Ventsombre

Lorsqu'il est tombé nez à nez avec l'immonde créature, sans la moindre possibilité de répliquer, Norman a bien cru que le générique de fin n'était pas loin. Ses yeux s'agrandissent, et il comprend instantanément ce que l'imagerie populaire entend par "voir toute sa vie défiler devant soi". En quelques secondes à peine, son cerveau, à deux cent à l'heure, a réévalué chaque décision qu'il a prise, imaginant chaque scénario possible, analysant chaque erreur, et dieu sait qu'il y en a eu, tandis que son cœur semble prêt à exploser sous l'effet de la peur.

Mais il semble que la fin ne soit pas encore pour tout de suite. Supportant amèrement la jeune femme en se disant que finalement, tout cela n'aura servi à rien, Norman voit sans trop y croire la créature tourner la tête. Vers l'écrivain, surgi d'on ne sait où tel le sauveur idéal.

Tout ce que Norman a le temps de voir, c'est ce type qu'il ne connait que depuis quelques jours en train de brandir une sorte de grosse pierre, comme s'il s'agissait d'un talisman..

*Mais qu'est-ce que c'est encore que ce truc? Il a pété un câble?*

En tout cas la distraction est bienvenue. Sans plus attendre, le détective dépose la jeune femme sur le sol, tout en s'excusant de toute ses forces et hurle, en voyant la créature plonger sur Magnus et celui-ci disparaître de son champ de vision:

- Meeeeeerde! Barre-toi!

Il cherche alors frénétiquement du regard quelque chose qui pourrait lui servir d'arme, peu importe quoi. Il aurait préféré mourir plus tard, mais il ne peut se résoudre à abandonner ce type. Pas après ce qu'il vient de faire.

*Putaiiiin...*

Pour le coup, Norman hésite entre le rire et les pleurs.. Il adopte finalement un compromis en grimaçant de dégoût, et, tenant de l'autre main sa barre de fer désormais inutile, il essuie son visage comme il le peut avec les manches de sa tenue d'hôpital. Cette toilette sommaire lui prend quelques secondes, et il se surprend à espérer que le sang de ces trucs ne soit pas acide ou une surprise du même genre.

Son débarbouillage effectué, il s'approche de Magnus et l'aide à se remettre sur pied, en disant avec un sourire en regardant la vieille tenue d'hôpital qui semble sortir d'une opération ratée ou d'un film d'horreur pour ado:

- Joli carton. Même si t'aurais pu éviter de saloper mon costume..

Il retourne ensuite chercher la jeune femme qu'il a déposé, tout en poursuivant:

- Ah merci, sans toi j'étais cuit. Bon mais maintenant faut s'activer. Je sais pas si les autres nous ont attendus ou même s'ils s'en sont sortis. Mais en tout cas, la dernière fois que je les ai vu, ils allaient vers le parking souterrain. Faut voir si on les rejoint ou pas, mais en tout cas, mieux vaut pas trainer.

Lorsqu'il est sur que l'indienne est bien calée sur son épaule, il se redresse, et ajoute avec une grimace d'incompréhension, en désignant l'espèce de caillou que Magnus serre comme si c'était la seule chose qui le maintenait en vie:

- Ah. Et j'oubliais, c'est quoi ce truc?

L’écrivain une fois remit sur pied avec l’aide du détective, ne peut s’empêché de rester quelques secondes le regard braqué sur la créature qu’il vient d’abattre, ne sachant pas très bien comment il l’a fait et n’ayant jamais été si content d’avoir de bon réflexe et d’avoir pris des cours de tir.

*Toutes ses après-midi au stand de tir on valut la peine rien que pour ca !*

Regardant à nouveau Norman, il ne peu s’empêcher de sourire en ajoutant :

-On enverra la note du teinturier au directeur !

Respirant profondément afin de se calmer, son regard se porta sur l’objet qu’il avait dans la main comme si il le voyait pour la première fois.

- Un cadeau du directeur juste avant qu’il soit emmené par ses créatures, d’après ce que je sais c’est un objet qui est lier à la présence de ses choses, je pensais que ca agissait comme un talisman car le fait de l’avoir ma sauver la vie sur le toit, mais vue la réaction de cette bête ci, je ne sais plus trop...

Jenkins relève la tête et se rapproche du détective.

- Les autres on réussi à s’enfuir avec des voitures du parking souterrain je les vus s’échapper avec une flopé de créatures aux fesses, à moins que ca ne soit quelqu’un d’autre mais ca m’étonnerais, vu le nombre de coups de feu ca portait la marque d’un certain cow-boy de l’armé qu’on connait tous les deux très bien, il semblerait que notre compagnie ne soit pas si apprécier Norman...

Il regarda Norman aider Elyséa à se relever et ajouta :

-Tu peu pas t’empêcher de lui venir en aide hein ?
Mais il y a plus urgent, j’ai apprit des choses de la part de notre dingue de directeur avant qu’il ne fasse son grand voyage, il faut qu’on mette la main sur ce foutu grimoire c’est capital !

Les gens pour qui il travaillait était parfaitement au courant de ce qui se trame ici, ca veut dire que si ils envois quelqu’un récupérer ce grimoire ca pourrait recommencer n’ importe où !
C’était peut être des divagations d’un type qui avait perdu la tête mais peut être pas !

Toi et Blade avez enquêté sur ce type avant notre rencontre sur cette route déserte avec ses cavaliers fantômes, ou es qu’il travaillait ?
Ou résidait’ il pendant les travaux ?
Il avait surement une voiture, tu sais de quoi elle a l’air ?

Il a surement planqué ce foutu grimoire quelque part !
Je ne repartirais pas sans se bouquin Norman, je te force pas à me suivre mais donne moi ses infos, j’en ai besoin !

Norman écoute l'écrivain tout en lui faisant de la tête signe pour qu'ils commencent à bouger. Il semble relever quelques phrases dans le tas, blanchit même lorsque l'écrivain lui apprend que les autres ont quitté le lieu, pour au final répondre d'un ton pressé:

- Hum pour la séparation c'est hors de question. Pour l'excellente raison que je vais sûrement tomber dans un coma assez handicapant dans le prochain quart d'heure. Alors évidemment, tu pourras me laisser pour mort à ce moment là, mais d'ici là, je préfère penser qu'on s'épaule mutuellement, ajoute-t-il tandis que sa bouche s'étire en un sourire grimaçant d'ironie.

Je dis donc oui à la partie "partage d'info", mais non à la partie "salon de thé dans un hôpital rempli de monstres". T'as beau avoir un gri-gri ; s'il marche une fois sur deux, on reste dans la merde. On doit pouvoir discuter en marchant, non?

Le mieux à faire à mon avis, c'est de trouver une voiture et d'aller se caser dans un endroit tranquille. Tu as ta bagnole? Sinon on doit pouvoir piquer celle du shérif, je doute qu'il en ait besoin là où il est maintenant. Faudra juste récupérer les clés et la trouver.

Il lève sa main libre comme s'il allait s'excuser, pour au final l'agiter, faisant signe à l'écrivain qu'il va commencer à bouger une fois que celui-ci aura fait son choix. Il semble ensuite se rappeler quelque chose, et ajoute:

Maintenant que tu m'y fais penser, le directeur avait une sacoche en cuir sur lui chaque fois que je l'ai vu. S'il tenait à ce grimoire, peut-être l'a-t-il caché dedans... Sinon, je ne vois pas d'autre endroit qu'un coffre aux locaux provisoires de sa société, même si niveau sécurité, ça ne m'a pas l'air top.
Enfin je peux toujours t'y emmener, mais pour ça, il va falloir que je sois conscient.

L’écrivain écoute le détective et hausse son sourcil droit comme à son habitude lorsqu’il ne comprend pas tous ce qu’on lui dit, ou que l’attitude de son interlocuteur le laisse perplexe.
Mais il se contente de hocher la tête pendant que le détective lui parle, sans répliquer.

- Oui il faut qu’on se casse ca c’est un fait, mais foncer tête baisser ne nous servirait à rien. En plus apparemment, on n’a qu’un seul flingue. dit’il en regardant la barre de fer que Norman tiens dans sa main.
Je comprends que si tu va te transformer en belle au bois dormant dans un quart d’heure tu sois pressé, mais ma voiture est rester devant chez Lamezia.

On va donc devoir trouver un autre moyen de transport, prendre la caisse du shérif ca c’est une bonne idée, en espérant qu’elle soit encore en état, j’ai vu le parking de là haut et ca ressemble plus a une décharge de voiture qu’a autre chose.
Tu as pensé à prendre les clés dans sa poche ?

Sinon faut y aller, vite fait !
Le coup de feu a peut être attiré l’attention d’autres bestioles dans le secteur. dit’il en regardant dans le couloir d’où vient de sortir le détective afin de s’assurer que la voie est libre.

Norman réfléchit quelques instants, puis fait la moue tandis qu'il répond à l'écrivain:

- Non, j'ai pas pris la clé du shérif, vu qu'au départ je savais qu'elle ne me servirait à rien. Maintenant que t'es là, ça change la donne. Mieux vaut que tu les récupères, comme ça si jamais ça tourne mal, tu pourras toujours te barrer.
Le corps du Shérif est dans la salle d'à côté, je vais t'attendre. J'ai pas trop le choix de toute façon...

Et si sa voiture est morte, on peut toujours envisager de piquer une ambulance.

- Norman, si j’avais voulu me barrer en te laissant dans la mouise, je l’aurais fait sur cette route déserte, alors qu’on avait des cavaliers fantômes au cul, et qu’on se connaissait pas encore.

Tu ne crois quand même pas que j’ai pris le risque de me faire découper en morceaux par cette chose dit’il en désignant le cadavre de la créature du menton , juste parce que je me sentais seul si ?

L’écrivain regarde le détective et lui fait un clin d’œil.
Il vérifie à nouveau si la voie est libre dans le couloir, avant d’aller aussi vite que possible jusqu'à la chambre récupérer les clés de voiture sur le cadavre du shérif.

Jenkins avait bien cru qu’il allait vomir en entrant dans cette chambre où l’odeur de sang sécher se mélangeait à une sorte d’odeur d’ammoniaque provenant certainement du cadavre de la créature que Lamezia avait tué quelques instants plus tôt.

Fouiller un cadavre d’un homme décapité avait aussi été une épreuve pour cet écrivain plus habitué à siroter un bon whisky en bonne compagnie dans un des nombreux bars de sa ville natal de Boston, que de faire le charognard sur des macabés.

Une fois les clés en poche, il revient vers la cage d’escalier et pose son regard sur Norman qui semble aller de plus en plus mal, le temps était compter !

- Norman mon vieux, tiens le coup ! Tu...

Découvrant soudain l'homme armé, l’écrivain range son précieux talisman dans la poche intérieur de son veston..

Son sang se glaça.

Qui était cet homme ?
Était-il envoyer par les employeurs du directeur afin de récupérer cet objet étrange qu’il avait trouvé ?
Ou était-ce l’armé qui envoyait du secours ?

Il n’avait vu aucun hélicoptère, ni aucun véhicule de l’armé alors qu’il était là haut, sans plus de temps pour réfléchir il braqua son arme sur ce nouveau venu.



- Je ne sais pas ce que tu nous veux Batman, mais fait pas chier, j’ai eu une GROSSE journée aujourd’hui !

Pâle comme le cadavre en sursis qu'il est, Norman s'est jusque là contenté d'attendre, en s'appuyant sur un mur pour éviter de sombrer dans l'inconscience. Son esprit commençait à sérieusement envisager de rattraper les vacances qu'il était censé être venu s'accorder dans cette région de merde, et la première chose qu'il va faire, c'est s'accorder une très longue sieste.

Il y a juste à espérer qu'il sortira un jour de cette sieste.

Sa vie n'a rien de géniale, mais cela ne l'empêche pas d'y tenir. Et ça vaut sans doute le coup de continuer à s'accrocher pour quelques minutes de plus.

Les paroles de l'écrivain viennent confirmer cette idée, celle qu'après tout, il y a peut être encore des gens qui tiennent à le voir en vie. Le poids de l'indienne s'envole de ses épaules, et il se sent prêt à parcourir la dernière centaine de mètres nécessaire pour sortir d'ici. C'est au moment d'avancer qu'il se rend compte qu'il ne sont plus seuls...

Il regarde le nouveau-venu avec une certaine méfiance, puis un déclic semble se faire dans sa tête, et il ajoute à la suite de l'écrivain, la main serrée sur sa barre de fer:

- Vous êtes comme cette nana, non? Un commando, ou je sais pas quoi? Vous êtes de quel côté?

Le soldat fini de gravir les quelques marches qui le séparent de Norman et Magnus, située sur le palier suivant. Il regarde les deux individus mais baisse son arme en direction du sol, sans doute pour ne pas se montrer hostile. Seul son oeil est visible mais il ne semble pas montrer de trace d'hostilité et il ne souleve pas la remarque de l'écrivain





- Oui, je suis de l'équipe des Ombres. Je suis venu vous donner un coup de main...Mais bon sang que faite vous encore ici??? Vous auriez du etre avec le groupe de Blade! Vous allez avoir un arret cardiaque d'ici peu et on a pas le matériel pour vous guérrir!...On peut dire que vous le faite exprès hein!


Bon descendons!


Il se place de sorte à etre sur le flanc de norman et met son arme en bandoulière pour l'attacher dans le dos. Il sort alors un révolver qu'il met dans sa main droite et met son bras gauche sous les aisselles de Norman pour le porter

Norman lâche un petit rire, qui s'arrête instantanément lorsqu'il commence à ressentir une douleur aigüe dans son bas ventre. On dirait que le médicament ne va plus faire effet très longtemps. Mais cela ne l'empêche pas de répondre avec un sourire tordu et une certaine amertume, tandis que ce ninja providentiel l'aide à se déplacer:

- Ouais c'est tout moi ça. J'adore vivre dangereusement. Une vraie tête de mule, z'avez pas idée...

L’écrivain baisse son arme voyant que le nouveau venu ne se montre pas agressif et que Norman semble en savoir plus que lui sur cette individu, mais ne peu s’empêcher de dire :

- Les Ombres ?
Génial ! Comme si on n’avait pas assez d’emmerde comme ca, voila qu’un tortu ninja se pointe comme une fleur, comme si tout le monde le connaissait !

Il passe son bras autour des épaules de la jeune indienne afin de l’aider à avancer, et se contente de suivre le mouvement sans rien ajouter de plus mais lançant des regards du coin de l’œil au nouvel arrivant.