le moment. Alexander hausse les épaules et la retourne, puis hausse un sourcil. Le verso, par contre, est étrange. Il y a une citation biblique dans un anglais ancien, ainsi qu'une petite image d'un ciel couchant tout à fait désuète, voire kitch. Étrange pour la carte du gouverneur d'un des états les plus puissants des USA.



[hrp][Jet de Découvrir, avec un Malus de 20%. Sinon, le dos de la carte est mieux fait que cela, avec des dégradés et des liserés, mais bon, je fais ce que je peux. ][/hrp]

[sweck]

[hrp]Enregistrement N° : 14320
40 sur (35-20)[/hrp]


Mani plongea au plus profond des connaissance de son simulacre pour essaye de déchiffrer cette carte de visite. Rapidement il compris que la génèse était l'un des livres de la bible, livre de révélation qui datait d'à peu près 3 000 ans. C'était une période qu'il n'avait pas connu. Mais de ce que Mani voyait, la bible était basée principalement sur les anciennes croyances Égyptiennes. Celles que Moise avait ramené avec lui d'Egypte. Quand au passage en question, nul doute qu'il faisait référence aux Néphilims...

Mani tourna et retourna la carte dans tous les sens. Puis il se saisit d'une bible et décida de comparer le texte de la carte de visite avec celui de la bible.

4 There were tirantes in the world in thos dayes. For after that the children of God had gone in vnto the doughters of men and had begotten them childern the same childern were the mightiest of the world and men of renowne

*Visiblement c'est le texte originel de la bible de Tyndale... Pas de message caché.*

Mani considère l'image. Que veut elle dire? le coucher de soleil, la fin? Il lit alors la fin du chapitre 6 et découvre l'histoire de Noé. Y a t il une arche à NY ou Paterson l'attend? L'église est une arche? Il y en a peut être une qui utilise la bible de Tyndale et dont les dimensions reproduisent celle de l'arche... ou bien un zoo?

Mani ouvre un plan de New York et recherche cette fameuse arche.

[hrp]jet d'analogie??[/hrp]

Après ces travaux préparatoires, Mani tente tout simplement d'appeler le numéro de téléphone indiqué sur la carte de visite pour prendre un rendez vous dès que possible avec Paterson. C'est la voie naturelle, alors autant l'essayer rapidement.

[Zoorin]

Le plan de New York ne révèle pas d'arches, ou alors trop de bâtiments qui pourraient être assimilé à cette forme. (presque tous les musées, les zoos, par exemple) Sur un plan, il ne voit pas les formes, les symboles qu'ils pourraient porter. Reposant le plan en se disant qu'il ne va pas avoir le temps d'explorer toute la ville de long en large, il se saisi du téléphone en jetant un petit coup d'œil dans la chambre, voyant "son" épouse dormir. Un réflexe cognitif lui dit qu'elle aime faire de longue grasses matinées, et qu'il a bien une ou deux heures devant lui. Il referme la porte pour la laisser tranquille.

Il formule le numéro qui se trouve sur la carte et tombe immédiatement sur le secrétariat du gouverneur où une voix agréable lance vivement :

Secrétariat du Gouverneur Paterson, bonjour. Que puis je pour vous ?

[sweck]

Mani répond promptement à la secrétaire.

Bonjour, je suis Alexander Caine de l'église de la scientologie. J'ai rencontré le gouverneur hier à une soirée et il m'a dit de le rappeler pour prendre un rendez vous. C'est au sujet de son projet de financement des professeurs qui travaillent dans les quartiers pauvres. J'imagine qu'il vous a laissé des instructions au sujet de mon appel?

Pendant qu'il parle sur un ton à moitié rassuré, Mani continue de manipuler la carte de visite. Il la met en contre jour de la fenêtre extérieur de son bureau pour voir si quelque chose serait écrit en filigrane à l'intérieur de la carte. Si ca ne donne rien, il examine le premier plan du dessin pour tenter de localiser le lieu ou a été prise la photo. On dirait qu'uen bande noire a été superposée à ce premier plan. Peut être qu'en grattant un peu ou en étudiant les contours...

[Zoorin]

En face, la voix change pour devenir plus sèche :

Oui, en effet, le gouverneur m'a chargé de m'excuser auprès de vous en son nom. Il ne pourra vous recevoir dans les jours qui viennent, son emploi du temps étant surchargé. Il est sincèrement désolé de vous avoir laissé entendre qu'une rencontre rapide allait être possible. Pouvez vous rappeler dans deux semaines pour fixer un rendez-vous ? Il sera plus aisé de vous trouver un moment de disponible. Si vous le souhaitez, vous pouvez également passer au bureau pour rencontrer son assistant chargé des affaires éducatives, Mme Talkwing. Que préférez-vous ?

Dans le même temps où Caine entendait cette mauvaise nouvelle, un indice minuscule apparaissait sous ses yeux. En tenant la carte devant la fenêtre, il voit une série de points apparaître Formant des formes régulières.

[sweck]

*Ca alors!*

Maini/Caine aperçoit en contre jour de la carte de visite des symboles qui ressemblent fortement au braille. Mani passe sa main sur le dessin pour voir si le message est "visible" au toucher. Puis ne laissant transparaitre aucun étonnement, Mani/Caine répond à la secrétaire.

Très bien Madame. Je rappèlerais.

Mani raccroche et se demande comment il va faire pour déchiffrer ce message... Heureusement pour lui, le XXI° siècle est plein de ressource. Caine lui apprend que beaucoup d'informations sont disponibles depuis son bureau via l'ordinateur. Mani allume donc l'ordinateur et commence ses recherches. Très vite il tombe sur un article qui lui apprend à déchiffrer le code braille. Dès les première lettres Mani sait qu'il ne s'est pas trompé. Il obtient le mot "ciel". La suite s'avère un peu plus dure puisque ces caractères sont variables d'une page à l'autre. Mais Caine déduit rapidement qu'il s'agit de chiffres "2479" et non de caractères acentués.

*ciel 2479*

C'est bien beau mais que peut il faire de ce code?

Caine observe son téléphone et aperçoit les lettres sur les touches. Et si c'était un numéro de téléphone? Mani sonde son simulacre pour voir si ca pourrait coller avec un numéro de de fixe ou de portable, quitte à rajouter un indicatif. Puis il compose le numéro pour vérifier.

[Zoorin]

Caine apprend à Mani que c'est bien trop court pour faire un numéro de téléphone. Cela peut être la fin mais il faut les six ou sept premiers chiffres. Mais cela pourrait être un code de coffre, un code d'entrée dans une zone sécurisée. Ou énormément d'autres choses. Des longitudes et latitudes ? Une combinaison de numéro de rue et d'avenue (genre le 247 de la 9ème avenue, ou le 2ème appartement du 4ème étage du numéro 7 dans la 9ème avenue...)

Mani est un moment éberlué par la masse de nombres dans lesquels les humains de cette époque nagent en permanence. Il y en a littéralement partout !

[sweck]

* c i e l ca fait 4 touches sur mon téléphone et 2 4 7 9 ca en fait 4 de plus. Donc 8 au total. Mais aux usa, c'est 7 digit hors indicatif de zone donc ca ne marche pas.* pensa Mani.

Mani se demande ce que peut bien vouloir dire ciel. Est ce le nom d'un bâtiment à New York? Mani fait une petite recherche sur internet et trouve, en autre, que ciel signifie heaven ou sky en anglais. Il trouve même un texte qui s'intitule "Le ciel de New York" d'Albert Camus. Mais y a t il mention des fameux chiffres dans ce carnet?

Mani se concentre sur sa carte et décide finalement de chercher un indice réservé au Néphilim: un indice dans les champs magiques. Mani tente de passer en vision ka sur la carte de visite afin d'ajouter une nouvelle pièce à son puzzle...

[hrp]Enregistrement N° : 14387 - résultat: 01 !!![/hrp]

[Zoorin]

[hrp]Tu as une chance folle, toi. Un 01 sur un jet de ka ouvre la possibilité d'une illumination. Je te renvoie sur les règles que je vais décrire dans la section hrp.[/hrp]

Mani s'enfonce dans son inconscient et son être intérieur. Il meut son pentacle fantasmatique et l'étend pour effleurer son cocon de ka-soleil, s'orientant par rapport au monde physique. Piquant son cocon par une série de minuscules aiguilles, des extensions de sa volonté, il finit par le percer par l'un de ses "bras" pentacliques.

" "Bras", quel terme grossier pour évoquer l'une des facettes de ma puissance et de mon être." pense-t-il.

Il sort de l'influence de son simulacre et là ; merveilles ! Il se retrouve face à une conjonction des cinq ka-éléments, formant une constellation de particules magiques qui résonnent entre elles. Des dizaines de formes parcourent les murs, les objets du quotidien, les illuminant d'une lumière, d'un son, d'une vibration, d'une odeur particulière, mystique. Le néphilim réagit immédiatement, Il s'agit d'un évènement occulte rare, presque anormal dans un endroit aussi banal que cet appartement sans âme. Il y a de fortes chances pour que cette situation soit une réponse à son arrivée à lui. Les champs magiques réagissent à sa présence et, par chance, ils se combinent pour enchanter les lieux, et vibrer de la manière la plus élémentaire qui soit.

Dispersant son être dans cette lumière mystique, Mani ressent la solidité, la force brute des ka-éléments structurant l'espace environnant. Il tente de se mettre en symbiose avec les lieux et les influences locales. Les particules de ka-éléments lui apportent des concepts, des mots, des sons avec lesquels il tente de réagir et de s'unir.

Acier, béton, verre.

Les lieux sont chargés de symboles puissants du monde moderne. La souplesse de l'acier, la pesanteur du béton, la translucidité du verre. Les humains projettent des sentiments de puissance et de réussite dans ces trois concepts qui s'agglomèrent pour porter de multiples abstractions : prouesses technologiques, réussites sociales, défis intellectuels et artistiques.

Mani n'a pas toutes les références culturelles qui sous-tendent ces artefacts de la civilisation humaine occidentale, mais il ressent la force et la portée quasi universelle de leur symbolique, et c'est tout ce qui lui importe puisque c'est ça qui structure les ka-éléments.

Le Ka-feu diffuse dans des traits effilés des impressions de douleur face aux contraintes techniques, et de volonté de les surpasser pour parvenir à exprimer une idée créatrice et personnelle. Le ka-air se façonne lui-même en une multitudes d'étoiles de concepts éthérés sur le lien entre la terre et le ciel, le concret et l'abstrait, la terre et le vent, la pureté des façades immaculées. Le ka-eau est presque figé des fonctions mathématiques, des formules physiques qui ont servies à la construction des bâtiments, il les exprime et tente d'en montrer les abstractions les plus fondamentales. Le ka-terre vibre de la volonté des architectes de bâtir solide, invulnérable, et en adéquation avec ce que veulent tous ceux qui vont y habiter. Ces lignes de force pulsent du cœur palpitant des ouvriers qui peinent pour construire les lieux. Le ka-lune ronronne lentement des fissures du béton causées par les vibrations de la terre, des concepts écologiques qui jettent l'opprobre sur ce type de bâtisses, des innovations intellectuelles des architectes qui dépassent celles qui ont permis la construction de cet immeuble.

Cette multitude de vibrations, aux connections infinies, et qui habituellement est sagement enfouie dans la rugosité de la matière est ici éveillée, vrombissant d'un plaisir renvoyé par Mani. Car cette illumination, même sur un objet aussi trivial que l'immeuble que son simulacre habite, recèle une sagesse cachée, des facettes de la civilisation humaine, pouvant aider les néphilims dans leur compréhension de l'univers et des champs magiques qui, de toute façon, participent à toutes les réalités sur Terre.

Le néphilim se baigne dans cette élévation magique, se laisse porter par les concepts qu'ils véhiculent et tente de s'y fondre pour se délecter de son essence.

[hrp][Il me faut une description de ce que Mani comprend des savoirs, des sentiments, des sensations et des sagesses enfouies dans un tel bâtiment (tu peux inventer, bien sûr), et surtout faire le lien entre le moi profond du néphilim et ce qui gravite actuellement autour de lui. Pour toutes questions, voir le forum des arcanes][/hrp]

[sweck]

[hrp]Et avec tout, j'en oublie même la raison de ma transe et je n'apprend rien sur la carte [/hrp]

Alors qu'il scrute les champs magiques qui l'entourent et le pénètrent, Mani sent une chaleur monter du plus profond de lui même. Douce et intense à la foi. Ses cheveux s'animent et luisent tels des flammes, ses ongles se plantent dans le cuir de son fauteuil et une odeur de brulé se dégage de son corps. Mani a le vertige. Une sensation de joie (liée à la découverte) et de peur (de l'inconnu) se mélangent en lui. Cela faisait des éons qu'il n'avait pas ressenti cela! En fait la dernière fois date du temps ou il était un volcan...

A cet instant d'extase suprême, Mani ne sait plus si c'est son ka qui est qui se retrouve dans une cathédrale d'acier ou si c'est la cathédrale qui est en lui. En fait c'est impossible à dire tant les deux sont intimement liés. L'harmonie et la perfection. Voila ce qu'il ressent à cet instant. Mani vient de percevoir un subtile équilibre entre les différentes forces magiques. Un équilibre qui n'aurait pas exister sans sa présence. Il a trouvé sa place, provisoirement, dans ce monde.

Cette cathédrale, c'était l'ile qu'il avait créé en tant que volcan. Elle sortait tout droit de la bouche d'un volcan et n'avait pu naitre que par la rencontre entre deux forces opposées: le feu sacré et l'océan primordial. De cette rencontre étaient apparus les 5 éléments. 5 éléments qui en ce lieu et en cette heure avait su se mélanger pour former un tout inaltérable.

Le feu était partout. C'était le fil conducteur de Mani. Fil qui lui permettait d'accéder au savoir recelé par ces lieux.

L'acier, tout d'abord. Il provenait de la terre et avait été façonné par le feu qui lui avait enlevé toutes les impuretés pour ne laisser qu'un substrat aux propriétés étonnantes. C'était l'ossature de la cathédrale. Un squelette de titan! Mani semblait habiter le corps endormi d'un dragon géant. Mais était-ce celui de sa mère ou celui de maitresse? Sans doute les deux? Allait il renaitre une troisième fois d'un dragon?

Si le métal était l'ossature de la cathédrale, le béton était sa chair. Il avait été formé par un mélange de terre et d'eau. Mélange qui s'était solidifié par la douce chaleur du soleil. Baptisée par l'eau et par le feu, le béton avait atteint le stade ultime de son évolution. Son esprit était ailleurs et il ne restait plus qu'une enveloppe morte qui ressemblait à la chrysalide du papillon. Le papillon n'était plus la mais on en voyait encore la trace et l'on pouvait deviner les merveilles qui s'y étaient produites.

Le verre lui aussi était d'origine terrestre mais encore une fois le feu avait su transformer, transcender cet élément pour en faire une frontière invisible entre l'extérieur et l'intérieur. Le verre représentait l'état de Mani en cet instant. Il ne voyait plus la frontière entre lui et la cathédrale, tout comme la cathédrale n'avait pas de frontière visible avec le reste de la ville et du monde...Il y avait là une sorte de résonance ésotérique.

L'air qui était prisonnier de la cathédrale était lui aussi emprunt de chaleur. Cet air c'était la vie. Si la cathédrale était morte et statique à l'extérieur, l'air en son sein bougeait encore. Non seulement il permettait à son simulacre de respirer mais en plus il était chargé d'informations. Mani sentait toutes sortes de parfums allant de l'odeur de bois de son bureau aux effluves de sa femme qui dormait dans la pièce d'à coté en passant par l'odeur de métal refroidi mélangé à sa propre odeur de brulé. Bref il y avait comme un concentré de tout dans ce qui ressemblait pourtant ... à du vide! C'était assez paradoxal. Et pourtant...

Tout cela était beau et reposant. Mais y avait il un but? Une origine?

Cette cathédrale était l'œuvre de l'homme ou plutôt de la flamme qu'il porte en lui. Elle était le produit de son imagination, de son génie mais aussi de sa folie. Bercé d'illusions et de d'orgueil il avait tenté de construire cette tour pour atteindre le ciel. Même si dans les faits elle n'atteignait pas le ciel, elle s'en approchait fortement et pouvait même y donner accès via l'œil de celui qui la contemple... comme Mani en ce moment.

Mani voyait la main de l'homme derrière chaque atome de la cathédrale. L'homme lui aussi était mu par le feu. Un feu différent de celui de Mani. L'homme était comme le double de Mani. Le feu avait permis d'assembler les éléments de leur état naturel vers leur état manufacturé. Le ka soleil avait suivi le chemin inverse. Il avait comme donné un sens au cinq autres éléments. Sens qui n'apparaissait qu'une fois les 5 autres mis en place.

[Zoorin]

Les ka-éléments qui gravitent autour de lui et qui s'accroissent progressivement réagissent à ses appels silencieux vers eux. Le simple fait de comprendre ce qui l'entoure crée cette attraction, et Mani voit plusieurs minuscules vibrations colorées s'étirer vers lui et se fondre, s'associer à son être.

Des débris de ka-terre s'incrustent de manière rugueuse à son bras. Venant de la structure porteuse en acier, ils prennent un parallèle avec la solidité acquise par Mani lors de son initiation avec le dragon pour se lier à lui.
Des étincelles de ka-feu crépitent et disparaissant, renaissant immédiatement dans son être. Les lieux ont encore la mémoire de la fournaise nécessaire pour fondre et former les vitres, et cette opération de vitrification se place en symbiose des résultats des éruption du volcan que fût Mani.

Ces premiers échanges faits, l'extase de Mani retombe légèrement, et un manque soudain se fait. L'élévation, il ne l'a pas entièrement accompagné. Des fusions n'ont pas eu lieu. Il regarde autour de lui et remarque quelque chose : le ka-lune ne réagit pas. Il reste faible et inerte. Mani n'a pas encore la disposition d'esprit adéquate. Quant au ka-eau et au ka-air, il sent qu'il n'est pas loin d'être en symbiose avec. Mais l'immobilité du ka-lune le frustre.

[sweck]

Mani sentait la magie de l'instant lui échapper. Deux éléments viennent de fusionner avec lui mais d'autres hésitent. Pire encore: le dernier des éléments, celui pour lequel il a le moins d'affinité, lui résiste. Il reste totalement insensible à son extase. Caine sent une goute de sueur couler le long de son dos.

*Non ce n'est pas possible. Un moment comme celui-ci n'arrive qu'une fois par incarnation. Je n'ai pas le droit de le manquer!*

Mani ne comprend pas d'où vient cette résistance: tout ce lieu est dédié au ka lune! Mani l'avait bien senti. Ce bâtiment était une illusion, issue des rêves de grandeur d'humains tourmentés et de leur génie sans limite. La cathédrale avait été conçue dans une perspective de relier le terre au ciel. C'était de toute évidence impossible au sens littéral. Mais en regardant l'édifice à la lumière des ka-éléments, Mani comprend le dessin caressé par ses créateurs. Ce rêve est devenu le temps d'un instant une réalité concrète. Il se rend compte que les seules limites qui s'imposent aux néphilims et aux humains sont les barrières de l'imagination. En ce moment, Mani sent la tour bouger et le hisser vers le ciel. Cette tour vit! Cette tour a une âme, une multitude d'âmes: celles de ses créateurs et concepteurs. Mani a la chance de pouvoir réaliser ce que d'autres avant lui ont rêvé et imaginer: atteindre le ciel. Quel bonheur!

A présent l'air tournoie autour de Mani. Il sent sur lui le souffle du Dragon, le souffle de la vie. Un souffle véhiculant son lot d'informations impalpables murmurant à qui sait l'entendre toutes les subtilités de son entourage. L'air va et vient entre les poumons de Caine et les recoins les plus mystérieux du bâtiment établissant ainsi une communion entre Mani et tout le bâtiment. Mani se sent littéralement diffuser hors de lui même.

La goute de sueur qui perlait le long du dos de caine est maintenant devenu un torrent. Caine ne peut retenir ses larmes qui se mettent elles aussi à couler abondamment le long de son visage. Le béton qui semblait mort depuis des années se met lui aussi à suinter de l'eau jusqu'à former un petit dégoulinement le long du mur. Caine sent les dernières barrières lâcher en lui. Même sa vessie se laisse aller afin de répandre son eau dans ce lieu si aride. Tout le corps de Caine est agité de convulsions. Son sang semble même bouillir. Les deux ruisseaux, l'un provenant du corps de Caine et l'autre provenant du corps du bâtiment foncent l'un sur l'autre tels deux cavaliers pour enfin s'entrechoquer et se mélanger l'un a l'autre. Les deux formes liquides se mélangent comme pour mieux se connaitre et se mettent à tournoyer dans une valse effrénée échangeant leurs petits secrets intimes. Mani vascille et perd totalement le contrôle de ce qui lui arrive. Il est comme englouti par un flot de sensations nouvelles: la sueur des ouvriers, les pleurs de leurs veuves, le champagne de la consécration, la pluie des années passées et l'urine des habitants de l'immeuble font maintenant partie de lui.

[Zoorin]

L'effort spirituel de Mani paye rapidement. Tout son être, malgré des difficultés évidentes, parvient rapidement à lier ce qui le constitue de manière intime avec les vibrations du lieux, même si ces dernières sont faibles, et, pour certaines, vraiment éloignées de ce qu'il est.

Ainsi, les résonances se font entre les souffles qui agitent et agitèrent son corps éthéré et la face symbolique du lieu. L'air ici est pulsé et conditionné, mais également porteur de sens, de logique et de cohérence. De même, Mani connait ce mouvement gazeux et intellectuel destiné à organiser et structurer les savoirs autant que les fluides vitaux. Le néphilim perçoit des courants d'air froids, tièdes et chauds, contrôlés et soigneusement établis, se ranger et flotter autour de l'extension de son pentacle qui dirige au ka-air.

Dans le même temps, la sensibilité acquise au travers une multitude d'expériences sensibles le fait vibrer de ce que signifie l'eau pour des milliers d'humains qui ont gravité autour de ce bâtiment. Ces souffrances, ces joies, ces émotions, il les a ressenti et il a tenté de les maîtriser un tel nombre de fois, sans jamais y parvenir complètement. Pour tout ces gens, comme pour lui, l'eau ne veut pas uniquement dire boire, déguster ou se laver, mais aussi connaître la peine, le plaisir, des sensations de bonheur et de paix. Au-delà des sensations concrètes, le liquide porte un message autrement plus trouble ici. Et ce message fait résonance à Mani, fortifiant sans qu'il le perçoive réellement son bras de ka-eau. Et également son ka-lune.

Car ces pleurs, ce sang et cette sueur sont intimement liés à la folie de grandeur des hommes qui ont porté ce projet. Beaucoup souffrent pour donner satisfaction à quelques uns, et ces derniers se rendent compte au dernier moment, lors de l'inauguration, lors du premier pied posé, que finalement le but n'est pas atteint. Il n'est pas plus haut que l'autre, pas aussi haut que dans ses rêves, moins beau que prévu, moins fonctionnel, rentable, logique, rationnel que prévu. Et la désespérance la plus intime, dissimulée sous les sourires de façade et les mensonges destinés à soi-même, place face à face l'orgueil du puissant et la douleur des faibles ; tout deux inutiles. Le ka-Lune vibre de cette absurdité, la fait suinter des murs et des sigles, initiales et logos arborés de ci de là. Et cette confrontation est trop proche de ce qu'à vécu de nombreuses fois Mani, que ce soit dans la peau du puissant ou des faibles. C'est ce désespoir même qui produit la symbiose entre son bras de ka-lune et les éthers environnants, qui l'emplit d'une nouvelle mélancolie puissante et faible à la fois.

Mani tremble, l'effort pour se mettre au diapason est terrible. Tout son pentacle se tort et se déchire en de multiples endroits. L'extase se dispute à la douleur pour porter l'être magique au sommet de l'illumination. Et pendant une fraction de secondes, un instant infiniment fugace et ténu, Mani se fond avec le monde, et en saisit avec une infinie acuité le sens.

Puis s'effondre.

Perclus de douleur, Mani/Caine reste un moment haletant, sans parvenir a ressaisir ses pensées. Il a été incroyablement loin dans sa fusion avec son environnement, attiré de manière complètement irraisonnée par le plaisir promis et il a réussi.

Il a réussi.

Une partie de l'âme de ce lieu, aussi banal et morne qu'il soit est en lui, et l'enrichit au plus profond de son être. Il ouvre les yeux, sortant de ses propres sensations pour reprendre pied dans la réalité concrète. Il est a présent un peu plus grand et fort. Plus sage aussi.

Sa sapience a augmenté.

[hrp][Tu viens de gagner 1 point de ka. Mais ta vision-ka est close.][/hrp]

[sweck]

Mani se sent bien. Il est épuisé mais une énergie nouvelle brille en lui. Il se sent plus serein! D'un regard il balaie la pièce. La symbiose a disparue et les champs ont regagné leur état d'origine. Il ne reste plus qu'un champ de bataille désert. Devant lui, la carte de visite de Paterson est toujours là. Mani se demande si ce n'est pas elle qui a provoqué cette réaction. Mais l'heure n'est plus aux essais erreurs. La carte n'a pas dévoilé tous ses secrets. Elle parlera peut être plus tard. Pour le moment, Mani doit cacher ce qu'il vient de vivre. Il enlève donc son pyjamas et essuie son fauteuil et le sol afin d'enlever les souillures qu'il a laissé. Il remet aussi en place ses livres et éteint son ordinateur. Puis Mani se dirige dans son cabinet de toilette pour prendre un bonne douche et se raser. Il en profite pour rincer son pyjamas et le mettre au sale.

Après sa toilette, Caine s'habille et prépare un petit déjeuner pour toute sa famille. Mani a un peu de mal à s'intéresser à ces humains. Mais il doit bien faire un effort pour s'intégrer à la vie de Caine. Caine n'est pas souvent avec sa famille. Mais quand il est là il essaie de passer un bon moment avec eux. Une fois le déjeuner fini et les nouvelles prises sur tout le monde, Mani enfile son par dessus, prend la carte de visite de Paterson. Il embrasse tout le monde et descend au 4° sous-sol pour récupérer sa porche et traverser la ville, enfin seul!

Il découvre une ville tentaculaire et terriblement encombrée. Tout cela est bien nouveau et il prend ses repères petit à petit. Ou va-t-il ainsi? Il ne le sait pas très bien. Pour l'instant il prend l'air. Et s'il allait faire un tour du coté de chez Paterson? Caine se rend devant le building de Paterson. Qui sait ? La chance sera peut être au rendez vous et il pourra peut être le rencontrer inopinément? Pendant qu'il se stationne devant le palais du gouverneur, Mani en profite pour rechercher l'adresse personnelle de Paterson, via le service de renseignement téléphonique ou à défaut, via les pages Web people. Il y a peut être un "ciel 2479" qui traine ici ou là?

[Zoorin]

Le building du gouverneur est dans un espace dégagé, et bien protégé. Néanmoins, personne ne filtre les entrées des issues principales. Mani va à deux pâté d'immeuble à côté pour se garer dans un parking et cherche dans le fouillis du net. Il finit par trouver l'adresse privée du gouverneur, sur un site people. L'article indique que ses paparazzis ont du mal à l'approcher tranquillement, et se plait du manque de communication du gouverneur sur ce qui intéresse la masse de ses administrés : ce qu'il est vraiment.

Ce site intrigue Mani. Il suinte littéralement d'une envie obscène de rabaisser des personnes qui devraient, de part leur fonction, être placée au-dessus des autres. Il n'a jamais vu une telle mentalité dans ces incarnations précédentes, et pas dans cette direction là. Il se demande à quel point l'homme, la civilisation humaine a évolué, et dans quelle sens.

Mais pas de "ciel 2479" à l'horizon de la toile.