Un garou venu de l'est ; l'arrivée de Marek Zakarov

[Zoorin]

Le chauffeur du taxi de l'aéroport est aussi surpris que Marek Zakarov le fut lorsqu'il voit la destination demandée.

Le lac du Parc de Vincennes ? Ben, si vous voulez.

Il se retourne et s'engage sur la route. Il tente bien deux-trois fois de lancer une discussion mais les réponses monosyllabiques de son passager finissent par lui faire mettre une radio jazz parisienne. La circulation est fluide en ce début d'après-midi, et en trois quart d'heure, la voiture arrive au parc de Vincennes. Il y a un peu du monde, des badauds, des vendeurs de pop corn et de ballons, des joggeurs. Le soleil légèrement voilé fourni une chaleur presque étouffante. Cela ne change pas trop Marek de la fournaise de Prague.

Le chauffeur s'arrête dans un parking non loin du lac et dit :

Voilà, je ne peut pas aller plus loin, il faudra faire le reste à pied.

Zakarov paye le taxi et s'engage dans le parc, après avoir enlevé son veston. Le billet envoyé par son mentor est pour le moins laconique. "Rendez-vous à 16 heures sur le septième banc de la première île du lac de Vincennes. Une personne de confiance vous y attendra. Elle se nomme Fabienne Dominico. Bon voyage."

Regardant devant lui, il aperçoit en effet le lac, et effectivement deux îles dessus. Il fronce les sourcils, se demandant s'il va devoir louer une barque pour atteindre son rendez-vous. En effet, de nombreux loueurs proposent aux familles et couples des barques pas très propres.

Coup d'oeil à la montre : 15h35. Tout va bien. Il s'avance et observe les alentours. Il sait que le caern de Vincennes est un caern urbain, mais il ne sait pas exactement où il est. Certainement plus loin dans le parc.

En marchant sur les rives du lac, laissant voguer ses pensées tout en étant attentif aux alentours, il observe les îles. L'une est couverte de bois, et entourée de haie plus ou moins bien taillée. Un grand panneau indique : "Pépinière du Parc de Vincennes. Accès interdit". L'autre est une île plate et aérée, sur laquelle un restaurant est installé, avec des plages d'herbes rases et des massifs de fleurs. Quelques arbres font de l'ombre aux nombreux promeneurs.

"Bon, pense-t-il, le septième banc de la première île. Ma première épreuve est ici."

[Angus]

Le russe observe les environs calmement, la veste plié sur l'avant-bras, flânant sur les berges du lac comme un touriste le ferait par ce bel après-midi ensoleillé. Il semble s'imprégner des lieux, profitant de sa légère avance sur l'horaire.

"L'endroit est agréable... peut-être un peu trop exposé au public ... je me demande quelle genre de sécurité il peut y avoir en cas d'attaques... "

Sans rien laisser paraître, Marek ne peut s'empêcher d'analyser brièvement les environs. Puis, il se décide à louer une barque afin d'atteindre l'île au restaurant, où il espère trouver son contact. A cette simple pensée, il esquisse un mince sourire... Sergueï a vraiment le don pour ce genre de rendez-vous.

Après avoir payé qui de droit, il s'installe dans une des barques, probablement une des moins sales, et, les manches de sa chemise relevées jusqu'au coude, commence à ramer sans trop de difficulté, jusqu'à atteindre l'autre rive. Une fois là, il attache son embarcation, et fait le tour de l'île d'un bon pas, essayant de repérer les bancs... l'heure tourne, et il n'aimerait pas louper le coche avec son rendez-vous.

[Zoorin]

Coup d'oeil au poignet : 15h45. Tout va encore bien.

En fait, il y a pas mal de bancs, et plus de monde qu'il ne le pensait de l'autre côté de la rive. Les promeneurs sont majoritairement des personnes âgées ou des étudiants. Quelques nourrices avec des poussettes, également. Sur la terrasse du restaurant, les deux serveurs virevoltent et les clients remplissent une bonne partie des sièges. Il semble y avoir un bus de touristes japonais.

Tous les bancs sont situés face au lac, et font le tour de l'île en suivant une large route de terre qui longe les rives. Il en compte douze en tout, mais aucune indication de chiffre. Tous sont occupés, majoritairement par des personnes âgées, sauf un, qui est libre. Il y en a un en face du pont menant à la terre ferme. Il est occupé par un vieillard en habit de travail en train de lire un journal financier.

En faisant le tour, Marek mémorise les visages des personnes assises, sans leur trouver de point particulier. Il y a un couple de retraités très chics regardant silencieusement les canotiers. Sur le suivant, trois vieilles femmes papotent en faisant des remarques sur les jeunes gens qui se prélassent sur les berges. Plus loin, un vieillard s'escrime avec un téléphone portable.

Il remarque à l'exact opposé du pont menant à la rive au autre, plus petit, menant à l'île de la pépinière. Le banc libre lui fait d'ailleurs face.

[Angus]

Le regard analytique du jeune homme s'attarde sur ce dernier banc, un rien songeur, pour dévier vers le pont qui lui fait face, menant à la pépinière qui se tient sur l'autre île.

"Beaucoup de monde ici... le caern doit probablement se trouver à l'abri sur cette île protégée du public." *pense t-il*

D'un geste élégant, il détache son regard du banc libre, pour regarder sa montre.

"Encore quelques minutes..."

Sa veste toujours pliée sur un bras, il se décide alors à marcher tranquillement jusqu'au banc libre faisant face à la pépinière. Sa chemise blanche constraste avec son costume noir, et ses manches relevées, ainsi que l'absence de cravate, lui donne un air décontracté. Ses cheveux d'un noir de jais coiffés en arrière, sa peau au teint mat et son air sûr de lui confère à sa personne un mélange d'élégance et un côté sauvage subtil, savamment dosé.

Arrivé sur le banc, il s'asseoit, laissant sa veste sur le dossier du banc et posant à coté de lui un attaché-case, noir également, qui était presque dissimulé sous sa veste. Fronçant les yeux après un rapide tour d'horizon, il finit par se protéger en mettant une paire de Ray-ban sombre. Prenant une pose nonchalante, il se contente ensuite d'attendre et d'observer.

[Zoorin]

A 15h56, une femme s'approche du banc, venant de la gauche. Marchant d'un air décidé, elle regarde ouvertement Marek et finit par s'arrêter droit devant lui, et lui demande directement :

Monsieur Zakarov ?

L'intéressé prend quelque secondes pour observer l'arrivante. Les traits germaniques, le visage carré, les cheveux noirs mi-longs, elle est vêtue d'un tailleur de marque, et son chemisier légèrement ouvert laisse apparaître un pendentif en cristal à la forme étrange. Son charisme impose un respect naturel, mais elle est élégante, sans être véritablement jolie. Marek note que l'ensemble est déprécié par un détail : elle ne porte pas de chaussure à talons, qui seraient logique avec pareille tenue, mais des mocassins qui semblent fait pour pouvoir courir avec.

[Angus]

Marek hoche la tête après avoir détaillé rapidement la femme.
"C'est elle.."

Il se lève, tendant la main en guise de salut plutôt protocolaire.

Lui-même. Mademoiselle Dominico, je présume... ?

Le russe ne semble pas gêné ou intimidé outre mesure, et, bien que son visage ne soit pas non plus inamical, ce n'est pas un sourire qui vient accompagner ses propos mais un air grave et détaché, plutôt professionnel.

[Zoorin]

Elle serre la main de Marek fermement et rapidement, lançant :

Bonjour, bienvenue parmi nous. Merci d'avoir répondu à notre appel. Suivez moi.

Elle se retourne et se dirige vers le pont. En chemin, elle demande d'une voix encore neutre, mais déjà plus détendue :

Vous avez fait bon voyage ?

[Angus]

Marek se contente d'hocher la tête d'un air convenu, comme si c'était naturel... il n'aurait pas refusé une demande pareille.. pas quand elle vient d'un athro de la tribu en passe de devenir une figure reconnue parmi celle-ci, et la Nation Garou.

Le russe prend ses affaires, la veste toujours sur le bras et la mallette de cuir noir à la main, et suit diligemment Fabienne.

Ca a été rapide. Prague n'est qu'à 3h30 de Paris...

Le jeune homme observe la surface de l'eau tandis qu'il traverse silencieusement le ponton en compagnie de son 'rendez-vous'.

[Zoorin]

Elle arrive de l'autre côté, fermé par un portail de fer forgé, et appelle :

Tortue-pas-géniale, il est arrivé.

Immédiatement, un jeune homme sort des épais buissons qui bordent la route de terre. De constitution légère et stature frêle, il a les cheveux en bataille, légèrement dégarni sur le devant. Ces yeux un peu fou détaille le nouveau venu. Il porte un short sale, une chemise bariolée et marche pieds nus.

Il s'approche et lance un joyeux :

Bienvenue à Vincennes monsieur Zakarov. Je suis Tortue-pas-géniale, portier du jour.

Sa voix guillerette respire le bonheur de vivre, et il n'a aucun signe de froideur que la plupart des garous ont envers les seigneur de l'ombre.

Arrivant près du portail, il pose sa main sur la poignée, murmure un mot doux à la serrure et celle-ci s'enclenche immédiatement. Il ouvre largement la porte, mimant de manière ridicule un portier distingué qui s'incline.

Fabienne Dominico passe rapidement en murmurant un merci glacial, ce que semble se contrefoutre l'intéressé.

[Angus]

Un bref sourire de circonstance se dessine sur les lèvres de Marek, qui a enlevé ses lunettes de soleil.

Merci.. Tortue-pas-géniale.

A voir le nom, et l'apparence du Garou en face de lui, Marek n'a aucun doute sur la tribu à laquelle il appartient... et il a appris, au cours de son travail en milieu urbain, la valeur certaine des Rongeurs d'Os. Malgré le fait qu'ils n'aient aucun sens du prestige ou du protocole, ils sont d'excellents informateurs, et voient beaucoup de choses que les autres ne remarquent même pas...

Aussi, le jeune Seigneur de l'Ombre joue le jeu de Tortue-pas-géniale sans s'offusquer ni en faire trop à son tour, et incline brièvement la tête en guise de salut au 'portier du jour'.

[Zoorin]

Le rongeur d'os susurre au passage de Marek :

Mais de rien.

Il referme ensuite le portail de la même manière qu'il l'a ouvert, puis regarde les deux seigneur de l'ombre s'éloigner.

Une fois à distance, Fabienne reprend :

Le conseil des anciens va te recevoir. Il n'est pas tout à fait au complet, car l'un d'entre eux est en mission. Mais il y aura également le Maître des Rites et le Gardien du caern.

A ce moment, elle quitte le large chemin de terre pour prendre un petit sentier sur la gauche. La végétation est ici luxuriante, et Marek sent qu'il y a un grand nombre d'esprit. Malgré tout, les bruits de la foule sont encore présents, et il se dit qu'un hurlement de garou doit facilement s'entendre.

Soudain, trois hermines blanches déboulent sur le chemin, se figent en regardant les marcheurs, puis se ré-enfoncent sous les buissons.

Fabienne dit :

Il y a un grand nombre d'hermines blanches au caern car nous avons recueilli le totem du caern qui va être bientôt réveillé ... et qu'il s'agit d'une hermine blanche.

[Angus]

Marek reste silencieux, tandis qu'il se laisse guider docilement par Fabienne, observant en même temps de façon attentive les environs. Il peut apprécier ainsi le travail fait par les Garous en notant la végétation abondante et la puissance et l'ancienneté du caern, de par le nombre d'esprits qui résident autour.

Il a à peine une hésitation lorsque les trois hermines font irruption, provoquée par la surprise. Curieux, il ralentit légèrement l'allure en les regardant ensuite détaler, pendant que Fabienne l'informe. Un sourcil circonspect levé, Marek réprend.

Un caern qui va bientôt être réveillé.. ?

Sergueï ne lui avait pas parlé de cela...

[Zoorin]

Effectivement, Sergueï l'a oublié ....

Fabienne écarte une branche et poursuit sa route, répondant :

Oui, c'est notre grande préoccupation du moment, et une grande et longue histoire. Pour résumer, nous protégeons des caerns en "stase", endormis, plutôt, et attendons le bon moment pour les réveiller. Et le moment semble être bon pour le conseil des anciens. * fait une grimace * Si nous avons lancé des appels à l'aide, c'est que ce caern, celui de Vincennes, va être affaibli. Mais tu aura tous les détails bientôt.

Elle débouche alors sur une grande clairière verdoyante et peuplée là aussi de quelques hermines blanches. Celles-ci semblent moins farouches et se contentent d'observer les arrivants. Et surtout Marek.

La clairière contient un grand tertre creusé d'un tunnel. Fabienne y va directement, disant :

Le coeur du caern, et notre Grande Salle se trouvent en sous-sol. Les anciens y sont. * tourne la tête, un peu moins froide * Et toi, d'où viens-tu exactement ?

[Angus]

Sans expression particulière sur le visage, Marek enregistrait une à une les informations distillées par Fabienne. En son for intérieur, il pensait à Sergueï, se demandant pourquoi il ne lui avait parlé de ceci... il ne pouvait pas ne pas savoir cette information. Le testait-il une fois de plus ?... D'un autre côté, c'était une nouvelle somme toute.. excitante. L'ouverture, ou le réveil plutôt, d'un caern, outre l'aspect essentiel évident sur la Nation Garou et son combat dans son ensemble, était toujours une opportunité de plus pour Marek... un terrain de jeu, en quelque sorte.

La question de la Garou le sortit de sa réflexion bouillonnante.

Je viens du caern de l'Oeil-du-Tonnerre, près de Prague... un des derniers caern dont le Sept est presque exclusivement composé de Seigneurs de l'Ombre.

Le Garou fit une pause. Oui, le caern de l'Oeil-du-Tonnerre était l'un des derniers bastions Seigneur de l'Ombre du monde... Comme toutes les autres tribus, ils étaient maintenant trop peu nombreux pour se permettre de refuser l'aide des autres garous lorsqu'il s'agissait de veiller et défendre un caern qui appartenait ancestralement à la tribu.

J'y ai été recueilli par un des membres originaire de ce Sept après avoir subit mon Premier Changement, en Russie... et j'y ai été rattaché jusqu'à aujourd'hui.

[Zoorin]

Fabienne hoche la tête.

Je connais évidemment l'oeil-du-Tonnerre de réputation, mais je n'ai pas encore eu l'honneur de visiter ce haut lieu de notre tribu.

Elle se tait, pensive, tandis que les deux garous entrent dans le tunnel.

Il tourne sur lui-même sur la gauche, descendant lentement. Creusé dans la terre, il porte divers objets décoratifs sur les murs. Des peaux peintes sont entourées de bois sculptés ou de pierres gravées. Il y en a un grand nombre. On reconnaît des scènes de chasse, de batailles, des cérémonies, et des portraits. Les dessins sont réalisés selon des styles variés, et certaines peaux sont craquelées et ont l'air très anciennes.
Le tunnel est assez large, on y passe à quatre ou cinq de front. Il est éclairé de bougies suspendues aux murs à l'abris de l'humidité dans des lanternes. Étonnamment, malgré leur faible nombre, elles illuminent d'un éclat net et franc. Leur armature en fer forgé est délicatement sculpté, les fils de métal formant des personnages, des saynètes, des symboles ou des allégories élégantes et recherchées sous formes de tableaux de lumière sur les murs.

Rapidement, les murs et le plafond montrent des bouches de galeries de petits animaux, et des têtes d'hermines blanches sortent à l'occasion, jettent un coup d'oeil, figées, et rentrent prestement.

La descente n'est pas très longue, et le tunnel arrive à un coude. Il devient ensuite droit, tout en continuant lentement de s'enfoncer. Il s'agrandit encore, prenant des dimensions imposantes. Les décorations changent également. De chaque côté, il y a à présent de grandes dalles de pierres, hautes et larges, sur lesquelles des scènes de guerre, de paix ou oniriques sont gravées. Plus loin, le tunnel est fermé par un lourd rideau de velours brun.

Fabienne fait une pause un peu avant le rideau et dit :

La Grande Salle et les anciens sont là derrière, si tu veux te préparer.