Une rencontre - un signe du destin

[Zoorin]

Une nuit, alors que les deux errants attendent un steak dans un resto miteux de Liège, un clochard entre. Il se dirige maladroitement vers le comptoir, une bosse dans le dos l'empêchant de marcher correctement. Il traîne une valise sur laquelle des centaines d'autocollants de tous les pays cachent presque entièrement la couleur. Vent des Sables lève un sourcil de surprise, reconnaissant visiblement le personnage voûté, et le suit des yeux.

Elle n'est pas la seule. Les clients habitués des lieux pincent les lèvres et froncent le nez en voyant s'avancer l'énergumène. Ce dernier, visiblement habitués aux regards hostiles, balade sa tête menue jusqu'au bar et pose de la monnaie en disant :

Une bouteille de blanc.

Le serveur hésite, lance un regard sombre, et se dit que plus vite il lui donnera son vin, plus vite il partira. Sans un mot, et sans compter la monnaie, il tend une bouteille au clochard qui, sans un merci ni un regard, la prend frénétiquement et fait demi-tour.

Vent des Sables le fixe intensément, semblant hésiter à reconnaître dans cette loque humaine un guerrier de Gaïa. Puis, dès qu'il est sorti, se lève et file sans un mot à sa suite.

[Vent des Sables]

Le jeune arpenteur finit son verre et sort à la suite de son mentor et du clochard. Il les suit à quelques distances sans oser intervenir, cherchant à comprendre ce ui se passe.

[Zoorin]

Le vieillard avance dans la rue glauque du quartier industriel de Liège, la bouteille de vin dans une main, sa lourde valise de l'autre. Il essaie visiblement de se hâter, mais les difformités de son dos doivent manifestement se répercuter sur son bassin, ce qui lui donne une démarche hoquetante et traînante. Il ne fait aucunement attention aux deux personnes qui le suivent, ni à quoi que se soit, d'ailleurs. Il traverse sans regarder, et s'enfonce bientôt dans une ruelle sombre.

Vent des sables hésite plusieurs fois à aborder le clochard. Elle jette à un moment un regard un peu perdu à Ysgarran et semble se décider. Elle va dans la ruelle et s'avance à grand pas jusqu'à rejoindre le clochard. Là, elle prononce ses étranges mots :

Crabe et Crevette ?

Le clochard se fige dans l'obscurité, ses pieds s'arrêtant dans une flaque sale. Il reste un moment immobile, puis se penche fortement, et reste ainsi courbé de manière grotesque, ses vêtements traînant dans l'eau. Soudain, d'une voix forte et cassée, il lance :

Vous ne m'aurez pas, 'foirés !

Et il disparaît lentement, plongeant manifestement dans la pénumbra.

Vent des sables reste estomaquée un long moment, regardant la ruelle à présent vide.

[Vent des Sables]

Ysgarran ratrappe Vent de sable et s'arrête a coté d'elle, regardant lui aussi la ruelle vide. Puis trounant les yeux vers l'arpenteuse et voyant sont visage interloqué, il lui demande d'une voix basse mais pleine de curiosité.

Qu'est-ce qui ce passe ? Qui c'est ? Un des notres ? Tu le connais ?

Ysgarran jette un coup d'oeil en direction de la flaque d'eau sale.

Tu veux qu'on le suive ?

[Zoorin]

Vent des sables fait oui de la tête :

Je l'ai rencontré une fois, il y a sept - huit ans, dans un caern espagnol proche d'une côté remplie de touristes. Il était en train de mourir et surtout croulait sous les assauts insidieux de flaiels de corruption les plus vicieux. J'étais en train de les aider à sauver les quelques esprits de Gaïa qui pouvaient encore l'être lorsqu'il est arrivé et a mené seul un rite de purification étonnant, prononçant des mots en langue garou oubliés et usant de glyphes inconnus. Il n'a en fait pas purifié le site, mais affaiblis de manière permanente bon nombre d'ennemis spirituels. Les contre-coups de son rite ont été innombrables, autant sur terre que dans l'umbra. Il disait s'appeler Crabe et Crevette, n'a jamais voulu se mêler à nous et est reparti une nuit alors que tout le monde dormait.

Se secouant, l'arpenteur se décide :

On le suit, l'umbra ici peut être très dangereuse.

Elle touche son apprenti et avance pour regarder son reflet dans une flaque, imitant celui qui les a précédé. Tout en se concentrant, elle ajoute :

Beaucoup de gens semblent le connaître, notamment l'excellent philodox du caern de Paris, Danse-avec-la-Mort, qui le tient en très haute estime.

Malgré ses paroles, son visage respire l'effort spirituel.

[Fait un jet pour franchir le goulet. Diff. 7]

[Vent des Sables]

Ysgarran sourit à Vent de sable.
Ses yeux se plissent dans un effort pour traverser le goulet. Mais au bout d'un moment, rien ne se produit. Le garou murmure un petit juron et grommèle quelques mots.

kharakh, saleté de goulet...

[Zoorin]

Vent des sables réussi correctement à se décaler dans le monde des ombres. Tout devient soudain plus obscur. Les murs sont plein de taches et de salissures puantes. Le sol est jonché d'ordures variées déchiquetées. Les lampes ne diffusent plus qu'une lumière blafardes, qui donne un teint de malade à Vent des sables. Derrière eux, la rue principale est un peu plus éclairée, mais des bruits inquiétants, mélange de choc sourd et de respiration étouffée en provient. Au dessus, le ciel est bouché par des nuages verdâtres. Devant, dans les ombres mouvantes de la ruelle, l'être tient toujours sa valise, et s'est retourné.

Il fixe à présent les deux compagnons et lance avant que la mentor d'Ysgarran ai pu dire un mot :

Vous êtes total dingo ! * agite les bras vers la rue principale * C'est pire que l'enfer ici, vous voulez rejoindre vos ancêtres ?

[Vent des Sables]

Ysgarran jette un coup d'oeil aux alentours puis hausse les épaules.

Vous êtes bien passé vous.

Et en fait, c'est vous qu'on voulait rejoindre. On voudrait juste vous parler un peu.
Mais on peut repasser de l'autre coté pour ça. On sera mieux pour discuter ... et se présenter.

Ysgarran jete un bref regard en direction de Vent des Sables, rentrant un peu la tête dans les épaules, s'attendant à moitié à se faire rabrouer.

[Zoorin]

Vent des sables a l'habitude de la manière franche et directe qu'Ysgarran a de répondre. Elle se contente d'ajouter d'une voix douce :

Vous ne me reconnaissez pas Crabe et Crevette ? Je suis Vent des Sables. Nous nous sommes rencontré dans le caern espagnol de Benitachell que vous aviez grandement aidé.

Le vieil homme hésite, penche la tête en clignant des yeux et finit par la secouer :

Nan, je me souviens pas. Je suis jamais allé en Espagne. Enfin, peut être que si, mais les lieux terrestres, je m'en fous. Que faites vous ici ? Pourquoi m'avez-vous suivi ?

Vent des Sables est surprise, et navrée de voir ce qu'est devenu le grand théurge qu'il fut. Elle baisse la tête et répond :

Nous voyageons de ville en ville, en Arpenteurs silencieux, pour aider Gaïa partout où nous nous trouvons. * regarde Ysgarran d'un air protecteur et le désigne * Et je cherche également un lieu où il pourrait se fixer, après trop d'année d'errance.

[Vent des Sables]

Voyant la réaction de Vent des Sables, Ysgarran se détend et redevient sûr de lui, un sourire confiant aux lèvres. Il écoute l'explication de sa mentor.

Mais à ses dernières paroles, Ysgarran cligne des yeux. Il tourne la tête pour regarder Vent des Sables, le visage tout pâle pendant une seconde comme s'il avait vu un fantôme.

Puis il regarde à nouveau le rongeur, la mine méfiante, dévisageant celui-ci des pieds à la tête pendant quelques secondes, cherchant quelque chose à dire.

Je ne crois pas que Monsieur puisse nous aider, il vient de dire qu'il ne s'intéresse qu'à l'Umbra. Et puis on devrait quand même partir d'içi, non ? * jettant un regard par-dessus son épaule en direction de la rue principale * ...avant d'attirer trop l'attention. Je n'ai pas très envie de discuter avec des araignées d'assauts ou autre chose.

[Zoorin]

Crabe et Crevette hausse les épaules :

Si vous ne savez pas survivre aux enfers spirituels, c'est votre 'blèm. Moi, je préfère encore courir ici que vomir sur terre.

Le Vieil homme regarde Ysgarran avec attention et son visage se métamorphose en quelques instants. Il devient soucieux, curieux, doux. D'une voix complètement différente, grave mais lisse, il dit :

Tu sembles empli de confusion fils, et inquiet pour d'autres raisons qu'un éventuel danger venant de l'artère derrière toi. Mais surtout, tu as visiblement déjà trop souffert pour un seul homme de ton âge. * il se retourne et lance en commençant à trottiner * venez !

Il se dirige vers le fond ténébreux de la ruelle, tandis que les bruits de respiration s'approchent, devenant plus mécaniquement, comme issus d'une machine à vapeur enrouée. Vent des sables n'hésite qu'un instant avant de suivre le vieil original. Elle semble pleine d'inquiétude.

[Vent des Sables]

Ysgarran fronce les sourcils, surpris et un peu déconcerté par le changement de comportement du rongeur puis vaguement inquiet.

Il lance un regard interrogatif à Vent des Sables lorsque le vieil homme s'éloigne dans la penumbra mais il la voit suivre sans hésitation. Les bruits de respiration finissent de le convaincre et il se dépêche de s'enfoncer dans la ruelle avec un dernier regard par-dessus son épaule.

[Zoorin]

Derrière eux, une grande forme mécanique s'arrête à l'orée de la ruelle. Énorme, sur un grand nombre de pattes, son garrot doit atteindre les quatre mètres. Elle observe un moment puis s'engage dans la coursive en raclant les murs. Elle va à la même vitesse que les garous.

Devant, Crabe et Crevette jette un coup d'oeil inquiet et fait signe de le suivre de près. Il se dirige vers un escalier de métal qui monte aux étages, mais au lieu de l'emprunter, il passe à l'arrière, comme pour s'y cacher. Il s'arrête et semble chercher quelque chose dans les ombres.

Vent des Sables ne comprend manifestement pas ce qu'il fait et, anxieuse, se transforme en glabro en demandant :

Vous cherchez une arme ?

Il réplique d'un ton encore complètement différent de l'instant précédent, nerveux, sec, débitant ses paroles comme un boxeur en plein effort :

Nan ! j'affronte jamais d' flaiels quand ils sont pas ma cible et qu'je peux les éviter. Là, je cherche un passage. Yes !!

Il se met à caresser le mur sale et fait un pas en avant, disparaissant à l'instant où il allait heurter l'escalier de métal avec sa tête. Vent des sables grommelle une injure et dit sèchement :

J'espère que j'ai bien vu comment passer sinon, on le suit pas, on retourne sur Terre.

Elle se place, courbée, là où il était et cherche frénétiquement un indice sur le mur d'une main. De l'autre, sans regarder, elle cherche à attraper Ysgarran. La créature s'approche, sans aller plus vite mais vraiment pas éloignée. En quelques secondes, elle sera sur eux.

[Jet de Intelligence + Conn de l'umbra. Diff. 7]

[Vent des Sables]

Inquiet, Ysgarran agrippe la main de Vent des Sables, restant entre elle et la forme métallique. Il lance à celle-ci un regard agressif, essayant d'estimer le temps qu'il reste avant qu'elle n'arrive à leurs contacts. Puis il scrute lui aussi le mur essayant lui aussi de se rapeller comment traverser ces passages.

[Zoorin]

Ysgarran a une intuition. Ce n'est pas une faille qu'à utiliser Crabe et Crevette, mais un reflet. Au sol, un morceau de métal est fiché dans le goudron et sert de support pour tenir l'escalier. Or, un léger rai de lumière venant de la rue tombe dessus et se reflete ensuite sur le mur. C'est pour ça que le vieil homme était si courbé.

Sans rien dire, l'arpenteur se penche et touche les bord du rectangle éclairé ainsi formé, et sent un décalage spirituel se produire.

Il tente de tirer Vent des sables en faisant un pas de côté, mais elle résiste. Soudain, sa vue se trouble et une sensation de chute très courte le saisit. Il ne sent plus rien et perd l'équilibre. Il retombe brutalement sur une surface de métal et la lumière revient.

Il est dans un lieu clos, une grande boite de métal dans laquelle il y a un escalier qui monte au plafond pour s'y perdre. Sur les murs, des araignées grises sont immobiles et luisent faiblement, apportant un éclairage blafard. Ysgarran est au sol, et voit Crabe et Crevette en train de s'asseoir sur une marche, soupirant comme s'il avait fait un gros effort. Ce dernier lui dit d'un ton calme :

Tient, tu m'as suivi ? Tu as bien fait. Ici, on est en sécurité.