Nom : Vadim Oprichinsky.
Date de naissance : 20 Novembre 1969
Lieu de naissance : Surgut (Sibérie)
Parfois, de vagues souvenirs, ramenés à sa conscience par quelques cauchemars vite oubliés, rappellent à Vadim qu’il est né au sein d’une famille normale.
Mais la tourmente qui a emporté la Mère Russie depuis la fin de la guerre froide ne lui a jamais permis de remonter aux circonstances exactes de ce bouleversement qui a dévasté sa petite enfance :
La lente liquéfaction du système politique russe a détruit toutes les archives et les traces de déportation vers les goulags qui auraient pu être utile à Vadim pour retrouver la trace de ses parents disparus.
Pas que cela ait été une obsession, pour un jeune camarade endoctriné dès son plus jeune âge aux thèses socialistes Marxistes ; mais lors de son adolescence, ce mystère l’aura parfois hanté, car jamais on ne peut jamais empêche un jeune homme de se questionner sur ce qu’il aurait pu être…
Orphelin à 4 ans, puis élevé en foyer, Vadim entre à l’Organisation soviétique des jeunesses communistes (les komsomols) dans l’année de ses sept ans, alors que le climat de guerre froide est à son paroxysme.
La vie est dure, dans les internats pour jeunes de Sibérie, mais l’on y apprend une rigueur et un respect qui auront servi Vadim toute sa carrière.
Enfant assez contemplatif sans être timide, Vadim fréquente tôt les bibliothèques pour la jeunesse, ces endroits répondant à une commande sociale bien définie : contribuer à l’éducation communiste des jeunes.
Une conviction naît dans son jeune cœur, renforcée au fil des années par l’endoctrinement dispensé par ses maîtres et tuteurs.
A seize ans, comme la très grande majorité des enfants des foyers, Vadim devient pupille de la Nation Russe, et est orienté –à sa grande déception, vers la fonction publique, alors que nombre de ses anciens camarades ont la chance de rentrer dans l’armée ou un corps affilié.
La grisante sensation d’indépendance apportée par ses premiers salaires et la liberté de mouvement qu’il acquiert en quittant le foyer, à Dix huit ans, n’altèrent pas ses idéaux, et il devient vite un employé zélé et efficace de la grande machine administrative russe.
Il goûte enfin une vie normale, s’insérant dans un tissu social riche, son sérieux au travail lui apportant une reconnaissance humble mais réelle de ses collègues et supérieurs. Vadim se fait des amis, quelques conquêtes, mais aussi quelques ennemis, car son intégrité au travail le pousse à dénoncer tout détournement ou tout abus : la Mère Russie doit être servie par ses fils, et jamais l’inverse, l’entend-on souvent dire à cette époque.
Idéaliste intègre et appliqué, il est repéré par le politburo dans l’année de ses 23 ans, et accepte de devenir assistant pour confondre un de ses supérieurs dans une enquête de corruption interne menée par la police secrète russe : le NKVD.
Dans la même année, après le succès de son enquête qui confond (et voit disparaître de façon mystérieuse) un membre de l’entourage du secrétaire général du parti, Vadim entre au NKVD, ajoutant à son sens de l’éthique et du discernement une formation au maniement des armes.
Mais 1991 est aussi l’année ou le vernis fragile qui protège la façade décrépie du régime russe craque définitivement.
Perplexe devant les changements prônés par les dirigeants de l’état et l’ouverture au libéralisme économique qui jusqu’à maintenant était l’Ennemi, Vadim se concentre malgré tout sur sa tâche et continue à travailler avec une rigueur exemplaire.
Les bureaux du NKVD sont agités par la politique radicale qui est en marche ; un climat de suspicion et de trahison s’installe, alors que chacun comprend que l’état est en train de réformer ses organes politiques et judiciaires.
Vadim, consciencieux et avec le plus grand sérieux, continue d’exécuter les ordres et de travailler jusqu’à très tard, infiltrant des cellules révolutionnaires, cherchant les espions, les corrompus, les dangereux.
Mais maintenant Vadim bénéficie de nouveaux moyens pour traquer et combattre ses ennemis…
Le Changement, tardif, aura surpris le jeune homme aussi bien que son adversaire, le Vampire proche du secrétaire du parti, lors de la scène finale de sa première enquête pour le NKVD.
A son réveil, couvert de sang et de cendres dans un des soubassements du bâtiment administratif qui servait de repaire au Vampire, Vadim appliquera le protocole qu’il commence à maîtriser : faire disparaître toute trace, nettoyer les lieux, et en sortir sans avoir été vu.
Solitaire, ne sachant pas vraiment ce qu’il est au fond de lui, mais réalisant maintenant pourquoi il s’était toujours senti à part, c’est avec soulagement que le jeune homme sera contacté par le Sept du Granite de Glace quelques mois plus tard…
Il allait falloir jouer serré, pour que ses nouveaux frères Garous acceptent de le laisser continuer à travailler au NKVD, et encore plus pour qu’aucun de ses collègues mortels ne soupçonne son rôle d’agent double surnaturel.
Mais Vadim, rompu aux subtilités sociales de par sa formation, parviendra à reprendre son poste sitôt son rang de Cliath reconnu, convaincant les Anciens du Sept de l’utilité d’un Garou parmi les institutions policières mortelles.
Même s’il ne l’avouera jamais, à cette époque, Vadim voit son don comme un outil plus que comme une identité : appréhendant avec difficulté les notions spirituelles de la vie de Garou, il met plutôt ses forces au service de son idéal secret : rétablir le régime égalitaire et fraternel que la Mère Russie lui avait laissé voir dans sa jeunesse.
Il reste un adversaire farouche pour les Sangsues et autres créatures qui parasitent le système politique et administratif des quelques grandes villes de Sibérie, mais sa vision des choses se déforme peu à peu, et son point de vue s’éloigne et dérive lentement, se détachant des visées de ses frères Garous.
Pour Vadim, la Mère Russie est Gaïa, et le communiste est l’espoir d’un équilibre à retrouver.
Plus dure sera la chute, lorsque le jeune Croc d’Argent, enfermé dans ses convictions, réalise qu’il se bat maintenant seul pour ramener un régime dont plus personne semble ne vouloir : au fil des années, Vadim voit son rêve devenir définitivement utopique ; il devient distant, noir, et s’éloigne de ses frères Garous, dont l’étroitesse d’esprit en matière de politique l’irrite au plus haut point.
Le communisme ne sauvera pas Mère Russie ; au contraire, il est l’instrument qui l’a blessée si profondément, entend-il de plus en plus souvent.
Et cette simple idée déconstruit lentement la psyché bien ancrée de Vadim : il sombre doucement dans l’Harano, ses camarades de Sept le désavouant de plus en plus.
Au fond de lui, il sait qu’il a échoué.
Et cette conviction le mènera jusqu’à l’antre de la folie.
Un individu malingre aux traits tirés et aux yeux cernés : son regard perpétuellement blasé recèle cependant une intelligence aiguisée et un sens de l’observation aguerri.
Vadim est souvent habillé d’un costume trois pièces noir allongeant encore sa silhouette chétive, et porte en extérieur une gabardine gris sombre d’un autre âge…