NOUVEAU DEPART
Posté: Mer 15 Juil 2009 19:46:55
Quelques heures s'écoulent ainsi. escorté par l'un de ses gardiens, Vladimir rejoint la clairière ou doit se dérouler le procés et y attend son heure. Au loin, il voit bientôt s'approcher le Philodox qui doit le juger.
Parle-avec-sagesse s’avance comme il l’a fait si souvent. Cette nuit, Voile-de-Lune lui a confié la lourde de tâche de juger un gailliard, descendant de la famille Nicola. C’est une assemblée hors du commun et de nombreux membres du sept se sont déplacés, abandonnant pour un temps la guerre qui est la leur.
L’affaire est délicate. Vladimir Ivaniev, le loup-garou en question a renié son appartenance à la nation il y a quelques semaines à peine. Depuis, autour de lui, les évènements se sont déchaînés.
Au centre de l’arène, trois garous sont déjà présents. Vladimir, assis en tailleur, a adopté la forme Crinos. Malgré une fourrure zébrée de blessures, nul ne peut douter de son affiliation à la tribu des Crocs-d’argent. Tout, de sa fourrure à son port, rappelle les fiers guerriers que furent ses pères.
A sa gauche se tient Défend-la-nation, un philodox Wendigo. Ce dernier est probablement le pire détracteur de Vladimir. Pourtant, si Voile-de-Lune l’a choisi, ce n’est pas à cause de cela. Bien d’autres sont prêts à dénigrer les choix faits par le Rônin, mais Défend-la-nation dispose d’une qualité que peu ont, c’est l’un des seuls à être capable de placer la justice au-delà de ses propres convictions. A la droite de l’accusé se tient, Fouille-les-détritus, Ragabash de la tribu des Ronge-les-os. Parle-avec-sagesse le connaît bien, c’est le seul à s’être proposé de défendre le Russe. C’est un adversaire de taille pour Défend-la-nation, car ses paroles ne prendront tout leur sens que lorsque l’heure sera venue de rendre un jugement. Fouille-les-détritus est passé maître dans l’art de construire son argumentation sans que ses adversaires ne perçoivent son jeu.
L’arrivée du juge déclenche un silence lourd dans l’assemblée et Parle-avec-sagesse vient se placer face aux trois garous. Le philodox sait que ce débat risque d’être particulièrement difficile à juger.
Vladimir Ivaniev, gailliard de la tribu des Crocs-d’argent devenu rônin, tu es ici pour répondre de tes actes.
Tu es accusé d’avoir renié la nation, d’avoir entraîné dans un combat qui n’était pas le leur une meute entière de notre sept et d’avoir provoqué leur perte.
Fouille-les-détritus a accepté de te défendre face à Défend-la-nation qui parlera au nom de ceux qui t’accusent.
Vladimir se contente d’acquiescer. Curieusement, son sort lui importe peu. Il a choisit de consacrer son énergie à une autre cause, plus noble diront certains, tout simplement essentielle à ses propre yeux. Le seul combat qui lui importe aujourd’hui, c’est de fournir à son enfant et à Natalia une protection, un avenir.
Parle-avec-sagesse se tourne vers Défend-la-nation afin de lui donner la parole.
Un profond dégoût dans la voix, le philodox interroge Vladimir.
Admets-tu avoir choisi d’abandonner tes frères et sœurs de meute ?
Les événements sont encore frais dans la mémoire du Russe. Tout avait commencé par un doute, le sentiment de ne pas appartenir à la meute, de ne pas partager leurs avis. Ce doute, l’Incarnae d’Union, l’avait senti, accepté. En revanche, lorsque Vladimir s’était mis à manipuler les filins, représentations umbrales des liens qui l'unissait au reste du monde, l’esprit avait interprété cela comme une véritable insulte. Comment un loup-garou pouvait-il remettre en question son appartenance à la nation, comment pouvait-il envisager de trancher les liens qui le reliaient à sa meute ? La sentence de l'esprit résonne encore chez le garou :
...fils de chien, tu as l'orgueil de croire que tu pourrais te passer des autres... Eh bien puisque c'est ton souhait, je l'exauce...
Un geste lui avait suffit pour trancher les liens, pour séparer Vladimir de sa meute, de ses frères, mais également de tout le reste. Les premières heures, le Russe s'était senti libéré. Il avait quitté sa meute, quitté la nation, quitté Gaïa. Oui, il a choisit. Vladimir acquiesce.
Parle-avec-sagesse se tourne vers Fouille-les-détritus. Le Ragabash observe Défend-la-nation droit dans les yeux et choisit de lui poser directement sa question
Crois-tu qu’il faille combattre le Ver ?
Le Wendigo sent la colère monter en lui mais la réputation de Fouille-les-détritus n’est plus à faire.
Combattre le ver où qu’il soit et se multiplie. Telle est la litanie. Je m’efforce de la suivre à chaque instant.
Parle-avec-sagesse observe Fouille-les-détritus. Ce dernier serein, n’ajoute rien. Défend-la-nation reprend donc.
Cette femme, que tu as rencontrée et à laquelle tu as fait un enfant, la connaissais-tu avant de quitter la nation ?
Vladimir avait rencontré Natalia lors d’un entretien, pour devenir mercenaire, juste après avoir tout plaqué.
Elle avait tout pour lui plaire. Entre 24 et 28 ans, brune coupé court, 1m70 pour 50 kilos environ, élancée, véritable garçon manqué, privilégiant l'aspect pratique à l'aspect esthétique... Vladimir était tombé sous son charme, ressentant immédiatement une attirance dénuée de sentiment.
Non, je ne la connaissais pas.
Défend-la-nation se tourne vers les garous présents, présentant à tous, un sourire carnassier.
Il ne connaît cette femme que depuis quelques semaines et lui a néanmoins révélé notre existence. Il a brisé le Voile, mettant en danger la nation. Il a insulté Gaïa en la reniant et maintenant, il se permet de la mettre plus en danger encore qu’elle ne l’est.
Le Wendigo se tourne vers Fouille-les-détritus, certain d’avoir marqué un point décisif. Le Ragabash laisse pourtant flotter, l’espace d’un instant, un sourire amusé sur son visage. Puis, à brûle-pourpoint, il se tourne vers Parle-avec-sagesse.
Toi qui es juge aujourd’hui, tu portes un nom qui en dit long sur la réputation qui est la tienne. Aussi j’aimerais avoir tes conseils éclairés. Que penserais-tu d’un homme qui ne doute jamais ? Que penserais-tu d’un de tes compagnons s’il était si sûr de lui que jamais le doute n’effleurait son esprit ? L’appellerais-tu sage ?
Parle-avec-sagesse n’hésite pas. Peu lui importe ou veut en venir Fouille-les-détrituts.
Assurément pas. La sagesse réside bien plus souvent dans notre capacité à admettre qu’il y a lieu de douter qu’à croire que l’on détient la vérité.
Une nouvelle fois, le Ragabash s’arrête là, laissant le Wendigo prendre la suite.
As-tu demandé l’aide d’une meute pour venir à bout d’un Vampire ? Et ce dans l’unique but de servir ton employeur. En d’autres termes, as-tu mis en danger la vie d’une meute pour servir tes intérêts ?
Si Vladimir ne cherche pas à être innocenté, il n’est pas stupide non plus aussi le Russe prend un soin tout particulier à répondre à cette question.
J’ai découvert qu’un Vampire nuisait à mon employeur. J’ai proposé à la meute de m’aider à le combattre car nos intérêts étaient les mêmes. La mort d’un Vampire ne dessert pas Gaïa.
Défend-la-nation hausse un sourcil.
Et depuis quand un rônin est-il en droit de juger de l’importance d’un combat pour Gaïa ? Tu as placé cette meute dans un conflit qui n’était pas le sien. Une nouvelle fois, tu as démontré ta capacité à penser à toi avant de penser aux autres. Le conflit dans lequel se sont engagés nos frères leur a coûté la vie. Lors du prochain combat qui nous opposera au Ver, leurs griffes et leurs crocs nous manqueront cruellement. D’autres mourront peut-être, face à un ennemi trop puissant. Combien de mort provoqueras-tu encore de la sorte ? Combien de combat infligeras-tu à nos frères ? Quelles pertes feras-tu subir à Gaïa ?
La question n’attend aucune réponse. Vladimir pourtant est prêt à riposter, mais Fouille-les-détritus le coupe dans son élan.
Mon frère Défend-la-nation a exposé son point de vue mais je voudrais être sûr de bien le comprendre.
Défend-la-nation accuse ce loup-garou d’avoir trahit Gaïa en quittant la nation, il l’accuse d’avoir mis en péril la nation en brisant le voile et d’avoir entraîné quatre de nos frères dans un combat qui a causé leur mort.
Est-ce cela ? Avez-vous tous entendus ses arguments ?
Le Wendigo acquiesce et dans l’assemblée, nombreux sont les lycanthropes qui semblent être de son avis.
Défend-la-nation a raison, tout comme notre juge.
Parle-avec-sagesse nous a dit qu’un sage se devait de douter parfois, or Vladimir a douté, il a douté de sa meute, de ses frères, il n’a pas cru judicieux de suivre leurs décisions.
Pour nous autres garous, abandonner ses frères est inacceptable. Pour autant, Mil et Enia, ces deux louves qui ont finies par rejoindre le Ver, appartenaient à cette meute. En prenant le risque de partir, il a démontré qu’il ne pouvait suivre les agissements de proches ayant succombé au Ver, qu’il préférait encore tout perdre.
Défend-la-nation, toi qui porte les accusations, admets-tu que celle-ci est infondée ? Admets-tu qu’il est judicieux de quitter une meute qui succombe au Ver ?
Défend-la-nation observe avec intensité Fouille-les-détritus. Pour avoir rencontré Enia et Mil, il sait que les arguments du Ragabash sont justes et malgré son mépris à l’égard de Vladimir, il baisse la tête en signe d’assentiment.
Ta mémoire est juste Fouille-les-détritus, son choix de quitter la meute n’était pas dénué de sens. En revanche, il a quitté la nation, privant Gaïa de sa force.
Fouille-les-détritus abaisse à son tour la tête. Il sait que cette accusation est fondée. Il poursuit donc.
Vladimir a dévoilé à sa compagne qu’il était un loup-garou, car elle porte son enfant. Défend-la-nation sait, plus que quiconque que Gaïa a besoin de guerriers et que nos parents humains sont en droit de connaître la vérité. Comme le dit la litanie, nous leur devons le respect car ils appartiennent à Gaïa. Ne pas la prévenir pourrait l’inciter à prendre des risques inutiles et priver Gaïa d’un guerrier.
Si tu avais été le seul à pouvoir protéger ta progéniture et que tu ne pouvais pas compter sur tes frères pour défendre ta compagne, lui aurais-tu caché la vérité Défend-la-nation ?
La mâchoire du Wendigo se crispe. Il sent que l’argumentation tourne en faveur du Ragabash.
Probablement pas. Cela n’a d’ailleurs que peu d’importance par rapport à la mort de nos frères.
Le Ragabash acquiesce une nouvelle fois.
Une nouvelle fois, Défend-la-nation est dans le vrai. Nos frères sont morts et notre peine est grande.
Pour autant, vous savez tous que Vladimir n’a pas obligé à lui seul quatre de nos frères à se plier à sa volonté. Il leur a proposé de se joindre à un combat qu’ils ont jugés juste. Allons nous bafouer leur mémoire ? Ont-ils démérités ?
Ils ont combattu une sangsue, nettoyant le monde d’une créature qui ne devait plus être. Comme chacun de nous, ils ont suivis leurs convictions et cela les a entraîné dans un autre combat qui leur a coûté la vie.
A ce moment, Défend-la-nation interrompt le Ragabash. Dans sa voix on peut entendre un mélange d’émotion, la peine et dégoût.
Il a fuit le combat, laissant cette chose tuer les nôtres. Il a sauvé sa vie plutôt que la leur.
Fouille-les-détritus plonge son regard dans celui du Wendigo. Sa voix exprime la compassion à l’égard de celui qui a perdu un frère.
Conformément à la litanie, il a renoncé à un combat qui était perdu d’avance.
Il a puisé dans ses réserves la force de venir jusqu’au Caern pour nous prévenir. Il n’a pas cherché à fuir ses responsabilités, il n’a pas déshonoré son sang. Il est venu à nous sans la moindre hésitation. Il n’a pas songé une seule seconde à ce qui pourrait lui arriver.
En faisant cela, il nous permet d’anticiper les évènements. Ce sont des informations précieuses qui permettront à nos meutes de se préparer et de combattre le mal en sachant à quoi s’attendre.
Fouille-les-détritus se tait, laissant le silence s’imposer peu à peu. Les deux parties se sont longuement exprimées. Dorénavant, le destin de Vladimir est entre les mains de Parle-avec-sagesse. Le juge reste assis un long moment, fixant tour à tour le sol et l’assemblée.
Après avoir longuement pesé ses paroles, il se lève et s’adresse à Vladimir.
Fils de Nicola, les accusations qui pèsent sur toi sont graves pourtant Fouille-les-détritus et Défend-la-nation nous ont ouverts les yeux.
Tu as quitté tes frères alors que le Ver gagnait du terrain en leur cœur et cela ne peut t'être reproché. Ce choix difficile s’est justifié. Ton erreur a été de ne pas comprendre que la sagesse aurait voulu que tu aides tes frères à combattre le Ver et que tu restes auprès de Gaïa.
Tu as brisé le Voile en informant ta compagne de ta véritable nature. Tu as agit de la sorte pour protéger ton enfant et cela sert Gaïa. Cette faute ne te sera pas reprochée.
Enfin, en mêlant nos frères à ton histoire, tu as précipité leur mort. Pourtant, nos frères ont choisis de te suivre, ils ont choisis de mener ce combat. Ce démon est une insulte à Gaïa et que nous le voulions ou non, il est de notre devoir de le combattre.
Tu as commis des erreurs, des erreurs qui ont des conséquences aujourd’hui et qui en auront demain.
Pourtant, le sang qui coule en toi est celui des Nicola. Tes ancêtres ont prouvés qu’ils étaient dignes de respects, qu’ils étaient de valeureux guerriers qui étaient prêt à assumer leur nature et les conséquences de leurs actes.
C’est pourquoi je te demande aujourd’hui d’honorer leur mémoire et de te racheter.
Reconnaît ton erreur et revient à Gaïa. Combat ce démon au côté de nos frères jusqu’à ce qu’il connaisse la mort.
En acceptant ces conditions tu laveras à jamais le nom des Nicola, tu laisseras à ton fils le souvenir d’un père fier et glorieux car nul n’osera plus mettre en doute ta fidélité envers la nation.
Refuse ses conditions et tu es libre de partir. Les Ragabash se moqueront alors des Nicola jusqu’à ce que ta descendance vienne laver l’honneur par le sang.
Le galliard explose en lâchant un hurlement terrible, un de ceux qui déstabilise quiconque se trouve à portée, un son puissant porté par un esprit de l'air. Vladimir est un galliard et il doit parler; il se redresse de toute sa hauteur. Certaines blessures se sont refermées, laissant plus de place au panache du croc d'argent, dont la fourrure semble flotter dans une eau claire.
Il avance au centre du cercle avec des pas lourds, qu'un esprit de la terre ne manque pas d'accompagner d'un léger tremblement.
Ses yeux s’enflamment l'espace d'une seconde, juste le temps pour que le sept se rende compte de la férocité et de l'énergie encore emprisonnées dans ce Crinos.
Lentement il regarde chaque loup autour de lui et les dévisage un par un, que chacun sache qu'un Nicola est là! Tel est le message gestuel du Russe, de ce soldat du nord et de l'éternelle Russie.
Son regard s'arrête devant celui de Voile-de-Lune
Oui, j'ai commis des erreurs. Je les regretterai beaucoup plus si elles ne m'avaient rien appris.
Cette meute a disparut et je le regrette du plus profond de mon âme. Quand j'ai demandé de l'aide au Cærn, ils ont été les seuls à répondre présent.
Face à ce démon, je n'ai pas tremblé un seul instant. J'ai pu observer leur façon de combattre, en silence, avec une coordination extraordinaire. Je les ais aidé de toutes mes forces mais nous ne pouvions rien contre ce vampire. Moi seul peux décrire le regard suppliant du dernier combattant encore debout!
Il ne demandait pas de l'aide; il voulait que je parte pour vous prévenir. Je donnerai cher pour être à sa place. Cette perte représente pour moi une blessure bien pire que toutes celles que m'a infligé ce flaiel à l'aube de ma renaissance.
Oui, je vais réintégrer le Cærn. Et oui, j'honorerai leur mémoire
Parle-avec-sagesse s’avance comme il l’a fait si souvent. Cette nuit, Voile-de-Lune lui a confié la lourde de tâche de juger un gailliard, descendant de la famille Nicola. C’est une assemblée hors du commun et de nombreux membres du sept se sont déplacés, abandonnant pour un temps la guerre qui est la leur.
L’affaire est délicate. Vladimir Ivaniev, le loup-garou en question a renié son appartenance à la nation il y a quelques semaines à peine. Depuis, autour de lui, les évènements se sont déchaînés.
Au centre de l’arène, trois garous sont déjà présents. Vladimir, assis en tailleur, a adopté la forme Crinos. Malgré une fourrure zébrée de blessures, nul ne peut douter de son affiliation à la tribu des Crocs-d’argent. Tout, de sa fourrure à son port, rappelle les fiers guerriers que furent ses pères.
A sa gauche se tient Défend-la-nation, un philodox Wendigo. Ce dernier est probablement le pire détracteur de Vladimir. Pourtant, si Voile-de-Lune l’a choisi, ce n’est pas à cause de cela. Bien d’autres sont prêts à dénigrer les choix faits par le Rônin, mais Défend-la-nation dispose d’une qualité que peu ont, c’est l’un des seuls à être capable de placer la justice au-delà de ses propres convictions. A la droite de l’accusé se tient, Fouille-les-détritus, Ragabash de la tribu des Ronge-les-os. Parle-avec-sagesse le connaît bien, c’est le seul à s’être proposé de défendre le Russe. C’est un adversaire de taille pour Défend-la-nation, car ses paroles ne prendront tout leur sens que lorsque l’heure sera venue de rendre un jugement. Fouille-les-détritus est passé maître dans l’art de construire son argumentation sans que ses adversaires ne perçoivent son jeu.
L’arrivée du juge déclenche un silence lourd dans l’assemblée et Parle-avec-sagesse vient se placer face aux trois garous. Le philodox sait que ce débat risque d’être particulièrement difficile à juger.
Vladimir Ivaniev, gailliard de la tribu des Crocs-d’argent devenu rônin, tu es ici pour répondre de tes actes.
Tu es accusé d’avoir renié la nation, d’avoir entraîné dans un combat qui n’était pas le leur une meute entière de notre sept et d’avoir provoqué leur perte.
Fouille-les-détritus a accepté de te défendre face à Défend-la-nation qui parlera au nom de ceux qui t’accusent.
Vladimir se contente d’acquiescer. Curieusement, son sort lui importe peu. Il a choisit de consacrer son énergie à une autre cause, plus noble diront certains, tout simplement essentielle à ses propre yeux. Le seul combat qui lui importe aujourd’hui, c’est de fournir à son enfant et à Natalia une protection, un avenir.
Parle-avec-sagesse se tourne vers Défend-la-nation afin de lui donner la parole.
Un profond dégoût dans la voix, le philodox interroge Vladimir.
Admets-tu avoir choisi d’abandonner tes frères et sœurs de meute ?
Les événements sont encore frais dans la mémoire du Russe. Tout avait commencé par un doute, le sentiment de ne pas appartenir à la meute, de ne pas partager leurs avis. Ce doute, l’Incarnae d’Union, l’avait senti, accepté. En revanche, lorsque Vladimir s’était mis à manipuler les filins, représentations umbrales des liens qui l'unissait au reste du monde, l’esprit avait interprété cela comme une véritable insulte. Comment un loup-garou pouvait-il remettre en question son appartenance à la nation, comment pouvait-il envisager de trancher les liens qui le reliaient à sa meute ? La sentence de l'esprit résonne encore chez le garou :
...fils de chien, tu as l'orgueil de croire que tu pourrais te passer des autres... Eh bien puisque c'est ton souhait, je l'exauce...
Un geste lui avait suffit pour trancher les liens, pour séparer Vladimir de sa meute, de ses frères, mais également de tout le reste. Les premières heures, le Russe s'était senti libéré. Il avait quitté sa meute, quitté la nation, quitté Gaïa. Oui, il a choisit. Vladimir acquiesce.
Parle-avec-sagesse se tourne vers Fouille-les-détritus. Le Ragabash observe Défend-la-nation droit dans les yeux et choisit de lui poser directement sa question
Crois-tu qu’il faille combattre le Ver ?
Le Wendigo sent la colère monter en lui mais la réputation de Fouille-les-détritus n’est plus à faire.
Combattre le ver où qu’il soit et se multiplie. Telle est la litanie. Je m’efforce de la suivre à chaque instant.
Parle-avec-sagesse observe Fouille-les-détritus. Ce dernier serein, n’ajoute rien. Défend-la-nation reprend donc.
Cette femme, que tu as rencontrée et à laquelle tu as fait un enfant, la connaissais-tu avant de quitter la nation ?
Vladimir avait rencontré Natalia lors d’un entretien, pour devenir mercenaire, juste après avoir tout plaqué.
Elle avait tout pour lui plaire. Entre 24 et 28 ans, brune coupé court, 1m70 pour 50 kilos environ, élancée, véritable garçon manqué, privilégiant l'aspect pratique à l'aspect esthétique... Vladimir était tombé sous son charme, ressentant immédiatement une attirance dénuée de sentiment.
Non, je ne la connaissais pas.
Défend-la-nation se tourne vers les garous présents, présentant à tous, un sourire carnassier.
Il ne connaît cette femme que depuis quelques semaines et lui a néanmoins révélé notre existence. Il a brisé le Voile, mettant en danger la nation. Il a insulté Gaïa en la reniant et maintenant, il se permet de la mettre plus en danger encore qu’elle ne l’est.
Le Wendigo se tourne vers Fouille-les-détritus, certain d’avoir marqué un point décisif. Le Ragabash laisse pourtant flotter, l’espace d’un instant, un sourire amusé sur son visage. Puis, à brûle-pourpoint, il se tourne vers Parle-avec-sagesse.
Toi qui es juge aujourd’hui, tu portes un nom qui en dit long sur la réputation qui est la tienne. Aussi j’aimerais avoir tes conseils éclairés. Que penserais-tu d’un homme qui ne doute jamais ? Que penserais-tu d’un de tes compagnons s’il était si sûr de lui que jamais le doute n’effleurait son esprit ? L’appellerais-tu sage ?
Parle-avec-sagesse n’hésite pas. Peu lui importe ou veut en venir Fouille-les-détrituts.
Assurément pas. La sagesse réside bien plus souvent dans notre capacité à admettre qu’il y a lieu de douter qu’à croire que l’on détient la vérité.
Une nouvelle fois, le Ragabash s’arrête là, laissant le Wendigo prendre la suite.
As-tu demandé l’aide d’une meute pour venir à bout d’un Vampire ? Et ce dans l’unique but de servir ton employeur. En d’autres termes, as-tu mis en danger la vie d’une meute pour servir tes intérêts ?
Si Vladimir ne cherche pas à être innocenté, il n’est pas stupide non plus aussi le Russe prend un soin tout particulier à répondre à cette question.
J’ai découvert qu’un Vampire nuisait à mon employeur. J’ai proposé à la meute de m’aider à le combattre car nos intérêts étaient les mêmes. La mort d’un Vampire ne dessert pas Gaïa.
Défend-la-nation hausse un sourcil.
Et depuis quand un rônin est-il en droit de juger de l’importance d’un combat pour Gaïa ? Tu as placé cette meute dans un conflit qui n’était pas le sien. Une nouvelle fois, tu as démontré ta capacité à penser à toi avant de penser aux autres. Le conflit dans lequel se sont engagés nos frères leur a coûté la vie. Lors du prochain combat qui nous opposera au Ver, leurs griffes et leurs crocs nous manqueront cruellement. D’autres mourront peut-être, face à un ennemi trop puissant. Combien de mort provoqueras-tu encore de la sorte ? Combien de combat infligeras-tu à nos frères ? Quelles pertes feras-tu subir à Gaïa ?
La question n’attend aucune réponse. Vladimir pourtant est prêt à riposter, mais Fouille-les-détritus le coupe dans son élan.
Mon frère Défend-la-nation a exposé son point de vue mais je voudrais être sûr de bien le comprendre.
Défend-la-nation accuse ce loup-garou d’avoir trahit Gaïa en quittant la nation, il l’accuse d’avoir mis en péril la nation en brisant le voile et d’avoir entraîné quatre de nos frères dans un combat qui a causé leur mort.
Est-ce cela ? Avez-vous tous entendus ses arguments ?
Le Wendigo acquiesce et dans l’assemblée, nombreux sont les lycanthropes qui semblent être de son avis.
Défend-la-nation a raison, tout comme notre juge.
Parle-avec-sagesse nous a dit qu’un sage se devait de douter parfois, or Vladimir a douté, il a douté de sa meute, de ses frères, il n’a pas cru judicieux de suivre leurs décisions.
Pour nous autres garous, abandonner ses frères est inacceptable. Pour autant, Mil et Enia, ces deux louves qui ont finies par rejoindre le Ver, appartenaient à cette meute. En prenant le risque de partir, il a démontré qu’il ne pouvait suivre les agissements de proches ayant succombé au Ver, qu’il préférait encore tout perdre.
Défend-la-nation, toi qui porte les accusations, admets-tu que celle-ci est infondée ? Admets-tu qu’il est judicieux de quitter une meute qui succombe au Ver ?
Défend-la-nation observe avec intensité Fouille-les-détritus. Pour avoir rencontré Enia et Mil, il sait que les arguments du Ragabash sont justes et malgré son mépris à l’égard de Vladimir, il baisse la tête en signe d’assentiment.
Ta mémoire est juste Fouille-les-détritus, son choix de quitter la meute n’était pas dénué de sens. En revanche, il a quitté la nation, privant Gaïa de sa force.
Fouille-les-détritus abaisse à son tour la tête. Il sait que cette accusation est fondée. Il poursuit donc.
Vladimir a dévoilé à sa compagne qu’il était un loup-garou, car elle porte son enfant. Défend-la-nation sait, plus que quiconque que Gaïa a besoin de guerriers et que nos parents humains sont en droit de connaître la vérité. Comme le dit la litanie, nous leur devons le respect car ils appartiennent à Gaïa. Ne pas la prévenir pourrait l’inciter à prendre des risques inutiles et priver Gaïa d’un guerrier.
Si tu avais été le seul à pouvoir protéger ta progéniture et que tu ne pouvais pas compter sur tes frères pour défendre ta compagne, lui aurais-tu caché la vérité Défend-la-nation ?
La mâchoire du Wendigo se crispe. Il sent que l’argumentation tourne en faveur du Ragabash.
Probablement pas. Cela n’a d’ailleurs que peu d’importance par rapport à la mort de nos frères.
Le Ragabash acquiesce une nouvelle fois.
Une nouvelle fois, Défend-la-nation est dans le vrai. Nos frères sont morts et notre peine est grande.
Pour autant, vous savez tous que Vladimir n’a pas obligé à lui seul quatre de nos frères à se plier à sa volonté. Il leur a proposé de se joindre à un combat qu’ils ont jugés juste. Allons nous bafouer leur mémoire ? Ont-ils démérités ?
Ils ont combattu une sangsue, nettoyant le monde d’une créature qui ne devait plus être. Comme chacun de nous, ils ont suivis leurs convictions et cela les a entraîné dans un autre combat qui leur a coûté la vie.
A ce moment, Défend-la-nation interrompt le Ragabash. Dans sa voix on peut entendre un mélange d’émotion, la peine et dégoût.
Il a fuit le combat, laissant cette chose tuer les nôtres. Il a sauvé sa vie plutôt que la leur.
Fouille-les-détritus plonge son regard dans celui du Wendigo. Sa voix exprime la compassion à l’égard de celui qui a perdu un frère.
Conformément à la litanie, il a renoncé à un combat qui était perdu d’avance.
Il a puisé dans ses réserves la force de venir jusqu’au Caern pour nous prévenir. Il n’a pas cherché à fuir ses responsabilités, il n’a pas déshonoré son sang. Il est venu à nous sans la moindre hésitation. Il n’a pas songé une seule seconde à ce qui pourrait lui arriver.
En faisant cela, il nous permet d’anticiper les évènements. Ce sont des informations précieuses qui permettront à nos meutes de se préparer et de combattre le mal en sachant à quoi s’attendre.
Fouille-les-détritus se tait, laissant le silence s’imposer peu à peu. Les deux parties se sont longuement exprimées. Dorénavant, le destin de Vladimir est entre les mains de Parle-avec-sagesse. Le juge reste assis un long moment, fixant tour à tour le sol et l’assemblée.
Après avoir longuement pesé ses paroles, il se lève et s’adresse à Vladimir.
Fils de Nicola, les accusations qui pèsent sur toi sont graves pourtant Fouille-les-détritus et Défend-la-nation nous ont ouverts les yeux.
Tu as quitté tes frères alors que le Ver gagnait du terrain en leur cœur et cela ne peut t'être reproché. Ce choix difficile s’est justifié. Ton erreur a été de ne pas comprendre que la sagesse aurait voulu que tu aides tes frères à combattre le Ver et que tu restes auprès de Gaïa.
Tu as brisé le Voile en informant ta compagne de ta véritable nature. Tu as agit de la sorte pour protéger ton enfant et cela sert Gaïa. Cette faute ne te sera pas reprochée.
Enfin, en mêlant nos frères à ton histoire, tu as précipité leur mort. Pourtant, nos frères ont choisis de te suivre, ils ont choisis de mener ce combat. Ce démon est une insulte à Gaïa et que nous le voulions ou non, il est de notre devoir de le combattre.
Tu as commis des erreurs, des erreurs qui ont des conséquences aujourd’hui et qui en auront demain.
Pourtant, le sang qui coule en toi est celui des Nicola. Tes ancêtres ont prouvés qu’ils étaient dignes de respects, qu’ils étaient de valeureux guerriers qui étaient prêt à assumer leur nature et les conséquences de leurs actes.
C’est pourquoi je te demande aujourd’hui d’honorer leur mémoire et de te racheter.
Reconnaît ton erreur et revient à Gaïa. Combat ce démon au côté de nos frères jusqu’à ce qu’il connaisse la mort.
En acceptant ces conditions tu laveras à jamais le nom des Nicola, tu laisseras à ton fils le souvenir d’un père fier et glorieux car nul n’osera plus mettre en doute ta fidélité envers la nation.
Refuse ses conditions et tu es libre de partir. Les Ragabash se moqueront alors des Nicola jusqu’à ce que ta descendance vienne laver l’honneur par le sang.
Le galliard explose en lâchant un hurlement terrible, un de ceux qui déstabilise quiconque se trouve à portée, un son puissant porté par un esprit de l'air. Vladimir est un galliard et il doit parler; il se redresse de toute sa hauteur. Certaines blessures se sont refermées, laissant plus de place au panache du croc d'argent, dont la fourrure semble flotter dans une eau claire.
Il avance au centre du cercle avec des pas lourds, qu'un esprit de la terre ne manque pas d'accompagner d'un léger tremblement.
Ses yeux s’enflamment l'espace d'une seconde, juste le temps pour que le sept se rende compte de la férocité et de l'énergie encore emprisonnées dans ce Crinos.
Lentement il regarde chaque loup autour de lui et les dévisage un par un, que chacun sache qu'un Nicola est là! Tel est le message gestuel du Russe, de ce soldat du nord et de l'éternelle Russie.
Son regard s'arrête devant celui de Voile-de-Lune
Oui, j'ai commis des erreurs. Je les regretterai beaucoup plus si elles ne m'avaient rien appris.
Cette meute a disparut et je le regrette du plus profond de mon âme. Quand j'ai demandé de l'aide au Cærn, ils ont été les seuls à répondre présent.
Face à ce démon, je n'ai pas tremblé un seul instant. J'ai pu observer leur façon de combattre, en silence, avec une coordination extraordinaire. Je les ais aidé de toutes mes forces mais nous ne pouvions rien contre ce vampire. Moi seul peux décrire le regard suppliant du dernier combattant encore debout!
Il ne demandait pas de l'aide; il voulait que je parte pour vous prévenir. Je donnerai cher pour être à sa place. Cette perte représente pour moi une blessure bien pire que toutes celles que m'a infligé ce flaiel à l'aube de ma renaissance.
Oui, je vais réintégrer le Cærn. Et oui, j'honorerai leur mémoire