Refuse-l'évidence n'aura pas particulièrement fait d'effort d'intégration en arrivant.
Le Croc d'Argent à la santé mentale vraissemblablement discutable sera resté silencieux, le regard absent, la plupart du temps.
Bien sûr il aurait aimé poser quelques questions, ne sachant ni ou il est, ni quels sont les esprits et les Garous autour de lui, mais au final cela n'avait pas grande importance...
Un peu à l'écart, le Ragabash aura repris forme humaine et se sera assis par terre, le regard tourné vers ses terres natales, au loin.
Il se rappellait avec un plaisir rare du moment ou il avait tué Ignore-la-peur, et se souvenait avec exactitude de chaque coup de griffe, chaque bruit de chair déchiré, et cela était bon...
Bien sûr, le Sept du granite de Glace était encore debout ; peut-être pourrait il soumettre aux Danseurs l'idée d'aller détruire ce Caern Croc d'argent, plus tard, mais ce n'était pas le moment.
La Musique s'était éteinte, mais il danserait à nouveau avec plaisir...
Dodelinant légèrement de la tête au rythme du vent, Vadim se souvient de toutes ces choses qu'il avait oublié : les combats, les humiliations, les moqueries de ses anciens frères...
La Musique l'avait tiré de l'Harano, il en était certain maintenant.
Il avait craché au visage de Gaïa, et cela lui avait fait du bien.
Maintenant peut-être allait il pouvoir enfin reprendre le combat : avec amertume, le Croc d'argent déchu se souvenait de toutes ces années perdues, de toutes les mesquines et ridicules missions auxquelles on l'avait forcé à participer, avec ses anciens frères de Sept.
et pendant ce temps, Mère Russie était morte ; l'idéal que Vadim soutenait avait lentement été étouffé, pendant qu'on l'avait forcé à regarder ailleurs...
Il avait été trahi, trompé par ceux de sa propre race.
Et il avait trahi Mère Russie, à son tour, en l'abandonnant.
Cette simple idée allumera dans le coeur du Ragabash une étincelle de Rage : il avait envie de pleurer, parce qu'au fond de lui il savait qu'il était déja mort ; vide ; creux.
Mais la Rage lui donnait aussi une irrépréssible envie de rire : il était toujours en vie, alors que sa vie n'avait plus aucun sens...
L'ironie de sa situation lui sautait au visage ; sa sortie d'Harano alors que tout était déja trop tard...
...Il lui faudrait bien tout le sens de l'humour d'un Ragabash pour continuer à exister après cela, et Vadim avait depuis longtemps développé un humour noir, glacial et tranchant...
Le visage enfoui dans ses mains, Vadim Oprichinsky se laissera aller à un fou rire lugubre, cynique, alors que quelques larmes roulent sur ses joues pâles.