[Brandnir] - Sortie de stase

[Angus]

Mr Fabione ?... Excusez-moi de vous déranger à cette heure.. j'aimerais vous parler.

Le Nephilim fait une pause, cherchant les mots pour amener son interlocuteur à saisir la chose. En espérant que ce coup-ci soit le bon..

Octavie m'a indiqué votre adresse.

Brandnir espère que la subtilité de sa dernière phrase n'aura pas échappé à Mr Fabione.. et que ce dernier est bien ce qu'il pense qu'il est.

[Zoorin]

Pendant un petit moment, la grille de plastique grise et triste reste muette, avant de susurrer dans un râle que Brandnir a du mal à percevoir :

Il y a longtemps ... vous avez de la chance.

Et un léger déclic vient de la lourde porte de bois, indiquant que la serrure a été débloquée. Le néphilim reste un petit instant dans l'attente d'une véritable invitation à entrer, mais rien ne vient. Juste, alors qu'il pose la main sur le panneau de l'huis, il entend par la fenêtre la musique cesser brusquement.

[Angus]

Brandnir se fige quelques instants. Son instinct tout juste réveillé lui souffle qu'au final, il ne sait rien de Mr Fabione... cela pourrait être un ennemi, et son piège viendrait juste de se refermer. La seule façon, c'est d'aller au bout, de toute façon... quoique.. le nephilim peut encore partir.... si près du but ? Brandnir a besoin d'informations sur le monde actuel.. et il franchit le pas de la porte.

Serrant son appareil photo, il monte lentement les escaliers qui mène à l'étage, et s'apprête à frapper à la porte qu'il pense être celle de Mr Fabione... les sens en éveil.

[Zoorin]

Le néphilim entre dans le hall de l'immeuble, et se retrouve dans le noir. Laissant son simulacre agir instinctivement, il cherche de la main l'interrupteur et allume, dévoilant une entrée ancienne, propre et nette, mais réparée et craquelée de toute part. De ce lieu se dégage une ambiance de souvenirs fossilisés dans les faïences même du sol. Les boites au lettres, toutes en bois et toutes dépareillées, indiquent des noms de familles romaines ancestrales, ayant autant pu connaître Giuseppe Garibaldi, le sac de Rome par les troupes de Charles Quint ou même les frasques des empereurs de l'antiquité. Sur l'une d'entre elle, à la plaque de laiton alambiquée, le nom de Fabione indique : "Maître taxidermiste, 1er étage".

Brandnir monte l'escalier usé jusqu'au premier étage. Alors qu'il pose le pied sur le pallier de bois, provoquant un grincement retentissant dans la cage d'escalier silencieuse, un autre morceau de musique classique commence. Elle vient de derrière la porte de droite, mais c'est celle de gauche qui s'ouvre, quelques instants après.

Dans l'encadrement limité par la chainette, un vieil homme au crane presque dégarni et aux petites lunettes rondes, vêtu d'un peignoir défraichi scrute Brandnir. Ce dernier remarque immédiatement la révulsion des yeux, si caractéristique. L'homme est un néphilim, en train de le regarder en vision ka.

[Angus]

Brandnir sourit, s'appuyant sur le mur d'une main, soulagé. Enfin... il a trouvé un frère !! Calmement, il laisse son semblable le scruter, imaginant ce que ce dernier peut voir.... des lignes d'energies pures, vibrant doucement, diffusant tantôt une couleur chaude, mordorée.. apaisante... tantôt des flux de Ka-élément plus puissants, tremblants, inondants de lumière... et tous partent du coeur du simulacre, comme un négatif de système vasculaire dont la forme évoque à peine un pentacle.

Par politesse, le Nephilim laisse Mr Fabione terminer son examen... jetant toutefois un regard aux alentours... les lieux sont-ils sûrs ? Discrets ?

[Zoorin]

Mr Fabione interrompt rapidement son auscultation pour débloquer la chainette et ouvrir la porte. D'une voix faible, il dit :

Entrez donc, cela fait plaisir de voir un frère. Entrez donc.

Il s'écarte et indique l'intérieur de la pièce de la main. Brandnir entre alors dans une vaste salle encombrée de vieux meubles de style Louis-Philippe gorgées de livres et de bibelots. Les murs sont surchargés de tableaux, de vieilles cartes, de photographies anciennes et d'instruments de musiques. L'un des murs est entièrement recouvert d'une bibliothèque fermée remplie à ras bord. Au sol, une succession de tapis épais feutre les pas et supportent trois tables chargées de papiers, de livres, de bibelots. Celle qui est la plus proche de la fenêtre contient une flopée de matériel d'écriture, des dizaines de stylos et crayons, des piles de pochettes pleines de feuillets, des gommes, des règles, et même des compas, équerres, et matériel de dessin.

Sur la droite, une large ouverture mène à un autre salon, d'où vient la musique. Sur la gauche, deux autres portes sont fermées.

Le vieillard ferme la porte et s'empresse de serrer la main de Brandnir en disant :

Bienvenue chez moi, je suis Francoli, mon nom humain, vous le connaissez. Vous êtes ?

[Angus]

Les yeux de photographe s'arrondissent de surprise en découvrant l'endroit. Brandnir fait quelques pas dans l'antre de Mr Fabione... Son regard est vite attiré par les rangées de livres qui composent sa bibliothèque plus que garnie. Un véritable trésor à ses yeux, même si à l'époque actuelle, c'est sans doute beaucoup plus courant. Le Nephilim passe donc la main sur la reliure de tous ces vieux recueils, tandis qu'il se rapproche de la table près de la fenêtre, celle où repose le matériel d'écriture.

Bonsoir Francoli. Je suis Brandnir.. mon nom humain est.. heu... Giordano. Giacomo Giordano.. et c'est un photographe.

Il montre son appareil photo, comme s'il s'excusait...

Je ... viens de m'incarner... il y a juste quelques heures, en fait...

Brandnir a l'air vraiment heureux d'avoir trouvé un semblable. Peut-être que les choses sont devenues plus simples pour les Nephilim, avec le temps ?

[Zoorin]

Francoli s'avance vers une table encombrée et tire deux sièges. Indiquant l'un d'entre eux, il dit :

Asseyez vous donc. Depuis seulement quelques heures et vous avez trouvé mon inscription sur le portique ? Vous avez de la chance, et une belle intuition. En plus, mon enseigne de Pélican, je l'ai enlevé il y a un an. Comment diable avez vous pu savoir que j'étais là ?

Tout en parlant, il se dirige vers un des portes fermée et l'ouvre dans un petit grincement, révélant une minuscule cuisine. Il entre en demandant :

Café ?

[Angus]

Brandnir opine du chef et s'assoit... Il fait le tri des informations qu'il a à donner, remontant mentalement en sens inverse le parcours qu'il a suivi jusqu'à la rue de la chatte. Francoli l'interrompt à peine en proposant un café, que le nephilim met un temps d'hésitation à accepter... le temps que son simulacre le renseigne sur ce breuvage.

Puis, de sa chaise, il s'adresse au vieil homme.

En fait... je crois que je vais juste.. devoir éviter le bar d'en face... j'ai .. comment dit-on .. 'pataugé' ?... bref, ils m'ont pris pour un fou, je crois, quand je leur ai sorti des phrases avec... le mot pélican dedans... encore plus quand, intrigués, ils ont fini par m'indiquer votre adresse... que j'aurai pu déduire plus simplement, après réflexion. D'ailleurs, vous aussi, vous passez pour un original, auprès de vos voisins... c'est comme ça que je vous ai retrouvé... ils ont du nous mettre tous les deux dans le même sac...

Quelque chose intrigue le nephilim tandis qu'il débite sa réponse de façon peu construite.

Mais je me demande... suis-je le premier à venir vous voir grâce à l'inscription du portail d'Octavie ?.. Je veux dire, sommes-nous... à l'abri, ici ?

[Zoorin]

Depuis la cuisine, Francoli écoute Brandnir sans l'interrompre, préparant un café à l'italienne en piochant plusieurs poudres sombres depuis quatre pots en porcelaine différents. Puis, il répond à la dernière question :

Non, de moins en moins. Mais pas à cause de mes indications laissées un peu partout dans Rome. Depuis que j'ai fait prendre sa retraite à mon simulacre, j'ai essayé de me frotter un peu trop aux sociétés secrètes de cette cité. Et je crains de m'être fait un peu remarqué à plusieurs reprises. Je ne pense pas que nous soyons surveillé ici, mais j'aurai un jour ou l'autre de la visite.

Il revient après avoir posé sa cafetière sur le gaz, avec deux petites tasses à l'émail vieilli, et un pot de petits cubes de sucre. Tout en les posant sur la table, il poursuit :

J'ai depuis longtemps envoyé toutes mes notes aux néphilims qui pourront le plus les utiliser, et je n'ai presque plus rien ici d'important. * repart dans la cuisine *Si je reste, c'est que je pense avoir fait mon temps avec Fabionne, et que le perdre ne me fait plus peur. Mais peut être que je partirais moi aussi.

Il revient de la cuisine avec deux petites cuillères en argent, les pose et s'assoie :

Quant à mes voisins, peut être qu'il y en a parmi eux qui sont des espions, mais je ne les ai pas repéré. Je pourrais déménager, tenter de disparaitre, ou changer de simulacre, mais je commence à être las de cette époque, et je pense que je vais terminer ma vie avec cet humain, et retourner dans ma stase me reposer.

Un long silence se fait, seulement troublé par la musique vieillotte et le doux bruit de l'eau qui chauffe. Il finit dans un souffle :

Et puis je n'arrive plus à poursuivre mon aggartha. Je ne sais plus où j'en suis et je crois qu'un moment de repos me fera du bien.

La pièce s'emplit soudain d'une atmosphère d'immense épuisement, comme si les murs et les objets résonnaient du poids de l'échec de Francoli, et s'écrasaient d'abandon de soi. Le vieil homme ressemble à un vieux savant qui a poursuivi une chimère toute sa vie. Il n'est parvenu qu'à l'approcher quelques fois, il y a déjà longtemps, et il sait qu'il ne la reverra plus. Les futilités de ce monde ne semblent plus l'atteindre, même si sa conscience le fait encore réagir avec les réflexes de sa jeunesse.

[Angus]

Oh...

S'ensuit un long silence gêné, tandis que Brandnir touille son café, comme absorbé par la mouvement de sa cuillère. Celui lui laisse le temps de prendre la mesure des paroles de Francoli. Déception et respect de prime abord, puis la sensation d'être finalement chanceux d'avoir pu trouver le nephilim avant qu'il ne prenne une retraite plus 'définitive' que celle de son simulacre.

Hé bien, je ne sais pas vraiment quoi dire... je suis heureux d'avoir pu vous rencontrer à temps, Francoli... même si je désolé que vous n'ayez pas réussi à atteindre vos objectifs lors de cette époque ci. J'espère juste que cela n'augure rien de mauvais quant à ma propre quête, que je compte bien reprendre.

Brandnir tend un sourire sincère à son semblable, avant de porter la tasse à ses lèvres.

Pensez-vous avoir le temps de m'aider à me remettre en selle dans cette époque, avant de prendre votre repos ? Me donner quelques indications, ou adresses de confrères.. peut-être même que nous pourrions évoquer nos aggartha respectifs ?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Brandnir est plutôt direct, dans son genre. Son épaisse chevelure bouclée et ses traits carrés semblent aller de pair avec son caractère vigoureux.

[Zoorin]

Fabioni sourit, visiblement ravi d'aborder ce sujet :

Ma foi oui. C'est toujours un plaisir de parler de sapience, et de transcendance. Ça change de la pluie et du beau temps avec la concierge. Pour ma part, je suis un adepte de la Magie. Je parcours actuellement le Cœur de la Voie du Dédale de l'Âme. Mais je me pose de très nombreuses questions, et je crains de ne pas être près pour m'engager sur le Fil de cette quête. Je suis encore trop peu certain de mon chemin. Je suis un hydrim et j'ai passé cette vie a progresser dans une quête musicale visant à percevoir les vibrations de la rectitude dans les œuvres romantiques et de la belle époque. Au début, cela allait bien. J'ai constitué un panel logique et cohérent, j'ai construit plusieurs sortilèges prometteurs. Mais à présent que je dois synthétiser tout ceci pour me préparer à trouver l'agartha, et j'ai un mal fou à trouver le sortilège suivant, qui poursuive mon œuvre.

Il boit une gorgée de son café, et poursuit :

Car, en effet, mes sortilèges sont des parties d'une grande pièce musicale chantée, faisant l'union entre deux époques différentes, mais pourtant aux connections si nombreuses, le romantisme et la belle époque. Mais j'ai fait le plus facile, c'est à dire trouver des sortilèges sur ce qui les rapproche. Mais le plus dur arrive : unir tout cela en liaison avec ma nature profonde.

Visiblement, parler de sa quête d'agartha le revigore et il a un ton bien plus serein et dynamique qu'il y a un instant. L'œil pétillant, il demande :

Et vous, où en êtes vous ?

[Angus]

Brandnir écoute attentivement les explications de Francoli. Cela lui fait du bien d'écouter un frère parler de son cheminement, et cette satisfaction est bien visible, dans l'air captivé qu'il arbore, et le regard intense avec lequel il l'observe.

Avant de répondre à la question de Francoli, Brandnir hausse les épaules, l'air soudainement plus gêné.

Hé bien.. heu... pour ma part, je ne suis qu'un Initié... un Apprenti, qui n'a pas encore pénétré le Jardin des Arcanes.

Il boit une gorgée de café pour se donner une contenance, et fouiller sa mémoire de nephilim encore endolorie, ensommeillée de tant de repos.

La dernière fois que je me suis incarné, c'était... il y a peut-être quatre, ou cinq millénaires... durant le Premier Ragnarok. J'avais atteint un niveau presque suffisant en Basse Magie, pour me trouver à l'aube de mon agartha.. Et je sais que je désirais me tourner vers la Voie Naturelle des Sentiers Sinueux. Malheureusement, la longévité humaine étant ce qu'elle est, et les affres de la vie avec mes compagnons d'alors ont fait que...hum... hé bien, j'ai du arrêter là mon ascension.

Le nephilim observe un silence nostalgique, presque solennel, tandis qu'il porte une dernière fois la tasse à ses lèvres. Il la repose, vide.

J'espère que cette incarnation sera celle qui me verra cheminer avec succès vers mon agartha, même si j'avoue que je ne sais pas vraiment par où commencer... hum... avant même d'entamer quoique ce soit, il va falloir que je retrouve... mes possessions. Ainsi que voir si mes compagnons sont par hasard en activité, eux aussi... ils pourraient m'être d'un grand secours.

Une lueur d'espoir s'enflamme dans le regard de Brandnir... pareil à un tison ardent.

Oh ! A propos... je ne vous l'ai pas dit, mais je suis un pyrim.

[Zoorin]

Fabioni se lève pour aller rechercher la cafetière et resservir les deux tasses.

La Voie Naturelle des Sentiers Sinueux ? Je connais très bien un frère hydrim qui est très avancé sur cette voie. Nous correspondons souvent par courrier et il c'est engagé depuis un an ou deux dans son épreuve. La construction de son avant dernier sortilège est fort avancée, et il cherche actuellement à l'inscrire dans des monuments liés à des cours d'eau souterrains. Si vous le voulez, je pourrais lui demander s'il pouvait vous aider, bien plus que je ne peux le faire. Il se nomme Ashllt, et son simulacre est un militant écologiste français, spécialiste des pollutions aquatiques, bien sûr.

Revenant de la cuisine où il a reposé la cafetière, il amène une vieille boite en métal pleine de gâteaux secs qu'il pose entre les deux tasses.

Mais vous ne vouliez pas reprendre votre quête immédiatement ?

[Angus]

Brandnir se sert et prend du bout des doigts un des gâteaux, qu'il goute.

'Commencer' serait plus juste que 'reprendre', j'ai l'impression... j'ai le sentiment que ... que tout a changé. Je ne suis pas sûr d'être capable de me remettre tout de suite là où j'en étais rendu lors de ma.. précédente incarnation.

Le photographe finit le gâteau sec en l'enfournant dans sa bouche.

Je suis preneur de toute information que vous pourriez me fournir, que ce soit sur nos frères, nos ennemis, ou nos quêtes à l'époque actuelle. A partir de là, quand j'aurai repris un peu plus contact avec.. disons la 'réalité de la situation', je m'emploierai à raviver mes anciens réseaux ou relations, si elles existent encore... et à récupérer ce qui m'appartient.

Le trentenaire à la chevelure flamboyante hausse les épaules, et reprend un gâteau.

Après seulement, je pense que je serai prêt à emprunter véritablement le chemin... seul ou avec mes compagnons. Enfin, c'est ce que je projette pour le moment.