Rencontre avec la Corneille Grise

[Blackwolf]

Nikolaï s'avance dans la petite rue sombre et étroite, il balance un coup de pied dans un des nombreux cartons qui traînent partout dans le secteur. Un groupe de jeunes black écoute de la musique dans un coin, il les salut de la tête et ses derniers répondent jovialement par discrets de la main. Nikolaï désigne la porte de chez lui tout en regardant l'un des hommes un peu à part du groupe. L'homme répond par un hochement de tête négatif, faisant voleter par la même occasion les quelques tresses qui dépassent de sa casquette irlandaise. Le jeune russe le remercie d'un simple hochement de tête et se détourne de l'étrange groupe. Il se dirige alors vers Tête-de-plumes.

Il semblerait que personne ne soit entré et sortie par là depuis mon départ. Et l'autre entrée n'est connue que de ma famille d'adoption, même les autres locataires des immeubles alentours ne savent pas que nous avons un accès au parking en passant par les égouts.

Nikolaï fronce les sourcils soudain intrigué.

Quelque chose ne va pas vénérable ancien ?

[Zoorin]

Tête-de-plumes hoche la tête et indique la porte :

Entrons, l'endroit est vraiment sale.

Une fois à l'intérieur, il explique :

Corneille grise, mon totem de meute, me suis actuellement dans l'umbra, et m'a dit qu'il y a une activité de flaïel importante dans cette rue. Dans cet endroit, c'est fréquent, mais cela peut ne pas être un hasard. Or, nous ne sommes que deux, ça m'inquiète. Allons voir ta famille.

[Blackwolf]

Nik hoche la tête, légèrement inquiet. Il passe devant Tête-de-plumes et s'avance dans l'escalier en colimaçon. Il distance rapidement le vieux garou et ses pas, bien que rapides, restent silencieux malgré le bois grinçant de l'escalier. Il arrive rapidement devant l'entrée de son appartement, il remarque satisfait que les bruits de l'ascension de son ami ne se répercutent pas jusqu'ici. Il s'approche de la porte en faisant bien attention de ne pas passer devant l'interstice de la serrure et plaque son oreille contre le bois d'ébène. Il écoute, silencieux.

[Zoorin]

L'appartement est presque silencieux. Au fond, probablement dans la cuisine, Nikolaï entend juste Lucie fredonner.

Il jette un coup d'oeil vers l'escalier et est surpris de voir l'ancien au milieu du couloir, s'approchant sans bruit. Il ne l'a pas entendu arriver. Tête-de-plumes fait toujours la grimace, et se dirige vers la fenêtre qui donne sur la ruelle. Ce qu'il voit ne semble pas lui plaire. Il revient vers le jeune garou et lui dit doucement :

L'endroit est terriblement torturé. Des esprits déforment jusqu'aux murs mêmes. Et il est difficile de savoir si ils sont simplement fous, ou si ils suivent un plan précis. Tes ennemis semblent plus puissants qu'il me l'a été exposé. Entrons, il faut que je sente l'intérieur de chez toi.

[Blackwolf]

Nik acquiesce d'un simple hochement de tête. Il se penche et lèche sa jambe qu'il appui contre la porte, il farfouille sous le bas de son jeans et fini par en sortir une vielle clé de bronze. Il la rentre dans la serrure et tourne trois fois d'un côté en soulevant la poignée. La porte s'ouvre dans un grincement métallique, sous le bois un léger blindage a été installé. Il lance un regard inquisiteur dans tous les coins et recoins de la pièce et en revient à Tête-de-plumes.

Je fais brûler de l'encens régulièrement, je ne sais pourquoi j'ai toujours eu l'impression que ça protégeait les lieux et leurs occupants.

Effectivement Tête-de-plumes peu sentir une vive odeur d'encans à l'opium. Nik se détourne une fois de plus du vieux garou.

Lucie ? Je suis rentré.

[Zoorin]

Lucie apparaît immédiatement et commence par accourir vers Nikolaï pour le serrer dans ses bras. Elle s'arrête brusquement quand elle voit l'ancien qui entre. Ce dernier lui fait un sourire ridé et un signe de la main, puis il commence à scruter l'appartement en fermant la porte.

Lucie finit de venir embrasser Nik, tout en fixant Tête-de-plumes des yeux.

De la cuisine, Milla lance :

Tu étais où ? On s'est inquiétées.

[Blackwolf]

Nik réceptionne adroitement Lucie et la soulève pour la serrer fort contre lui. Tout en la gardant dans ses bras il se tourne vers la porte de la cuisine.

J'ai rendu visite à des amis que je n'avais plus vue depuis très longtemps.

Il tourne à nouveau son visage détendu vers Lucie et lui souris.

Alors ça va ma petite puce ?

Il caresse tendrement le joli visage de la petite fille et reste un moment à la contempler et à dialoguer avec elle. Puis soudain il semble se souvenir de la présence de Tête-de-plumes et se tourne vers lui.

Tête-de-plumes je vous présente ma fille, Lucie. Lucie voici Tête-de-plumes, c'est un ami.

Tout en parlant il s'approche de l'ancien.

Vous voyez quelque chose ?

Son regard inquiet trahit aussi une sorte d'énervement, sûrement dû au fait qu'il est lui même incapable de protéger correctement sa famille. Ses réflexions le portent inévitablement vers son chien qu'il a toujours pensé capable de voir les choses invisibles.

Lucie ou est Sasha ?

[Zoorin]

Tête-de-plumes fait une grimace pas très encourageante. Avant qu'il puisse réponde, Milla entre dans la pièce et répond :

Il dort depuis ce matin dans la cuisine. * à l'ancien * Bonjour.

Elle s'approche de Nik pour le prendre dans ses bras mais Tête-de-plumes dit sèchement avant, l'arrêtant net :

Il y a clairement du danger ici. Les ombres s'agitent, et des choses puissantes s'y dissimulent. Comment te sens tu, physiquement parlant ?

Lucie et Milla se figent, et regardent Nik, le questionnant d'un regard inquiet.

[Blackwolf]

Nik siffle un coup strident afin d'appeler Sasha à le rejoindre. Il se tourne vers Tête-de-plumes, le visage grave.

Fatigué, voir épuisé, la sérénité de votre caern me manque, j'ai du mal à aligner mes idées. Mais cependant je ne sens encore aucune poussée d'adrénaline, pas d'énervement, aucune nervosité, je suis plus apte à m'évanouir qu'à me mettre en colère.

Il fronce les sourcils et lance un regard à la pièce qui soudain ne lui semble plus si familière que ça.

Vous en pensez quoi vénérable, devons nous partir d'ici au plus vite ?

[Zoorin]

Soudain, Lucie hurle comme une folle, se débattant pour se libérer, la voix déformée :

NON NON, je ne veux pas partir d'ici. Et ce monsieur, il me fait peur. PEUR !! Fait le sortir, s'il te plait.

Milla est stupéfaite, sans voix. Tête-de-plumes surpris, mais il dit vite, s'approchant de Nikolaï :

Lâche là, elle est possédée ! Il faut aller combattre. On est pas assez nombreux, mais il y a pas d'autres choix.

Milla bafouille, perdue : Quoi, combattre, possédée, ...

[Blackwolf]

Nik pousse un grognement peu amène et murmure une phrase pleine de haine. J'aurais leur peau...

Il repose délicatement Lucie, le visage tordu de douleur. Il ne peu s'empêche de pousser un autre grognement rauque qui aurait foudroyer de terreur n'importe quel humain présent. Il regarde Lucie s'éloigner de lui, les muscles crispés.

Fait attention à toi ma puce...

Il se redresse et lance un regard à la cuisine, cherchant Sasha des yeux.

Alors que dois-je faire ?

[Zoorin]

Lucie le visage déformé et la voix anormale, continue de pousser des cris et fonce s'enfermer dans sa chambre. Tête-de-plumes, d'une voix emplie d'autorité ordonne :

Mademoiselle, allez la surveiller, il ne faut pas qu'elle fasse de bêtise.

Milla hésite un peu, et devant le regard de Nik, s'exécute.

Une fois qu'elle est sortie de la pièce, l'ancien s'approche rapidement du Crocs d'argent et dit :

Tu es prêt à te battre ? Il faudrait purifier la zone immédiatement. Ta fille est déjà touchée.

Il lui touche la poitrine et poursuit :

Nous devons aller dans l'umbra. Immédiatement le goulet franchit transforme toi en crinos. * hésite * Je te préviens, vu la force qui se dégage ici, ce doit être l'enfer là-bas. * le regarde dans les yeux * L'autre solution, c'est de foncer au caern, et de purifier Lucie, mais le flaiel aura beaucoup de temps pour faire du dégât. Tu préfère prendre quel risque ?

[Blackwolf]

Nik, le regard empli d'une douleur indescriptible, fixe la porte de la chambre. Sombre et renfermé.

La dernière fois que j'ai été obligé de fuir je l'ai regretté toute ma vie, et encore aujourd'hui cet acte me ronge l'esprit bien qu'il n'était pas de ma volonté. Je suis prêt à combattre...

Il tourne son visage vers Tête-de-plumes.

Sans vous je ne saurais comment faire, mais je puis accepter le fait que vous refusiez de courir des risques pour un vulgaire garou.

[Zoorin]

D'une voix tranchée, et éraillée, Tête-de-plumes coupe net :

Aucun défenseur de Gaïa n'est "vulgaire". Tout le monde est indispensable dans la lutte que nous menons. On y va.

Soudain, Nik sent quelque chose l'enserrer, oppresser toutes les parties de son corps, sous ses vêtements même. Il comprend tout de suite que l'ancien commence à franchir le goulet. Son visage est concentré, et légèrement tendu. La traversée lui demande un grand effort, c'est évident. Sa vision se brouille, il entend une dernière fois Milla lui demander si ça va, comme dans un rêve, et il finit par se retrouver dans un cocon gris clair. La sensation d'oppression s'accentue jusqu'à être gênante pour les mouvements.

Et elle cesse brusquement, en même temps que les lieux s'assombrissent.

Nikolaï reconnaît immédiatement la pièce où il est. Les meubles ne sont que des ombres, mais les dimensions et les ouvertures sont identiques. Il n'y a pas de lampes, mais de l'endroit où se trouvent les ampoules part une faible lueur blafarde venant de nul part.

Les murs sont composés de fils serrés suintant un liquide brun qui s'accumulent à leur base pour sécher et former une large concrétion craquelée. Des dizaines de petits araignées recouvertes de cette mélasse circulent dessus et dedans, passant par des interstices extrêmement fins.

Les ouvertures n'ont pas de portes, et celle qui mène à la chambre de Milla et Lucie est occupée par une créature bouffie, vaguement humanoïde, petite. Elle se retourne en entendant les deux garous arriver et son visage ne présente qu'une série d'yeux rouges et constellés de veines. Ses mains portent un grand nombre de doigts trop longs et crochus.

Nik a à peine le temps de faire un geste que l'entité parle :

Bonjour Maître des lieux. Vous venez voir les souffrances de vos .. * ton ironique * .. protégées ? Lucie est une proie facile à torturer. Son esprit est faible. * ricanement * Regardez.

Elle lève sa main gauche et montre des fils qui partent de son poignet pour aller dans son dos, dans la direction de sa chambre.

[Blackwolf]

En quelques secondes Nikolaï avait déjà atteint un degré de rage inimaginable, il bouillonnait face à cette grotesque créature qui faisait du mal à sa Lucie. Tordu de douleur il faisait déjà un pas vers l'immonde chose alors que son visage s'allongeait pour former un museau aux dents acérés. Sa peau devenait plus rude et des poils gris et noirs poussaient au hasard de son corps déchiré, écartelé par la transformation qui le grandissait déjà. Sa carrure était des plus imposantes et ses muscles grossissaient de façon impressionnante alors que de longues griffes solides et meurtrières poussaient au bout de ses doigts noueux.

Il est à présent immobile, le souffle rauque et lent. Son large poitrail se gonfle et se dégonfle laissant expirer la bête enragée qu'il est devenu. Il fixe, son regard est posé sur la petite créature en face de lui, cependant ses yeux scrutent tous les environs en face de lui. Ses bras sont pliés afin de maintenir ses mains griffues au niveau de ses hanches, prêtes à parer le moindre assaut. Il se retient avec une grande difficulté de bondir, il attend un signe de l'autre garou, plus calme et plus sage. Nikolaï gronde, les babines retroussées dans un rictus de haine. Il attend, trop affamé du sang de son ennemi pour l'attaquer sans précaution, plus qu'enragé il est en colère, il gronde, attendant son heure de vengeance.