Une rencontre - un signe du destin

[Zoorin]

Le vieil homme s'arrête tendu, presque comme un pantin tordu. D'une voix complètement différente, aiguë et nasillarde, il demande d'un air surpris, criant presque :

Mais j'fais rien ! On discute ! C'est tout ! Pourquoi tu te transforme ? Ya pas d' danger. Reste cool ! Tu m'entend ?

Il fait des gestes désordonnés pour indiquer le sol et mimer un retour à l'homidé. Ses yeux semblent bouger indépendamment l'un de l'autre. Ses lèvres sont prises d'un tremblement incontrôlé. Pour montrer qu'il va bien, il retourne s'asseoir et se heurte deux fois aux marches de l'escalier avant d'y parvenir. Une fois assis, il gigote dans tous les sens en observant Ysgarran.

[Vent des Sables]

Respirant à un rythme rapide, il regarde le rongeur agir de façon chaotique, un peu halluciné par son attitude.
Mais il semble quelque peu rassuré d'entendre la voix, même criant douloureusement à ses oreilles.
Et devant l'attitude non menaçante du rongeur, Ysgarran se calme, sa respiration reprend un rythme plus normal.

L'expression toujours méfiante, les oreilles toujours couchées en arrière, il grogne en haute langue, avec une pointe de mépris, rejetant l'idée qu'il aurait pu perdre le contrôle.

Je suis cool !

Puis sur un ton moins agressif, cherchant à justifier sa réaction.

Vous... Vous m'avez ...surpris. C'est tout. Et puis j'aime pas c't endroit. On peut pas aller ailleurs ?
Puis il hausse les épaules quand le rongeur lui demande de reprendre forme humaine.

Je me sens très bien comme ça. Je garde le crinos tant qu'on quitte pas cette pièce. Continue t'il, dans une attitude négative, frappant le sol de sa queue comme pour marquer sa volonté. Mais pour désamorcer malgré tout la tension et prouvez qu'il se contrôle, Ysgarran s'assied à la manière des garous en assemblée.

Lorsque Crabe et crevette essaie de s'asseoir sans trop y parvenir, il pense.
'Qu'est ce qu'il fait ? Il se rend pas compte ou quoi ?'

Puis il détaille le comportement du rongeur, cherchant une explication à sa réaction. Il lui lance comme pour se moquer.

Vous avez été touché par le sauvage ?

[Zoorin]

Pendant qu'Ysgarran parle, le vieux garou oscille frénétiquement de gauche et de droite. Puis, à la dernière question, il se fige, le visage exprimant un sentiment de gêne. Puis, il tourne la tête vers le sol et dit lentement, comme un gamin pris en faute :

Oui. Plusieurs fois. Mais c'était pour la bonne cause. Comment se purifier du contact de la Tisseuse autrement ? * il se tord les mains * Moi, je voulais rester humain, garou, toujours en lien avec Gaïa, et le Tisseur casse, brise. C'est pas pire que Malfeas, rien n'est pire. Mais ça empèche d'entendre les voies des esprits, des ancêtres, des totems. Il fallait bien que je les retrouve, non ?

Il lève lentement la tête, l'air terriblement fatigué d'une lutte trop longue. Ses cheveux en bataille, sa peau sale, ses dents noires, tout en lui exprime à présent la chute, la corruption, et le malheur. Il à l'air effroyablement seul et malheureux.

[Vent des Sables]

Ysgarran est surpris par la réponse, sa tentative de moquerie coupée dans l'oeuf. Il perd son air narquois, devenant sérieux, grave, ne s'étant pas vraiment attendu à une réponse positive, ni à une explication de la sorte.

Il dévisage le rongeur comme s'il réalisait seulement quelque chose puis demande, plus pour masquer son propre trouble face à un sentiment grandissant qu'il maîtrise mal pour n'en avoir fait que rarement l'expérience, et ne sachant pas trop comment l'exprimer.

Et pourquoi vous vous êtes laissé toucher par le Tisseur ?

Il ne répond pas non plus au rongeur, la réponse à sa question étant trop évidente pour lui.

[Zoorin]

Crabe et Crevette se prend la tête entre les mains et la dodeline un moment, gémissant doucement :

Comment regretter puisque j'y suis arrivé ? Le Tisseur est puissant, et surtout il est partout. Rien en lui échappe sauf le Sauvage. Et surtout * il relève la tête brusquement, les yeux fous, disant très fort * il est DANS LE VER. Comment entrer dans Malfeas ? Comment circuler dans les veines de sang que sont les ponts de lune y menant ? Comment éviter les milliers de flaiels qui rodent autour des tours et des labyrinthe déments qui le compose ? En étant DANS la réalité ! DANS les murs et les routes ! DANS les ombres des flaiels ! DANS la Tisseuse qui compose toute la réalité !!!

Il se relève d'un bond, les mouvements fluides et plein d'énergie. Il se met à faire les cent pas à grandes enjambées, frappant sur les parois quant il s'en approche :

Ici, nous sommes DANS un pli de la réalité. La Tisseuse est partout. En étant en elle, nous pouvons aller partout, sortir partout, frapper partout, être protégé partout. * s'arrête et martèle le sol de son pied * Comprends-tu cela ? Hein !! Est-ce que tu comprends ça !!

[Vent des Sables]

Marqué par le discours, Ysgarran signifie son dégoût du Ver par des mimiques, découvrant ses crocs blancs, fouettant le sol de sa queue, couchant et relevant les oreilles au rythme des intonations du rongeur, comme s'il pouvait voir et sentir ces lieux impies qu'il n'a jamais parcourus.

Il est aussi un peu inquiet de voir Crabe et Crevette frapper les murs, craignant peut-être une réaction des arraignées.

Il finit par hocher la tête à la question finale, puis laisse passer un silence, un peu intimidé par la verve du théurge mais sa curiosité finit par reprendre le dessus.

Et vous avez fait comment pour trouver le sauvage ?

[Zoorin]

Presque instantanément, le vieillard se calme. D'un air satisfait, mais épuisé par tant de cris, il répond :

J'ai rôdé dans les plis les plus déments de l'umbra. Le plus simple ; * mime avec ses doigts * entre guillemets ; c'est de trouver un chemin pour aller au coeur de ce qu'il est, dans le royaume du flux. Mais c'est dangereux, et à mon sens inutile. Il est dans beaucoup d'autres endroits. Il est bien caché, et surtout sa force est toujours invisible, dissimulée dans des plis anodins de la réalité.

Il écarte les bras, et pousse un grand rire frais, clair et sain, tranchant complètement avec son état seulement quelques secondes auparavant :

Évidemment, ici, on ne peut pas en trouver. Mais il y en a dans beaucoup d'endroit. * lève un doigt et prend un ton de confident * Saches qu'étonnamment, c'est en parcourant des chemins partant de la Terre que j'ai trouvé les sources les plus exploitables. Car le Sauvage est aussi dangereux que le Ver ou le tisseur. Enfin bref, ne parlons plus de moi. Moi, je suis un vieux croûton un peu fou qui ose penser encore servir de temps à autre à quelque chose.

Il fait deux pas presque sans claudiquer, imitant un pas de danse pour se rapprocher d'Ysgarran. Il pose un bras sur son épaule et avec une voix de sage, presque impérieuse :

Quitte cette forme de guerre. Nous sommes en sécurité ici, et nous parlons entre ami, entre frère.

Sa voix donne envie de suivre ses conseils, sans être autoritaire. Elle donne juste une immense confiance. Comme si il était un guide que l'on a toujours suivi.

[Vent des Sables]

Ysgarran relève la tête, son regard remonte le bras posé sur son épaule jusqu'à croiser celui du Théurge. Il redresse une oreille, puis l'autre, puis laisse échapper un petit soupire, relachant ses épaules et dit d'une voix basse comme à regret.

Si vous voulez.

Il ferme à demi les yeux, visualisant l'image mentale associée à sa forme humaine et sa forme crinos s'absorbe instantanément, pour ne plus laisser place qu'au garçon de seize ans.
Un jeans bleu foncé, une paire de basquet, un sweat noir noué autour de la taille et un T-shirt gris portant un logo Biological Hazard ont couvert son corps également.

Voila.
Avec ce mot, il cherche une approbation sur le visage du rongeur.

Puis il demande, jettant un bref coup d'oeil vers la fissure.

Vous croyez que votre ami...*il hésite un peu* Oreilles trouées va revenir bientôt ?

4 succès, Enreg. N° : 3328

[Zoorin]

Crabe et Crevette hausse les épaules :

Je ne sais pas. Les couloirs de l'umbra peuvent être tortueux. Et il est fort probable qu'Oreilles trouées ai eu besoin de renifler un peu partout pour trouver des infos. Allez, viens t'asseoir. On va attendre tranquillement.

Il a à peine eu le temps de dire cela qu'un petit bruit sourd de chute retentit, suivi d'un couinement. En se retournant, les deux garous voient que l'animal est revenu, tombé à terre, et qu'il trottine vers son maître. Ce dernier se penche et lui murmure de petits mots doux :

Viens donc là mon mignon. Tu as pris ton temps, hein ? Tu as fouiné et reniflé, n'est ce pas ? Racontes donc.

Et le rat, blotti dans les mains nouées de Crabe et Crevette qui le gratouille se met à couiner en langage des esprits :

La femme est partie, enfuie. Elle a rodé longtemps autour du danger, sautant et courant. Elle revenait à la porte/seuil umbral. Je lui ai parlé, elle a dit qu'elle attendait au resto. Elle a réussi à vaincre le goulet. Pour revenir, difficile. Chemin étroit, moi coincé.

Le vieillard rigole faiblement :

Et pourtant tu es bien petit, mon rat préféré. * tourne la tête vers Ysgarran * Tu as tout compris ?

[Vent des Sables]

Les yeux brillant et un sourire aux lèvres, Ysgarran acquiesce.
Puis après quelques secondes il ajoute d'un ton sincère.

Merci.

Puis il tend la main doucement vers le rat, lui laissant renifler son doigt pour ne pas l'effrayer d'abord puis essaie de le caresser entre les oreilles. Il murmure.

Merci à toi aussi, Oreilles trouées

Ysgarran a un petit soupire de soulagement. Il regarde la pièce et l'escalier.


On peut retourner au resto ?
Où est-ce qu'il mène cet escalier ? On peut passer par là pour retourner de l'autre coté ?

Il jette également un oeil à la fissure, se demandant encore par où il a pu entrer et s'imagiant mal emprunter le même chemin qu'Oreilles trouées pour repartir.

[Zoorin]

Crabe et Crevette se relève et fait non de la tête :

Nous sommes dans l'architecture de l'umbra et cet escalier est une illusion. Nous matérialisons un escalier car nous n'avons que ce référent en tête, mais il s'agit d'un passage pour les entités du Tisseur. Il vaut mieux éviter de l'emprunter si on veut esquiver les rencontres pénibles. Moi, j'utilise un don pour passer "entre les poutres", "entre les murs". Ainsi, je ne vais que là où il y a des entités sans conscience * montre les petites araignées sur les murs * qui ne posent pas de question * lâche un petit rire *

Il met son rat dans une poche et reprend ses affaires :

Suis-moi, et surtout ne me lâche pas, te retrouver dans tous ses fils serait une mission de plusieurs vies.

Il se dirige vers un mur et commence à le frôler dans ces mains, fermant les yeux et cherchant visiblement une ouverture, aussi ténue et discrète soit-elle. Ysgarran est surtout surpris car même q'il sait pertinemment que dans l'umbra, il est lui aussi une entité spirituelle qui n'a plus les contingences du monde physique, se dire que l'on va passer par un fente de deux centimètres de long est toujours déconcertant.

Soudain, le vieillard fait un geste et lance :

Accroches-toi.

[Vent des Sables]

Ysgarran a un sourire un peu pincé à l'idée de se retrouver coincé entre les fils de la réalité pour le restant de sa vie mais il suit néanmoins le Rongeur. Il se remémore mentalement son premier passage et la force du choc qui l'avait séparé de Vent des sables et se prépare à s'accrocher plus solidement, à deux mains s'il le faut et à se concentrer sérieusement.

Ysgarran attrape le bras du rongeur à deux mais en disant bravement.

Je suis prêt !

[Gnose diff7 : 5 succès !!! quelle concentration !, N°:3354]

[Zoorin]

[avec un tel jet, un petite réussite exceptionnelle s'impose ]

La concentration du théurge lui permet de maîtriser parfaitement le choc et de se concentrer sur ses sensations et ce que fait le vieux garou. Il sent nettement qu'une énergie spirituelle coule dans ses mains lorsqu'il se concentre et qu'il se "lie" avec la fente.

Et soudain, il a un éclair de lucidité et comprend intuitivement ce que fait le vieux garou. Il n'ouvre pas de passage, il transforme la réalité de ceux qui l'empruntent. Le passage se saisit de l'énergie de son don pour affecter ceux qui tentent de l'emprunter. Comme si un tunnel trop petit réduisait la taille de ceux qui s'approchent de lui. Là, l'architecture tissée par les force de la réalité modifie la nature spirituelle des deux garous pour la faire correspondre à la sienne.

En clair, ce don donne la force au couloir de transformer les garous en agent de la Tisseuse !!

Ysgarran comprend le choc. Un garou n'est pas un agent de la Tisseuse, et sa nature profonde le supporte mal. En repensant à sa mentor, pas étonnant qu'elle n'ai pas réussi à passer, son corps a dû refuser instinctivement la métamorphose. De la même manière, aucun agent du Ver ne peut passer non plus, leur nature n'est pas assez souple comme les garous qui peuvent déjà passer d'une nature physique à une nature purement spirituelle. Quoique, peut être les flaïels capable de s'incarner ...

Durant le passage, une dernière pensée l'étreint. Quel esprit est capable d'une telle chose, et est disposé à l'enseigner à un garou ? ...


Le passage est désagréable, et moins rapide que l'aller. La sensation de chute est une illusion, Ysgarran sait qu'il s'agit simplement d'un retour à la réalité physique. Soudain, une sensation de liquide oppressant survient, comme s'il était plongé dans de l'eau à grande profondeur. Cela dure très peu de temps et tout redevient normal.

Ils sont dans un terrain vague, entre trois carcasses de voitures. Le théurge reconnaît les abords du quartier dans lequel il y a le resto et sait comment y aller.

[Vent des Sables]

Un peu secoué par le passage désagréable et surtout l'étrange sensation de sentir son corps s'adapter à l'étroit tunnel, il cherche à se ressaisir, ne réalisant pas encore complètement ce qu'il vient de vivre. Il regarde autour de lui, reconnaissant finalement le lieu, un sourire se dessine sur un coin de ses lèvres. Il cherche des yeux le rongeur en s'exclamant, avec un certain enthousiasme.

Woua, c'était quoi ça, c'est l'effet du don ? Il hésite entre une moue dégoûtée et emballée et choisi l'emballée.

C'est pas un don banal ! Comment vous l'avez appris ? Je veux dire quel esprit vous a offert un don pareil ?

[Zoorin]

Crabe et Crevette fait une grimace, hésite, maugrée et finalement lance d'une voix fatiguée, mais douce :

Lorsque tu auras une grande expérience de ce que sont les esprits les plus proches du Tisseur, du Sauvage et du Ver lui-même, alors tu seras en mesure de comprendre la réponse à une telle question. Pour aujourd'hui, tu en sais assez. * se tourne brusquement vers la rue et commence à marcher * Bon, tu vois par où il faut passer ? Je reconnais pas le coin.