Ventsombre

Herbe est folle, tapit telle une louve entourée de flammes, cherchant vainement de l'air à même le sol. Au centre de ce pentacle tournoyant, dont elle est la cible ou l'objet de convoitise, elle se love et tantôt louvoie, à reculons, sur elle-même et ce même point central qui l'étouffe et l'emprisonne.

Sa rage est précaire mais une nouvelle frustration l'encourage : ces cinq momies vivantes, totem d'insectes effilochés, cauchemardesques, statues d'ombre mouvante, effigies abjectes ; ils veulent la prendre, la posséder, comme tous jusqu'alors, s'emparer de sa liberté pour lui donner un sens.

Le lien éphémère luisait, inaccessible au fond d'un puit de néant, comme il se devait, béant et immonde, invisible et parfait. L'espoir répondit à l'espérance et l'œil noir de la coyote garou refléta l'image du peigne, les os de ce poisson lunaire, son squelette d'arêtes, pâle, fonçant lentement en cette mer tranquille, comme une ancre de nacre qui plonge dans l'abîme.

Elle se raffermit sur ses pattes arrière et bondit entre deux de ces 'spectres', si l'un d'eux veut faire obstruction avec son arme, entre elle et son peigne, elle tentera au vol de briser l'un de ces 'sceptre' dans sa gueule, sinon de l'emporter. Récupérer son peigne est toujours une priorité.

Effectivement, l'un des spectres, anticipent le mouvement de la jeune garoue, tente de la frapper avec son sceptre de bois. Sans s'arrêter, elle tente de le détruire tout en fonçant.

[Jet d'attaque Diff. +1 Tu connais les règles ? Sinon, un petit rappel ici -> viewtopic.php?p=18576#p18576]

[Nombre de réussites : 3
Enregistrement N° : 11716]

Le crinos bondit agilement hors du cercle, brisant d'une sévère morsure le bâton que sa gueule allait rencontrer...

Peut_elle continuer sa course éfreinée jusqu'au peigne et le saisir, par sa cordelette attachée, entre ses crocs...
[dépense d'un point de volonté pour y parvenir]
ne pas arrêter son élan... et se diriger vers là où dans la 'boîte' se trouvait la sortie ?

Derrière elle, les entités éclatent de rire et se lancent à la poursuite d'Herbe folle. Cette dernière voit que là où il y avait la porte, il n'y a qu'un trou béant entouré de murs qui ne sont que des entrelacs de liens noirs, comme s'ils étaient composés d'une multitude de cheveux entremêlés.

Elle sort à vive allure, et aperçoit dehors, au lieu d'un paysage urbain calme et civilisé, il n'y a plus qu'une immense étendue d'ombres immenses et d'entités rampantes et glissantes. Les immeubles et hangar sont remplacés par d'immenses structures brumeuses, que les abris bus, ou les lampadaires sont carrément absents. Et tout autour d'elle, des monstres sombres, gluants et glissants l'observent avec des yeux à nombre variables, à la luminescence verdâtre ou rouge.

Interdite par cette vision, Herbe folle s'arrête, puis entend les monstres derrière elle arriver.

Herbe déserre les crocs et son peigne tombe dans la paume de sa main griffue et poilue. Elle le regarde sans toujours se soucier de son propre aspect ; ce n'est pas sa nature et le lieu est loin d'être le miroir approprié. Le Garou est essoufflé et tandis qu'elle resserre son poing sur son fétiche jusqu'à de ses ongles se faire saigner, ses yeux qui étaient déjà fous se révulsent, elle les ferme, prononçant de tout ce qu'il lui reste de rage la clôture de ses paupières mouillées. Elle perd son équilibre et s'affaisse sur un flan, tentant de souvenir, simplement au fond d'elle-même, le visage de sa Mère.

Les cinq formes arrivent lentement autour d'Herbe folle. Ricanant et déblatérant des sons horribles dans une langue inconnue, elles se tiennent à distance respectueuse, mais font de temps à autre mine de vouloir la frapper avec leur bâton. Ces glapissements grinçants tiraillent les oreilles de la jeune femme un moment, puis d'un seul coup, une des entités lance, en français :

Relève toi, ma petite. On s'amuse, mais on n'est pas méchant. On veut pas te bouffer ou te tuer.

Relevant la tête, elle voit que l'une des entités à pris une forme, comme si sa structure s'était solidifiée. Son corps est à présent en une roche noire et luisante de graisse. Son visage a pris la forme d'un jeune homme adolescent. Il se tient immobile, à deux mètres d'Herbe folle, le bâton posé au sol et un sourire étrange sur les lèvres.

Tu as pas l'air dans ton assiette. Qu'est ce qui ne va pas ?

L'apparence d'Amaranthe est surement beaucoup moins crinos que précédemment. Elle répondit, gardant ses paupières clauses d'une voix pleurant, d'un larmoiement d'enfant :

- Je croyais je ne reverrais plus jamais ma Maman ! Ma vraie maman ! Celle que j'ai vu dans le miroir quand je me suis peigné avec... Elle se tue tout de même, soudain méfiante, serrant fermement son peigne.

Est-ce que je suis morte ?

Et puis elle rageait quand même de sa posture et ouvrit soudainement les yeux pour dire à genoux faussement :

- C'est sympa sinon ce que vous faites, ...comme musique !

Elle fut stupéfaite devant le visage :

- Whaa ! comment tu fais ça ? est-ce que c'est vrai ?

Ses larmes laissaient place à sa curiosité et la piquant à l'âme ses yeux s'illuminèrent pour devenir naturellement charmants.

L'entité éclate de rire et lance :

Bien sûr que c'est vrai. Enfin, aussi vrai que tout le reste. * lui fait un sourire bizarre, qui modifie un peu les traits de son visage * Tu te remets vite, dit moi. Tu as l'air d'être un peu perdue, aussi. Tu es avec qui ?

Herbe pour répondre à la question ne songea à personne en particulier, ni aux évènements récemment passés. Elle caressait de sa main de jeune femme son précieux objet qui semblait-il luisait d'une douce lumière blanchâtre, comme jamais auparavant. Sa vraie mère devait être loin, elle l'avait toujours été. Elle se souvint qu'elle lui était apparût dans un miroir quand avec ce vieux peigne elle s'était coiffée et ici il n'y avait peut-être que des reflets. Pourtant il lui semblait à ce moment qu'elle veillait sur elle par cette aura blanche et bienveillante justement.

Accroupie, affalée devant ces indistinctes et changeantes personnalités qui ne l'intimidaient guère plus qu'un cauchemar ou une hallucination, elle ne se souciait de savoir si ceux-ci étaient réels ou imaginaires. Herbe Folle avait une expérience de droguée et désormais qu'elle avait forme humaine son esprit, certes un peu déviant, était éveillé et sa peur comme sa raison et sa rage s'étaient envolées.

Elle se méfiait tout de même... mais elle préférait la parole à la fuite et ils n'étaient pas vraiment vrais quoi qu'elle les considérait. Et si seulement cela pouvait empêcher ses esprits farceurs de se moquer d'elle. Cela la titillait drôlement, comme s'ils refusaient qu'elle se sorte de ce mauvais Trip pour rêver et flâner librement comme elle adorait. Quelle sortes de provocateurs étaient-ils en réalité ?

Regardant sans discernement ses formes elle se coiffa telle une fillette abandonnée à ses jeux solitaires et qui parlait dans le 'néant' à qui voulait l'entendre tout en s'amusant innocemment.

Après un moment elle répondit donc d'une candide voix d'enfant :

Ma Maman va bientôt venir me chercher...

Cause toujours si tu veux... mais je crois toujours que toi et tes amis vous êtes méchants

Faudra pas s'étonner si y'a plus personne qui va écouter votre boucan.

C'est pas en faisant peur aux enfants qu'on se rendra compte que vous jouez divinement

Elle alla jusqu'à tirer la langue à celui qui s'était penché sur elle et retourna à sa coiffure, doucement, cherchant tout de même à paraître séduisante.

L'entité reste interdite devant la déclamation d'Herbe folle. Puis, elle éclate à nouveau de rire :

Je pense pas que ta maman puisse venir ici, tu sais. Mais si tu veux, on peut t'aider à la retrouver. On connait plein de gens, nous ici. * d'une voix plus douce, avec un visage qui s'affine et s'humanise * Et comme ça, tu verras qu'on n'est pas méchant.

Pfff... chercher ma vraie Maman ? Mais tu comprends pas !
Elle existe pas vraiment ma maman... comme Vous !
La seule fois que je l'ai vu c'est en me coiffant avec le peigne dans le miroir...
Elle m'a parlé et puis... elle a disparut... c'est elle qui m'a appelé herbe-folle et...
Amaranthe c'est mon nom de...
ah oui mes vrais par... euh... non mes faux parents !
Rhoo ! vous faites rien qu' à m'embrouiller !
Et puis qu'est-ce que vous faites dans ma chambre d'abord ?

Elle continuait de se coiffer tout en parlant de cette manière irrationnelle et agitée, avec violence, s'arrachant des mèches de cheveux couvert de gel, de sueur et de sang, s'évertuant à plaquer sa crête défaite sur le coté, comme si elle revivait la scène durant laquelle sa mère lui était apparue en vision, imaginant qu'elle était encore cette petite fille de douze ans aux longs cheveux noirs, en train de se coiffer dans la chambre de sa salle de bain privée avec cet objet précieux, alors que c'était interdit d'y toucher, pourtant seul présent matériel de sa mère qui l'avait abandonnée indirectement à ses gens riches et aisés mais inatentionnés qu'elle devait appeler papa et maman.

Elle est alors enfin touchée par la douceur de son unique interlocuteur et la quiétude de ses traits qu'elle perçoit enfin précisément, disant cette fois d'une petite voix plus claire et plus adulte :

LA retrouver ?

Touchée en plein cœur à la concevabilité de cette idée elle s'effondre à ses pieds, en pleurs.

Encore plus surpris par les réactions décousues d'Herbe folle, il se penche et lui dit doucement :

Mais oui. Je ne sais pas où elle est, mais je connais plein de gens. A force de poser des questions, on va la retrouver, ne t'inquiète pas. Allez, relèves toi. Tu es une grande fille à présent.

Il tend une main noire, luisante et froide, pour qu'elle se relève.

Herbe se relève douloureusement, appuyant sa main crispée et tremblante sur le 'sol' ... à son toucher elle a plissé son regard d'indigène, comme si paradoxalement elle cherchait enfin précisément une réalité... elle saisi alors cette main tendu... s'essuyant du revers, de celle qui chérit toujours le peigne, la bouche et les yeux.

Une fois debout, elle se rend compte que les entités ont toutes modifié leur apparence. Elles semblent à présent entourées de longs voile noirs flottant, comme s'il n'avaient presque aucun poids. Elles ont toutes un visage quasiment humain, presque argenté et très lisse. Tenant toujours leurs bâtons, elles s'en servent pour marcher, leur démarche étant étrangement tordues. Celui qui lui a parlé dit :

Viens, on va par là. Fais pas attention aux ombres, il y a beaucoup d'illusions fausses, et tu vas peut être entendre des cris. Mais ne réagit pas, ce sont souvent des pièges. Les lieux sont dangereux, tu sais.

Tout en parlant, en la rassurant continuellement, l'entité guide Herbe folle vers une groupe d'immeubles dont les murs sont des toiles d'araignées géantes sombres et durcies. En leur sein, des araignées de la taille d'une main, mais aussi de nombreuses petites choses aux formes impossibles se glissent entre les fils. Il n'y a ni porte, ni fenêtres. Les rues sont vides, tordues. Le trottoir et la route est dure, mais il manque souvent des bouches d'égout ou des plaques fermant le installations de gaz.

De temps en temps, dans cet univers vide et désolé, des formes plus grandes apparaissent dans les ouvertures des immeubles. Souvent humanoïdes, elles sont silencieuses et vaporeuses.

Tout est gris, froid, sombre. Et incroyablement silencieux. Les oreilles d'Herbe folle ont encore les restes du concert qui vibre, mais cela se calme lentement, pour faire place à un calme mortuaire.

Posté: **Sam 14 Mar 2009 15:25:05**

Pourquoi c'est beau ici ?
Il était méchant Cyril ?
C'est ta maison ?

... T'es sûr que je suis pas vraiment morte ?

... et. Elle allait partout où il n'y avait rien, de son point de vue, telle une ombre portée, passionnée par la texture de sa nouvelle réalité et l'immense potentiel onirique qu'il lui sembla que celle-ci offrait... les questions étaient tellement nombreuses qu'elles en devinrent fluidité et dans un sens, curieusement et sans réponse, une libertine infinité. Ce questionnement permanent sans sûrement nul autre intérêt que l'exacerbation prononcée de sa folle perception se fit mur, et au plus haut point captivée, interloquée, elle échoua ses derniers mots pour laisser place honorable, libre champs, par l'étrange stupeur d'une vénération fascinée :

- Elle est où la Maman-Araignée ?

Ventsombre

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