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Après la fête, un nouveau monde se découvre ...
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Après la fête, un nouveau monde se découvre ...La fête fut échevelée et les deux amis s'assoient lourdement dans un fauteuil un peu à l'écart du bruit. Pendant un moment, personne ne remarque leur départ de la piste de danse, puis le Roi Yvain, qui s'était lui aussi un peu éloigné du centre de la pièce les remarque. Il cherche une personne des yeux et la trouve. Il hèle alors un grand gaillard aux cheveux roux et bouclés, aux habits en patchwork et au pantalon marron. Il lui dit quelques mots et lui désigne le lieu où Esteban et Ilona sont assis.
Le grand roux vient alors vers eux et leur lance un joyeux "bonsoir !" en leur tendant la main. Après une poignée énergique, il se présente : Je suis Blornic, archiviste et calligraphe du Roi. Sa majesté me fait vous demander si vous ne voulez pas allez dans un endroit calme pour vous reposer et poser toutes les questions que vous voulez ?
Esteban, les yeux mi-ouverts, fatigué et un peu déboussolé, lui répond doucement :
Ce serait avec plaisir, même grand plaisir....quelques heures de repos me ferait vraiment un très grand bien...et surtout cela permettrait d'éclaircir mes idées...mais...au lieu de vous déranger...je vais plutôt rentrer chez moi...je vous dois une fête fantastique, je ne vais pas abuser de votre hospitalité.... ...enfin, je parle pour moi mais toi Ilona, qu'en penses-tu ? un magnifique levé de soleil vert sur une mer grenat....quelle merveille !!!
Ilona, la tête dodelinante de fatigue, approuve d'un geste.
Blornic lève les mains en signe de compréhension et propose : Je vous racompagne. On en profitera pour discuter un peu et ainsi, je verrais où vous habitez.
Esteban se lève et s'étire. Il scrute la salle en vue de retrouver son manteau, replié sur le dossier d'une chaise. Il shabille, lentement, et salue toute lassemblée :
Je vous souhaite une bonne fin de soirée et vous remercie encore pour lexceptionnel moment que vous venez de me faire vivre. A bientôt mes nouveaux amis. Il se tourne ensuite face au roi Yvain et lui adresse un salut très respectueux, puis après avoir jeté un regard complice à Blornic, il se dirige vers la porte du restaurant. Dehors, cest le petit matin. Laube pointe son nez. Quelle dure journée sannonce, pense-t-il, je pense que je ne vais pas aller en cours, ce serait inutile. Et puis, il replonge dans ses pensées, tous ces moments irréels vécus cette nuit, tous les bouleversements que cela peut aussi déclencher dans sa vie. Il marche, moitié conscient, moitié rêveur, comme un automate. Le monde pourrait bien sécrouler autour de lui quil ne sen apercevrai pas. Mais comment cela peut-il être, il doute. Jai du rêver ! Non. Et comment reprendre une vie normale en pensant quautour de lui, deux mondes se côtoient. Les gens sont devenus si aveugles quils ne peuvent voir que la réalité quils connaissent. Un frisson le traverse. Comment vivre dans ce monde à présent, comment regarder les gens qui lentourent ? Sont-ils tous aveugles où bien y-a-t-il des gens comme lui ? Il regarde son compagnon, très calme, ce qui le rassure un peu. Il nest pas seul, cest vrai, tous ces nouveaux amis sont là pour laider. Il en aura bien besoin. Une fois devant lappartement dIlona, il lui souhaite bonne nuit puis reprend lentement son chemin. Lair frais lui fait du bien, il a limpression démerger un peu de sa torpeur et, réflexe de photographe, recommence à scruter tous les petits détails qui pourraient être saisis sur une pellicule. Dites-moi, dit-il enfin, comment faîtes-vous pour vivre dans cette ville, grouillante de monde aux mines très tristes et éteintes. Cela nest vraiment pas très compatible avec votre nature ? un magnifique levé de soleil vert sur une mer grenat....quelle merveille !!!
Blornic grimace et opine de la tête.
Vous avez bien senti ce qui fait notre réalité : le Songe, la Chimérie. Nous sommes des créatures qui vivons pour le rêve et le glamour. Toute cette grisaille, cet immobilisme, ce froid de cur nous ronge, nous affaiblit. * il secoue sa grosse tête, puis fait un grand sourire * Mais nous avons nos endroits, nos moyens pour résister, nous ressourcer. Notre Roi, également, qui organise notre lutte contre la banalité du monde. Vous marchiez seuls dans les rues grisonnantes quand soudain, vous passez le coin et vous vous retrouvez face à un balayeur. Celui-ci lève les yeux d'un air morne et vous regarde, l'air vide et éteint. Son regard est une claque pour Esteban. En lui, il lit toutes les journées de régression intellectuelle, tout l'abandon des rêves et des couleurs de la nuit. L'homme est gris, sombre, sans éclat. Il exécute ses tâches sans passion ni espoir. D'un coup presque violent, il comprend ce que Blornic veut dire par froid de cur. De plus, il se sent régresser, redevenir un être humain banal, normal. Sous ce regard morne et pourtant destructeur, il sent son être intérieur se comprimer, se réduire, se vider. Face à ce regard, il n'est plus qu'humaine. Réellement.
Que se passe-t-il ? s'exclame Esteban, c'est violent et glacial !
Puis il se revroqueville sur lui même, comme blessé au plus profond de lui-même. Un instant de panique puis il reprend sa respiration, lève les yeux et jette un regard implorant vers Blornic. Excusez-moi, je crois que cette ville va m'achever. Je ne pense pas pouvoir regagner mon petit appartement très banal, il faudrai plutôt que je me repose dans mon atelier photo. J'ai envie de regarder quelques belles images avant de m'endormir afin de me sentir entouré par tous ces clichés qui m'évoquent la beauté de ce monde, cela me fera sûrement beaucoup de bien ! un magnifique levé de soleil vert sur une mer grenat....quelle merveille !!!
Blornic redresse Esteban et le soutient pour continuer rapidement, sous le regard morne et terne du balayeur. Ils passent rapidement leur chemin et une fois le coin de la rue tournée, ils accélèrent. Esteban se sent mieux, ainsi appuyé sur l'épaule du grand gaillard solide. Au bout d'un moment, il prend doucement la parole :
Tu as probablement raison, dormir au milieu de photographies ça peut t'aider. Si tu y a mis un peu de ta force, il peut t'apaiser. Mais il va falloir te blinder, te prémunir contre de telles crises. Tu es trop sensible, j'ai bien fait de te raccompagner. Nous vivons tous au milieu de la banalité, et nous sommes obligés de faire avec. Bien sûr, elle agresse notre être intime, mais il est possible de s'en prémunir. Il se tait brusquement et se perd dans ses pensées. Les deux hommes marchent côte à côte, frissonnant autant du choc de la rencontre que du froid matinal. Esteban se sent encore mal. Le soutien de Blornic lui fait du bien, mais la ville est écrasante de banalité. Il ne comprend pas comment face aux millions d'incrédules, il va pouvoir vivre en connaissant sa vraie nature. Se débattant dans de sombres débats intérieurs, il voit alors la porte de l'immeuble où se trouve son atelier.
La pièce principale de l'atelier est sombre, seule une ampoule sur trois fonctionne. Mais Esteban apprécie cette douceur, voir les choses à mi-teinte leur donne un côté irréel agréable. Il pousse quelques cartons, faisant chuter quelques photos, crayons et autres ustensiles posés en équilibre. Il n'a jamais pris soin de ranger cette pièce, c'est son domaine privé.
Puis il se dirige vers le fond de la salle où de nombreuses photos gisent éparpillés sur une grande table. Il en prend certaines puis se laisse glisser sur le vieux siège en cuir qu'il avait récupéré dans une brocante. Certes il ne paye pas de mine, mais qu'est-ce qu'il est confortable... Une photo, deux, trois glissent de ses mains et lui évoquent un paysage, une date, une rencontre. Petit à petit sa tête se pose négligement sur son bras puis sur la table. Dans son esprit les photos se mélangent, les impressions aussi. Assez rapidement, il ne sait plus s'il regarde ses photos où si il les vit ou les rêves... Son esprit divague et se perd dans un océan brumeux et colorés de sons, d'odeur et de songes... un magnifique levé de soleil vert sur une mer grenat....quelle merveille !!!
Assez rapidement, Esteban s'endort, laissant retomber les photos sur le sol.
Longtemps après, il se réveille, l'il éteint et le cerveau embrumé. La pièce est illuminée par un soleil flamboyant au zénith. Il doit être pas loin de midi. Esteban se relève lentement et regarde autour de lui. Il sent une bonne odeur de café, et entend de légers bruits dans la cuisine. Il se rend alors compte qu'on lui a mis une de ses couvertures sur lui, et que ses jambes reposent sur sa table basse, agrémentées pour l'occasion de coussins variés. Bien au chaud, émergeant progressivement, Esteban se remémore la nuit folle et fantastique qu'il a vécu.
De la cuisine vient une voix familière et bourrue :
Oui, vous êtes réveillée ou vous voulez encore dormir ? Esteban se sent encore fatigué, mais pas au point de se rendormir immédiatement. De toute façon, il sera vaseux toute la journée.
Je suis réveillé et je vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour moi. Mais peut-être êtes-vous entrain de vous mettre en retard, vous avez sûrement d'autres obligations ... je ne sais pas une famille, un travail ... Je vais beaucoup mieux maintenant, si vous le voulez, vous pouvez me laisser à présent, je vais m'occuper de moi. Il serait temps que je réagisse et que j'arrête d'être égoïste !!
un magnifique levé de soleil vert sur une mer grenat....quelle merveille !!!
Un énorme rire secoue l'appartement.
Non, ne vous en faites pas pour moi. Je me suis libéré de mes obligations matérielles depuis longtemps. Je ne vis plus que pour le Roi de la Cour des Miracles, et pour le Songe. Esteban entend le bruit caractéristique d'un évier qui se vide. Puis, Blornic reprend d'une voix chaleureuse et franche : Vous savez, les changelins sont des êtres fragiles, et pour survivre, beaucoup décident de s'écarter du monde, d'en fuir un grand nombre d'aspect. * plus doucement * Je fais parti de ceux-là. * après un petit silence * Je fais du café ?
Un frisson parcours le dos d'Esteban. Il se souvient alors de sa réaction face au balayeur. Va-t-il devoir faire comme Blornic et s'isoler à son tour. Son coeur s'accélère et il commence à transpirer. Puis il prend une grande respiration et se calme. Il est trop tôt pour décider. Il a peu d'heures de sommeil derrière lui et n'est pas en mesure de réfléchir.
oui je veux bien, merci. un magnifique levé de soleil vert sur une mer grenat....quelle merveille !!!
Esteban se délace un peu, et regarde autour de lui. Et il remarque rapidement plein de petits détails étranges. Les photographies qu'il avait lâchés sont posées sur la table, celle-ci est rangée, les crayons et stylos dans leur boite, les feuilles variées en pile. Sur le sol, ces cartons variés sont à présent rangés les uns sur les autres, soigneusement fermés. De l'autre côté, ses assiettes sales et ses cartons de pizzas ont disparus.
Esteban entend l'eau couler dans sa machine à café, et il sent une odeur de produit vaisselle. Interloqué, il ne sait comment réagir, et c'est Blornic qui romps le silence. Comment te sens-tu ? Tient, il passe au tutoiement, se dit le jeune photographe, s'étirant.
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